Chers Amis,
Nous n’avons aucun doute sur le fait que les parents de la Vierge Marie, Sainte Anne et Saint Joachim, ont eu un
rôle important dans l’histoire du Salut puisque, par l’éducation qu’ils ont
donnée à leur fille, ils l’ont préparée à répondre à sa vocation de devenir la
Mère du Sauveur. Ils ont bien accompli la mission d’éducateurs que le
Seigneur leur avait confiée.
~ Quand nous parlons de la transmission de la foi, de quoi
parlons-nous ? Dans la première lecture du livre de Ben Sirac le Sage,
l’auteur évoque « les gens dont le
souvenir s’est perdu », c’est à dire qu’ils n’ont rien transmis de
marquant à leur descendance. Leur vie apparaît comme stérile. En revanche, il
évoque ce qui est mémorable dans la vie
de ceux dont le souvenir ne s’est pas perdu et qui a porté du fruit auprès de
leurs enfants.
Et il cite trois choses : la
miséricorde et les œuvres de justice, la persévérance dans les lois de
l’Alliance et la sagesse.
Dans la miséricorde et les œuvres de justice, nous pouvons comprendre
l’engagement auprès des plus pauvres, les œuvres sociales. Autrement dit, une charité active.
La persévérance dans les lois de l’Alliance, c’est la fidélité à lire la Parole de Dieu, à la méditer, à la mettre au
plus profond de son cœur, à la faire connaître, à l’enseigner, mais aussi à la
mettre en œuvre dans sa vie. Ce qui est magnifiquement représenté par la statue de Sainte Anne montrant et
expliquant les Saintes Écritures à sa fille.
Enfin la sagesse. « Les
peuples raconteront leur sagesse… ». Mais de quelle sagesse
s’agit-il ? Comme le dit Saint Paul : « …c’est bien de sagesse que nous parlons devant ceux qui sont adultes dans
la foi, mais ce n’est pas la sagesse de ce monde, la sagesse de ceux qui
dirigent ce monde et qui vont à leur destruction. Au contraire, ce dont nous
parlons, c’est de la sagesse du mystère de Dieu, sagesse tenue cachée, établie
par lui dès avant les siècles, pour nous donner la gloire » (1 Co 2,
6-7). La Sagesse du croyant, c’est de se
laisser conduire par l’Esprit de Dieu dont Saint Paul dit que les fruits
sont : « amour, joie, paix,
patience, bonté, bienveillance, fidélité, douceur et maîtrise de soi. »
(Ga 5, 22-23)
~ La transmission de la foi est sans doute plus difficile aujourd’hui
qu’il y a quelques décennies car le contexte a beaucoup changé. La Vérité avec
un grand V, celle dont Jésus dit qu’il est, Lui, « le Chemin, la Vérité et la Vie », n’est plus acceptée d’emblée
par les jeunes générations. Tout est
remis en cause et chacun se forge sa vérité à partir de ce qu’il entend dans
les média, ce qu’il trouve sur Internet, ce qui circule dans les réseaux
sociaux. Pour beaucoup de gens il
n’y a plus de vérité objective reconnue. Il y a, de fait, un décalage de
plus en plus important entre les opinions multiples qui sont ainsi véhiculées
et la parole du Magistère qui se fonde
sur l’Évangile, notamment à propos des questions morales, éthiques. Ce
n’est pas nouveau puisque Saint Paul avait déjà mis en garde les fidèles :
« Ne prenez pas pour modèle le monde présent, mais transformez-vous en
renouvelant votre façon de penser pour savoir reconnaître quelle est la volonté
de Dieu : ce qui est bon, ce qui est capable de lui plaire, ce qui est
parfait » (Rm 12, 2)
Il me semble que, ces dernières années, nous n’avons pas suffisamment
insisté dans notre prédication, notre catéchèse ou dans la transmission de la
foi en famille, sur le fait que Jésus nous sauve, nous guérit. Montrer que le
message Évangélique n’est pas seulement un beau témoignage que Jésus nous donne
par son attitude vis-à-vis des pauvres, des malades, des exclus, ou même que
ses paroles sont édifiantes pour notre cœur et notre intelligence. Comme on
l’entend souvent : « Le message
de l’Évangile, c’est de s’aimer les uns les autres ». Mais c’est
beaucoup plus que cela ! Jésus a
donné sa vie pour nous. Par sa mort et sa Résurrection, il nous ouvre le chemin
de la Vie. Il agit aussi en nous si nous le voulons bien et cela change
beaucoup de choses dans notre existence. Comme le rappelle le Pape
François : « On ne peut
persévérer dans une évangélisation fervente, si on n’est pas convaincu, en
vertu de sa propre expérience, qu’avoir
connu Jésus n’est pas la même chose que de ne pas le connaître… »
(Evangelii Gaudium n.266)
Chaque année, nous lisons dans les lettres des catéchumènes adultes, des
magnifiques témoignages de foi. Certains venant de milieux totalement athées,
et n’ayant donc reçu aucune transmission de la foi de la part de leurs parents,
mais qui ont rencontré Jésus de façon souvent étonnante parce qu’ils ont
rencontré des témoins de la foi, et ils ont fait l’expérience que Jésus avait
vraiment changé quelque chose dans leur vie. Ils se sont sentis libérés du mal
et remplis de joie spirituelle. Leur vie de couple, leur vie de famille et même
leurs relations professionnelles en ont été illuminées. Nous aussi, nous faisons cette expérience salutaire quand nous nous
tournons avec foi vers Jésus.
La transmission de
la foi passe par le témoignage du salut que Dieu accomplit en nous, dans notre
vie de prière, notre méditation de la Parole de Dieu et par les sacrements qui
accomplissent en nous ce qu’ils signifient. Par nos paroles et nos actes, faisons
expérimenter à nos enfants que Jésus est vraiment le Sauveur des hommes et que
cela change tout dans notre vie de mettre sa foi en Lui. Comme le dit
Jésus : « Beaucoup de prophètes
et de justes ont désiré voir ce que vous voyez, et ne l’ont pas vu, entendre ce
que vous entendez, et ne l’ont pas entendu ».
Sainte Anne, venez en aide à tous les parents, les éducateurs, les
jeunes. Priez pour nous. Priez pour toutes les familles de notre Bretagne et
d’ailleurs. Amen.
+ Laurent DOGNIN
Évêque de Quimper et
Léon
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