|
Chapelle de la nativité de la Vierge Marie, l'église romane construite
par les Croisés, Sainte-Anne de Jérusalem, est construite au-dessus. |
Première homélie de Saint Jean Damascène pour la
nativité de la Vierge Marie
Neuf mois
étant accomplis, Anne mit au monde une fille et l’appela du nom de Marie. Quand elle
l’eut sevrée, la troisième année, Joachim
et elle se rendirent au Temple du Seigneur et, ayant offert au Seigneur des
victimes, ils présentèrent leur petite fille Marie pour qu’elle habitât avec
les vierges qui, nuit et jour, sans cesse, louaient Dieu.
Quand elle eut été amenée devant le temple du Seigneur, Marie gravit en courant les quinze marches
sans se retourner pour regarder en arrière et sans regarder ses parents comme
le font les petits enfants. Et cela frappa d’étonnement toute l’assistance,
au point que les prêtres du Temple eux-mêmes étaient dans l’admiration.
Puisque la Vierge Marie devait naître d’Anne, la nature n’a pas osé
devancer le germe béni de la grâce. Elle est restée sans fruit jusqu’à ce que
la grâce eût porté le sien. En effet il
s’agissait de la naissance, non d’un enfant ordinaire, mais de cette
première-née d’où allait naître le premier-né de toute créature, en qui
subsistent toutes chose. O bienheureux couple, Joachim et Anne ! Toute
la création vous doit de la reconnaissance, car c’est en vous et par vous qu’elle
offre au créateur le don qui surpasse tous les dons, je veux dire la chaste
Mère qui était seule digne du Créateur.
|
Icône dans la chapelle de la Nativité
de Notre-Dame et vénérée ce jour |
Aujourd’hui sort de la souche de Jessé le rejeton sur lequel va s’épanouir
pour le monde une fleur divine. Aujourd’hui Celui qui avait fait autrefois
sortir le firmament des eaux crée sur la terre un ciel nouveau, formé d’une
substance terrestre ; et ce ciel est beaucoup plus beau, beaucoup plus
divin que l’autre, car c’est de lui que
va naître le soleil de justice, celui qui a créé l’autre soleil. ~
Que de miracles se réunissent en cette enfant, que d’alliances se
font en elle ! Fille de la
stérilité, elle sera la virginité qui enfante. En elle se fera l’union de la
divinité et de l’humanité, de l’impassibilité et de la souffrance, de la vie et
de la mort, pour qu’en tout ce qui était mauvais soit vaincu par le meilleur. O
fille d’Adam et Mère de Dieu ! Et tout cela a été fait pour moi,
Seigneur ! Si grand était votre amour pour moi que vous avez voulu, non
pas assurer mon salut par les anges ou quelque autre créature, mais restaurer
par vous-même celui que vous aviez d’abord créé vous-même. C’est pourquoi je
tressaille d’allégresse et je suis plein de fierté, et dans ma joie, je me
tourne vers la source de ces merveilles, et emporté par les flots de mon
bonheur, je prendrai la cithare de l’Esprit pour chanter les hymnes divins de
cette naissance. ~
Aujourd’hui
le créateur de toutes choses, Dieu le Verbe compose un livre nouveau jailli du cœur
de son Père, et qu’il écrit par le Saint-Esprit, qui est langue de Dieu. ~
|
Nativité de Notre Dame, sa mère, sainte Anne, alitée,
est réconfortée par une servante |
O fille du
roi David et Mère de Dieu, Roi universel. O divin et vivant objet, dont
la beauté a charmé le Dieu créateur, vous
dont l’âme est toute sous l’action divine et attentive à Dieu seul ;
tous vos désirs sont tendus vers cela seul qui mérite qu’on le cherche, et qui
est digne d’amour ; vous n’avez de
colère que pour le péché et son auteur. Vous aurez une vie supérieure à la
nature, mais vous ne l’aurez pas pour vous, vous qui n’avez pas été créée pour
vous. Vous l’aurez consacrée tout entière à Dieu, qui vous a introduite dans le
monde, afin de servir au salut du genre humain, afin d’accomplir le dessein de Dieu, l’Incarnation de son Fils et la
déification du genre humain. Votre cœur se nourrira des paroles de Dieu :
elles vous féconderont, comme l’olivier fertile dans la maison de Dieu, comme l’arbre
planté au bord des eaux vives de l’Esprit, comme l’arbre de vie, qui a donné
son fruit au temps fixé : le Dieu incarné, la vie de toutes choses. Vos
pensées n’auront d’autre objet que ce qui profite à l’âme, et toute idée non
seulement pernicieuse, mais inutile, vous la rejetterez avant même d’en avoir
senti le goût.
Vos yeux seront toujours tournés vers le Seigneur, vers la lumière
éternelle et inaccessible ; vos oreilles attentives aux paroles divines et aux
sons de la harpe de l’Esprit, par qui le Verbe est venu assumer notre chair, ~
vos narines respireront le parfum de l’époux, parfum divin dont il peut
embaumer son humanité. Vos lèvres loueront le Seigneur, toujours attaché aux
lèvres de Dieu. Votre bouche savourera les paroles de Dieu et jouira de leur
divine suavité. Votre cœur très pur, exempt de toute tache, toujours verra le
Dieu de toute pureté et brûlera de désir pour lui. Votre sein sera la demeure
de celui qu’aucun lieu ne peut contenir. Votre lait nourrira Dieu, dans le
petit enfant Jésus. Vous êtes la porte
de Dieu, éclatante d’une perpétuelle virginité. Vos mains porteront Dieu, et
vos genoux seront pour lui un trône plus sublime que celui des chérubins. ~
Vos pieds, conduits par la lumière de la loi divine, le suivant dans une course
sans détours, vous entraîneront jusqu’à la possession du Bien-Aimé. Vous êtes le temple de l’Esprit-Saint, la
cité du Dieu vivant, que réjouissent les fleuves abondants, les fleuves
saints de la grâce divine. Vous êtes
toute belle, toute proche de Dieu ; dominant les Chérubins, plus haute que les
Séraphins, très proche de Dieu lui-même.
Salut,
Marie, douce enfant d’Anne ; l’amour à nouveau me conduit jusqu’à vous.
Comment décrire votre démarche pleine de gravité ? votre vêtement ? le
charme de votre visage ? cette sagesse que donne l’âge unie à la jeunesse
du corps ? Votre vêtement fut plein de modestie, sans luxe
et sans mollesse. Votre démarche grave, sans précipitation, sans heurt et sans
relâchement. Votre conduite austère, tempérée par la joie, n’attirant jamais l’attention
des hommes.
|
Nativité de la Sainte Vierge Marie,
vitrail, détail |
Témoin cette crainte que vous éprouvâtes à la visite inaccoutumée de
l’ange ; vous étiez soumise et docile à vos parents ; votre âme
demeurait humble au milieu des plus sublimes contemplations. Une parole
agréable, traduisant la douceur de l’âme. Quelle
demeure eût été plus digne de Dieu ? Il est juste que toutes les
générations vous proclament bienheureuse, insigne honneur du genre humain. Vous
êtes la gloire du sacerdoce, l’espoir des chrétiens, la plante féconde de la
virginité. Par vous s’est répandu partout l’honneur de la virginité. Que
ceux qui vous reconnaissent pour la Mère de Dieu soient bénis, maudits ceux qui
refusent ~
O vous qui
êtes la fille et la souveraine de Joachim et d’Anne, accueillez la prière de
votre pauvre serviteur qui n’est qu’un pécheur, et qui
pourtant vous aime ardemment et vous honore, qui veut trouver en vous la seule
espérance de son bonheur, le guide de sa vie, la réconciliation auprès de votre
Fils et le gage certain de son salut. Délivrez-moi
du fardeau de mes péchés, dissipez les ténèbres amoncelées autour de mon
esprit, débarrassez-moi de mon épaisse fange, réprimez les tentations,
gouvernez heureusement ma vie, afin que je sois conduit par vous à la béatitude
céleste, et accordez la paix au monde. A tous les fidèles de cette ville,
donnez la joie parfaite et le salut éternel, par les prières de vos parents et
de toute l’Eglise.