De la consécration du pain au Corps du Christ... |
Les doutes
d’un prêtre, le prodige
à Bolsena, Italie, 1264
Vers la fin de l’été 1264, un prêtre
germanique, pieux et de grande vertu, fut assailli de doutes sur le mystère de
la transsubstantiation, c'est-à-dire de la transformation du pain et du vin en
Corps et en Sang du Christ. Comme il souffrait trop, il décida d’aller en
pèlerinage à Rome. À son retour chez lui, il s’arrêta dans la ville de Bolsena,
pour célébrer la messe en l’Église Sainte-Christine. En élevant l’hostie
pendant la consécration, il implora, de tout son cœur, le Sauveur de lui
enlever ses doutes sur l’Eucharistie, lorsque tout d’un coup, l’hostie
consacrée se mit à saigner.
... à l'adoration eucharistique. |
Impressionné par l’extraordinaire
phénomène, il se hâta d’essuyer le sang avec le corporal. À la fin, le drap
sacré était couvert de vingt-cinq taches de sang. Stupéfait par cette
manifestation extraordinaire, il s’empressa d’aller à Orvieto rencontrer le
pape Urbain IV, qui y résidait depuis deux ans. Le pape ordonna de déposer le
corporal miraculeux à la cathédrale Santa-Maria d’Orvieto, où il l’exposa à
l’adoration des fidèles. Une multitude de gens commença à venir adorer le sang
du corporal et cette église devint un haut lieu de pèlerinage dans tout le
moyen-âge et jusqu’à nos jours. Ce miracle eucharistique encouragea le pape
Urbain IV à instituer la fête de Corpus Christi que l’on appelle aussi la
Fête-Dieu dans l’Église universelle. Il demanda aussi à saint Thomas d’Aquin de
composer l’office de Corpus Domini
pour honorer le Saint-Sacrement.
Ce prodige fut une récompense
extraordinaire pour ce prêtre loyal. Alors qu’il était pieux, ses doutes durent
le faire souffrir terriblement mais il fit tout pour recouvrer la foi. Sans
trouver de repos, il est parti jusqu’à Rome en pèlerinage. Il a ainsi répondu à
l’invitation de Jésus à ses apôtres à Gethsémani: «
Veillez et priez pour ne pas entrer en tentation » (Lc 22, 40).Ce
prêtre qui passait par un vrai Gethsémani s’est battu pour sa foi avec les
armes de la foi. Et Jésus s’est rendu visible à ses yeux.
Calice du XIIe s. |
Le peu de foi qui restait à ce bon prêtre,
hanté par ses doutes, le poussa tout de même à réagir. Mais qui veut servir le
Seigneur doit se préparer à l’épreuve, car la foi doit être amené à la
perfection : « Courrons avec constance l'épreuve qui nous
est proposée, fixant nos yeux sur le chef de notre foi, qui la mène à la perfection,
Jésus » (He 12, 1-2). En effet, l’épreuve fait partie de
notre cheminement spirituel, et la manière de persévérer jusqu’à la fin se fait
à travers la prière, et en particulier l’adoration.
L’adoration est une prière pleine
d’humilité et d’abandon face à l’Amour de Dieu. En faisant un geste de
soumission en s’inclinant, nos
couronnes d’orgueil tombent à terre. Et avec cette disposition du cœur, Dieu se
donne tout à nous. Voilà pourquoi l’adoration peut tout. La grâce divine tombe
sur nous comme une pluie, ouvrant notre esprit et notre cœur à sa lumière.
C’est justement ce qui s’est passé pour notre prêtre à Bolsena: tandis qu’il
adorait, en élevant le Corps de Jésus, il a été délivré, au même instant, de
tous ses doutes. Le Seigneur versait sur lui une pluie abondante de grâces, le
guérissant et le libérant.
La communion du chevalier, cathédrale de Reims |
Jésus nous attend en permanence au
Saint-Sacrement, où il se donne à nous dans l’intimité de son Amour. Dans cette
proximité, il nous libère de nos chaînes et de nos souffrances et nous comble de
son bonheur. Il est notre Bonheur. Venons, adorons-le !
Enrique Munita
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