Du vénérable abbé Henri Marie Boudon, "L’homme
de Dieu", partie II, chap X :
De son amour admirable pour les souffrances
dans l’union
avec Notre Seigneur Jésus-Christ
Quand une personne
parlerait la langue des hommes et des anges, il ne lui serait pas possible d’exprimer
les grandes et continuelles inclinations de l’adorable Jésus pour les
souffrances.
Vitrail de l'Agonie du Sauveur Saint-Vincent-Saint-Remy de Pussay |
Saint
Paul, parlant de Dieu Sauveur dans Epitre aux Romains dit qu’il n’a pris aucune
complaisance en soi-même, comme nous l’avons déjà remarqué, et comme cette
proposition est universelle elle s’étend généralement sur toutes les choses qui
pouvaient lui donner de la satisfaction. Mais comme le même apôtre l’enseigne
aux Hébreux, au lieu de la joie qu’il
pouvait goûter, il a souffert la Croix en méprisant l’ignominie. En vérité,
il faut avouer que voilà une étrange et surprenante pente pour les souffrances !
Refuser la joie qui lui devait arriver
de la vue béatifique dans sa partie inférieure (NB. de son âme) aussi bien que dans la
supérieure pour donner la préférence à la vue et au souvenir de toutes les peines
qui lui devaient arriver.
Le
Thabor nous donne un merveilleux témoignage de cette vérité où, s’étant
transfiguré, et son corps étant tout
inondé de joies ineffables qui partaient de sa gloire essentielle, il en
divertit sa pensée de s’appliquer aux tourments qu’il devait souffrir dans son
ignominieuse passion, et au travers de tant de beautés et de douceurs, il ne
soupire qu’après les horreurs la Croix.
La
voix du Père éternel se fait entendre sur cette sainte montagne à son Fils bien-aimé
et, au lieu de s’entretenir des
grandeurs que cette qualité lui donne, s’il fait entendre sa voix, c’est pour
parler des tourments de sa mort.
La
voix du Père éternel déclare qu’il l’a glorifié et qu’il le glorifiera, et en
présence de tout le peuple qui est venu au-devant de lui, sur le bruit de la
résurrection de Lazare, Jésus commence un
discours où il parle de sa mort. Nous lisons en saint Luc qu’une grande
foule de peuple, s’étant assemblée autour de lui en sorte qu’ils marchaient les
uns sur les autres, ayant commencé un long discours, tout à coup il s’écrie en
interrompant la suite : "Il y a un baptême duquel je dois être
baptisé. Oh ! qu’il me tarde qu’il ne s’accomplisse".
C’est qu’en ne
soupirant et ne respirant qu’après les souffrances, il ne pensait, ne s’entretenait
d’autre chose ; et il en était si fortement occupé et avec l’excès d’un
amour si ravissant que ses transports étaient admirables ; c’est une chose
étonnante, mais qui fait toujours bien voir la pente incompréhensible qu’il avait
pour la Croix.
Jérôme Bosh, Jésus devant Pilate. L'Agneau de Dieu, l'Innocent, face à la cruauté, au mensonge et au mal qui défigurent les hommes. |
Cet
aimable Sauveur, parlant à ses disciples selon ses inclinations ordinaires des tourments du Calvaire, et saint
Pierre par un amour de tendresse lui ayant dit : "A Dieu ne plaise, Seigneur, cela ne vous arrivera point", il s’en
fâcha de telle manière qu’il appela scandaleux
et Satan, parce qu’il n’entrait pas
dans sa plus pressante inclination. Il traite de la sorte son cher disciple
parce qu’il résiste à sa passion et il ne laisse pas de l’aimer lorsqu’il
blasphème et qu’il le renie.
O mon âme, il n’est pas
possible de passer outre sans nous laisser aller à un amour si touchant.
Arrêtons-nous ici par
un amour capable d’arrêter tous les cœurs et de les enlever entièrement.
O mon Sauveur, c’est de la sorte que vous
aimez les croix ? mais c’est pour moi, c’est pour le reste des hommes que vous aimez
à souffrir en cette manière.
O Chrétien !
pourras-tu après cela te persuader que tu es uni à Jésus sans être uni à ses
plus fortes inclinations, sans avoir de l’amour pour ses souffrances ?
Gravure de Jésus crucifié. |
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