Judas vendant son Seigneur, icône contemporaine de Maxim Sheshukov |
Du défunt Père orthodoxe
Séraphim Rose
Et Jésus étant à Béthanie,
dans la maison de Simon le lépreux, une femme s'approcha de lui, ayant un
vase d'albâtre plein d'un parfum de grand prix, et le lui répandit sur la tête
pendant qu'il était à table.
Et ses disciples, voyant
cela, en furent indignés et dirent: A quoi bon cette perte? Car on pouvait
vendre bien cher ce parfum, et en donner l'argent aux pauvres.
Mais Jésus, connaissant
cela, leur dit: Pourquoi faites-vous de la peine à cette femme ? car elle
a fait une bonne action à mon égard. Vous aurez toujours des pauvres avec
vous; mais vous ne m'aurez pas toujours; Et si elle a répandu ce parfum
sur mon corps, elle l'a fait pour ma sépulture. Je vous dis en vérité que,
dans tous les endroits du monde où cet Évangile sera prêché, ce qu'elle a fait
sera aussi raconté, en mémoire d'elle.
Alors l'un des douze, appelé Judas l'Iscariote, s'en
alla vers les principaux sacrificateurs, et leur dit: Que voulez-vous me
donner, et je vous le livrerai ? Et ils lui comptèrent trente pièces
d'argent. Et dès lors il cherchait une occasion favorable pour le livrer. (Evangile selon saint Matthieu 26:6-16)
Dans ce passage de
l'Ecriture, nous lisons comment, comme notre Seigneur a préparé Sa Passion, une
femme est venue et L'a oint d'une onction très précieuse; et c'est très
touchant de voir comment notre Seigneur a accepté un tel amour de la part de
gens simples. Mais en même temps, Judas,
l'un des douze qui étaient avec lui, vit cet acte et quelque chose dans son
cœur changea. C'était apparemment la «goutte qui fit déborder le vase»,
parce que Judas était responsable de l'argent et il pensait que c'était un
gaspillage d'argent.
La trahison de Judas et la guérison miraculeuse de Malchus, par Jean Bourdichon |
Nous pouvons même voir les
processus logiques se dérouler dans son esprit. Nous pouvons l'entendre penser
ainsi concernant le Christ: "Je pensais que cet homme était quelqu'un
d'important. Il gaspille de l'argent, Il ne fait pas les choses correctement,
Il pense qu'Il est si important..." et toutes sortes de petites idées
similaires que le Diable met dans son esprit. Et avec sa passion (sa passion principale était l'amour de l'argent), il
fut attrapé par le Diable et fut prêt à trahir le Christ. Il n'a pas voulu le
trahir; il voulait simplement de l'argent. Il ne veillait pas sur lui-même et
ne crucifiait pas ses passions.
N'importe qui d'entre nous
peut être exactement dans cette position. Nous
devons regarder dans nos cœurs et voir quelle passion en nous sera démoniaque
pour nous amener à trahir le Christ. Si nous pensons que nous sommes quelque
chose de supérieur à Judas - qu'il était une sorte de «taré» et nous ne le
sommes pas - nous nous trompons tout à fait.
Comme Judas, chacun d'entre nous a des passions dans
son cœur. Regardons les donc. Nous pouvons être
attrapés avec amour pour la propreté, avec amour pour la correction, avec amour
pour le sens de la beauté: toutes nos petites fautes auxquelles nous nous
accrochons peuvent être une chose avec laquelle le Diable peut nous attraper. Étant pris, nous pouvons commencer à
justifier cette condition «logiquement» - sur la base de notre passion. Et à
partir de ce processus de pensée «logique», nous pouvons trahir le Christ, à moins que nous ne nous surveillions et
que nous ne réalisions que nous sommes remplis de passions, que chacun de nous
est potentiellement un Judas. Par conséquent, lorsque l'occasion se
présente - quand la passion commence à opérer en nous et commence logiquement à
se développer de passion en trahison - nous devrions nous arrêter là et
dire: "Seigneur, aie pitié
de moi, pécheur !"
Nous ne devons pas regarder
la vie à travers les lunettes de nos passions, ni voir comment nous pouvons
«adapter» la vie à ce que nous aimerions qu'elle soit - que ce soit une vie où
règne la paix et la tranquillité ou bien où il y a beaucoup de bruit et
d'excitation. Si nous essayons de rendre la vie "comme ça", il en
résultera une catastrophe totale.
La fin de Judas |
En regardant la vie, nous
devrions accepter toutes choses qui nous arrivent comme la Providence de Dieu,
sachant qu'elles sont destinées à nous réveiller de nos passions. Nous devrions prier Dieu de nous montrer
quelque chose de Dieu que nous pouvons faire. Quand nous acceptons ce qui
nous arrive, nous commençons à être comme la femme simple de l'Evangile qui a
entendu l'appel de Dieu et qui a ainsi pu être Sa ministre. Elle a été
proclamée aux extrémités du monde, comme le dit notre Seigneur, à cause de la
simple chose qu'elle a faite - répandre l'onguent sur Lui. Soyons comme elle: sensibles à regarder les chants de Dieu
autour de nous. Ces signes viennent de partout: de la nature, de nos
semblables, d'un apparent hasard d'événements... Il y a toujours, chaque jour, quelque chose qui nous indique la volonté
de Dieu. Nous devons être ouverts à cela.
Une fois que nous devenons
plus conscients des passions en nous et commençons à nous battre contre elles,
nous ne les laisserons pas commencer le processus qui a été vu chez
Judas. Judas est parti d'une toute
petite chose: se préoccuper du bon usage de l'argent. Et à partir de choses si
minimes, nous trahissons le Sauveur Dieu. Nous devons être sobres, ne pas voir
l'accomplissement de nos passions autour de nous, mais plutôt l'indication de
la volonté de Dieu: comment nous pourrions nous réveiller et commencer à suivre
le Christ dans Sa Passion et sauver nos âmes.
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