Très Saint-Père,
Cardinal Caffara |
C’est avec une
certaine trépidation que je m’adresse à votre sainteté, pendant cette période
du temps pascal. Je le fais au nom des très éminents cardinaux, Walter
Bandmüller, Raymond L. Burke, Joachim Meisner, et en mon propre nom.
Nous voulons d’emblée
renouveler notre dévouement absolu et
notre amour inconditionnel pour la chaire de Pierre et pour votre auguste
personne, en laquelle nous reconnaissons le successeur de Pierre et le vicaire
de Jésus : le « Doux Christ en terre
», ainsi que sainte Catherine de Sienne aimait à le dire. Nous ne
partageons en rien la position de ceux qui considèrent que le siège de Pierre
est vacant, ni celle de personnes qui veulent attribuer à d’autres la
responsabilité indivisible du munus pétrinien. Nous sommes mus seulement par la conscience de la grave responsabilité
qu’entraîne le munus des cardinaux : être des conseillers du successeur de
Pierre en son ministère souverain. Et du sacrement de l’épiscopat, qui nous
a « établis
évêques, pour gouverner l’église de Dieu, qu’Il a acquise par son sang ».
Cardinal Meisner |
Le 19 septembre 2016, nous avons remis à
Votre Sainteté et à la Congrégation pour la Doctrine de la foi cinq dubia, vous
demandant de résoudre des incertitudes
et d’apporter la clarté sur certains points de l’exhortation apostolique
post-synodale, Amoris laetitia.
N’ayant reçu aucune réponse de Votre Sainteté, nous
avons pris la décision de vous demander,
respectueusement et humblement, de nous accorder une audience, ensemble si
Votre Sainteté le désirait. Nous joignons, comme c’est l’usage, une feuille d’audience
dans laquelle nous présentons les deux points dont nous voudrions nous
entretenir avec vous.
Très Saint-Père,
Cardinal Brandmüller |
Un an a donc passé
depuis la publication d’Amoris laetitia. Pendant ce laps de temps, des interprétations de certains passages
objectivement ambigus de l’exhortation postent synodales ont été publiquement
données, qui ne sont pas divergentes par rapport au magistère permanent de l’Eglise,
mais qui lui sont contraires. Malgré le fait que le Préfet de la Doctrine
de la foi a déclaré de manière répétée que la
doctrine de l’Eglise n’a pas changé, de nombreuses déclarations ont paru,
de la part d’évêques individuels, de cardinaux et même de conférences
épiscopales, approuvant ce que le magistère de l’Eglise n’a jamais approuvé. Il ne s’agit pas seulement de l’accès à la
Sainte Eucharistie pour ceux qui vivent objectivement et publiquement dans un
état de péché grave, et qui ont l’intention d’y demeurer, mais aussi une
conception de la conscience morale qui est contraire à la tradition de l’Eglise.
Et donc il advient – combien douloureux est-il de le constater ! –
que ce qui est péché en Pologne
est bon en Allemagne, que ce qui est interdit dans l’archidiocèse de
Philadelphie est autorisé à Malte. Et ainsi de suite. Cela remet en mémoire
l’amère observation de B. Pascal : « Plaisante
justice qu’une rivière borne ! Vérité au-deçà des Pyrénées, erreur au-delà. »
Cardinal Burke |
De nombreux fidèles
laïcs compétents, profondément amoureux de l’Eglise et indéfectiblement loyaux
à l’égard du siège apostolique, se sont tournés vers leurs pasteurs et vers Votre Sainteté afin d’être confirmés
dans la sainte doctrine en ce qui concerne les trois sacrements du mariage, de
la confession, et de l’eucharistie. Et en ces jours-même, à Rome, six
fidèles laïcs, de chaque continent, ont présenté un séminaire d’études très
fréquenté sous le titre significatif : « Apporter la clarté. » Face
à cette grave situation, qui fait
que de nombreuses communautés chrétiennes sont en train d’être divisés, nous ressentons le poids de notre responsabilité, et notre conscience nous oblige à demander
humblement et respectueusement une audience.
Que Votre Sainteté se souvienne de nous
dans vos prières, de même que nous nous engageons à nous souvenir de vous dans
les nôtres, et nous demandons le don de votre bénédiction apostolique.
+ Carlo Card. Caffarra
Rome, 25 avril 2017
Fête
de Saint Marc l’évangéliste
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire