Le
21 juillet 1792, le vœu de Louis
XVI est remis au père Hébert, supérieur général des Eudistes et confesseur du
Roi.
C'est
le vœu par lequel Louis XVI a dévoué sa personne, sa famille et tout son Royaume,
au Sacré-Cœur de Jésus.
« Vous voyez, ô mon Dieu, toutes les plaies
qui déchirent mon cœur, et la profondeur de l'abîme dans lequel je suis tombé.
Des maux sans nombre m'environnent de toutes parts. A mes malheurs personnels
et à ceux de ma famille, qui sont affreux, se joignent, pour accabler mon âme,
ceux qui couvrent la face du royaume. Les cris de tous les infortunés, les
gémissements de la religion opprimée retentissent à mes oreilles, et une voix
intérieure m'avertit encore que peut-être votre justice me reproche toutes ces
calamités, parce que, dans les jours de ma puissance, je n'ai pas réprimé la
licence du peuple et l'irréligion, qui en sont les principales sources ; parce
que j'ai fourni moi-même des armes à l'hérésie qui triomphe, en la favorisant
par des lois qui ont doublé ses forces et lui ont donné l'audace de tout oser.
La dernière confession de Sa Majesté Très Chrétienne, le roi Louis XVI, lieu-tenant du Christ-Roi en France. |
Je n'aurai pas la témérité, ô mon Dieu, de me
justifier devant vous ; mais vous savez que mon cœur a toujours été soumis à la
foi et aux règles des mœurs ; mes fautes sont le fruit de ma faiblesse et
semblent dignes de votre grande miséricorde. Vous avez pardonné au roi David,
qui avait été cause que vos ennemis avaient blasphémé contre vous ; au roi
Manassès, qui avait entraîné son peuple dans l'idolâtrie. Désarmé par leur
pénitence, vous les avez rétablis l'un et l'autre sur le trône de Juda ; vous
les avez fait régner avec paix et gloire. Seriez-vous inexorable aujourd'hui
pour un fils de saint Louis, qui prend ces rois pénitents pour modèles, et qui,
à leur exemple, désire réparer ses fautes et devenir un roi selon votre Cœur ?
0 Jésus-Christ, divin Rédempteur de toutes nos iniquités, c'est dans votre Cœur
adorable que je veux déposer les effusions de mon âme affligée. J'appelle à mon
secours le tendre Cœur de Marie, mon auguste protectrice et ma mère, et
l'assistance de saint Louis, mon patron et le plus illustre de mes aïeux.
Ouvrez-vous, Cœur adorable, et par les mains si
pures de mes puissants intercesseurs, recevez avec bonté le vœu satisfactoire
que la confiance m'inspire et que je vous offre comme l'expression naïve des
sentiments de mon cœur.
Si, par un effet de la bonté infinie de Dieu, je
recouvre ma liberté, ma couronne et ma puissance royale, je promets
solennellement :
1° De révoquer le plus tôt possible toutes les lois
qui me seront indiquées, soit par le pape, soit par quatre évêques choisis
parmi les plus vertueux de mon royaume, comme contraires à la pureté et à
l'intégrité de la foi, à la discipline et à la juridiction spirituelle de la
sainte Eglise catholique, apostolique, romaine, et notamment la constitution
civile du clergé ;
2° De rétablir sans délai tous les pasteurs
légitimes et tous les bénéficiés institués par l'Eglise, dans les bénéfices
dont ils ont été injustement dépouillés par les décrets d'une puissance
incompétente, sauf à prendre les moyens canoniques pour supprimer les titres de
bénéfices qui sont moins nécessaires, et pour en appliquer les biens et revenus
aux besoins de l'Etat ;
3° De prendre, dans l'intervalle d'une année, tant
auprès du pape qu'auprès des évêques de mon royaume, toutes les mesures
nécessaires pour établir, suivant les formes canoniques, une fête solennelle en
l'honneur du Sacré Cœur de Jésus, laquelle sera célébrée à perpétuité dans
toute la France, le premier vendredi après l'octave du Saint-Sacrement, et
toujours suivie d'une procession générale, en réparation des outrages et des
profanations commis dans nos saints temples, pendant le temps des troubles, par
les schismatiques, les hérétiques et les mauvais chrétiens ;
4° D'aller moi-même en personne, sous trois mois à
compter du jour de ma délivrance, dans l'église Notre-Dame de Paris, ou dans
toute autre église principale du lieu où je me trouverai, et de prononcer, un
jour de dimanche ou de fête, au pied du maître-autel, après l'offertoire de la
messe, et entre les mains du célébrant, un acte solennel de consécration de ma
personne, de ma famille et de mon royaume au Sacré Cœur de Jésus, avec promesse
de donner à tous mes sujets l'exemple du culte et de la dévotion qui sont dus à
ce Cœur adorable ;
5° D'ériger et de décorer à mes frais, dans
l'église que je choisirai pour cela, dans le cours d'une année à compter du
jour de ma délivrance, une chapelle ou un autel qui sera dédié au Sacré Cœur de
Jésus, et qui servira de monument éternel de ma reconnaissance et de ma
confiance sans bornes dans les mérites infinis et dans les trésors inépuisables
de grâces qui sont renfermés dans ce Cœur sacré;
6° Enfin, de renouveler tous les ans, au lieu où je
me trouverai, le jour qu'on célébrera la fête du Sacré-Cœur, l'acte de consécration
exprimé dans l'article quatrième, et d'assister à la procession générale qui
suivra la messe de ce jour.
Je ne puis aujourd'hui prononcer qu'en secret cet
engagement, mais je le signerais de mon sang s'il le fallait, et le plus beau
jour de ma vie sera celui où je pourrai le publier à haute voix dans le temple.
Ô Cœur adorable de mon Sauveur ! Que j'oublie ma
main droite et que je m'oublie moi-même, si jamais j'oublie vos bienfaits et
mes promesses, et cesse de vous aimer et de mettre en vous ma confiance et
toute ma consolation. Ainsi soit-il. »
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