dimanche 1 avril 2012

Dimanche des Rameaux et de la Passion du Sauveur : N'aimer que Dieu seul


Dimanche des Rameaux : L'entrée de Jésus à Jérusalem, par Giotto

Vénérable Henri Marie Boudon, « Dieu partout présent », Chap. IV, Dieu qui est partout, demande que l’on se souvienne de sa divine présence
                                                
            C’est le propre des grandes choses, de celles qui sont extraordinairement belles et rares, d’attirer les yeux, et d’occuper l’esprit. Ainsi vous verrez des gens qui y sont attachés avec plaisir, et qui ont de la peine à en retirer les yeux. Ah si cela est, comment ne point en avoir d’application à la présence de Dieu, devant qui toutes les beautés les plus charmantes ne sont que de vilaines laideurs, devant qui tout ce qu’il y a de plus rare parmi les choses créées soit dans la terre, soit dans le Ciel même, ne mérite pas qu’on s’applique un moment à le regarder ? Est-il possible que ce Dieu qui sera toute l’occupation du Paradis, et dont l’occupation en sera la félicité, qui est un bonheur infini, sera ainsi dans l’oubli en ce monde ; et qu’étant partout, partout on ne le verra point ?

            Mais, dira-t-on, c’est qu’il est caché à nos yeux corporels. Réponse bien indigne qui n’a pas seulement un corps qui a des yeux, ce qui lui est commun avec les bêtes, mais une âme spirituelle douée d’intelligence, qui lui fait discerner ce que les sens n’aperçoivent pas. Nous avons dit que plusieurs Philosophes par la seule lumière naturelle avaient connu la présence de la Divinité en toutes choses. Mais réponse intolérable dans le Chrétien, qui a reçu le don de la foi, qui est un œil spirituel qui lui découvre certainement la présence de Dieu qui est partout, et avec plus d’assurance que les choses plus présentes à ses sens. Est-ce donc que ce bel œil qui est même éclairé par la lumière divine, lui sera inutile, et qu’il n’en fera point d’usage ?

            (…) Cependant on regarde, on s’applique à tout ce qui tombe sous les sens, en sorte, dit sont Augustin, qu’il semble que l’homme soit devenu tout chair ; car il ne pense qu’à ce que ses yeux de chair lui découvrent. Etrange et malheureuse corruption ! Infâme extase bestiale, par la domination de la partie animale !
Ainsi l’homme dépravé est tout occupé des choses sensibles, soit qu’il soit seul, soit qu’il soit en compagnie. Que l’on fasse réflexion sur l’occupation des hommes, leur pauvre esprit n’est rempli que de créatures, de terre, et des choses de la terre, de maisons, de jardins, de bois, de rivières, d’ameublement, de chevaux, d’équipages, d’habits, d’honneurs, de plaisirs, et de biens temporels. C’est à quoi ils pensent, c’est ce qu’ils aiment. Voilà le sujet de leurs entretiens, la matière de leurs conversations, pendant, hélas ! que l’on passe sa vie dans la désoccupation du Créateur !
           
détail, Jésus couronné d'épines, par Corregio
            (…Les personnes qui n’aiment que les bagatelles)  passent leur vie à s’entretenir avec d’autres créatures leurs semblables, et une demi heure que dure le Très Saint Sacrifice de la Messe leur paraît bien longue. On crie si un Prédicateur parle plus d’une heure des plus grandes vertus de la religion. On dit qu’on a de la peine à s’entretenir avec Dieu l’espace d’une demi-heure, ou d’une heure. Et cependant, où trouve-t-on ces créatures du monde parfaitement contentes, même de celles qui jouissent d’avantage de ceux que l’on y recherche le plus. Leurs jeux, leur bonne chaire, leurs récréations, leurs plaisirs, leurs plus belles conversations donnent-ils à leur cœur un repos entier ? C’est ce qu’ils ne peuvent faire, parce qu’ils n’ont rien de véritablement solide, ils ne sont que pure vanité.


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