Extraits d’une homélie du pseudo – Jean
Chrysostome
pour la fête de la Nativité du Sauveur (1/3)
Je vois un mystère
nouveau et admirable ; la voix des pasteurs retentir à mes oreilles, non
semblable aux accords agrestes du chalumeau, mais au chant des hymnes célestes.
Les anges chantent, les archanges font
entendre leurs accords et les chérubins leurs cantiques, les séraphins rendent
gloire, tous célèbrent cette fête dans laquelle ils contemplent un Dieu sur la
terre et l'homme dans les cieux : Celui qui était élevé abaissé par
son incarnation et celui qui était abaissé élevé par la miséricorde.
Aujourd'hui, Bethléem imite
le ciel : les astres de son firmament sont les anges qui chantent leurs
cantiques ; son soleil est le Soleil de justice qui ne peut être
circonscrit. Et ne cherchez pas comment cela a pu être accompli, car lorsque
Dieu veut, l'ordre de la nature doit céder. Il a voulu, il a eu la
puissance, il est descendu, il nous a sauvés : la volonté de Dieu s'accomplit
en toutes choses.
Aujourd'hui, Celui qui est prend naissance, Celui qui est
devient ce qu'il n'était pas. Etant Dieu, il devient homme et n'abandonne pas
sa divinité.
Car, ce n'est point par la perte de sa divinité qu'il devient homme, ni par
addition de qualité que d'homme il devient Dieu ; mais il est le Verbe, et, sa nature demeurant la même à cause de son
immutabilité, il s'est fait chair.
Mais lorsqu'il vint à
naître, les Juifs refusaient de croire à cet enfantement merveilleux, les
pharisiens interprétaient à contre-sens les livres sacrés, les scribes
enseignaient le contraire de la loi, enfin Hérode cherchait Celui qui venait de
naître non pour l'honorer, mais pour le faire périr. Dans ce jour, tout ce
qu'ils voyaient était contradiction. « Car,
- ainsi que le dit le Psalmiste - ces
choses n'ont point été cachées à leurs fils dans la génération suivante. »
(Ps. LXXVII, 4.)
Des rois arrivèrent, et c'était pour vénérer le roi céleste
qui venait sur la terre, non pas accompagne des anges, des archanges, des
trônes, des dominations, des puissances, des vertus ; mais parcourant un
chemin nouveau, une route non frayée, et sortant d'un sein immaculé. Cependant,
il n'abandonnait pas le gouvernement des
légions célestes, ni ne se dépouillait de sa divinité lorsqu'il se faisait
homme : les rois vinrent l'adorer comme le céleste Roi de gloire ; les
soldats le reconnurent comme le Seigneur des armées ; les femmes le vénérèrent
comme né de la femme et changeant les douleurs de la femme en joie et en
allégresse ; les vierges le proclamèrent comme fils d'une vierge.
Admirant Celui qui a
fait le lait et les mamelles et qui a donné au sein de la femme d'être une
source intarissable reçoive d'une mère vierge la nourriture des petits enfants.
Les enfants l'ont vu devenir petit enfant afin que de la
bouche des enfants et de ceux qui sont à la mamelle sortît sa louange
parfaite ; les enfants ont vu en
lui l'enfant qui s'est servi de la fureur d'Hérode pour donner à leur âge la
gloire du martyre ;
Adoration des Mages |
Les hommes faits ont reconnu Celui qui s'est fait homme
pour apporter remède aux maux de ceux qui vivaient sous le joug;
Pour les pasteurs, il est le bon Pasteur qui donne sa vie pour
ses brebis ; pour les prêtres, il est le souverain Pontife selon l'ordre
de Melchisédech (Hébr. VII, 17 ; Ps. CIX, 4);
Pour les esclaves, il est Celui qui a pris la forme de l'esclave
afin de nous racheter de la servitude (Philip. II, 7);
Pour les pécheurs, il est Celui qui a tiré de leurs filets ceux
qui ont été envoyés pour ramener les hommes;
Pour les publicains, Celui qui a choisi un publicain afin d'en
faire un évangéliste;
Pour les femmes de mauvaise vie, Celui dont les pieds furent
arrosés des larmes d'une courtisane;
Et, pour tout dire en un
mot, les pécheurs ont pu voir en lui
l'Agneau de Dieu qui efface les péchés du inonde ; les mages lui ont
fourni sa garde royale, les pasteurs font environné de leurs bénédictions, les
publicains ont annoncé son Evangile, les courtisanes l'ont embaumé avec la
myrrhe, la Samaritaine a eu soif de la source de vie qu'il fait connaître, et
la Cananéenne a montré envers lui sa foi inébranlable.
Puisque tous se réjouissent
ainsi, je veux aussi me réjouir, je veux
former des chœurs, je veux célébrer une fête, mais je formerai des chœurs non
en pinçant la cithare, non en agitant le thyrse, non en m'accompagnant de la
flûte, noir en portant des torches allumées, je veux, ni lieu d'instruments de musique, porter les langes du Christ.
Ces langes sont mon espérance, ma vie, mon salut ; ils me tiennent lieu de
flûte et de cithare. C'est pourquoi je m'avance en les portant, afin que leur
puissance soit toute la force de mon discours et que je puisse dire avec l’ange : « Gloire à Dieu au plus haut des
cieux ! » avec les pasteurs « Et la paix sur la terre aux hommes de bonne
volonté ! » (Luc, II, 14.)
Aujourd'hui, celui qui est né du Père d'une manière
ineffable est né de la Vierge, pour l'amour de moi, d'une manière inexplicable
et merveilleuse.
Très riches Heures des Ducs de Berry, détail de l'annonce aux bergers |
Il est né du Père, avant les siècles, conformément aux lois
de sa nature et Celui qui l’a engendré le sait ; aujourd'hui, il est né en dehors des lois de la nature et la grâce de
l'Esprit-Saint en est témoin.
Sa génération céleste
est légitime et la génération terrestre ne l'est pas moins ; il est vraiment le Dieu engendré de Dieu,
il est vraiment homme né d'une vierge. Dans le ciel, il est le seul Fils unique
d'un seul ; sur la terre, il est le seul Fils unique d'une vierge seule.
De même que dans sa génération céleste il serait impie de lui chercher une
mère, de même dans sa génération terrestre ce serait un blasphème de lui
chercher un père. Le Père a engendré sans écoulement de sa substance et la
Vierge a enfanté sans connaître la corruption. Dieu n'a point souffert
d'écoulement de sa substance, car il a engendré comme il convenait à un Dieu,
et la Vierge n'a point connu la corruption lorsqu'elle enfantait, parce qu'elle
a enfanté spirituellement (NB.
C’est-à-dire par l’opération du Saint Esprit). D'où il suit que sa génération céleste ne peut être
expliquée par des paroles humaines et que sa venue dans le temps ne peut
être le sujet de nos investigations. Je
sais qu'une vierge a enfanté aujourd’hui, et je crois qu'un Dieu a engendré en dehors du
temps.
(…) Que l'on scrute ce
qui est conforme à la nature, j'y consens, mais on doit honorer par le silence
ce qui est au-dessus de la nature, non parce qu'il faut s'éloigner de tels
sujets, mais parce qu'ils sont ineffables et dignes d'être célébrés autrement
que par des paroles.
Mosaïques de la Nativité, église Santa Maria dell'Ammiragliode, Palerme |
Tous les membres de l'Archiconfrérie
du Tres Saint Sacrement de l'Autel
et des Saints Anges vous souhaitent
de très joyeuses fêtes de la
Nativité du Sauveur,
à vous, ainsi qu'à vos familles.
Saint Noël
du Tres Saint Sacrement de l'Autel
et des Saints Anges vous souhaitent
de très joyeuses fêtes de la
Nativité du Sauveur,
à vous, ainsi qu'à vos familles.
Saint Noël
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