Convertissez-vous et croyez à l'Evangile |
Saint Grégoire le Grand, Homélies sur les Évangiles,
n.6
Pourquoi, une
fois emprisonné, Jean le Baptiste envoie-t-il ses disciples demander :
« Es-tu celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre ? »,
comme s'il ne connaissait pas celui qu'il
avait montré ~ ?
Cette question
trouve vite sa réponse si l'on examine le temps et l'ordre dans lesquels se
sont déroulés les faits.
Sur les rives du Jourdain, Jean a affirmé que Jésus
était le Rédempteur du monde (Jn
1,29) ; une fois emprisonné, il demande pourtant s'il est bien celui qui
doit venir. Ce n'est pas qu'il doute que
Jésus soit le Rédempteur du monde, mais il cherche à savoir si celui qui était
venu en personne dans le monde va aussi descendre en personne dans les prisons
du séjour des morts. Car celui que Jean a déjà annoncé au monde en tant que
précurseur, il le précède encore aux enfers par sa mort. C'est comme s'il
disait clairement : « De même que tu as daigné naître pour les
hommes, fais-nous savoir si tu daigneras
aussi mourir pour eux, de sorte que, précurseur de ta naissance, je le devienne
aussi de ta mort et que j'annonce au séjour des morts que tu vas venir, comme
j'ai déjà annoncé au monde que tu étais venu ». C'est pour cela que la
réponse du Seigneur traite de l'abaissement de sa mort aussitôt après avoir
énuméré les miracles opérés par sa puissance : « Les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés,
les sourds entendent, les morts ressuscitent, les pauvres sont évangélisés.
Heureux celui qui ne trébuchera pas à cause de moi ! »
Tiepolo, Saint Jean Baptiste prêchant |
À la vue de tant de signes et de si grands prodiges,
personne n'avait sujet de trébucher, mais bien plutôt d'admirer. Il s'éleva cependant une grave occasion de scandale
dans l'esprit de ceux qui ne croyaient pas lorsqu'ils le virent mourir, même
après tant de miracles. D'où le mot de Paul : « Nous prêchons un Christ crucifié, scandale pour les Juifs et folie pour
les païens » (1Co 1,23). ~ Quand donc le Seigneur dit : « Heureux celui qui ne trébuchera pas à cause
de moi », ne veut-il pas désigner clairement l'abjection et
l'abaissement de sa mort ? C'est
comme s'il disait ouvertement : « Il est vrai que je fais des choses
admirables, mais je ne refuse pas pour autant de souffrir des choses ignominieuses.
Puisque je vais suivre Jean le Baptiste en mourant, que les hommes se gardent
bien de mépriser en moi la mort, eux qui vénèrent en moi les miracles ».
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