Lettre apostolique « Patris corde » à l’occasion du 150e
anniversaire de la déclaration de S. Joseph comme Patron de l’Eglise
universelle
3. Père dans l’obéissance
Dieu a aussi révélé à Joseph ses
desseins par des songes, de façon
analogue à ce qu’il a fait avec Marie quand il lui a manifesté son plan de
salut. Dans la Bible, comme chez tous les peuples antiques, les songes étaient
considérés comme un des moyens par lesquels Dieu manifeste sa volonté.
Joseph est très préoccupé par la
grossesse incompréhensible de Marie : il ne veut pas « l’accuser publiquement » mais décide
de « la renvoyer en secret » (Mt 1, 19). Dans le premier songe,
l’ange l’aide à résoudre son dilemme : « Ne crains pas de prendre chez toi
Marie, ton épouse, puisque l’enfant qui est engendré en elle vient de l’Esprit
Saint ; elle enfantera un fils, et tu lui donneras le nom de Jésus, car c’est
lui qui sauvera son peuple de ses péchés » (Mt 1, 20-21). Sa
réponse est immédiate : « Quand Joseph se réveilla, il fit ce que l’ange du
Seigneur lui avait prescrit » (Mt 1, 24). Grâce à l’obéissance, il surmonte son drame et il sauve Marie.
Dans le deuxième songe, l’ange demande à Joseph : « Lève-toi ; prends
l’enfant et sa mère, et fuis en Égypte. Reste là-bas jusqu’à ce que je
t’avertisse, car Hérode va rechercher l’enfant pour le faire périr » (Mt 2,
13). Joseph n’hésite pas à obéir, sans
se poser de questions concernant les difficultés qu’il devra rencontrer : «
Il se leva dans la nuit, il prit l’enfant et sa mère et se retira en Égypte, où
il resta jusqu’à la mort d’Hérode » (Mt 2, 14-15).
En Égypte, Joseph, avec confiance et
patience, attend l’avis promis par l’ange pour retourner dans son Pays. Le
messager divin, dans un troisième songe, juste après l’avoir informé que ceux
qui cherchaient à tuer l’enfant sont morts, lui ordonne de se lever, de prendre
avec lui l’enfant et sa mère et de retourner en terre d’Israël (cf. Mt 2,
19-20). Il obéit une fois encore sans
hésiter : « Il se leva, prit l’enfant et sa mère, et il entra dans le pays
d’Israël » (Mt 2, 21).
Mais durant le voyage de retour, « apprenant qu’Arkélaüs régnait sur la
Judée à la place de son père Hérode, il eut peur de s’y rendre. Averti en
songe, – et c’est la quatrième fois que cela arrive – il se retira dans la
région de Galilée et vint habiter dans une ville appelée Nazareth » (Mt 2,
22-23).
L’évangéliste Luc rapporte que Joseph
a affronté le long et pénible voyage de Nazareth à Bethléem pour se faire
enregistrer dans sa ville d’origine, selon la loi de recensement de l’empereur
César Auguste. Jésus est né dans cette circonstance (cf. Lc 2,
1-7) et il a été inscrit au registre de l’Empire comme tous les autres enfants.
Saint Luc, en particulier, prend soin de souligner que les parents de Jésus observaient toutes les prescriptions de la Loi :
les rites de la circoncision de Jésus, de la purification de Marie après
l’accouchement, de l’offrande du premier-né à Dieu (cf. 2, 21-24).
Dans chaque circonstance de sa vie, Joseph
a su prononcer son "fiat", tout comme Marie à l’Annonciation,
et comme Jésus à Gethsémani.
Dans son rôle de chef de famille, Joseph a enseigné à Jésus à être soumis à
ses parents (cf. Lc 2, 51), selon le commandement de Dieu
(cf. Ex 20, 12).
Dans la vie cachée de Nazareth, Jésus
a appris à faire la volonté du Père à l’école de Joseph. Cette volonté est
devenue sa nourriture quotidienne (cf. Jn 4, 34). Même au
moment le plus difficile de sa vie, à Gethsémani, il préfère accomplir la
volonté du Père plutôt que la sienne, et il se fait «
obéissant jusqu’à la mort […] de la croix » (Ph 2, 8). C’est
pourquoi l’auteur de la Lettre aux Hébreux conclut que Jésus « apprit par ses
souffrances l’obéissance » (5, 8).
Il résulte de tous ces événements que Joseph
« a été appelé par Dieu à servir directement la personne et la mission de
Jésus en exerçant sa paternité.
C'est bien de cette manière qu'il coopère dans la plénitude du temps au grand
mystère de la Rédemption et qu'il est véritablement ministre du salut ».