Du Carnet
jaune. Paroles recueillies pendant les
derniers mois de notre sainte la petite Thérèse de l'Enfant Jésus et de la Sainte Face.
1897
Le 4 juin
604,1
Elle nous fit ses adieux dans la cellule de
Sr Geneviève de la Ste Face qui se trouvait celle donnant sur la terrasse du
côté du Chapitre (c'était pendant la neuvaine à N.D des Victoires pour obtenir
sa guérison). Elle était couchée sur la paillasse de Sr Geneviève. Ce jour-là
elle paraissait ne plus souffrir et avait un visage comme transfiguré. Nous ne
nous lassions pas de la regarder et d'écouter ses douces paroles.
J'ai
demandé à la Sainte Vierge de n'être plus assoupie et absorbée comme je me
trouvais tous ces jours ; je sentais bien que je vous faisais de la peine.
Ce soir, elle m'a exaucée. Oh ! mes petites sœurs, que je suis heureuse. Je vois que je vais bientôt mourir, j'en suis
sûre maintenant.
Ne
vous étonnez pas si je ne vous apparais pas après ma mort, et si vous ne voyez
aucune chose extraordinaire comme signe de mon bonheur.
Vous
vous rappellerez que c'est " ma petite voie " de ne rien désirer
voir.
Vous savez bien ce que
j'ai dit tant de fois au bon Dieu, aux Anges et aux Saints : Que mon désir
n'est pas De les voir ici bas...
Les Anges viendront vous
chercher,
dit Sr Geneviève. Oh! pourtant que
nous voudrions bien les voir !
Je
ne crois pas que vous les voyiez, mais ça ne les empêchera pas d'être là...
Je
voudrais pourtant bien avoir une belle mort, pour vous faire plaisir. Je l'ai
demandé à la Sainte Vierge. Je ne l'ai pas demandé au bon Dieu, parce que je
veux le laisser faire comme il voudra. Demander à la Sainte Vierge, ce n'est
pas la même chose. Elle sait bien ce qu'elle a à faire de mos petits désirs,
s'il faut qu'elle les dise ou ne les dise pas...enfin, c'est à elle de voir
pour ne pas forcer le bon Dieu à m'exaucer, pour le laisser faire en tout sa
volonté.
…Je ne sais pas si j'irai en purgatoire, je
ne m'en inquiète pas du tout, mais, si j'y vais je ne regretterai pas de
n'avoir rien fait pour l'éviter. Je ne me repentirai jamais d'avoir travaillé
uniquement pour sauver des âmes… Ma petite Mère, si vous êtes de nouveau
prieure un jour, ne vous inquiétez pas; vous verrez que vous ne vous ferez plus
les mêmes peines qu'autrefois. Vous serez au-dessus de tout. Vous laisserez
penser et dire ce qu'on voudra, vous ferez votre devoir en paix.,. etc... etc.
Ne
faites jamais rien pour l'être, et rien non plus pour ne pas l'être...
D'ailleurs, je vous promets que je ne vous y laisserai pas mettre si c'est
préjudiciable à votre âme.
Quand je l'ai embrassée : J'ai
tout dit! en particulier à ma petite Mère, pour plus tard... Ne vous faites pas de peine mes petites
sœurs, si je souffre beaucoup et si vous ne voyez en moi, comme je vous l'ai
déjà dit, aucun signe de bonheur au moment de ma mort. Notre-Seigneur est bien
mort victime d'Amour, et voyez quelle a été son agonie!... Tout cela ne dit
rien.
Le 11 juillet
Mes jours sont condamnés je vais quitter la
terre,
Je vais vous dire adieu sans espoir de retour
Vous qui m'avez aimé, bel Ange tutelaire
Laissez tomber sur moi vos doux regards d'amour.
Quand vous verrez tomber, tomber les feuilles
mortes
Si vous m'avez aimé,
vous prierez Dieu pour moi.
Le 17 juillet, Mémoire
des bienheureuses
Carmélites martyres de
Compiègne
717,1
Samedi - A 2
heures du matin elle avait craché le sang.
Je sens que je vais
entrer dans le repos... Mais je sens
surtout que ma mission va commencer, ma mission de faire aimer le bon Dieu
comme je l'aime, de donner ma petite voie aux âmes.
Si le bon Dieu exauce
mes désirs, mon Ciel se passera sur la
terre jusqu'à la fin du monde. Oui, je veux passer mon Ciel à faire du bien sur
la terre. Ce n'est pas impossible, puisqu'au sein même de la vision béatifique,
les Anges veillent sur nous. Je ne puis pas me faire une fête de jouir, je
ne peux pas me reposer tant qu'il y aura des âmes à sauver... Mais lorsque l'Ange aura dit: « Le temps n'est
plus ! » alors je me reposerai, je pourrai jouir, parce que le nombre
des élus sera complet et que tous seront entrés dans la joie et dans le repos.
Mon cœur tressaille à
cette pensée... Le bon Dieu ne me donnerait pas ce désir de faire du bien sur
la terre après ma mort; s'il ne voulait pas le réaliser; il me donnerait plutôt
le désir de me reposer en lui.
Le 23 juillet
722,2
Le 24 septembre
924,6
Je ne
parlerai bientôt plus que le langage des anges.
Le 29 septembre, solennité des Saints Archanges
Michel, Gabriel et Raphaël
930,1
Oh! je l'aime !............. Mon
Dieu.......
je vous aime..................
je vous aime..................
Tout
à coup, après avoir prononcé ces paroles, elle tomba doucement en arrière, la
tête penchée à droite.
Notre
Mère fit sonner bien vite la cloche de l'infirmerie pour rappeler la
communauté.
-
« Ouvrez toutes les portes » disait-elle en même temps. Cette parole avait
quelque chose de solennel, et me fit penser qu'au ciel le bon Dieu la disait aussi à ses anges.
Les
sœurs eurent le temps de s'agenouiller autour du lit et furent témoins de
l'extase de la sainte petite mourante. Son visage avait repris le teint de lys
qu'il avait en pleine santé, ses yeux étaient fixés en haut brillants de paix
et de joie.
Elle
faisait certains mouvements de tête, comme
si Quelqu'un l'eût divinement blessée d'une flèche d'amour, puis retiré la
Flèche pour la blesser encore...
Sr
Marie de l'Eucharistie s'approcha avec un flambeau pour voir de plus près son
sublime regard. A la lumière de ce flambeau, il ne parut aucun mouvement de ses
paupières. Cette extase dura à peu près
l'espace d'un Credo, et elle rendit le dernier soupir.
Après sa mort, elle
conserva un céleste sourire. Elle était d'une beauté ravissante. Elle tenait si
fort son Crucifix qu'il fallut l'arracher de ses mains pour l'ensevelir. Sr Marie du Sacré-Cœur
et moi nous avons rempli cet office avec Sr Aimée de Jésus et remarqué alors
qu'elle ne portait pas plus de 12 à 13 ans.
Ses
membres restèrent souples jusqu'à son inhumation, le lundi 4 octobre 1897.
Sr Agnès de
Jésus,
religieuse carmélite indigne.
religieuse carmélite indigne.
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