4. Père
dans l’accueil
Joseph accueille Marie sans fixer
de conditions préalables. Il se fie aux paroles de l’Ange. « La noblesse de son cœur lui fait
subordonner à la charité ce qu’il a appris de la loi. Et aujourd’hui, en ce
monde où la violence psychologique, verbale et physique envers la femme est
patente, Joseph se présente comme une
figure d’homme respectueux, délicat qui, sans même avoir l’information
complète, opte pour la renommée, la dignité et la vie de Marie. Et, dans son
doute sur la meilleure façon de procéder, Dieu l’aide à choisir en éclairant
son jugement ».
Bien des fois, des évènements dont
nous ne comprenons pas la signification surviennent dans notre vie. Notre
première réaction est très souvent celle de la déception et de la révolte.
Joseph laisse de côté ses raisonnements pour faire place à ce qui arrive et,
aussi mystérieux que cela puisse paraître à ses yeux, il l’accueille, en assume
la responsabilité et se réconcilie avec sa propre histoire. Si nous ne nous réconcilions pas avec
notre histoire, nous ne réussirons pas à faire le pas suivant parce que nous
resterons toujours otages de nos attentes et des déceptions qui en découlent.
La vie spirituelle que Joseph nous
montre n’est pas un chemin qui explique,
mais un chemin qui accueille. C’est seulement à partir de cet accueil,
de cette réconciliation, qu’on peut aussi entrevoir une histoire plus grande,
un sens plus profond. Semblent résonner les ardentes paroles de Job qui, à
l’invitation de sa femme à se révolter pour tout le mal qui lui arrive, répond
: « Si nous accueillons le bonheur comme
venant de Dieu, comment ne pas accueillir de même le malheur » (Jb 2,
10).
Joseph n’est pas un homme
passivement résigné. Il est fortement et courageusement engagé. L’accueil est un moyen par lequel le don
de force qui nous vient du Saint Esprit se manifeste dans notre vie. Seul le Seigneur peut nous donner la force
d’accueillir la vie telle qu’elle est, de faire aussi place à cette partie
contradictoire, inattendue, décevante de l’existence.
La venue de Jésus parmi nous est un don du Père pour que chacun se
réconcilie avec la chair de sa propre histoire, même quand il ne la comprend
pas complètement.
Ce que Dieu a dit à notre saint : « Joseph, fils de David, ne crains pas » (Mt 1, 20),
il semble le répéter à nous aussi : "N’ayez pas peur !". Il faut laisser de côté la colère et la
déception, et faire place, sans aucune résignation mondaine mais avec une
force pleine d’espérance, à ce que nous n’avons pas choisis et qui pourtant
existe. Accueillir ainsi la vie nous introduit à un sens caché. La vie de chacun peut repartir
miraculeusement si nous trouvons le courage de la vivre selon ce que nous
indique l’Évangile. Et peu importe si tout semble déjà avoir pris un
mauvais pli et si certaines choses sont désormais irréversibles. Dieu peut
faire germer des fleurs dans les rochers. Même si notre cœur nous accuse, il «
est plus grand que notre cœur, et il connaît toutes choses » (1Jn 3,
20).
Loin de nous, alors, de penser que croire signifie trouver des solutions
consolatrices faciles. La foi que nous a
enseignée le Christ est, au contraire, celle que nous voyons en saint Joseph
qui ne cherche pas de raccourcis mais qui affronte “les yeux ouverts” ce qui
lui arrive en en assumant personnellement la responsabilité.
L’accueil de Joseph nous invite à accueillir les autres sans exclusion,
tels qu’ils sont, avec une prédilection pour les faibles parce que Dieu choisit
ce qui est faible (cf. 1 Co 1, 27). Il est « père des
orphelins, justicier des veuves » (Ps 68, 6) et il commande d’aimer
l’étranger. Je
veux imaginer que, pour la parabole du fils prodigue et du père miséricordieux,
Jésus se soit inspiré des comportements de Joseph (cf. Lc 15,
11-32).
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire