Carmel de Bethléem où se mêlent pour l'occasion les Carmélites aux religieuses et consacrées d'autres congrégations |
Mariam (ou Maryam) Baouardy, surnommée « La Petite Arabe », est née à Abellin, un petit village situé entre Nazareth et le Mont Carmel le 5 janvier 1845. Elle est née galiléenne comme Jésus. La famille Baouardy était gréco-catholique, de rite melkite et d'origine libanaise. Ses parents virent leurs douze garçons mourir en bas âge.
Ils décidèrent de faire un pèlerinage de 170 km jusqu'à Bethléem pour prier Dieu de leur accorder une fille par l'intercession de la Vierge Marie. Mariam naquit neuf mois plus tard et on lui donna naturellement le nom de Marie : Mariam. Elle fut baptisée et confirmée suivant le rite grec melkite catholique. L'année d'après, un garçon, Boulos, vint agrandir la famille.
Orpheline à trois ans, elle fut séparée de son frère et ne le reverra plus. Mariam fut recueillie par son oncle paternel. Alors qu’elle n'était encore qu'une enfant, elle décida de laver deux petits oiseaux, qui en moururent. Toute attristée, elle entendit une voix intérieure « C’est ainsi que tout passe, si tu veux me donner ton cœur, Je te resterai toujours. »
A 8 ans, elle fit sa première communion, et peu de temps après toute la famille partit s’installer en Egypte. A 14 ans, son oncle voulut la marier, mais elle refusait et fit le vœu de se donner totalement au Seigneur. Dans une impulsion, Mariam se coupa les cheveux. Alors que la coutume voulait qu'elle se pare de ses plus beaux bijoux et se montre à son avantage pour servir au repas des fiançailles, elle se présenta avec un plateau sur lequel se trouvait sa chevelure et ses bijoux. Son oncle la gifla violemment. La fureur de son oncle éclata en mauvais traitements de toutes sortes. Les domestiques reçurent l'ordre de la commander et de ne rien lui épargner.
N'y tenant plus, il la jeta alors à terre, puis, saisissant son cimeterre (sorte de couteau), lui trancha une partie de la gorge. Elle en gardera toute sa vie une trace impressionnante. Son agresseur la croyait morte, il l’enveloppa dans un voile et la déposa dans un bois derrière la maison, tandis que la nuit camouflait son crime. Elle ne se souvenait de rien, si ce n'est d'avoir cru mourir et voir son âme séparée de son corps. Elle aurait aperçu alors Notre Sauveur, sa Mère, des Saints et des Anges.
Elle raconte : "Il n'y avait ni soleil ni lampe, et pourtant tout y resplendissait d'une manière divine." Puis Notre Seigneur lui aurait dit : "Notre page n'est pas encore finie, vos labeurs ne sont pas terminés. Il vous faut retourner sur la terre." Après quoi la vision se serait évanouie. Mariam se réveilla dans une grotte où une Sœur vêtue en bleu la soigna pendant plusieurs mois. Mariam racontera plus tard (à ses collègues religieuses) avoir reconnue en cette femme la Vierge Marie. Sa protectrice lui pansa sa blessure, l’enseigna puis l'emmena dans une Eglise d’Alexandrie. Alors que Miriam se confessait, Elle disparut.
A cette époque-là, Mariam étant seule au monde, travailla comme servante là où le destin la conduisait: Alexandrie, Jérusalem, Beyrouth, puis elle aboutit à Marseille. À 19 ans, elle entra comme novice chez les Sœurs de Saint Joseph de l'Apparition à Marseille.
Elle ne savait ni lire ni écrire, et ne parlait pas bien le français. Elle était heureuse de se consacrer à Dieu, et elle faisait la lessive et la cuisine. Mais elle avait une mauvaise santé, deux jours par semaine, elle revivait la passion du Christ et reçut les stigmates. Dans sa simplicité, elle croyait que c’était une maladie, ce qui déconcerta énormément les sœurs. Au bout de deux ans, elle ne fut pas admise à prononcer ses premiers vœux. Sa maitresse des novices, Mère Véronique de la Passion l'orienta vers un autre ordre religieux : le Carmel.
Elle entra en religion au Carmel de Pau et devint carmélite converse sous le nom de Sœur Marie de Jésus Crucifié. Elle avait 21 ans, mais on ne lui en donnait pas plus de douze. Ses compagnes religieuses l’appelaient affectueusement « la petite sœur ».
Trois ans plus tard, en 1870, Mariam fit partie d'un petit groupe qui partait fonder le premier Carmel en Inde, à Mangalore. Elle prononça ses Vœux perpétuels à Mangalore le 21 novembre 1871, après un noviciat très long, à cause de ses stigmates.
Une persécution éclata contre elle, à cause de ses dons, on l’accusait d’être possédée par le démon, et on lui dit que sa profession était invalide. En 1872, elle fut renvoyée au Carmel de Pau en France par l'évêque de Mangalore. C’est au Carmel de Pau que Mariam appelait « sa maison paternelle », qu’elle fera la majeure partie de ses prédictions.
Elle était toujours stigmatisée et favorisée de révélations de la Sainte Vierge et de notre Seigneur. Pour elle, le surnaturel était devenu naturel, elle restait humble, obéissante, dévouée. Les religieuses du couvent étaient témoins de ses possessions diaboliques, possessions angéliques, de ses extases, lévitations, stigmates, bilocations, apparitions, prophéties.
Le 24 mai 1868, Mariam fut l’objet d’une transverbération du cœur, ce terme désigne le transpercement du cœur par un trait enflammé d’amour. C’est très rare, car on ne dénombre qu’un petit nombre de ce cas : Padre Pio, Sainte Thérèse d’Avila, Ursula Macaela Morata et enfin Mariam Baouardy. La personne qui en est victime voit un personnage (soit Jésus Christ, soit l'Esprit Saint, soit un ange) armé d'une lance flamboyante lui percer le flanc, comme le cœur de Jésus fut percé alors qu'Il agonisait sur la croix. Le cœur est touché et saigne de manière ininterrompue, plus particulièrement à certaines dates particulières, telle le Vendredi Saint. Il s'agit du prélude à l'union du "Verbe" et d'une âme, sous forme de noces ou mariage mystique. Thérèse d'Avila qui raconte cette scène, parle d'un "dard enflammé" qui la laisse "enflammée de l'amour de Dieu".
Sa renommée la précédait, et très vite des religieux, des intellectuels et des paysans voisins venaient la consulter. Pour tous, elle avait une parole ou un conseil très simple à donner. Ils repartaient éclairés et fortifiés de l’avoir rencontré.
A Pau, Mariam fut victime une possession diabolique qui dura 40 jours. Elle l’avait annoncé « Jésus va donner à Satan le pouvoir de me tourmenter pendant 40 jours ; je souffrirai beaucoup. Le démon n’aura de puissance que sur mon corps, mon âme sera cachée, Jésus m’a promis de l’enfermer dans une boite, où Satan ne saurait l’atteindre. Le démon me fera commettre beaucoup de fautes extérieures sans que je pèche ; ma volonté n’y sera pour rien. »
Dans une vision
la Sainte Vierge dit à Mariam « L'âme ne
doit pas dire : ‘’Je voudrais souffrir ; je désirerais telle croix, telle
privation, telle humiliation’’, parce que la volonté propre gâte tout. Il vaut
mieux avoir moins de privations, moins de souffrances, moins d'humiliations par
la volonté de Dieu, qu'un très grand nombre par sa propre volonté. L'essentiel
est d'accepter, avec amour et avec une entière conformité à sa volonté, tout ce
qu'il plaira au Seigneur de nous envoyer. Il y a, dans l'enfer, des âmes qui
demandaient à Dieu des Croix, des humiliations. Dieu les a exaucées, mais elles
n'ont pas su profiter de ces grâces : l'orgueil les a perdues. Sans rien
demander, acceptez avec reconnaissance tout ce que le Bon Dieu vous enverra».
«La Vierge me montra ensuite la terre comme
dans un souterrain ; elle m'apparaissait.....dirai-je comme une pièce de cinq
francs ou comme une pomme ?
Je ne sais pas l'exprimer. Ce que je sais,
c'est que l'univers tout entier était renfermé dans ce petit rond. Oh
! Que les hommes s'égarent ! S'ils songeaient qu'ils ne sont que des voyageurs
sur cette terre, et que, à chaque instant, ils peuvent être cités au tribunal
de Dieu !»
« Le Seigneur dit : ‘’Quiconque cherchera à donner la lumière de ce dont il n’est pas
cherché n’aura que ténèbres et angoisses. »
«Ce n'est pas Jésus qui condamnera le pécheur
quand il paraitra devant lui, c'est l'âme elle-même. Le soleil, la lune, les
étoiles, l'air, tout ce qu'il aura foulé se tournera contre lui ; et quand il
verra Dieu, sa bonté, son amour, il ne pourra le supporter et il se précipitera
lui-même dans l'abime. Mais Dieu présente à l'âme fidèle, quand elle parait
devant lui, son amour, sa bonté, sa miséricorde et elle en est toute confuse,
et elle se perd comme une goutte d'eau dans le sein de Dieu».
Elle possèdait un charisme inattendu chez une illettrée. Elle avait un talent pour la poésie, quelle perfectionnait avec des couleurs orientales et des senteurs bibliques. Les personnes qui l'avaient connues témoignaient que même à la fin de sa vie Mariam ne savait pas lire ni écrire le français correctement, qu'elle le parlait avec des fautes grammaticales, mais néanmoins, elle est l'auteur de poèmes qui impressionnent par leur qualité.
En 1875, elle
fit partie du groupe de 10 carmélites dirigées par Mère Véronique de la
Passion, qui quittèrent Pau pour fonder un nouveau Carmel à Bethléem, en Terre
Sainte. Elle s'occupait particulièrement des travaux de construction du nouveau
couvent dont elle avait inspiré les plans, étant la seule à parler l'arabe.
Carmel de Pau |
Le 26 août
1878, à la mort de Sœur Marie de Jésus Crucifié au Carmel de Bethléem, on
procéda à l’extraction de son cœur en présence de témoins qualifiés. Elle avait
voulu que son cœur fût envoyé au Carmel de Pau. Un chirurgien de Jérusalem M.
Carpani, vint le matin du décès pour procéder à l’opération.
Tous les
témoins purent constater que le cœur portait la cicatrice d’une blessure qu’on
aurait dite produite par une large pointe de fer. Les docteurs Aris et Ecot
déclarent qu’il « est difficile de donner
une explication scientifique », les deux lèvres de la plaie étaient
desséchées, signes de l’ancienneté de la blessure. Le cœur placé dans un plat,
passait de main en main et tous les prêtres et religieux présents ont pu le
constater.
Ce cœur fut
volé dans les années 1990, à la chapelle de l’ancien Carmel de Pau. C’est un
homme, catholique pratiquant, paraissant normal au premier abord, qui ne
supportait pas que l’on puisse vénérer un morceau de cadavre. Après l’avoir
volé, il emporta le reliquaire dans un cimetière voisin, certainement pour
enterrer le cœur, mais il fut dérangé et abandonna là le reliquaire ouvert et
vide.
Sainte Sœur Marie Jésus Crucifié fut béatifiée 13 novembre 1983 par le Pape Jean Paul II, et elle est célébrée le 26 août.
(*sa mémoire liturgique a été déplacée au 30 août, le 26 étant la fête de la Transverbération de Sainte Thérèse d'Avila)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire