samedi 1 octobre 2016

Sainte Thérèse de l'Enfant Jésus et de la Sainte Face, patronne de la Normandie et co-patronne de la France

Coudekerque-Branche,
Le 8 avril 1916
Sainte Thérèse de l'Enfant Jésus soutenant un
soldat blessé au combat, par P.L.A. Annould


Ma Révérende Mère ;



Je vous remets ci-joints la somme de 50 francs, pour acquitter une promesse à sœur Thérèse de l’Enfant Jésus, qui m’a sauvé la vie dans les circonstances suivantes.

Le samedi 10 octobre 1914, ma compagnie, la 10e du 8e régiment territorial, se trouvait en arrière-garde du 3e bataillon, qui rentrait à Lille. Celui-ci nous ayant abandonnés pour avancer plus rapidement, nous fûmes attaqués par la cavalerie allemande au village de Radinghem, à neuf kilomètres de Lille. Ne possédant ni canon ni batterie et massacrés par le feu de l’ennemi,  nous nous repliâmes sur Armentières.

Etant sous-officier, j’eus l’honneur d’être particulièrement visé, et trois mitrailleuses tiraient sur moi. Sans le secours de cette bonne petite sœur Thérèse, j’aurais dû être tué mille fois. Cependant une balle m’atteignit en me brisant le col du fémur, et je tombai dans un fossé plain d’eau, en bordure de route.

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Je m’attendais à être découvert et fait prisonnier, quand, à ma profonde surprise, au bout de vingt minutes, de braves fermiers français venaient me relever. A peine m’avaient-ils cachés dans leur grange, en compagnie de deux chevaux, que les soldats allemands entrèrent dans la ferme et l’explorèrent de tous côtés pour me découvrir, mais ce fut en vain, et ils se retirèrent dépités. Je vécus ainsi une semaine chez ces bons paysans, et malgré des perquisitions faites, jusqu’à dix fois par jour, pour me trouver, jamais aucun ennemi ne pénétra dans le lieu où j’étais réfugié. J’avais la conviction que sœur Thérèse me gardait, et je ne manquais pas de l’invoquer à chaque nouvelle tentative. Il me semblait même la voir devant la porte en défendant l’accès. Une fois entre autres, mes charitables hôtes vinrent en toute hâte me dire : « C’en est fait ! les Allemands sont là ! » Alors je suppliai ma puissante Protectrice d’écarter ce péril extrême, et je vis tout à coup ces mots écrits en lettres blanches au-dessus de la porte : « N’aie pas peur, tu seras sauvé. » De fait, les soldats visitèrent les granges voisines et la cour sans me découvrir. Enfin, grâce à la chère sainte, je fus recueilli, après ces huit jours, par une patrouille anglaise.

Quand je me rappelle les dangers courus pendant cette semaine, je ne trouve pas de mots assez expressifs pour témoigner ma reconnaissance à sœur Thérèse. Je fais l’impossible pour propager sa dévotion, et tous les amis et parents à qui j’ai distribué ses images reconnaissent, eux aussi, qu’ils sont protégés.

Vous pouvez, ma Révérende Mère, publier mon récit, afin d’augmenter, s’il est possible, la confiance des soldats en la sainte de Lisieux.

Votre respectueux serviteur,

Marcel Dutoit,
ex-sergent au 8e territorial
d’infanterie, 10e compagnie,
3e Bataillon





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