19 mai 1912 - 19 mai 2012 : 100e anniversaire de la consécration de la France
à saint Michel, Archange, Prince des milices célestes,
1er des Séraphins et protecteur de notre pays.
Saint Michel Archange Prince des armées célestes |
De "La dévotion aux neufs chœurs des saints" Anges de Monsieur
Henri-Marie Boudon, grand Archidiacre d’Evreux (1624-1702) ; 5e pratique, Converser intérieurement avec les saints
Anges :
Mais que dites-vous de la présence de votre saint Ange
gardien ? Est-ce qu'il pensera continuellement à vous, et que vous ne
penserez presque jamais à lui ? Croyez-vous qu'une petite prière le soir
et le matin soit une reconnaissance digne de ses faveurs ?
Je veux que
vous me répondiez sérieusement à ce que je vous demande : En bonne vérité,
si l'un des princes de la terre venait vous rendre visite, le laisseriez-vous
depuis le matin jusqu'au soir tout seul, et croiriez-vous bien vous acquitter
de vos devoirs, de lui faire la révérence une ou deux fois le jour ?
Particulièrement, si durant tout le jour il vous suivait partout, et vous
obligeait en toutes les manières possibles ; et que d'autre part vous
fussiez quelque pauvre malheureux, tout gâté et puant de sales maladies, et le
rebut des hommes, et condamné au gibet pour vos crimes ; si sans cesse
vous tourniez le dos à cet obligeant prince, dans quel étonnement mettriez-vous
tous ceux qui seraient instruits d'une incivilité et d'un mépris si
extraordinaires ?
Je vous demande de plus, votre imagination ne vous
donne-t-elle pas de l'indignation d'un tel procédé ? Répondez-moi, en
seriez-vous capable ? Hélas nenni ! L’on n'a point ces duretés pour
la terre, il n'y a que pour le ciel : cependant c'est ce que vous faites à
l'égard du grand prince du ciel qui vous garde. Ô anges du paradis, pouvez-vous
bien souffrir des rebuts si étranges ? Il est donc bien juste de les
entretenir : c'est une chose insupportable que de les laisser sans dire
mot.
Prenez
donc quelquefois un quart d'heure, une demi-heure, une heure, ou plus, et après
vous être retiré, prenez votre temps pour causer avec votre bon Ange :
mettez-vous à genoux devant lui ; prosternez-vous par terre ; et il
est bon de temps en temps d'user de cette pratique, lorsqu'on est seul ;
demandez-lui pardon de vos ingratitudes ; demandez-lui sa sainte
bénédiction ; dites-lui tout ce qu'un bon cœur peut dire à un fidèle et
charitable ami. Tantôt, parlez-lui de vos besoins, de vos misères, de vos
tentations, de vos faiblesses. Tantôt, parlez-lui du divin amour, et des
saintes voies qui conduisent à Dieu. Quelquefois entretenez-le des offenses que
les hommes commettent contre leur Souverain, et des divins intérêts de
l'adorable Jésus et de sa très digne Mère ; et d'autres fois considérez à
loisir les obligations que vous lui avez, les bontés qu'il a pour vous, ses
beautés, ses perfections, ses admirables
qualités.
Agissez avec lui comme avec un bon père, une mère pleine de
tendresse, un véritable frère, un ami incomparable, un amant zélé, un vigilant
pasteur, un charitable guide, un témoin de vos plus importants secrets, un
savant médecin pour guérir toutes vos plaies, un avocat et un puissant
protecteur, un juge favorable, un roi tout occupé à vous faire du bien.
Invoquez-le selon toutes ces qualités, et les autres que votre amour suggérera.
Elles peuvent vous servir d'autant de considérations qui vous feront passer le
temps bien plus agréablement qu'avec les créatures de la terre. Nous disons
qu'il nous ennuie quelquefois, que l'on ne saurait à qui parler et que
faire : voilà bien de quoi nous occuper, voilà bien avec qui converser.
L'on demandait à une religieuse, qui était sans parents, sans amis et sans
connaissance de personnes qui lui vendissent visite, si elle n'avait point
quelque peine quand elle voyait les autres religieuses visitées. Hélas nenni,
répondit-elle ; car j'ai une personne fort aimable avec qui je
m'entretiens ; et quand j'apprends que l'on demande une religieuse au
parloir, aussitôt je pars pour lui rendre visite. Et comme l'on ne savait ce
qu'elle voulait dire, elle mena à une image du saint Ange qui était dans le
monastère : « Voilà, dit-elle, mon père, ma mère, toute ma parenté et
toutes mes connaissances. C'est là où je viens parler pendant que mes sœurs
parlent à la grille, et je sors pour le moins aussi contente qu'elles de mes
entretiens. »
Il
faut encore aller se promener en esprit dans les terres des infidèles, dans les
pays hérétiques, pour converser avec tous les anges de ces personnes ;
hélas ! ils sont bien abandonnés ; pour regretter avec eux
l'aveuglement et l'infidélité de ces gens, pour leur parler du royaume de Dieu,
pour les prier de travailler à son établissement dans tous ces royaumes. L'on
peut de la sorte parcourir toute la terre, honorant un jour tous les anges d'un
royaume, et en un autre les anges d'un autre pays. Tantôt ceux du Canada, tantôt
ceux de la Chine, quelquefois ceux du Japon, d'autres fois ceux des Indes. Il
ne faut pas aussi oublier les anges des royaumes chrétiens, et puis ensuite,
c'est une chose bien douce d'aller en esprit à la Jérusalem céleste,
s'entretenant quelquefois une heure avec les Séraphins, une autre avec les
Chérubins, et ainsi allant de chœur en chœur par toutes les hiérarchies
célestes. Ce que nous en avons dit peut fournir de sujet d'entretien.
Enfin,
c'est un exercice bien louable que de s'accoutumer à saluer les saints anges
des personnes que nous rencontrons. Si en faisant chemin nous trouvons un grand
seigneur, on le salue, ou quelque personne qui nous soit amie ; si nous
rencontrons cent fois ces personnes, nous ne manquons pas autant de fois à leur
rendre nos civilités : faut-il qu'à l'égard des princes du ciel, et nos
plus véritables amis, nous soyons seulement insensibles ? La chose est
aisée ! Vous n'en ferez pas plus de révérences, il ne faut que prendre une
bonne fois l'intention et faire un pacte sacré, que vous renouvellerez une fois au
moins toutes les semaines, qu'autant de fois que vous saluerez quelqu'un, vous
entendrez saluer son saint ange.
Quand vous vous en souviendrez, en même temps
que vous rendrez le salut à qui que ce soit, tout bas en vous-même, dites à son
saint Ange que vous le saluez. Pour ce sujet, accoutumez-vous à voir par les
yeux de l'esprit les anges de ceux que vos yeux corporels vous feront
voir : peu à peu le souvenir des saints anges vous sera très facile, et
vous en recevrez toutes sortes de bénédictions.
En entrant dans une église,
dans un lieu où il y a bien du monde, ne manquez pas d'y saluer tous les
anges ; et même quand vous serez avec des personnes qui vous sont
familières, il sera bon de dire les unes aux autres, tout haut : Je salue
votre saint ange. J'ai vu par ce moyen cette pratique saintement établie ;
en sorte que dans les compagnies, en y entrant ou sortant, l'on disait
hautement tous les uns aux autres : Je salue votre saint ange. Il y en a
qui ne manquent jamais, quand ils écrivent à quelqu'un, de mettre au bas de
leur lettre qu’ils saluent le saint Ange de la personne à qui ils
écrivent ; et même quelquefois on le prie réciproquement de la part des
uns et des autres, de faire ses civilités aux anges des lieux où l'on demeure.
Mon Dieu, n'est-ce pas ce que nous faisons tous les jours à l'égard des
chétives créatures nos semblables ? Pourquoi ne rendons-nous pas au moins
ce respect à ces favoris de Jésus et de Marie ?
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