Comment Saint
François de Montmorency Laval offrit au vénérable abbé Henri Marie Boudon la charge de l'archidiaconé d'Evreux
Henri-Marie Boudon fait découvrir à son grand ami l’abbé de
Montigny (futur Saint
François de Montmorency Laval) le
séminaire des Missions étrangères. Pressenti pour un évêché en Asie mais
repoussé par le Portugal, puis choisi
par Louis XIV comme vicaire apostolique en Nouvelle-France (qui
ne comptait alors que 2000 âmes), l’abbé de Montigny demanda l’aide du P.
Bagot, confesseur d’Henri, pour faire accepter à celui-ci de le remplacer dans sa dignité de grand-archidiacre d’Évreux.
Tant que le Père Bagot vécut, Boudon s’abandonna à ses
conseils comme il l’aurait fait aux ordres de Dieu Lui-même, et après sa mort,
il les citait comme des oracles. On comprend que Henri-Marie ait finalement
accepté, malgré la faible estime qu’il avait de sa propre dignité, de revêtir
le Sacerdoce du Christ. Le Père jésuite avait cette fois ordonné au nom de
l’obéissance. Les principales raisons
qui avaient toujours inspiré à Boudon le plus d’aversion pour les bénéfices et
les dignités ecclésiastiques, étaient son amour pour la pauvreté et l’attrait
qui le portait à travailler au service de Dieu dans tous les lieux où Sa
volonté le conduirait, sans rester fixé à aucun. Il n’accepta qu’une fois
assuré que ni la richesse, ni la résidence continuelle ne l’enchaîneraient.
Carte de la Nouvelle-France |
L’archidiaconat requérait un grade universitaire. Opportunément,
il arriva à Paris, des extrémités du Royaume, un homme de bien, qui connaissant
l’embarras de Boudon, lui fournit libéralement tout ce dont il avait besoin. Il
put ainsi prendre le bonnet de docteur en théologie
le 7 octobre1653 à l’université de Bourges, moins onéreuse que
celle de Paris. Puis, un mois plus tard, le 4 novembre, il recevait des mains
du nonce apostolique la tonsure cléricale, en la chapelle de la congrégation
mariale du noviciat des Jésuites. L’abbé de Laval lui avait obtenu un extra
tempora et une dispense des interstices. Henri-Marie en
dira :
Mgr François de Laval |
« Ce jour ou l’on célèbre la fête de saint Charles Borromée, est devenu pour moi la fête de Dieu seul, car y étant fait clerc, j’y ai pris Dieu pour mon sort et mon partage. C’est pour lors que j’ai dit en face de la sainte église, entre les mains du nonce de Sa Sainteté dans la maison de la Reine des saints, que le Seigneur était la part de mon héritage : or c’est une part et une portion qui doit suffire entièrement : après l’avoir prise il n’y a plus rien à prendre ni à espérer. Dès lors je n’ai du avoir rien que Dieu seul. »
Depuis ce jour heureux jusqu’à sa mort, Henri ne quitta jamais
les marques de son état. C’est, disait-il, que
la soutane est le saint habit de la religion du clergé, la gloire et l’honneur
de l’état ecclésiastique, et le signe visible du divorce parfait qu’ils doivent
faire avec le monde, et tout ce qui lui appartient.
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