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Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit, l'icône de la Très Sainte Trinité
écrite par saint Andreï Roublev |
Unité indivisible, Trinité distincte en une seule
nature, Dieu souverain qui vous êtes révélé aux hommes, daignez souffrir que nous osions répandre en votre
présence nos adorations, et épancher l'action de grâces qui déborde de nos
cœurs, lorsque nous nous sentons inondés de vos ineffables clartés. Unité divine, Trinité divine, nous ne vous
avons pas contemplée encore, mais nous savons que vous êtes ; car vous avez
daigné vous manifester à nous. Cette terre que nous habitons entend chaque
jour proclamer distinctement l'auguste mystère dont la vue est le principe de
la félicité des êtres glorifiés dans votre sein. La race humaine a dû attendre
de longs siècles avant que la divine formule lui fût pleinement révélée ; mais
la génération à laquelle nous appartenons est en possession, confesse avec
transport Unité et Trinité dans votre essence infinie. Autrefois la parole de
l'écrivain sacré, pareille à l'éclair qui sillonne la nue et laisse après lui
l'obscurité plus profonde, traversait l'horizon de la pensée. Il disait : «
J'ignore la vraie Sagesse, je n'ai pas la
science de ce qui est saint. Quel homme est monté aux cieux et en est
redescendu? Quel est celui qui tient dans ses mains la tempête ? Qui retient
les eaux comme dans une enveloppe ? Qui a fixé les confins de la terre?
Sais-tu quel est son nom ? Connais- tu le nom de son fils ? »
Seigneur Dieu, grâce à votre infinie miséricorde, nous
connaissons aujourd'hui votre nom : vous vous appelez le Père, et celui que
vous engendrez éternellement s'appelle le Verbe, la Sagesse. Nous savons aussi
que du Père et du Fils procède l'Esprit d'amour.
Le Fils, revêtu de notre chair, a habité cette terre et il a vécu au milieu des
hommes ; l'Esprit ensuite est
descendu, et il reste avec nous jusqu'à la consommation des destinées de la
famille humaine ici-bas. Voilà pourquoi nous osons confesser l'Unité et la
Trinité; car, ayant entendu le divin témoignage, nous avons cru ; et « parce que nous avons cru, nous parlons en
toute assurance. » Recevez donc notre confession en ce jour, Seigneur,
comme vous reçûtes celle de votre insigne martyre qui, atteinte à la gorge de
trois coups du glaive, baignée dans les flots de son sang généreux, vous
envoyait son âme, en marquant, par le geste sublime de ses doigts, qu'elle
confessait, dans Rome encore païenne, l’Unité
de votre nature et la Trinité de vos personnes.
Vos Séraphins, ô Dieu, ont été entendus par le
prophète. Ils chantaient : « Saint,
Saint, Saint est le Seigneur des armées ! » Nous ne sommes que des hommes mortels; mais, plus
heureux qu'Isaïe sans être prophètes comme lui, nous pouvons articuler la
parole angélique, et dire : « Saint est le Père, Saint est le Fils, Saint
est l'Esprit ». Ils soutenaient leur vol par deux de leurs ailes ; de
deux autres ils voilaient respectueusement leur face, et les deux dernières
couvraient leurs pieds.
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Dieu-Père |
Nous aussi, fortifiés par l'Esprit divin
qui nous a été donné, nous essayons de soulever sur les ailes du désir le poids
de notre mortalité; nous couvrons par le repentir la responsabilité de nos
fautes, et voilant sous le nuage de la foi l'œil débile de notre intelligence,
nous recevons au dedans la lumière qui nous est infuse. Dociles à la parole
révélée, nous nous conformons à ce qu'elle enseigne ; elle nous apporte la
notion, non seulement distincte, mais lumineuse du mystère qui est la source et
le centre de tous les autres. Les Anges
et les Saints contemplent au ciel, avec cette ineffable timidité que le
prophète a rendue en nous montrant leur regard tempéré sous leurs ailes. Nous,
nous ne voyons pas encore, nous ne pourrions voir, mais nous savons, et cette
science éclaire nos pas, et nous fixe dans la vérité.
Nous nous gardons de « scruter la majesté », de peur « d'être écrasés sous la gloire » ;
mais repassant humblement ce que le ciel a daigné nous révéler de ses secrets,
nous osons dire : Gloire soit à vous,
Essence unique, acte pur, être nécessaire, infini, sans division, indépendant,
complet de toute éternité, tranquille, et souverainement heureux. En vous
nous reconnaissons, avec l'inviolable Unité, fondement de toutes vos grandeurs,
trois personnes distinctement
subsistantes ; mais dans leur production et leur distinction, la même
nature leur est commune, en sorte que la subsistance personnelle qui les
constitue chacune et les distingue l'une de l'autre, n'amène entre elles aucune
inégalité.
O béatitude infinie dans cette société des
trois personnes contemplant en elles-mêmes les ineffables perfections de
l'essence qui les réunit, et la propriété de chacune des trois qui anime
divinement cette nature que rien ne saurait ni borner ni troubler !
O merveille de cette essence infinie,
lorsqu'elle daigne agir en dehors d'elle-même, créant des êtres dans sa
puissance et sa bonté, les trois personnes opérant de concert, en sorte que
celle qui intervient par un mode qui lui est propre, le fait en vertu d'une
volonté commune !
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Dieu-Fils |
Qu'un amour spécial soit donc rendu à la
divine personne qui, dans l'action commune aux trois, daigne se révéler plus
spécialement aux créatures ; et en même temps, grâces soient rendues aux deux
autres qui s'unissent dans une même volonté à celle qui daigne se manifester en
notre faveur ! Gloire soit à vous,
ô Père, Ancien des jours, innascible, sans principe, mais communiquant
essentiellement et nécessairement au Fils et au Saint-Esprit la divinité qui
réside en vous !
Vous êtes Dieu et vous êtes Père. Celui qui vous connaît comme Dieu et qui vous ignore
comme Père, ne vous connaît pas tel que vous êtes. Vous produisez, vous
engendrez, mais c'est dans votre propre sein que vous êtes générateur; car rien
de ce qui est hors de vous n'est Dieu. Vous êtes l'être, la puissance; mais
vous n'avez jamais été sans un Fils. Vous vous dites à vous-même tout ce que
vous êtes, vous vous traduisez, et le
fruit de la fécondité de votre pensée, égal à vous-même, est une seconde
personne qui sort de vous ; c'est votre Fils, votre Verbe, votre parole incréée.
Une fois vous avez parlé, et votre parole est éternelle comme vous, comme votre
pensée dont elle est l'expression infinie. Ainsi le soleil qui brille à nos
yeux n'a jamais été sans sa splendeur. Cette splendeur est par lui, elle est
avec lui ; elle émane de lui sans le diminuer, pas plus qu'elle ne s'isole de
lui. Pardonnez, ô Père, à notre faible intelligence d'emprunter une comparaison
aux êtres que vous avez créés. Et si nous nous étudions nous-mêmes que vous avez
créés à votre image, ne sentons-nous pas que notre pensée elle-même, pour être
distincte dans notre esprit, a besoin du terme qui la fixe et la détermine ?
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Dieu-Esprit Saint |
O Père, nous vous avons connu par ce Fils
que vous engendrez éternellement, et qui a daigné se révéler à nous. Il nous a
appris que vous êtes Père et qu'il est Fils, et qu'en même temps vous êtes avec
lui une même chose. Si un Apôtre s'écrie : « Seigneur, montrez-nous le Père », il répond : « Qui me voit, voit mon Père. »
O Unité de la nature divine, où le Fils, distinct du
Père, n'est pas moins que le Père ! O complaisance du Père dans le Fils, par
lequel il a conscience de lui-même ; complaisance d'amour intime qu'il
proclame à nos oreilles mortelles sur les bords du Jourdain et sur le sommet du
Thabor !
O Père, nous vous adorons, mais aussi nous vous aimons : car un Père doit être aimé de ses fils, et nous
sommes vos fils. Un Apôtre ne nous enseigne-t-il pas que toute paternité
procède de vous, non seulement au ciel, mais sur la terre ? Nul n'est père, nul
n'a l'autorité paternelle dans la famille, dans l'Etat, dans l'Eglise, que par
vous, en vous, et par imitation de vous. Bien plus, vous avez voulu « que nous fussions non seulement appelés vos
fils, mais que cette qualité fût réelle en nous » ; non par génération
comme il en est de votre unique Verbe, mais par une adoption qui nous rend ses
« cohéritiers ». Votre Fils
divin dit en parlant de vous : « J'honore
mon Père » ; nous vous honorons aussi, Père souverain, Père de
majesté immense, et du fond de notre néant, en attendant l'éternité, nous vous glorifions en union avec les
saints Anges et les Bienheureux de notre race. Que votre œil paternel nous
protège, qu'il daigne se complaire aussi dans ces fils que vous avez prévus,
que vous avez élus, que vous avez appelés à la foi, et qui osent, avec
l'Apôtre, vous nommer « le Père des
miséricordes et le Dieu de toute consolation. »
Gloire soit à vous, ô Fils, ô Verbe, ô Sagesse du Père
! Emané de son essence divine, le Père vous
a donne naissance « avant l'aurore »
; il vous a dit : « Je t'ai engendré
aujourd'hui », et cet aujourd'hui qui n'a ni veille ni lendemain, est
l'éternité. Vous êtes Fils et Fils
unique, et ce nom exprime une même nature avec celui qui vous produit ; il
exclut la création, et vous montre consubstantiel au Père, dont vous sortez
avec une parfaite similitude. Et vous sortez du Père, sans sortir de l'essence
divine, étant coéternel à votre principe; car en Dieu, rien de nouveau, rien de
temporel. En vous, la filiation n'est point une dépendance; car le Père ne peut être sans le Fils, pas plus
que le Fils sans le Père. S'il est noble au Père de produire le Fils, il n'est
pas moins noble au Fils d'épuiser et de terminer en lui-même par sa filiation
la puissance génératrice du Père.
O Fils de Dieu, vous êtes le Verbe du Père. Parole
incréée, vous lui êtes aussi intime que sa
pensée, et sa pensée est son être. En vous cet être se traduit tout entier dans
son infinité, en vous il se connaît. Vous êtes le fruit immatériel produit par
l'intellect divin du Père, l'expression de tout ce qu'il est, soit qu'il vous
garde mystérieusement « dans son sein »,
soit qu'il vous produise au dehors. Quels termes emploierons-nous pour vous
définir dans votre magnificence, ô Fils de Dieu !
L'Esprit-Saint daigne nous aider dans les livres qu'il a dictés ; nous oserons donc
dire dans le langage qu'il nous suggère : « Vous êtes l'éclat de la gloire du Père, la forme de sa
substance. Vous êtes la splendeur de la lumière éternelle, le miroir sans
imperfection de la majesté de Dieu, la réfraction de son éternelle bonté. »
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Dieu l'Esprit Saint, adoré par les Anges. |