Messe du Pape Saint Clément |
Extraits d'une homélie de Saint Jean
Chrysostome, du 28 mars 392
3. ~ En ce jour
nous devons nous-mêmes voir celui qui a
été attaché à la croix, approchons, mes très-chers frères, approchons avec
tremblement et avec un recueillement respectueux, comme vers l'Agneau sacrifié
et immolé pour nous.
Ne savez-vous pas comment les anges se tenaient près
du tombeau où il n'y avait plus de corps? ils rendaient hommage au tombeau
vide, comme à un monument qui avait renfermé le corps du Seigneur.
Les anges, qui
sont d'une nature supérieure à la nôtre, se tenaient près du tombeau, recueillis et pénétrés d'une vénération profonde;
et nous, qui ne devons pas approcher d'un tombeau vide, mais de la table même
où repose l'Agneau sans tache, nous
approchons en faisant du bruit, en excitant du tumulte! Pourrons-nous
jamais excuser notre irrévérence?
Je ne parle pas
au hasard et sans raison ; mais comme j'en
vois plusieurs ce soir faire du bruit, crier, se précipiter, se presser les uns
les autres, se charger d'injures, encourir des peines par une telle conduite
plutôt que mériter le salut, voilà pourquoi je vous donne ces avertissements.
Eh quoi ! mon
frère, lorsque le prêtre est à l'autel, en silence, dans le plus profond
recueillement, levant les mains au ciel , invoquant l'Esprit-Saint pour qu'il
vienne sanctifier les offrandes ; lorsque l'Esprit-Saint accorde la grâce qui
lui est demandée, qu'il descend sur les oblations; lorsque vous voyez l'Agneau
sans tache immolé, divisé en plusieurs parties, vous faites alors du bruit, vous excitez du tumulte , alors vous
cherchez des querelles, alors vous recourez aux injures ! Et comment
pourrez-vous profiter du sacrifice, si vous apportez à l'autel un pareil esprit
de contention? Ne nous suffit-il pas d'en approcher déjà coupables? ne
ferons-nous pas du moins en sorte que le moment où nous en approchons soit
exempt de faute? et sommes-nous exempts
de faute lorsque nous excitons du tumulte, lorsque nous nous querellons, nous
nous injurions mutuellement?
Pourquoi vous
pressez-vous; je vous le demande ? pourquoi êtes-vous si impatient lorsque vous
voyez l'Agneau immolé ? Quand il vous faudrait voir le sacrifice pendant toute
la nuit, ce spectacle, dites-moi, vous ennuierait-il ? Vous êtes resté tout le
jour, vous avez passé une grande partie de la nuit; et vous perdez en un
instant tout le fruit d'une si grande patience !
Songez quelle est la victime qui s'offre, et pour
quelle raison elle s'offre. Elle est immolée pour vous ; et vous vous retirez
lorsque vous la voyez immolée ! Où se
trouve le corps les aigles se rassemblent, dit l'Evangile : et nous
approchons, non comme des aigles, mais comme
des chiens avec qui nous disputons d'impudence ! Pensez à ce qui coule sur
l'autel. C'est du sang, et un sang qui a aboli la cédule de vos péchés, un sang
qui a purifié votre âme, qui a effacé toutes vos taches, qui a triomphé des
principautés et des puissances : Jésus-Christ, dit saint
Paul, a désarmé les puissances ; il les a menées en triomphe à la face de
l'univers, après les avoir vaincues par sa croix. (Coloss. II, 15.)
Le trophée
qu'il a érigé est décoré des marques de sa victoire, et les dépouilles de ses
ennemis sont suspendues au haut de sa croix. Comme un prince généreux, après
avoir terminé une guerre difficile, suspend au haut d'un trophée les cuirasses,
les boucliers, les armes du tyran et de ses satellites, qu'il a vaincus : de
même Jésus-Christ, après avoir terminé
la guerre contre le démon, a suspendu au haut de la croix les armes de son
ennemi, la malédiction et la mort; il en a fait un trophée éclatant, propre
à être aperçu par tous les êtres, par les puissances d'en-haut qui sont dans
les cieux, par les hommes qui habitent la terre, par les démons mêmes, dont il
a triomphé.
Puis donc que
nous jouissons d'une si grande faveur, rendons-nous
dignes des bienfaits que nous avons reçus, afin que nous obtenions le royaume
céleste par la grâce et la bonté de Notre-Seigneur Jésus-Christ, à qui soient
avec le Père et l'Esprit-Saint, la gloire, l'honneur et l'empire, dans tous les
siècles des siècles. Ainsi soit-il.
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