L’enfer est plein de personnes qui y sont
précipitées en suivant leur propre humeur. Elles sont tombées dans ce malheur
infini parce qu’elles n’ont pas eu la force de se surmonter et peut être n’y en
a-t-il pas une qui n’eût résisté à son inclination si elle avait prévu que, ne
le faisant pas, il lui en serait arrivé quelque mal temporel considérable.
Jésus et la Smaritaine, par Angelika Kauffmann : "Si tu savais le don de Dieu !" |
Quelque emporté que l’on fût par la violence d’une
passion, on y résisterait si l’on savait qu’il en dût coûter la vie : on
sait qu’une damnation éternelle est préparée si on s’y laisse aller, on ne
laisse pas de le faire. On dissimule, on se contraint par des vues temporelles,
et on ne se veut pas faire la moindre violence pour l’éternité.
L’esprit est dans la peine, dans le trouble, par
les mauvais succès des affaires de cette vie, dans les maladies du corps, et
l’on rit, on se divertit dans l’état du péché mortel, on dort à l’aise pendant
que l’on a un Dieu pour ennemi et que l’on est captif du diable !
Spada, le retour du fils prodigue |
Une maladie arrive, on va aussitôt au médecin ;
le péché règne, on passera un temps considérable sans approcher du sacrement de
Pénitence ! Cependant si un soulier est crotté, on a soin de
le faire nettoyer ; s’il tombait de la boue sur le visage au même instant,
on prendrait soin de l’ôter sans le remettre, non pas à des mois ou des semaines,
mais même à un quart d’heure.
Mais ce qui est capable de jeter dans le dernier
étonnement, c’est que dans les maladies dangereuses, on diffère de se confesser
jusqu’aux extrémités, comme s’il fallait attendre à se réconcilier avec un
Dieu, à cesser d’être son ennemi, jusqu’à ce que l’on cesse de vivre…
Les vierges folles, inattentives, qui ont laissé s'éteindre leur lampe. Ce jour-là, nous n'aurons plus que nos yeux pour pleurer, car la porte sera pour toujours fermée ! |
O aveuglement dernier et inconcevable ! Vous
verrez même des gens qui font profession de quelque probité, qui empêchent que
l’on ne parle aux malades de recevoir les Sacrements ! On craint,
disent-ils, d’épouvanter le malade comme si demander pardon à Dieu, si recevoir
son sacré Corps, c’était quelque mal qui dût faire peur et l’on ne craint pas
d’exposer une personne à une perdition éternelle !
Est-ce donc qu’il ne faut pas se mettre bien avec
Dieu, lorsque la maladie n’est pas dangereuse ? Y a-t-il un instant dans
la plus parfaite santé qui ne doive être rempli de son saint amour ?
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