La leçon de catéchisme, par Jules Alexis Meunier |
« Vie de Boudon », par Collet
A trente ans,
Boudon était encore séculier mais, enfin vaincu
par les sollicitations de ses vertueux amis, par les conseils d’un évêque qui
fut frappé de l’élévation avec laquelle il parlait de Dieu, et par les ordres
de son confesseur qui revenait sans cesse à la charge, il consentit à recevoir
la tonsure ; et ce fut le nonce du Pape qui la lui conféra !
« Ce jour, disait-il dans la suite, où j’ai
pris Dieu pour mon partage est pour moi un jour de Dieu seul. C’est pour lors qu’en face de l’Eglise et
dans la maison de la divine Reine des saints, j’ai dit que le Seigneur était la
part de mon héritage. Elle me doit
entièrement suffire, cette part précieuse, puisque après l’avoir prise il n’y a
plus rien ni à prendre ni à espérer de meilleur. »
Ordination diaconale, grande prostation |
Depuis ce jour
heureux jusqu’à sa mort, Henri ne quitta jamais les marques de son état. Il porta toujours la tonsure, les cheveux
courts et l’habit long. Ni ses voyages continuels ni le séjour qu’il fit quelquefois
dans des pays hérétiques, ne purent le lui faire quitter un moment. « C’est,
disait-il, que la soutane est le saint
habit de la religion du clergé, la gloire et l’honneur de l’état ecclésiastique
et le signe visible du divorce parfait qu’ils doivent faire avec le monde et
tout ce qui lui appartient ». Faut-il que des sentiments si beaux
soient aujourd’hui si profondément ignorés !
Chanoine portant l'aumusse |
Le nouvel ecclésiastique ne pensait qu’à
demeurer dans ce premier grade de la cléricature lorsque Dieu qui, pour glorifier les
humbles se plaît à les tirer de la poussière, voulut le placer au plus tôt sur
le chandelier de son Eglise.
M. de Laval, qui depuis le temps qu’il avait étudié
avec lui la philosophie connaissait son mérite et sa vertu, se voyant destiné à
porter le flambeau de l’Evangile dans des pays infidèles, jeta les yeux sur lui pour le remplacer dans la dignité de grand
archidiacre d’Evreux. Il prit des mesures si justes que l’humble Boudon, accablé
sous le poids de l’autorité, se vit
contraint de subir le joug qui lui était imposé. ~ Lorsqu’il eut reçu ses
provisions de Rome, M. de Laval qui
craignit peut être que le nom de Boudon ne fit un contraste trop marqué avec
celui de Montmorency, prit la peine de l’accompagner jusqu’à Evreux pour
disposer les esprits en sa faveur et faire connaître à l’évêque et au chapitre
le trésor qu’il leur procurait.
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