Saint Nectaire d'Egine |
Le combat spirituel selon Saint Nectaire d’Egine
Le but de notre vie, c’est l’acquisition
de la perfection et de la sainteté. C’est devenir les dignes enfants de Dieu et
les héritiers de son Royaume. Prenons garde de nous priver de cette vie
future en donnant la priorité aux choses de la vie présente. Ne nous écartons pas du but et du sens de
la vraie vie en privilégiant les soucis et les tribulations qui sont inhérents
au monde d’ici-bas.
Le jeûne, les
veilles et la prière ne peuvent à eux seuls produire les fruits
escomptés. Ils ne constituent pas en soi le véritable but ; ils ne sont que des moyens pour atteindre
ce but. Aussi, ornez vos cierges d’authentiques vertus. Luttez sans cesse pour déraciner les
passions qui sont en vous. Purifiez vos
cœurs de toutes ses souillures pour qu’il devienne la demeure de Dieu et
que l’Esprit Saint y trouve de quoi le remplir de ses dons divins.
Mes bien-aimés, que toutes vos préoccupations et tous vos soucis tendent
uniquement vers cela, vers ce seul but déjà cité qu’il ne faut en aucun cas
délaisser. C’est en vue de cela que votre prière est essentiellement adressée à
Dieu. A chaque instant de votre
existence cherchez d’abord Dieu. Mais cherchez-Le là où Il se trouve : à l’intérieur
de votre cœur et uniquement là. Et lorsque vous L’aurez enfin trouvé, tenez-vous devant Lui avec effroi et
crainte à l’instar des Chérubins et des Séraphins parce qu’alors votre cœur
sera devenu le trône de Dieu.
Gustave Doré, la chute de l'orgueil personnifié, Lucifer |
Toutefois, pour trouver le Seigneur, humiliez-vous plus bas que terre parce que Dieu vomit les orgueilleux tandis
qu’Il aime au contraire et visite les humbles de cœur. C’est pour cette
raison qu’Il a dit par la bouche d’Isaïe (ch. 66,2) : "Celui qui
attire mes regards, c’est l’affligé, le cœur contrit qui craint ma
parole".
Mène le bon
combat donc et Dieu en retour te fortifiera. Par ce combat nous localisons nos
propres faiblesses, nos manques et nos défauts personnels. Car ce combat
incessant n’est que le miroir de notre situation spirituelle : celui qui n’a
jamais mené ce type de combat, celui-là n’a jamais non plus été capable de
connaître son état intérieur réel.
Attention à ce
que vous considérez comme étant "vos petits péchés". Si par
inadvertance il vous arrive de succomber à un péché, surtout ne désespérez pas : relevez-vous vite, tombez à genoux devant Dieu, Le seul capable de vous redresser. Ne
vous enfermez pas dans votre grande tristesse, qui ne sert qu’à couvrir votre
fierté. Les états de tristesse exagérée
et les moments de désespoir qui nous saisissent nous font beaucoup de tort et
ils finissent par devenir pour nous un vrai danger. Très souvent ils ne
sont que l’œuvre du diable afin que nous mettions un terme à notre bon combat.
On trouve aussi en nous des faiblesses et des défauts et des passions dont les
racines sont profondes ; plusieurs d’entre eux nous sont par ailleurs
héréditaires. On ne se défait pas de tout cela en usant d’expédients
spasmodiques ni en succombant à l’anxiété et au désespoir mais on en guérit en usant de patience, de persévérance, de
fermeté envers soi-même, de sollicitude et d’attention. C’est vrai : la
route qui mène à la perfection est longue et ardue.
Priez Dieu de
vous en donner la force. Affrontez vos chutes avec patience et une fois debout,
ne vous attardez pas, comme le font d’habitude les gosses, sur le lieu
de votre chute en poussant des hurlements et en versant des pleurs la plupart
des fois inconsolables. Restez sans
cesse vigilants et sans cesse priez pour ne point succomber à la tentation.
Et s’il vous arrive de tomber dans des fautes déjà anciennes, surtout ne vous
laissez pas aller au désespoir car nombre d’entre elles sont naturellement
puissantes et c’est par habitude qu’on les commet. Cependant, avec le temps et
la persévérance, on trouve aussi le moyen de les vaincre. Pour cela loin de vous tout désespoir !
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