mardi 28 février 2012

Convertissons-nous car Dieu est proche ; Tout faire et vivre en Dieu seul

Vénérable abbé Henri-Marie Boudon, « Dieu présent partout », Chapitre VI, Dieu qui est partout demande le respect extérieur 

            Que votre modestie soit connue de tous les hommes, s’écrie le grand Apôtre, parce que le Seigneur est proche : et il est bien proche puisqu’il est plus où nous, hommes, que nous y sommes nous-mêmes. Nous agissons, nous touchons, nous marchons dans son essence divine. Ha ! si les personnes considérables donnent du respect, si des gens qui jouent, et qui s’arrêtent aussitôt, et règlent leur extérieur à la vue d’une personne qualifiée qui arrive, y a-t-il lieu dans la terre, y a-t-il occasion où notre extérieur même ne doive pas être réglé ; puisque partout nous sommes en la présence de Dieu, et dedans Dieu. Le Très illustre Prélat de Bellay rapporte qu’ayant eu la curiosité d’épier saint François de Sales, pour voir en quel état, et en quelle posture il était lorsqu’il se trouvait seul, il l’avait toujours vu dans une modestie admirable. C’est que ce saint Evêque agissait en la présence de Dieu.

Le Christ au désert par Moretto da Brescia.
Si les Anges et les animaux Le servaient,
que ne devrions-nous pas faire pour notre Seigneur ?
            Mais n’est-ce pas ce que tout les Chrétiens devraient faire ? 
Ces enfants de la lumière, et qui sont encore appelés par l’Apôtre la lumière même en Jésus Christ, ne doivent pas vivre comme ceux dont l’esprit est obscurci de ténèbres, qui part leur ignorance née de l’aveuglement de leur cœur, sont éloignés de la vie de Dieu ; mais ils doivent se renouveler dans l’esprit de leur raison selon l’expression de l’Ecriture ; c’est-à-dire, se servir de leur raison, comme éclairée et conduite par l’esprit de Dieu, comme soumise à lui, comme régénérée, comme celle qui est la lumière du nouvel homme qui est créé selon Dieu dans la justice, et dans la sainteté de la vérité. C’est-à-dire, dans la séparation des choses présentes, et dans la consécration, et application à Dieu, non selon le mensonge du monde ; mais selon la vérité, et la pureté de Dieu le Père, et de Jésus Christ son Fils, qui a demandé : Sanctifiez les en vérité.

            Ils doivent vivre, dit encore l’Apôtre, comme des enfants de lumière, et n’avoir nulle part aux œuvres infructueuses des ténèbres ; mais au contraire les reprendre. Ces œuvres procèdent de l’ignorance de Dieu, et du défaut d’attention à sa divine présence. Ceux qui font mal, en détournant leurs yeux de peur de bien faire, et ils se laissent aller à toutes sortes d’immodesties, parce que Dieu ne leur ai pas présent, mais ceux qui les regardent, marchent prudemment et non pas comme ces insensés. Ils ne sont pas imprudents parce qu’ils considèrent que Dieu les voient.

            Dans la vue de la présence de sa Majesté infinie, ils ne font rien qu’ils ne voudraient faire devant les premières personnes de la terre, non seulement ils ne font aucune action mauvaise ; mais ils ne les nomment pas, comme il est bien séant parmi ceux qui sont les membres de Jésus Christ. On ne les entend pas même parler ni de folie, ni de railleries, ne de choses impertinentes, et inutiles. S’ils parlent, c’est comme des gens écoutés de Dieu. En toutes choses ils n’en perdent pas la vue, et dans les actions même les plus basses, comme celles du boire, du manger, du dormir. Ainsi ils y gardent la modération chrétienne, et en évitent les excès. Ils se récréent en sa présence suradorable, comme des enfants devant un bon Père ; mais qui est très sage. Ils vont à la promenade, ils conversent, ils se divertissent, ils font enfin tout, et ils souffrent ayant toujours Dieu devant leurs yeux.

dimanche 26 février 2012

1er Dimanche de Carême

Adam et Eve chassés du Paradis par Masaccio

Silouane l'Athonite (du Mont Athos), « Les Lamentations d'Adam », extraits
            Adam, père de toute l'humanité, connaissait dans le Paradis la douceur de l'amour de Dieu ; aussi souffrit-il amèrement lorsque, à cause de son péché, il fut chassé du jardin de l'Éden et perdit l'amour de Dieu. Il se lamentait avec de grands gémissements, et ses sanglots remplissaient tout le vaste désert, car son âme était tourmentée à cette pensée : " J'ai offensé le Dieu que j'aime. " Il ne regrettait pas tant le Paradis et sa beauté que d'avoir perdu l'amour de Dieu, qui, insatiablement et à chaque instant, attire l'âme à lui
De même, toute âme qui a connu Dieu par le Saint-Esprit, mais qui, ensuite, a perdu la grâce, passe par les tourments d'Adam. L'âme est malade et éprouve un douloureux regret d'avoir affligé son Seigneur bien-aimé.


            Adam pleurait : " Il n'y a point de douceur pour moi dans le désert. Il n'y en a point dans les hautes montagnes, ni dans les prairies, Ni dans les forêts, ni dans le chant des oiseaux ; rien ne m'est doux. Mon âme est dans une profonde affliction, car j'ai offensé mon Dieu. Et si le Seigneur me prenait à nouveau dans le Paradis, même là, je souffrais et pleurerais. Pourquoi ai-je offensé le Dieu que j'aime ? "

            Chassé du Paradis, Adam souffrait dans son âme, et, dans sa douleur, il versait d'abondantes larmes. De même, toute âme qui a connu le Seigneur, languit après lui et s'écrie : " Où es-tu, Seigneur ? Où es-tu, ma Lumière ? Pourquoi m'as-tu caché ton Visage ? Depuis longtemps mon âme ne te voit plus ; elle aspire à toi et te cherche en pleurant. Où est mon Seigneur ? Pourquoi mon âme ne le voit-elle plus ? Qu'est-ce qui l'empêche de vivre en moi ? Voici : je n'ai pas l'humilité du Christ, ni l'amour des ennemis. "
Dieu est Amour infini, Amour impossible à décrire


            Adam marchait sur la terre, et pleurait à cause des maux sans nombre de son cœur, mais ses pensées étaient absorbées en Dieu ; et lorsque son corps était à bout de forces et ne pouvait plus répandre de larmes, même alors son esprit restait tendu vers Dieu, car il ne pouvait oublier le Paradis et sa beauté ; mais, plus que tout, Adam aimait Dieu, et cet amour lui donnait la force de s'élancer vers lui.

            Ô Adam, j'écris à ton sujet : Mais, tu le vois, mon esprit est trop faible pour comprendre ton désir de Dieu, et comment tu portais le fardeau de la pénitence. Ô Adam, tu vois combien, moi, ton enfant, je souffre sur terre. Il n'y a presque plus de feu en moi, et la flamme de mon amour est près de s'éteindre. Ô Adam, chante-nous le cantique du Seigneur, pour que mon âme tressaille de joie dans le Seigneur er s'avance pour le louer et le glorifier, comme le louent, aux cieux, les Chérubins et les Séraphins, et comme toute la hiérarchie céleste des Anges lui chante l'hymne trois fois sainte. Ô Adam, notre père, chante-nous le cantique du Seigneur, pour que toute la terre l'entende, pour que tous tes enfants élèvent leur esprit vers Dieu, se réjouissent aux sons du chant céleste et oublient leurs peines sur la terre

            Le Saint-Esprit est amour et douceur pour l'âme, l'intelligence et le corps. Celui qui a connu Dieu par le Saint-Esprit ne peut être comblé ; jour et nuit, il s'élance vers le Dieu Vivant, car grande est la douceur de l'amour divin. Et quand l'âme perd la grâce, c'est en pleurant qu'elle cherche à nouveau l'Esprit Saint.
Mais l'homme qui n'a pas connu Dieu par le Saint-Esprit, ne peut le chercher avec des larmes, et son âme est sans cesse assaillie par les passions ; son esprit est préoccupé par les choses de la terre et ne peut parvenir à la contemplation, ni connaître Jésus Christ. C'est par le Saint-Esprit que l'on connaît Jésus Christ

vendredi 24 février 2012

Vendredi après les Cendres

Dans sa bonté maternelle, pour nous aider à méditer avec fruits le mystère de la Croix, l'Eglise offre à tous la grâce de l'indulgence plénière à ceux qui font avec piété, même seuls, même dans son lit ou au fauteuil quand on est malade ou trop âgé, le Chemin de Croix
De même, elle concède cette grande grâce, particulièrement les vendredis de Carême, à ceux qui récitent avec piété, aux conditions habituelles, cette si belle prière en regardant Jésus en Croix

Crucifix aux Anges, de Charles Le Brun

O bon et très doux Jésus,
je me prosterne à genoux
en votre présence.
Je vous prie
et je vous conjure,
avec toute la ferveur de mon âme,
de daigner graver dans mon cœur
de vifs sentiments de foi,
d'espérance et de charité ;
un vrai repentir de mes péchés
et une volonté très ferme
de m'en corriger,
pendant que je considère
et contemple en esprit vos cinq plaies,
avec une grande affliction
et une grande douleur,
ayant devant les yeux
ces paroles que le prophète David
mettait dans votre bouche,
ô bon Jésus :
"Ils ont percé mes mains et mes pieds :
ils ont compté tous mes os."


Pour recevoir la grâce de l'indulgence plénière, il faut ajouter un "Notre Père," un "Je vous salue Marie," et un "Gloire au Père" aux intentions du Pape Benoît XVI. 

mercredi 22 février 2012

Mercredi des Cendres - début du Carême



Vénérable abbé Henri-Marie Boudon, « Le triomphe de la Croix », Partie III, Chap.IX, Le triomphe de la Croix dans sa parfaite obéissance

            L’esprit vraiment humilié ne se trouve point dans l’esprit purement humain ; il faut que l’esprit de Jésus-Christ anéanti s’y trouve afin qu’il y soit. Cependant si c’est la vertu des véritables Chrétiens, celui qui est disciple du Fils de Dieu ne peut s’en dispenser.

            Cette vertu est donc d’une nécessité indispensable. Notre céleste Maître ne nous l’a pu enseigner en des termes plus clairs et plus expressifs que ceux-ci : En vérité je vous dis que si vous ne vous convertissez et ne devenez comme des enfants, vous n’entrerez point dans le royaume des Cieux. Pour être Chrétien il faut avoir la simplicité et être petit comme un enfant. Petit à ses yeux, bien aise de l’être aux yeux des autres, et ne devenir jamais grand par aucune propre élévation.

            Cependant que faisons-nous, chacun dit qu’il se veut sauver, chacun dit qu’il veut entrer dans le royaume des cieux et l’on ne pense guère à entrer dans l’enfance chrétienne : je dis dans une véritable simplicité et une véritable humilité, quoique sans cela toute espérance nous soit ôtée du bonheur éternel où nous aspirons. C’est ce qui faisait dire à la pieuse mère Marie Elisabeth que, sans les grandes austérités corporelles dont tout le monde n’est pas capable et quelques autres vertus semblables, l’on pouvait bien aller au ciel mais jamais sans l’humilité.



mardi 21 février 2012

Fête de la Chaire de saint Pierre, fête de son saint successeur notre Pape Benoît XVI

Cette année, le 22 février tombe le mercredi des Cendres, anticipons d'une journée notre prière pleine d'affection et de reconnaissance pour notre Très Saint Père, le Pape Benoît XVI. Que Dieu le garde longtemps fidèle à Son service et à notre édification. 



D'après la Légende dorée de Mgr Jacques de Voragine :


On peut remarquer qu'il y a plusieurs autres raisons pour lesquelles l’Eglise célèbre trois fêtes en l’honneur de saint Pierre ; pour son privilège, pour sa charge, pour ses bienfaits, pour la dette dont nous lui sommes redevables et pour l’exemple.

Pour son privilège. Il en est trois que saint Pierre reçut à l’exclusion des autres apôtres, et c'est pour ces trois privilèges que l’église l’honore trois fois chaque année. Il fut le plus digne en autorité, parce qu'il a été le prince des apôtres et qu'il a reçu les clefs du royaume des cieux : il fut plus fervent dans son amour; en effet il aima Jésus-Christ d'un amour plus grand que les autres, comme cela est manifeste d'après différents passages de l’Évangile. Sa puissance fut plus efficace, car on lit dans les Actes des Apôtres que sous l’ombre de Pierre étaient, guéris les infirmes.

Pour sa charge, car il remplit les fonctions de la prélature : sur l’Église universelle ; et de même que Pierre fut le prince et le prélat de toute l’Église répandue dans les trois parties du monde, qui sont l’Asie, l’Afrique et l’Europe, de même l’Église célèbre sa fête trois fois par an.

Pour ses bienfaits, car saint Pierre, qui a reçu le pouvoir de lier et d'absoudre, nous délivre de trois sortes de péchés, qui sont les péchés de pensée, de parole et d'action, ou bien des péchés que nous avons commis contre Dieu, contre le prochain et contre nous-mêmes. Ou ce bienfait peut être le triple, bienfait que le pécheur obtient en l’Église : par la puissance des clefs : le premier, c'est la déclaration de l’absolution de la faute ; le second, c'est la commutation de la peine éternelle en une peine temporelle ; le troisième, c'est la rémission d'une partie de la peine temporelle. Et c'est pour ce triple bienfait que saint Pierre doit être honoré par trois fois.

Pour la dette dont nous lui sommes redevables, car il nous soutient et nous a soutenus de trois manières, par sa parole, par son exemple, et par des secours temporels, ou bien par le suffrage de ses prières ; c'est pour cela que nous sommes obligés à l’honorer par trois fois.

Pour l’exemple ; afin, qu'aucun pécheur ne désespère, quand bien même il eût renié Dieu trois fois, comme saint Pierre, si toutefois, il veut le confesser comme lui de cœur, de bouche et d'action.


Tu es Petrus, et super hanc Petram aedificabo Ecclesiam meam,
Et portae inferi non praevalebunt adversus eam :
Et tibi dabo claves regni coelorum :
Et quodcumque ligaveris super terram, erit ligatum et in coelis,
Et quodcumque solveris super terram, erit solutum et in coelis.

Tu es Pierre, et sur cette pierre, je bâtirai mon Eglise,
Et les porte de l’Enfer ne prévaudront point contre elle,
Et je te donnerai les clés du Royaume des Cieux,
Et tout ce que tu as lié sur terre, sera lié dans les Cieux,
Et tout ce que tu auras délié sur terre sera délié dans les Cieux.

Le Prince des Apôtres et son digne successeur
sur le siège de Rome
 Pénitencerie Apostolique – Enchiridion Indulgentiarum

Une indulgence plénière est accordée au fidèle qui visite en y récitant pieusement le Pater et le Credo l’église cathédrale lors de la célébration liturgique de la Chaire de Saint Pierre Apôtre (22 février)

RAPPELS


L’indulgence est la remise devant Dieu de la peine temporelle due pour les péchés, déjà effacés quant à la faute, que le fidèle, bien disposé et à certaines conditions déterminées, reçoit par l’intervention de l’Église qui, en tant que ministre de la rédemption, distribue et applique avec autorité le trésor des satisfactions du Christ et des Saints.

. Tout fidèle peut gagner des indulgences partielles ou plénières pour lui-même, ou les appliquer aux défunts par mode de suffrage.


. Pour gagner l’indulgence plénière, en plus d’exclure toute affection au péché, même véniel, il est requis d’accomplir l’œuvre indulgenciée et de remplir les trois conditions : confession sacramentelle, communion eucharistique et prière aux intentions du Souverain Pontife.

. Les trois conditions peuvent être remplies plusieurs jours avant ou après l’accomplissement de l’œuvre prescrite ; cependant, il convient de recevoir la communion et de prier aux intentions du Souverain Pontife le jour même où l’on accomplit l’œuvre.



lundi 20 février 2012

Introduction au Carême par le Patriarche latin de Jérusalem, S.Exc.Mgr. Fouad Twal




Pénitence pour le Royaume et la paix !

Lettre Pastorale
de Sa Béatitude Mgr Fouad TWAL
Patriarche latin de Jérusalem

Carême 2012

Chers Frères et Sœurs dans le Christ, “ A vous, toutes et tous, grâce et paix !”

            1. Nous lisons dans l’évangile que “Jésus jeûna quarante jours et quarante nuits” (Mt 4,2). Ce jeûne se situe certainement dans la région désertique à quatre kilomètres au Nord-Ouest de Jéricho, sur une montagne appelée précisément « Quarantena » (en arabe Quruntul). Au XIIème siècle, la montagne appartenait aux chanoines Latins du Saint Sépulcre et elle était habitée par des religieux appelés frères de la Quarantaine.

Une fois de plus, notre Eglise de Jérusalem peut non seulement parler de l’Histoire mais aussi de la géographie et de la topographie du Salut. L’endroit indiqué, non loin du Jourdain, est un lieu de pèlerinage non seulement pour les chrétiens du monde entier mais aussi pour les fidèles locaux qui sont invités à visiter avec piété les hauts lieux de notre Rédemption.

            2. Un jeûne dont le Seigneur n’avait pas besoin !
En théorie, Jésus pouvait, miraculeusement, se dispenser de prendre de la nourriture. Mais « il a tenu à être semblable à ses frères » et sœurs – les autres hommes ; et « il a été éprouvé en tout comme nous, à part le péché » (Hé 4 ; 15). Son jeûne, pas plus que son baptême par Jean, ne constituait donc aucune nécessité personnelle. Pour nous, par contre, la pénitence, le jeûne, la réconciliation, avec la prière et l’aumône, sont indispensables afin d’expier nos péchés. Avec cette différence essentielle : nous voyons dans le Sauveur qui jeûne, un exemple magnifique pour nous.

Certes, nous ne pouvons jeûner quarante jours et quarante nuits, « sans rien manger ». Mais l’Eglise a tenu à reproduire chronologiquement, dans le « Carême » (du latin quadragesima, quarantième) le laps de temps passé par le Christ au désert, dans le jeûne et la prière. L’intention de l’Eglise est bien claire : « imiter le Christ » (1 Cor 11,2) qui « a voulu nous servir d’exemple », non seulement que nous nous lavions les pieds les uns les autres (cf Jn 13,15) mais aussi en tout autre domaine (Phili 2, 5).

Notre jeûne entend imiter celui du Christ qui, à son tour, suivait l’exemple de Moïse (qui a jeûné quarante jours avant de recevoir les tables des Commandements (Ex 34, 28–29)). Elie, aussi, a jeûné quarante jours avant de rencontrer le Seigneur sur l’Horeb (1 R 19, 8). Lors de la Transfiguration du Seigneur sur le Mont Thabor, ce sont précisément ces deux personnages, jeûneurs de quarante jours, qui apparaissent aux côtés du Messie en gloire.

            3. Le jeûne «préventif» et expiateur
Dans son message pour le Carême de 2009, Sa Sainteté le Pape Benoît XVI se demande quelle valeur et quel sens pourrait avoir, pour nous chrétiens d’aujourd’hui, le fait de nous priver de nourriture et de boissons qui, en soi, sont utiles pour notre santé et notre survie. Le Saint Père répond, en se fondant sur l’Ecriture Sainte et la Tradition chrétienne que le jeûne est un grand soutien pour nous éviter le péché et tout ce qui peut nous y amener. Dans le message pour le carême de 2011, le Pape dénonce la cupidité, comme si les hommes voulaient « dévorer le monde » ; parce que nous ne sommes pas les propriétaires des biens que nous détenons, mais plutôt des intendants… Ces biens doivent être considérés par nous comme des moyens qui incarnent ou concrétisent en quelque sorte la Providence divine à l’endroit du prochain. Grâce à ce partage, nous vivons la communion, comme dans l’Eglise primitive de Jérusalem (“la vita apostolica” des premiers chrétiens dans Ac 2 et 4,2 Cor 8 et 9). L’apôtre bien-aimé, Jean, écrit avec sévérité : « Si quelqu’un, jouissant des biens de ce monde, voit son frère dans la nécessité et lui ferme ses entrailles, comment l’amour de Dieu demeurerait-il en lui? » (1 Jn 3, 17). Le message de Carême pour 2012 du Saint Père reprend le thème suivant : « Soyons attentifs les uns aux autres pour nous stimuler mutuellement à la charité et aux bonnes œuvres » (Hé 10,24). En se souciant concrètement des plus pauvres, le chrétien peut exprimer sa participation à l’unique corps qu’est l’Église. Faire attention aux autres dans la réciprocité c’est aussi reconnaître le bien que le Seigneur accomplit en eux et le remercier avec eux des prodiges de grâce que le Dieu bon et tout-puissant continue de réaliser dans ses enfants.

Pour nous, pauvres pécheurs, mortels sans cesse exposés aux défaillances, le jeûne est aussi un moyen efficace afin de manifester notre repentir et notre désir de réparer le mal que nous avons fait. C’est dans ce sens que le prophète Jonas invitait les habitants de Ninive à la pénitence par le jeûne. Jésus nous donnera bientôt le cadre du jeûne et de l’aumône : c’est dans le secret et la discrétion, sans ostentation (Mt 6, 3–4) ni apparence misérable ou mortifiée (cf Mt 6, 16), ce qui ne contredit nullement son caractère public et communautaire dans l’Eglise, nécessaires pour éviter l’excès et l’arbitraire individuels.

Plus tard, Jésus exposera la spécificité du jeûne chrétien, en contraste avec celui des pharisiens et des disciples de Jean : les chrétiens, parents de l’Epoux, « jeûneront pendant les jours où Il sera élevé (et enlevé) de parmi eux », sur la Croix (cf Mc 2, 19–20). C’est pourquoi, les premiers chrétiens jeûnaient pendant le triduum sacré. Ensuite, ils le faisaient tous les mercredis et les vendredis (La Didachè, n. 8). La pénitence est une attitude salutaire qui est un « retour » au Seigneur et au bien ; un retour « au Père » comme l’enfant prodigue (cf Lc 15). En effet, le verbe araméen et arabe est exactement « toubou », « revenez ». Cet appel du Baptiste et du Sauveur est significatif, sur les rives du Jourdain et dans le reste de cette région désertique où la présence de Dieu s’impose dans le vide des créatures et la splendeur de la nature !

            (…) Dans l’Eglise Mère de la Ville Sainte, celle du Calvaire, du tombeau vide du Ressuscité, de l’Eglise de l’Ascension et de la Pentecôte, nous prions avec ferveur. Nous supplions le Seigneur d’accepter notre pénitence et de nous amener, malgré nos faiblesses, « dans le cortège de sa victoire » sur le mal, le péché et la mort (cf Eph 1 , 15–23). Et « que, de Jérusalem, le Seigneur, le créateur du ciel et de la terre, vous bénisse, tous les jours de votre vie » (cf Ps 128 (127), 5).

Un saint carême et heureuses Pâques !
† Fouad Twal, Patriarche


samedi 18 février 2012

sainte Bernadette Soubirous

Lettre de sainte Bernadette au Bx Pie IX, 
le 17 décembre 1876

                        Très Saint-Père

Je n’aurais jamais osé prendre la plume pour écrire à Votre Sainteté, moi, pauvre petite Sœur, si notre digne évêque, Mgr de Ladoue, ne m'eût encouragée. (…)

J’ai craint, tout d’abord, d’être trop indiscrète ; puis il m’est venu à la pensée que Notre Seigneur aime à être importuné aussi bien par le petit que par le grand, par le pauvre que par le riche, qu’il se donne à chacun de nous sans distinction. Cette pensée m’a donné du courage, aussi je ne crains plus ; je viens à vous, très Saint-Père, comme une pauvre petite enfant au plus tendre des Pères, pleine d’abandon et de confiance. Que pourrai-je faire, très Saint-Père, pour vous témoigner mon amour filial ? Je ne puis que continuer ce que j’ai fait jusqu’à présent, c’est-à-dire souffrir et prier. (…)

Je prie tous les jours le Cœur Sacré de Jésus et le Cœur Immaculé de Marie, de vous conserver encore longtemps au milieu de nous puisque vous les faites si bien connaître et aimer. J’ai la douce confiance que ces Cœurs Sacrés daigneront exaucer ce vœu qui est le plus cher à mon cœur.

Proclamation du dogme de l'Immaculée Conception
Il me semble, lorsque je prie selon les intentions de Votre Sainteté, que du ciel la très Sainte Vierge doit souvent jeter son regard maternel sur vous, très Saint-Père, parce que vous l’avez proclamée Immaculée. J’aime à croire que vous êtes tout particulièrement aimé de cette bonne Mère puisque, quatre ans après, elle vint elle-même sur la terre dire : « Je suis l’Immaculée Conception. »

Je ne savais pas ce que cela voulait dire, je n’avais plus entendu ce mot. Depuis, en réfléchissant, je me dis bien souvent : que la Très Sainte Vierge est bonne. On dirait qu’elle est venue confirmer la parole de notre Saint-Père. C’est ce qui me fait croire qu’elle doit vous protéger tout particulièrement. J’espère que cette bonne Mère aura pitié de ses enfants, et qu’elle daignera mettre encore une fois son pied sur la tête du maudit serpent, et donner ainsi un terme aux cruelles épreuves de la Sainte Église et aux douleurs de son Auguste et Bien-Aimé Pontife.

Je baise très humblement vos pieds et je suis, avec le plus profond respect, Très Saint-Père,
De Votre Sainteté, La très humble et très soumise fille.

Sœur Marie-Bernard SOUBIROUS

Vénérable abbé Henri Marie Boudon, " Dieu partout présent ", 2e dédicace

A la glorieuse Vierge, toujours Vierge, immaculée en sa très sainte Conception,
vraie Mère de Dieu.

            Grande Reine, la profession que je fais d’être à vous autant que l’ordre de Dieu me le permet ne souffre pas qu’aucun de mes ouvrages, que la divine Providence me fait donner au public, y paraisse sans  que dans votre dépendance, et sous votre protection maternelle. 

Je viens donc offrir celui-ci à votre précieux cœur comme tous les autres ; cœur sacré à qui on peut appliquer avec encore plus de justice qu’à celui de l’Epouse des Cantiques, qui veillait lors même que vous preniez le sommeil nécessaire à votre saint corps : car ses pensées étaient toujours en la présence de Dieu

Vous avez toujours été revêtue du Soleil, toute environnée et éclairée du Saint Esprit. Votre demeure a été dans la lumière, et les ténèbres du péché n’ont jamais approchées de vous

O ma sainte Dame, c’est pour cela que mon cœur se réjouit, et que ma langue chante de joie de ce que vous avez toujours eu le Seigneur présent devant vous ! Obtenez-moi la grâce du don de cette divine présence, afin que mes yeux, étant éclairés, ils ne s’endorment jamais dans ce sommeil de la mort qui ôte le souvenir de Dieu présent partout

O ma très bonne, très miséricordieuse, et très fidèle Mère, commandez à ceux qui liront ce petit Traité, des clartés célestes qui leur découvrent que Dieu, remplissant toutes choses, il est plus intime qu’à nous-mêmes, et qu’ensuite nous ayons incessamment en tout lieu le respect que nous devons à sa grandeur infinie. 

Ainsi soit-il. Ainsi soit-il. Ainsi soit-il.


vendredi 17 février 2012

Le Carême approche : préparons-nous à entrer dans le combat de Dieu

Le Carême approche à grand pas. Il n'est pas inutile de relire et de méditer ce document du Saint Père Paul VI à propos du jeûne et de la pénitence, si salutaires en tout temps et pour tous. Entrons dans le combat de Dieu avec un coeur serein.


Enluminure, les tentations
Extraits de la constitution apostolique Paenitemini de SS. Paul VI, du 17 février 1966 : 

(...) C’est pourquoi l’Église – tout en affirmant la primauté des valeurs religieuses et surnaturelles de la pénitence, qui aujourd’hui plus que jamais sont propres à redonner au monde le sens de Dieu et de sa souveraineté sur l’homme, le sens du Christ et de son salut – invite chacun à accompagner la conversion intérieure de l’esprit avec la pratique volontaire des actes extérieurs de pénitence.
a) Elle insiste avant tout pour que la vertu de pénitence soit pratiquée dans la fidélité persévérante à nos devoirs d’état, dans l’acceptation des difficultés inhérentes à notre travail et à nos rapports sociaux, dans le support patient des épreuves de la vie terrestre, avec son angoissante insécurité.
b) Les membres de l’Église qui souffrent d’infirmités, de la maladie, de la pauvreté, et de diverses autres misères, ou bien qui sont persécutés pour la justice, sont invités à unir leurs souffrances à celles du Christ. Ils pourront ainsi non seulement satisfaire plus pleinement au précepte de la pénitence, mais aussi obtenir pour leurs frères la vie de la grâce, et pour eux-mêmes la béatitude qui est promise dans l’Évangile à ceux qui souffrent.
c) Doivent satisfaire d’une façon plus parfaite au précepte de la pénitence : les prêtres, qui sont plus intimement liés au Christ par leur caractère sacré, et ceux qui s’engagent à suivre les conseils évangéliques pour se conformer plus étroitement à l’abnégation du Seigneur, ainsi que pour tendre plus facilement et plus efficacement à la perfection de la charité.
Mais l’Église invite tous les chrétiens, sans distinction, à obéir au précepte divin de la pénitence par des actes volontaires, en dehors des épreuves et des sacrifices inhérents à la vie quotidienne.
Pour rappeler et inciter tous les fidèles à l’accomplissement du divin précepte de la pénitence, le Siège apostolique veut réorganiser la discipline pénitentielle d’une façon plus adaptée à notre temps.
Mais il revient à la prudence et à la sollicitude des évêques, réunis en conférences épiscopales, d’établir les règles qu’ils estimeront être les plus opportunes et les plus efficaces, étant donné la connaissance directe qu’ils ont des conditions locales, demeurant cependant ferme ce qui suit :
En premier lieu, l’Église veut indiquer que, conformément à la tradition ancienne, il y a trois façons principales de satisfaire au précepte divin de la pénitence : la prière, le jeûne et les œuvres de charité, bien qu’elle ait toujours spécialement prôné l’abstinence de viande et le jeûne. Ces façons ont été communément pratiquées dans tous les siècles. Il existe cependant aujourd’hui des motifs particuliers pour que, selon les exigences des diverses régions, il soit nécessaire d’insister sur telle ou telle forme de pénitence plutôt que sur telle autre. C’est ainsi que dans les pays qui connaissent un plus grand bien-être économique, on devra surtout donner un témoignage d’ascèse pour que les fidèles ne prennent pas l’esprit du « monde » ; et on devra en même temps donner un témoignage de charité envers les frères qui souffrent de la pauvreté et de la faim, même dans les pays lointains.
Mais dans les pays ayant des conditions de vie plus difficiles, il sera plus agréable au Père et plus utile aux membres du Corps du Christ que les chrétiens – tout en cherchant à promouvoir par tous les moyens une meilleure justice sociale – offrent leurs souffrances au Seigneur dans la prière, en intime union avec la croix du Christ.
C’est pourquoi – tout en maintenant la coutume de pratiquer la pénitence par le jeûne et l’abstinence de viande là où elle pourra plus opportunément être maintenue (coutume qui a été sanctionnée pendant tant de siècles par des lois canoniques) – l’Église veut que les autres modes de pénitence soient eux aussi revêtus de l’autorité de ses prescriptions, là où les conférences épiscopales estimeront opportun de remplacer le jeûne et l’abstinence de viande par des exercices de prière et des œuvres de charité.
Mais pour que tous les fidèles soient unis dans une certaine célébration commune de la pénitence, le Siège apostolique a décidé d’instituer des jours et des temps de pénitence déterminés, choisis parmi ceux qui, dans l’année liturgique, évoquent plus spécialement le mystère pascal du Christ, ou répondent à des besoins particuliers de l’Église.
Psautier enluminé, vers 1222, Copenhage,
Det kongelige bibliotek

C’est pourquoi il a été décidé et statué ce qui suit :
I. – § 1. Tous les fidèles sont tenus de faire pénitence en vertu de la loi divine.
§ 2. Les prescriptions de la loi ecclésiastique concernant la pénitence sont totalement réorganisées selon les normes qui suivent.
II. – § 1. Le temps du Carême conserve son caractère pénitentiel. Les jours de pénitence qui doivent être observés obligatoirement dans toute l’Église sont : chaque vendredi et le mercredi des Cendres, ou le premier jour du grand Carême, selon les rites. Leur observation substantielle constitue une obligation grave.
§ 2. Sauf si sont accordées les facultés dont il est parlé aux n. 6 et 8, ces jours-là le précepte de la pénitence sera observé comme suit : l’abstinence sera pratiquée tous les vendredis qui ne tombent pas un jour de fête de précepte ; le jeûne et l’abstinence seront pratiqués le mercredi des Cendres, ou le premier jour du grand Carême, selon les rites, et le Vendredi saint.
III. – § 1. La loi de l’abstinence interdit la viande, mais pas les œufs, les laitages et tout assaisonnement, même à base de graisse animale.
§ 2. La loi du jeûne oblige à ne faire qu’un repas par jour, mais elle n’interdit pas de prendre un peu de nourriture le matin et le soir, en observant les coutumes locales approuvées pour ce qui est de la quantité et de la qualité.
IV. – La loi de l’abstinence oblige ceux qui ont quatorze ans accomplis. La loi du jeûne oblige tous les fidèles depuis l’âge de vingt et un ans accomplis jusqu’au début de leur soixantième année. Quant à ceux qui sont plus jeunes, les pasteurs d’âme et les parents veilleront attentivement à les former au vrai sens de la pénitence.
(...) IX. – § 1. Il est vivement souhaitable que les évêques et tous les pasteurs d’âmes incitent non seulement à recevoir plus souvent le sacrement de pénitence, mais à faire des actes extraordinaires de pénitence, dans un but d’expiation ou d’impétration, spécialement pendant le Carême.
§ 2. Tous les fidèles sont vivement exhortés à bien s’imprégner d’un authentique esprit chrétien de pénitence qui les prédispose aux pratiques de charité et de pénitence


(...) Donné à Rome, auprès de Saint-Pierre, le 17 février 1966, troisième année de Notre Pontificat.
PAUL VI, pp.

samedi 11 février 2012

Notre Dame de Lourdes

Refuge des pécheurs, Consolatrice des affligées et Salut des Malades, priez pour nous.


« RELÈVE-TOI, VA ; TA FOI T’A SAUVÉ » (Lc 17,19)
Chers frères et sœurs, 
À l’occasion de la Journée Mondiale du Malade, que nous célébrerons le 11 février 2012 prochain, mémoire de Notre-Dame de Lourdes, je souhaite renouveler ma proximité spirituelle à tous les malades qui se trouvent dans des lieux de soins ou sont pris en charge par leurs familles, exprimant à chacun la sollicitude et l’affection de toute l’ÉgliseDans l’accueil généreux et aimant de chaque vie humaine et en particulier de celle qui est faible et malade, le chrétien exprime un aspect important de son témoignage évangélique, à l’exemple du Christ qui s’est penché sur les souffrances matérielles et spirituelles de l’homme pour le guérir.
         1. (...) La rencontre de Jésus avec les dix lépreux, racontée dans l’évangile de saint Luc (cf. Lc 17, 11-19), et en particulier les paroles que le Seigneur adresse à l’un d’entre eux : « Relève-toi, va ; ta foi t’a sauvé ! » (v. 19), aident à prendre conscience de l’importance de la foi pour ceux qui, marqués par la souffrance et la maladie, s’approchent du Seigneur. Dans leur rencontre avec Lui, ils peuvent réellement faire l’expérience que celui qui croit n’est jamais seul ! En effet, Dieu, dans son Fils ne nous abandonne pas à nos angoisses et à nos souffrances, mais Il nous est proche, Il nous aide à les porter et Il désire nous guérir au plus profond de notre cœur (cf. Mc 2, 1-12).
         2. Le sacrement de la Pénitence a souvent été au centre de la réflexion des Pasteurs de l’Église, en particulier du fait de sa grande importance sur le chemin de la vie chrétienne, puisque « toute l’efficacité de la Pénitence consiste à nous rétablir dans la grâce de Dieu et à nous unir à Lui dans une souveraine amitié » (Catéchisme de l’Église Catholique, n°1468). L’Église, en continuant de proclamer le message de pardon et de réconciliation de Jésus, ne cesse jamais d’inviter l’humanité tout entière à se convertir et à croire à l’Évangile. Elle fait sien l’appel de l’apôtre Paul : « Nous sommes donc en ambassade pour le Christ ; c’est comme si Dieu exhortait par nous. Nous vous en supplions au nom du Christ : laissez-vous réconcilier avec Dieu » (2 Co 5, 20). 
Durant sa vie, Jésus annonce et rend présente la miséricorde du Père. Il est venu non pour condamner mais pour pardonner et sauver, pour donner de l’espérance même dans les ténèbres les plus profondes de la souffrance et du péché, pour donner la vie éternelle ; ainsi dans le sacrement de la Pénitence, dans « le remède de la confession », l’expérience du péché ne dégénère pas en désespoir mais rencontre l’Amour qui pardonne et transforme (cf. Jean-Paul II, Exhortation apostolique postsynodale Reconciliatio et Paenitentia, n°31).
(...)    3. La lecture des Évangiles fait clairement apparaître que Jésus a toujours manifesté une attention particulière aux malades. Il n’a pas seulement envoyé ses disciples soigner leurs blessures (cf. Mt 10,8 ; Lc 9,2 ; 10,9), mais il a aussi institué pour eux un sacrement spécifique : l’Onction des malades. La lettre de Jacques atteste la présence de ce geste sacramentel dès la première communauté chrétienne (cf. 5, 14-16) : dans l’Onction des malades, accompagnée de la prière des Anciens, l’Église tout entière confie les malades au Seigneur souffrant et glorifié pour qu’Il allège leurs peines et les sauve ; plus encore, elle les exhorte à s’unir spirituellement à la passion et à la mort du Christ, afin de contribuer ainsi au bien du Peuple de Dieu.
Ce sacrement nous amène à contempler le double mystère du Mont-des-Oliviers, où Jésus s’est trouvé dramatiquement confronté à la voie que lui indiquait le Père, celle de la Passion, de l’acte suprême d’amour, et l’a accueillie. Dans cette heure d’épreuve, Il est le médiateur, « en portant en lui-même, assumant en lui la souffrance et la passion du monde, la transformant en cri vers Dieu, la portant devant les yeux et entre les mains de Dieu, et la portant ainsi réellement au moment de la Rédemption » (Lectio Divina, Rencontre avec le clergé de Rome, 18 février 2010). Mais « le Jardin des Oliviers est aussi le lieu d’où Il est monté vers le Père ; c’est donc le lieu de la Rédemption… Ce double mystère du Mont-des-Oliviers est aussi sans cesse "actif" dans l’huile sacramentelle de l’Église… signe de la bonté de Dieu qui nous rejoint » (Homélie, Messe Chrismale, 1er avril 2010). Dans l’Onction des malades, la matière sacramentelle de l’huile nous est offerte, pourrait-on dire, « comme un remède de Dieu… qui à ce moment nous assure de sa bonté, nous offre force et consolation, mais qui, en même temps, au-delà du temps de la maladie, nous renvoie à la guérison définitive, à la résurrection (cf Jc 5,14) » (ibid).
Ce sacrement mérite aujourd’hui une plus grande considération, aussi bien dans la réflexion théologique que dans l’action pastorale auprès des malades. (...)
         4. À propos des "sacrements de guérison", saint Augustin affirme : « Dieu guérit toutes tes maladies. N’aie donc pas peur : toutes tes maladies seront guéries… tu dois seulement Lui permettre de te soigner et tu ne dois pas repousser ses mains » (Exposé sur le Psaume 102, 5 : PL 36, 1319-1320). Il s’agit d’instruments précieux de la grâce de Dieu qui aident le malade à se conformer toujours plus pleinement au mystère de la mort et de la résurrection du Christ. En soulignant l’importance de ces deux sacrements, je voudrais insister aussi sur l’importance de l’Eucharistie. Reçue dans un temps de maladie, elle contribue de manière singulière à une telle transformation, en associant la personne qui se nourrit du Corps et du Sang de Jésus à l’offrande qu’Il a faite de Lui-même au Père pour le salut de tous. (...) Ces frères et sœurs ont ainsi la possibilité de renforcer leur relation avec le Christ crucifié et ressuscité, en participant à la mission même de l’Église, à travers leur vie offerte par amour pour le Christ. Dans cette perspective, il importe que les prêtres qui prêtent leur service dans les hôpitaux, dans les maisons de soins et chez les personnes malades, s’estiment de vrais "ministres des malades", signe et instrument de la compassion du Christ qui entend rejoindre toute personne marquée par la souffrance » (Message pour la XVIIIe Journée Mondiale du Malade, 22 novembre 2009). 
    5. (...) Vers Marie, Mère de miséricorde et Santé des malades, nous élevons notre regard confiant et notre prière. Puisse sa maternelle compassion, vécue à côté de son Fils mourant sur la Croix, accompagner et soutenir la foi et l’espérance de chaque personne malade et souffrante sur son chemin de guérison des blessures du corps et de l’esprit.
Je vous assure tous de mon souvenir dans la prière et j’adresse à chacun de vous une particulière Bénédiction apostolique.
Du Vatican, le 20 novembre 2011, en la Solennité de Notre Seigneur Jésus-Christ, Roi de l’Univers.

Benoît XVI pp.