Les 14 stations du Chemin de Croix, Avranches |
Extraits de la première homélie de Saint Jean Chrysostome
sur la Croix et le bon Larron
I. La joie et la Croix
I. La joie et la Croix
Aujourd'hui Notre-Seigneur
Jésus-Christ est sur la croix, et nous sommes en fête pour vous apprendre que
la croix est un sujet de fête et de réjouissance spirituelle. Autrefois,
la croix était le symbole de la
condamnation maintenant elle est
devenue un signe d'honneur. Auparavant c'était un instrument de mort, aujourd'hui c'est la cause du salut.
Notre Seigneur fut compté parmi les pécheurs, crucifié entre deux bandits, voleurs et meurtriers |
En
effet, elle a été pour nous la source de
biens innombrables : c'est elle qui
nous a délivrés de l'erreur, qui nous a éclairés alors que nous étions dans les
ténèbres ; vaincus par le démon, elle nous a réconciliés avec Dieu ;
ennemis, elle nous a rendus amis ; éloignés, elle nous a rapprochés.
Elle est la destruction de
l'inimitié, la garantie de la paix, et le trésor de tous les biens. Grâce à
elle, nous n'errons plus dans les déserts, car nous connaissons la véritable
voie ; nous n'habitons plus hors du royaume, nous avons trouvé la porte,
nous ne craignons plus les traits enflammés du démon, nous avons aperçu une
source rafraîchissante.
Par la croix, nous ne sommes plus dans le veuvage, nous avons reçu l'Epoux, nous ne redoutons pas le loup, nous avons le bon Pasteur : Je suis le bon Pasteur, dit-il. (Jean, X, 11.) Par elle nous ne craignons pas le tyran, nous sommes à côté du roi, et voilà pourquoi nous sommes en fête en célébrant la mémoire de la croix.
De même autrefois saint Paul ordonna de solenniser la fête de la croix : Célébrons celte fête, dit-il, non avec le vieux levain, mais avec les pains sans levain de la sincérité et de la vérité. (I Cor. V, 8.) Et pour donner les motifs de son exhortation il ajoute : Parce que le Christ, notre pâque, a été immolé pour nous. Voyez-vous pourquoi il ordonne de célébrer une fête à cause de la croix ? C'est parce que le Christ a été immolé sur la croix ; parce que là où est le sacrifice, là aussi se trouve l'abolition des péchés, là aussi la réconciliation avec le Seigneur, là enfin la fête et la joie : Le Christ, notre Pâque, a été immolé pour nous.
Par la croix, nous ne sommes plus dans le veuvage, nous avons reçu l'Epoux, nous ne redoutons pas le loup, nous avons le bon Pasteur : Je suis le bon Pasteur, dit-il. (Jean, X, 11.) Par elle nous ne craignons pas le tyran, nous sommes à côté du roi, et voilà pourquoi nous sommes en fête en célébrant la mémoire de la croix.
De même autrefois saint Paul ordonna de solenniser la fête de la croix : Célébrons celte fête, dit-il, non avec le vieux levain, mais avec les pains sans levain de la sincérité et de la vérité. (I Cor. V, 8.) Et pour donner les motifs de son exhortation il ajoute : Parce que le Christ, notre pâque, a été immolé pour nous. Voyez-vous pourquoi il ordonne de célébrer une fête à cause de la croix ? C'est parce que le Christ a été immolé sur la croix ; parce que là où est le sacrifice, là aussi se trouve l'abolition des péchés, là aussi la réconciliation avec le Seigneur, là enfin la fête et la joie : Le Christ, notre Pâque, a été immolé pour nous.
II. La
Croix, source du Salut universel
(…)
Où, je vous le demande, a-t-il été immolé ? sur un gibet élevé. L'autel de ce sacrifice est nouveau, parce
que le sacrifice lui-même est nouveau et prodigieux. Le même Christ était prêtre et victime : victime selon la chair,
prêtre selon l'esprit. Il offrait et il était offert selon la chair.
Apprenez comment saint Paul annonce ces deux choses : Tout pontife, dit-il, est pris d'entre les hommes et est établi pour les hommes ; c'est pourquoi il est nécessaire qu'il ait quelque chose qu'il puisse offrir. Notre-Seigneur s'offre lui-même. (Héb. VI, 1 ; VIII, 3.) Ailleurs encore il dit : Jésus-Christ a été offert une fois pour effacer les péchés de plusieurs, et la seconde fois il apparaîtra pour le salut de ceux qui l'attendent. (Héb. IX, 28.)
Apprenez comment saint Paul annonce ces deux choses : Tout pontife, dit-il, est pris d'entre les hommes et est établi pour les hommes ; c'est pourquoi il est nécessaire qu'il ait quelque chose qu'il puisse offrir. Notre-Seigneur s'offre lui-même. (Héb. VI, 1 ; VIII, 3.) Ailleurs encore il dit : Jésus-Christ a été offert une fois pour effacer les péchés de plusieurs, et la seconde fois il apparaîtra pour le salut de ceux qui l'attendent. (Héb. IX, 28.)
Agneau de Dieu, Basilique Saint-Pierre du Vatican |
Il a été offert d'abord, puis
il s'est offert. Voyez-vous comment il a été victime et prêtre,
et comment la croix a été son autel ? Et pourquoi, direz-vous, la victime
est-elle offerte hors de la ville et des murailles et non dans le temple ?
C'était pour l'accomplissement de cette parole : Il a été mis au nombre des scélérats. (Isaïe, LIII, 12.)
Pourquoi est-elle immolée sur un gibet élevé et non sous un toit ? Pour purifier l'air : c'est la raison par laquelle il choisit un lieu élevé d'où il ne soit pas dominé par un toit, mais par le ciel seul. L'air était purifié, puisque l'agneau était immolé en haut lieu, la terre l'était également, car elle était arrosée par le sang qui coulait de son côté. Il ne voulut pas être sous un toit ni dans le temple des Juifs, dans la crainte que ces derniers ne s'appropriassent exclusivement cette victime, et qu'on ne crût qu'elle était offerte seulement pour leur nation.
Ce fut en dehors de la ville et des murailles, pour nous apprendre que c'était un sacrifice universel, une oblation pour la terre entière; enfin, une purification générale et non particulière comme celle qui avait lieu chez les Juifs. Dieu ordonna aux Juifs de venir de tous les points de la terre pour lui offrir des victimes et des prières dans un seul lieu, parce que toute la terre était souillée par la fumée, l'odeur et toutes les autres impuretés des sacrifices des païens répandus à sa surface. Nous, au contraire, nous pouvons prier en tout lieu depuis que le Christ par sa venue a purifié l'univers.
C'est pourquoi saint Paul exhortait en ces termes les fidèles à prier partout sans crainte : Je veux que les hommes prient en tout lieu, levant des mains pures. (I Tim. II, 8.) Comprenez-vous que l'univers a été purifié, puisqu'en tout lieu on peut lever des mains pures ? que toute la terre a été sanctifiée, et rendue plus sainte que n'était l'intérieur des temples, puisqu'on n'y offrait qu'un animal, saris intelligence, tandis que nous avons une victime spirituelle. Or, la sanctification est d'autant plus complète que le sacrifice est d'un plus grand prix.
Pourquoi est-elle immolée sur un gibet élevé et non sous un toit ? Pour purifier l'air : c'est la raison par laquelle il choisit un lieu élevé d'où il ne soit pas dominé par un toit, mais par le ciel seul. L'air était purifié, puisque l'agneau était immolé en haut lieu, la terre l'était également, car elle était arrosée par le sang qui coulait de son côté. Il ne voulut pas être sous un toit ni dans le temple des Juifs, dans la crainte que ces derniers ne s'appropriassent exclusivement cette victime, et qu'on ne crût qu'elle était offerte seulement pour leur nation.
Ce fut en dehors de la ville et des murailles, pour nous apprendre que c'était un sacrifice universel, une oblation pour la terre entière; enfin, une purification générale et non particulière comme celle qui avait lieu chez les Juifs. Dieu ordonna aux Juifs de venir de tous les points de la terre pour lui offrir des victimes et des prières dans un seul lieu, parce que toute la terre était souillée par la fumée, l'odeur et toutes les autres impuretés des sacrifices des païens répandus à sa surface. Nous, au contraire, nous pouvons prier en tout lieu depuis que le Christ par sa venue a purifié l'univers.
C'est pourquoi saint Paul exhortait en ces termes les fidèles à prier partout sans crainte : Je veux que les hommes prient en tout lieu, levant des mains pures. (I Tim. II, 8.) Comprenez-vous que l'univers a été purifié, puisqu'en tout lieu on peut lever des mains pures ? que toute la terre a été sanctifiée, et rendue plus sainte que n'était l'intérieur des temples, puisqu'on n'y offrait qu'un animal, saris intelligence, tandis que nous avons une victime spirituelle. Or, la sanctification est d'autant plus complète que le sacrifice est d'un plus grand prix.
III. La
Croix ouvre le Paradis, même aux larrons que nous sommes
Voulez-vous connaître un autre
effet remarquable de la Croix ? Elle nous a ouvert en ce jour le paradis
fermé depuis cinq mille ans et plus : car c'est en ce jour, à cette heure, que
Dieu y a introduit le bon larron, nous apprenant ainsi deux choses bien
importantes, savoir, que le ciel était ouvert et qu'un larron y avait été reçu.
Jésus, crucifié pour nos péchés. |
Aujourd'hui
le Seigneur nous a rendu notre antique patrie, aujourd'hui, il nous a ramenés dans la cité de nos pères et il a ouvert
un asile à toute la nature humaine. Aujourd'hui, dit-il, tu seras avec moi
en paradis. (Luc, XXIII, 43.)
Que dites-vous, ô mon Sauveur ? Vous êtes crucifié, attaché avec des clous, et vous promettez le paradis ? Sans doute, nous répond-il, car je veux vous apprendre quelle puissance j'ai sur la croix. Pour vous distraire du triste spectacle de la croix par la puissance du Crucifié, il opère sur la croix même ce miracle qui manifeste le plus sa vertu surnaturelle. Ce n'est pas en ressuscitant les morts, en commandant aux vents et à la mer, en mettant en fuite les démons, mais sur la croix, alors qu'il était percé de clous, couvert d'outrages, de crachats, d'insultes, accablé d'opprobres, qu'il peut changer l'âme perverse du larron ; et afin que de toutes parts éclatât sa puissance, il ébranlait en même temps la nature entière, il brisait les rochers, il attirait et glorifiait l'âme du bon larron plus dure que la pierre, car il lui dit : Aujourd'hui tu seras avec moi en paradis.
Sans doute les chérubins gardaient le paradis, mais il est le maître des chérubins ; ils étaient armés d'un glaive de feu, mais il a tout pouvoir sur le feu et sur l'enfer, sur la vie et sur la mort.
A-t-on jamais vu un roi permettre à un voleur ou à tout autre de ses serviteurs de s'asseoir à ses côtés pour entrer dans sa ville ? Le Christ l'a fait et en entrant dans la Patrie sainte, il introduit un voleur à ses côtés. N'allez pas croire que par cet acte il ait méprisé le paradis, il l'ait déshonoré par les pas de ce voleur; au contraire, il l'a honoré, car c'est une gloire de plus pour le ciel d'appartenir à un Maître qui puisse rendre un voleur digne du bonheur qu'on y goûte. Et lorsqu'il introduisait les publicains et les femmes pécheresses dans le royaume des cieux, ce n'était point un déshonneur mais bien une gloire pour ce royaume, car il montrait ainsi que le Maître de ce royaume était si puissant qu'il pouvait changer les publicains et les femmes pécheresses au point de les rendre dignes d'une telle gloire et d'une telle récompense.
Car, de même que nous admirons surtout un médecin lorsque nous le voyons rendre la santé à des hommes atteints de maladies incurables, ainsi est-il juste d'admirer Notre-Seigneur quand il guérit des blessures désespérées, quand il ramène le publicain et la femme pécheresse à un tel état de santé spirituelle qu'ils sont trouvés dignes du ciel.
Que dites-vous, ô mon Sauveur ? Vous êtes crucifié, attaché avec des clous, et vous promettez le paradis ? Sans doute, nous répond-il, car je veux vous apprendre quelle puissance j'ai sur la croix. Pour vous distraire du triste spectacle de la croix par la puissance du Crucifié, il opère sur la croix même ce miracle qui manifeste le plus sa vertu surnaturelle. Ce n'est pas en ressuscitant les morts, en commandant aux vents et à la mer, en mettant en fuite les démons, mais sur la croix, alors qu'il était percé de clous, couvert d'outrages, de crachats, d'insultes, accablé d'opprobres, qu'il peut changer l'âme perverse du larron ; et afin que de toutes parts éclatât sa puissance, il ébranlait en même temps la nature entière, il brisait les rochers, il attirait et glorifiait l'âme du bon larron plus dure que la pierre, car il lui dit : Aujourd'hui tu seras avec moi en paradis.
Sans doute les chérubins gardaient le paradis, mais il est le maître des chérubins ; ils étaient armés d'un glaive de feu, mais il a tout pouvoir sur le feu et sur l'enfer, sur la vie et sur la mort.
A-t-on jamais vu un roi permettre à un voleur ou à tout autre de ses serviteurs de s'asseoir à ses côtés pour entrer dans sa ville ? Le Christ l'a fait et en entrant dans la Patrie sainte, il introduit un voleur à ses côtés. N'allez pas croire que par cet acte il ait méprisé le paradis, il l'ait déshonoré par les pas de ce voleur; au contraire, il l'a honoré, car c'est une gloire de plus pour le ciel d'appartenir à un Maître qui puisse rendre un voleur digne du bonheur qu'on y goûte. Et lorsqu'il introduisait les publicains et les femmes pécheresses dans le royaume des cieux, ce n'était point un déshonneur mais bien une gloire pour ce royaume, car il montrait ainsi que le Maître de ce royaume était si puissant qu'il pouvait changer les publicains et les femmes pécheresses au point de les rendre dignes d'une telle gloire et d'une telle récompense.
Car, de même que nous admirons surtout un médecin lorsque nous le voyons rendre la santé à des hommes atteints de maladies incurables, ainsi est-il juste d'admirer Notre-Seigneur quand il guérit des blessures désespérées, quand il ramène le publicain et la femme pécheresse à un tel état de santé spirituelle qu'ils sont trouvés dignes du ciel.
Eglise de Bercy, Saint Dysmas, le bon larron |
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