dimanche 31 mai 2020

Pentecôte - L'Esprit vient dans le cœur des disciples assemblés au Cénacle, l'Eglise est prête à annoncer les merveilles du Seigneur et à donner la vie divine aux hommes



Saint Bonaventure, Œuvres spirituelles, tome 3

Sept semaines après la résurrection, le cinquantième jour, « les disciples étant réunis avec les femmes et Marie la Mère de Jésus, tout à coup un bruit vint du ciel semblable au bruit d'un vent qui souffle avec force » (Cf. Ac 1,14 ; 2,1-2). 

L’Esprit descendit alors sur cette troupe de cent vingt personnes et apparut sous la forme de langues de feu, parce qu'il allait donner la parole à leur bouche, la lumière à leur intelligence et l’ardeur à leur amour. Tous furent remplis du Saint-Esprit et se mirent à parler en diverses langues selon l'inspiration de ce même Saint-Esprit. Il leur enseigna toute vérité, les enflamma du parfait amour et les confirma en toute vertu. Aussi, aidés de sa grâce, illuminés par sa doctrine et fortifiés par sa puissance, bien que peu nombreux et simples, « ils plantèrent l'Église au prix de leur sang » [Brev. Rom.] dans le monde entier, tantôt par des discours enflammés, tantôt par de parfaits exemples, tantôt par de prodigieux miracles. 

Cette Église purifiée, illuminée et amenée à perfection par la vertu de ce même Esprit-Saint, se rendit aimable à son Époux, si bien qu'elle apparut toute belle, admirable par ses ornements variés, et au contraire terrible, comme une armée rangée en bataille, à Satan et à ses anges.


Veni Sancte Spiritus


samedi 30 mai 2020

Sainte Jehanne d'Arc, sauvez la France !



Déposition de frère Jean Toutmouillé, des frères prêcheurs.

Le jour où Jeanne fut brûlée, je me trouvai dès le matin en la prison avec frère Martin Ladvenu que l’évêque de Beauvais lui avait envoyé pour l’induire à vraie pénitence et l’entendre en confession; ce que ledit Ladvenu fit bien soigneusement et charitablement.
Quand il annonça à Jeanne la sentence des juges et qu’elle ouït la dure et cruelle mort qui l’attendait, elle cria douloureusement et piteusement, se tira et arracha les cheveux: « Hélas, me traite-t-on ainsi horriblement et cruellement qu’il faille que mon corps net et entier qui ne fut jamais corrompu soit aujourd’hui consumé et réduit en cendres! Ah! ah! j’aimerais mieux être décapitée sept fois que d’être ainsi brûlée. Hélas si j’eusse été en la prison ecclésiastique à laquelle je m’étais soumise et que j’eusse été gardée par les gens d’Eglise, non pas par mes ennemis et adversaires, il ne me fût pas si misérablement arrivé malheur. Oh! j’en appelle devant Dieu, le grand juge, des grands torts et ingravances qu’on me fait. » Et elle se plaignait merveilleusement des oppressions et violences qu’on lui avait faites.
Après ces plaintes survint l’évêque de Beauvais auquel elle dit incontinent: « Evêque, je meurs par vous. » Il commença à lui faire des remontrances, disant: « Ah! Jeanne, prenez tout en patience, vous mourez pour ce que vous n’avez pas tenu ce que vous aviez promis et que vous êtes retournée à votre premier maléfice. » Et la pauvre Pucelle lui répondit : « Hélas! si vous m’eussiez mise aux prisons de cour d’Eglise et rendue entre les mains de concierges ecclésiastiques compétents et convenables, ceci ne fût pas advenu. C’est pourquoi j’en appelle de vous devant Dieu. » Pour lors je sortis et n’ouïs plus rien.

Déposition de frère Martin Ladvenu, frère prêcheur.

La Pucelle me révéla qu’après son abjuration, on l’avait tourmentée violemment en la prison, molestée et battue, et qu’un lord anglais avait tenté de la violer. Elle disait publiquement et elle me dit à moi que c’était la cause pour laquelle elle avait repris l’habit d’homme.
Avec la permission des juges, avant le prononcé de la sentence, j’entendis Jeanne en confession et je lui administrai le corps de Notre-Seigneur. Elle le reçut avec grande dévotion et beaucoup de larmes. Son émotion était telle que je ne saurais l’exprimer.
Le matin de ce jour qui était un mercredi, tandis que j’étais avec Jeanne pour la préparer au salut, l’évêque de Beauvais et quelques chanoines de Rouen entrèrent: Quand elle vit l’évêque, Jeanne lui dit : « Vous êtes cause de ma mort, vous m’aviez promis de me mettre aux mains de l’Eglise et vous m’avez remise aux mains de mes pires ennemis. » Près de sa fin elle disait encore à l’évêque : « Hélas je meurs par vous, car si vous m’eussiez donnée à garder aux prisons d’Eglise, je ne serais pas ici. »
Au lieu de procéder régulièrement, on s’en tint à la sentence épiscopale et il n’y eut pas de sentence laïque. C’est là un fait dont je suis certain, car je ne quittai pas Jeanne depuis sa sortie du château jusqu’au moment où elle rendit l’esprit. Après qu’elle eut été abandonnée par l’Eglise au bras séculier, deux sergents anglais la contraignirent de descendre de l’échafaud, la menèrent au lieu de l’exécution et la livrèrent au bourreau. Pourtant le bailli et la cour séculière étaient présents, assis sur un échafaud. Mais, je le répète, il n’y eut pas de condamnation portée par eux.
Le bourreau disait: « Jamais l’exécution d’aucun criminel ne m’a donné tant de crainte que l’exécution de cette pucelle; d’abord à cause de sa réputation et du grand bruit fait autour d’elle, puis à cause de la manière cruelle dont elle a été liée et affichée. » De fait les Anglais avaient fait faire un haut échafaud en plâtre, et au dire du bourreau, il ne la pouvait bonnement ni facilement expédier, ayant peine à atteindre jusqu’à elle. De tout cela il était fort marri et il avait grande compassion de la façon atroce dont on faisait mourir Jeanne.
Je puis attester la grande et admirable contrition de Jeanne, sa continuelle confession et repentance. Elle prononçait toujours le nom de Jésus et elle invoquait dévotement l’aide des saints et saintes du paradis. Jusqu’à sa dernière heure, comme toujours, Jeanne affirma et maintint que ses voix étaient de Dieu, que tout ce qu’elle avait fait elle l’avait fait par ordre de Dieu, et qu’elle ne croyait pas avoir été trompée par ses voix; enfin que ses révélations étaient de Dieu.

Déposition de frère Isambard de la Pierre, frère prêcheur.

A son dernier jour, Jeanne se confessa et communia. La sentence ecclésiastique fut ensuite prononcée. Ayant assisté à tout le dénouement du procès, j’ai bien et clairement vu qu’il n’y eut pas de sentence portée par le juge séculier. Celui-ci était à son siège, mais il ne formula pas de conclusion. L’attente avait été longue. A la fin du sermon, les gens du roi d’Angleterre emmenèrent Jeanne et la livrèrent au bourreau pour être brûlée. Le juge se borna à dire au bourreau, sans autre sentence: « Fais ton office
Frère Martin Ladvenu et moi suivîmes Jeanne et restâmes avec elle jusqu’aux derniers moments. Sa fin fut admirable tant elle montra grande contrition et belle repentance. Elle disait des paroles si piteuses, dévotes et chrétiennes que la multitude des assistants pleurait à chaudes larmes. Le cardinal d’Angleterre et plusieurs autres Anglais ne purent se tenir de pleurer; l’évêque de Beauvais, même lui, versa quelques pleurs.
Comme j’étais près d’elle, la pauvre pucelle me supplia humblement d’aller à l’église prochaine et de lui apporter la croix pour la tenir élevée tout droit devant ses yeux jusqu’au pas de la mort, afin que la croix où Dieu pendit, fût, elle vivante, continuellement devant sa vue. C’était bien une vraie et bonne chrétienne.
Au milieu des flammes, elle ne s’interrompit pas de confesser à haute voix le saint nom de Jésus, implorant et invoquant l’aide des saints du paradis. En même temps elle disait qu’elle n’était ni hérétique, ni schismatique comme le partait l’écriteau. Elle m’avait prié de descendre avec la croix, une fois le feu allumé, et de la lui faire voir toujours. Ainsi je fis. A sa fin, inclinant la tête et rendant l’esprit, Jeanne prononça encore avec force le nom de Jésus. Ainsi signifiait-elle qu’elle était fervente en la foi de Dieu, comme nous lisons que le firent saint Ignace d’Antioche et plusieurs autres martyrs. Les assistants pleuraient.
Un soldat anglais qui la haïssait mortellement avait juré qu’il mettrait de sa propre main un fagot au bûcher de Jeanne. Il le fit. Mais à ce moment, qui était celui où Jeanne expirait, il l’entendit crier le nom de Jésus. Il demeura terrifié et comme foudroyé. Ses camarades l’emmenèrent dans une taverne près du Vieux-Marché pour le ragaillardir en le faisant boire. L’après-midi, le même Anglais confessa en ma présence à un frère prêcheur de son pays, qui me répéta ses paroles, qu’il avait gravement erré, qu’il se repentait bien de ce qu’il avait fait contre Jeanne, qu’il la réputait maintenant bonne et brave pucelle; car au moment où elle rendait l’esprit dans les flammes il avait pensé voir sortir une colombe blanche valant du côté de la France.

Le même jour, l’après-midi, peu de temps après l’exécution, le bourreau vint au couvent des frères prêcheurs trouver frère Martin Ladvenu et moi. Il était tout frappé et ému d’une merveilleuse repentance et angoissante contrition. Dans son désespoir il redoutait de ne jamais obtenir de Dieu indulgence et pardon pour ce qu’il avait fait à cette sainte femme. « Je crains fort d’être, damné, nous disait-il, car j’ai brûlé une sainte. » Ce même bourreau disait et affirmait que nonobstant l’huile, le soufre et le charbon qu’il avait appliqués contre les entrailles et le cœur de Jeanne, il n’avait pu venir à bout de consumer et réduire en cendres ni les entrailles ni le cœur. Il en était très perplexe, comme d’un miracle évident


vendredi 22 mai 2020

Neuvaine à l'Esprit Saint - Préparons-nous à la Pentecôte



Chaque jour, nous prions ainsi : 


Esprit Saint, Amour du Père et du Fils,
Viens, remplis cet enfant qui est Vôtre de Vos Dons. Divine Splendeur, Feu Sacré, Source de Crystal d’une pure fraternité. Vie des Chrétiens, bâton des impuissants, lumière dans les ténèbres, chaleur dans le froid, soulève mon être dormant, élève mon âme vers Toi.
Venez Saint-Esprit, donnez-moi Votre Sagesse pour agir correctement. 
Donnez-moi la sainte intelligence pour attirer mes frères et sœurs, afin que je ne me sente pas supérieur à mes pairs, mais le plus petit afin que vous bondissiez avec puissance.

Venez, prenez mon esprit et renouvelez-le ; afin que je puisse être un écho de Votre voix et que je puisse conseiller dans la Divine Volonté, et non pas dans la mienne. Donnez-moi la force de ne pas trébucher et de pouvoir résister et qu’en Vous voyant, je puisse résister ; qu’enchanté par Votre force, je puisse être un apôtre fidèle. De Votre science, oh Esprit Divin, permettez-moi d'être un reflet, puis-je chercher Votre gloire et éloigner le monde de moi. Pénétrez dans les profondeurs de mon cœur et greffez en lui Votre très grande Miséricorde pour que je puisse aimer avec Votre très grand Amour. Mettez en moi le miracle de la crainte de Dieu ; donnez-moi une soif d'âmes de sorte que, sans voir qui, je travaille pour le Royaume.

Oh Saint-Esprit, infusez en moi le don du véritable amour. Je vous remercie Saint Esprit Divin, vivez en moi complètement, que conscient de mon besoin, avec une totale liberté, je vous appelle à prendre possession de ma vie. Merci, oh Divine Bonté, Souverain Miséricordieux, Feu Sacré. Amen.

Imprimatur, Monseigneur José Oscar Barahona Castillo,
Évêque Émérite de San Vicente, El Salvador, C.A.

Nous demandons chaque jour tous les Dons du Saint-Esprit : 

1er Don : Don de Sagesse
Venez, Saint-Esprit, par votre Don de la Sagesse, accordez-nous la grâce d'estimer et de valoriser les Biens du Ciel et de nous montrer les moyens de les atteindre. Gloire soit au Père... 

2ème Don : Don de Compréhension
Venez, Esprit Saint, par votre Don de Compréhension, éclairez nos esprits sur les Mystères du Salut afin que nous puissions les comprendre parfaitement et les embrasser avec ferveur. Gloire soit au Père... 


3ème Don : Don de Conseil
Venez, Esprit Saint, par votre Don de Conseil, inclinez nos cœurs pour agir avec rectitude et justice pour notre bénéfice et celui du prochain. Gloire soit au Père... 

4ème Don : Don de Force d’âme
Venez, Esprit Saint, par votre Don de Force d’âme, fortifiez-nous avec Votre Grâce contre les ennemis de notre âme afin que nous puissions obtenir la Couronne de la Victoire. Gloire soit au Père... 

5ème Don : Don de la Connaissance
Venez, Saint-Esprit, par votre Don de la Connaissance, apprenez-nous à vivre parmi les choses terrestres afin de ne pas perdre les éternelles. Gloire soit au Père... 

6ème Don : Don de Piété
Venez, Esprit Saint, par votre Don de Piété, inspirez-nous à vivre cette vie de façon modérée, juste et pieusement afin que nous puissions atteindre le Ciel dans la prochaine vie. Gloire soit au Père... 

7ème Don : Don de la Crainte du Seigneur
Venez, Saint-Esprit, par votre Don de la Crainte du Seigneur, blessez nos corps avec Votre Crainte afin que nous puissions ainsi travailler au salut de nos âmes. Gloire soit au Père...

Prière finale, avec la Sainte Vierge Marie implorant le Don du Saint-Esprit : 


Venez, Esprit Divin, venez avec Votre Puissance, renouvelez mon être tout entier et, en tant que personne renouvelée en vous, renouvelez mon esprit et mes pensées et faites battre constamment mon cœur pour me garder un avec Vous, Oh Très Sainte Trinité... !

Envoyez votre Esprit, Seigneur, et renouvelez le visage de la Terre.
Au Nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Amen.



jeudi 21 mai 2020

Ascension du Seigneur et session à la droite de son Père




La fête de l’Ascension ne marque pas la fin du temps pascal.
Le temps pascal, c’est la sainte cinquantaine de jours qui suit la fête de Pâques et qui s’achève avec le dimanche de la Pentecôte, ou plutôt avec les huit jours de l’après-fête de la Pentecôte, qui ne forment avec le dimanche qu’un seul jour. Le Seigneur a voulu qu’après Sa Résurrection, Sa montée au ciel et le don de l’Esprit-Saint aux hommes, fruit de Sa session à la droite du Père, se répartissent sur une période de temps : quarante jours pour l’Ascension, cinquante jours pour l’envoi du Saint-Esprit.

D'un sacramentaire de Normandie,
l'Ascension du Sauveur
Et la liturgie suit ces étapes du mystère de notre salut. Le Seigneur ressuscité n’a pas voulu que nous prenions tout de suite conscience du fait que, ressuscité, Il est assis à la droite du Père. Selon une expression chère à St Irénée de Lyon, Il a voulu nous habituer progressivement à Sa condition nouvelle de Ressuscité.

Que veut dire cette expression : « Assis à la droite du Père ? » Elle signifie qu’en Sa nature humaine elle-même, le Christ est revêtu de toute la Puissance divine, de toute Sa puissance de Seigneur du ciel et de la terre, qui Lui est communiquée par Son Père. La nature humaine du Christ est glorifiée, elle est remplie de ce rayonnement de la nature divine, de cette gloire de Dieu, de cette gloire que le Fils unique possédait de toute éternité avant la création du monde, et qui se répand maintenant dans Sa nature humaine elle-même.

Et l’Apôtre Paul nous enseigne que par le baptême, non seulement nous sommes ressuscités avec le Christ, morts au péché et ressuscités avec le Christ, mais que Dieu nous a fait asseoir avec Lui dans les cieux : « Dieu, qui est riche en miséricorde, à cause du grand amour dont Il nous a aimés, alors que nous étions morts par suite de nos fautes, nous a fait revivre avec le Christ – c’est par grâce que vous êtes sauvés ! – avec Lui Il nous a ressuscités et faits asseoir dans les cieux, dans le Christ Jésus » (Éphésiens II, 4-6).



mercredi 20 mai 2020

Mercredi des Rogations, vigile de l'Ascension - Porter du fruit pour la vie éternelle


Saint Bernard de Clairvaux, Sermon 58 sur le Cantique des cantiques

Je dois avertir chacun de vous à propos de sa vigne : qui en effet a jamais retranché en lui-même tout le superflu au point qu'il puisse penser ne plus rien avoir à tailler ? Croyez-moi, ce qui est taillé repousse : les mauvais penchants chassés reviennent et l'on voit se réveiller les tendances endormies. Il ne suffit donc pas de tailler sa vigne une seule fois, mais il faut s'y remettre souvent, et même si possible, sans arrêt. Car, si vous êtes sincères, c'est sans arrêt qu'on trouve en soi quelque chose à tailler... La vertu ne peut pas croître parmi les péchés ; pour qu'elle puisse se développer, il faut empêcher ceux-ci de prendre de l'ampleur. Supprime donc le superflu, alors ce qui est nécessaire pourra surgir.

Pour nous, frères, l'époque est toujours celle de la taille, celle-ci s'impose toujours. J'en suis sûr, en effet, nous sommes déjà sortis de l'hiver, de cette crainte sans amour qui nous introduit tous à la sagesse mais qui n'épanouit personne dans la perfection. Lorsque l'amour survient, il chasse cette crainte comme l'été chasse l'hiver... Que cessent donc les pluies de l'hiver, c'est-à-dire les larmes d'angoisse suscitées par le souvenir de vos péchés et la crainte du jugement... Si « l'hiver est passé », si « la pluie a cessé » (Ct 2,11)..., la douceur printanière de la grâce spirituelle nous indique que le moment est venu de tailler notre vigne. Que nous reste-t-il à faire, sinon nous engager tout entiers dans ce travail.  


lundi 18 mai 2020

Lundi - Mardi - Mercredi des Rogations





Bienheureux cardinal Schuster, 
Archevêque de Milan,
de l'Ordre du Saint-Sépulcre de Jérusalem


Comme nous l’avons déjà remarqué, le triduum de litanies pénitentielles avant la fête de l’Ascension fut institué à Vienne par saint Mamert vers 470 ; il comportait aussi la suspension des travaux serviles et le jeûne. 

L’usage s’en étendit rapidement et devint très populaire. Toutefois, comme une période de deuil et de pénitence au milieu du temps pascal semblait à Rome un contresens tout à fait inopportun, la liturgie romaine ne l’adopta que fort tard, c’est-à-dire durant la période franque, sous Léon III, et cela seulement à titre exceptionnel, et non comme une institution stable devant se répéter chaque année. 

Par la suite, la coutume des Églises gallicanes s’accorda définitivement avec Rome, grâce pourtant à un compromis : le jeûne fut aboli, on ne conserva que la procession de saint Mamert suivie de la messe pendant les trois jours, laquelle messe, d’ailleurs, est celle-là même qui se célébrait à Rome lors des Litanies majeures

Il faut remarquer en outre que ces Rogations franques entrèrent seulement très tard dans le rituel officiel de Rome, puisque les Ordines Romani [les sacramentaires du haut moyen-âge] les ignorent complètement.




dimanche 17 mai 2020

Le chef-d'oeuvre de Dieu

Saint Louis-Marie Grignion de Montfort (1673-1716), Traité de la vraie dévotion à la Sainte Vierge, § 49-53

Dieu veut donc révéler et découvrir Marie, le chef-d’œuvre de ses mains dans ces derniers temps.

1° Parce qu’elle s’est cachée dans ce monde et s’est mise plus bas que la poussière par sa profonde humilité, ayant obtenu de Dieu, de ses Apôtres et Évangélistes qu’elle ne fût point manifestée.

2° Parce qu’étant le chef-d’œuvre des mains de Dieu, aussi bien ici-bas par la grâce que dans le ciel par la gloire, il veut en être glorifié et loué sur la terre par les vivants.

3° Comme elle est l’aurore qui précède et découvre le Soleil de justice, qui est Jésus-Christ, elle doit être connue et aperçue, afin que Jésus-Christ le soit.

4° Étant la voie par laquelle Jésus-Christ est venu à nous la première fois, elle le sera encore lorsqu’il viendra la seconde, quoique non pas de la même manière.

Étant le moyen sûr et la voie droite et immaculée pour aller à Jésus-Christ et le trouver parfaitement, c’est par elle que les saintes âmes qui doivent éclater en sainteté doivent le trouver. Celui qui trouvera Marie trouvera la Vie, c’est à dire Jésus-Christ, qui est la Voie, la Vérité et la Vie, mais on ne peut trouver Marie qu’on ne la cherche : on ne peut la chercher qu’on ne la connaisse, car on ne cherche ni ne désire un objet inconnu. Il faut donc que Marie soit plus connue que jamais, à la plus grande connaissance et gloire de la très sainte Trinité.

Marie doit éclater, plus que jamais, en miséricorde, en force et en grâce dans les derniers temps : En miséricorde, pour ramener et recevoir amoureusement les pauvres pécheurs et dévoyés qui se convertiront et reviendront à l’église catholique. En force contre les ennemis de Dieu, les idolâtres, schismatiques, mahométans, juifs et impies endurcis, qui se révolteront terriblement pour faire tomber, par promesses et menaces, tous ceux qui leur seront contraires. Et enfin elle doit éclater en grâce, pour animer et soutenir les vaillants soldats et serviteurs de Jésus-Christ qui combattront pour Ses intérêts.

7° Enfin Marie doit être terrible au diable et à ses suppôts comme une armée rangée en bataille principalement dans les derniers temps, parce que le diable, sachant bien qu’il a peu de temps, et beaucoup moins que jamais pour perdre les âmes, redouble tous les jours ses efforts et ses combats.
Il suscitera bientôt de cruelles persécutions, et mettra de terribles embûches aux serviteurs fidèles et aux vrais enfants de Marie, qu’il a plus de peine à surmonter que les autres.
C’est principalement de ces dernières et cruelles persécutions du diable qui augmenteront tous les jours jusqu’au règne de l’Antéchrist, qu’on doit entendre cette première et célèbre prédiction et malédiction de Dieu, portée dans le paradis terrestre contre le serpent. Il est à propos de l’expliquer ici pour la gloire de la très sainte Vierge, le salut de ses enfants, la confusion du diable.

« Je mettrai des inimitiés entre toi et la femme, et ta race et la sienne ; elle-même t’écrasera la tête, et tu mettras des embûches à son talon. » Jamais Dieu n’a fait et formé qu’une inimitié, mais irréconciliable, qui durera et augmentera même jusques à la fin : c’est entre Marie, sa digne Mère, et le diable, entre les enfants et serviteurs de la sainte Vierge, et les enfants et suppôts de Lucifer. En sorte que la plus terrible des ennemies que Dieu ait faite contre le diable, c’est Marie, sa sainte Mère. Il lui a même donné, dès le paradis terrestre, quoiqu’elle ne fût encore que dans Son idée, tant de haine contre ce maudit ennemi de Dieu, tant d’industrie pour découvrir la malice de cet ancien serpent, tant de force pour vaincre, terrasser et écraser cet orgueilleux impie, qu’il l’appréhende plus, non seulement que tous les anges et les hommes, mais, en un sens, que Dieu même.

Ce n’est pas que l’ire, la haine et la puissance de Dieu ne soient infiniment plus grandes que celles de la très sainte Vierge, puisque les perfections de Marie sont limitées, mais c’est premièrement parce que Satan, étant orgueilleux, souffre infiniment plus d’être vaincu et puni par une petite et humble servante de Dieu, et son humilité l’humilie plus que le pouvoir divin. Secondement parce que Dieu a donné à Marie un si grand pouvoir contre les diables, qu’ils craignent plus, comme ils ont été souvent obligés d’avouer, malgré eux, par la bouche des possédés, un seul de ses soupirs pour quelque âme, que les prières de tous les saints, et une seule de ses menaces contre eux que tous les autres tourments. Ce que Lucifer a perdu par orgueil, Marie l’a gagné par humilité.



vendredi 15 mai 2020

La vertu de silence

Du Cardinal Pierre de Bérulle, in « Œuvres de piété », n.39


Le partage de la Vierge est d’être en silence. C’est son état, c’est sa voie, c’est sa vie.

 

Sa vie est une vie de silence qui adore la Parole éternelle. En voyant devant ses yeux, en son sein, en ses bras, cette même Parole, la Parole substantielle du Père, être muette et réduite au silence par l’état de son enfance, elle entre en un nouveau silence et y est transformée à l’exemple du Verbe incarné qui est son fils, son Dieu et son unique Amour. Et sa vie se passe ainsi de silence en silence, de silence d’adoration en silence de transformation ; son esprit et ses sens conspirant également à former et à perpétuer en elle cette vie de silence.

 

Et c’est un de ces effets sacrés et divins du silence de Jésus de mettre la très sainte Mère de Jésus en une vie de silence. Silence humble, profond et adorant plus saintement et plus disertement la sagesse incarnée, que les paroles ni des hommes ni des anges.

 

Ce silence de la Vierge n’est pas un silence de bégaiement et d’impuissance, c’est un silence de lumière et de ravissement. C’est un silence plus éloquent, dans les louanges de Jésus, que l’éloquence même. C’est un effet puissant et divin dans l’ordre de la grâce, c’est-à-dire, c’est un silence opéré par le silence de Jésus, qui imprime ce divin effet en sa Mère et qui la tire à soi dans son propre silence, et qui absorbe en sa divinité toute parole et pensée de sa créature.

 

Aussi est-ce une merveille de voir qu’en cet état de silence et d’enfance de Jésus, tout le monde parle et Marie ne parle point, le silence de Jésus ayant plus de puissance de la tenir en un silence sacré, que les paroles ni des anges ni des saints, n’ont de force à la mettre en propos et la faire parler de choses si dignes de louanges, et que le ciel et la terre unanimement célèbrent et adorent. Les anges en parlent, et entre eux-mêmes et aux pasteurs : et Marie est en silence.

 

Les pasteurs courent et parlent ; et Marie est en silence. Les rois arrivent, parlent et font parler toute la ville, tout l’Etat et tout le sacré synode de Judée ; et Marie est en retraite et en silence. Tout l’Etat est ému et chacun s’étonne et parle du nouveau Roi recherché par les rois ; et Marie est en son repos et en son sacré silence. Siméon parle au Temple et Anne la prophétesse, et tous ceux qui attendent le salut d’Israël : et Marie offre, donne, reçoit et rapporte son Fils en silence. Tant le silence de Jésus a de puissance et d’impression secrète sur l’esprit et sur le cœur de la Vierge, et la tient puissamment et divinement occupée et ravie en silence.

 

Car aussi durant tout le temps de son enfance, nous n’avons que ces paroles qui nous soient rapportées de la conduite de la Vierge, et de sa piété au regard de son Fils et des choses qui sont dites de Lui, et accomplies en Lui : « Marie conservait tout cela et elle le méditait dans son cœur. » (Luc 2,51). Voilà l’état et l’occupation de la Vierge, voilà son exercice et sa vie au regard de Jésus, durant sa sainte enfance.

 


mercredi 13 mai 2020

Notre-Dame de Fatima, Reine du saint Rosaire, priez pour nous, pour l'Eglise et la France !

Permettez-moi, ô Vierge immaculée, Reine du saint Rosaire, de vous prendre aujourd'hui pour ma mère, ma patronne, mon asile, mon refuge et ma protection; je veux vous donner mon cœur, mon âme, tout mon être, et après Dieu vous aimer par-dessus toute chose. Heureux celui qui vous consacre son amour! N'êtes-vous pas, ô Vierge bénie! plus belle que les Anges, plus belle que l'astre des nuits, plus brillante que le soleil? Ne surpassez-vous pas le lis en splendeur? N'êtes-vous pas un jardin de délices, une fleur parfumée, une blanche colombe, la bien-aimée de Jésus, la fille chérie, la mère sans tâche, l'épouse choisie entre mille? Qui pourrait donc vous refuser son cœur? Je vous donne le mien, car vous êtes belle, enrichie de toutes les grâces, comblée de toutes les perfections. Je vous le donne encore, ô Marie! parce que la reconnaissance m'en impose le pressant devoir.

Vierge sainte, le monde vous doit la vie de la grâce; vous êtes la nouvelle Eve; en vous le genre humain trouve sa joie, sa paix, sa réparation, son salut, sa consolation, son espoir. Il voit justement en vous le rappel des exilés, le retour des bannis, la mère des orphelins, la lumière de ceux qui sont plongés dans les ténèbres, le port très sûr de ceux qui sont battus par la tempête. Et moi spécialement, ô Mère de bonté! j'ai contracté à votre égard une dette d'amour que toute l'ardeur des Séraphins serait incapable d'acquitter. Vous avez toujours eu votre cœur ouvert pour moi, vous m'avez retiré de l'abîme; vous m'avez défendu constamment contre les attaques réitérées de l'enfer; vous avez été ma force, mon courage, mon guide, mon soutien dans le désert de la vie, mon étoile parmi les écueils de cette mer orageuse du monde, si fertile en naufrages. N'est-il pas juste, aimable Reine du saint Rosaire, de vous aimer, de vous bénir et d'être vos chevaliers pour vous glorifier sans cesse?
 
Je me dévoue donc à votre service et vous promets une fidélité inviolable. Mourir, et mille fois mourir plutôt que de trahir la foi de mon serment. O Reine du saint Rosaire, prenez possession de tout mon être, et commandez-y en souveraine! bannissez de mon corps et de mon âme tout ce qui vous déplaît; sanctifiez mon cœur, redressez ses inclinations perverses et purifiez ses intentions! Oui, désormais, je veux suivre vos inspirations, vivre sous votre regard maternel, et n'agir que pour vous plaire; vos désirs seront mes désirs, vos joies seront mes joies, vos douleurs seront mes douleurs , car vous êtes toute mienne, et je suis vôtre pour l'éternité!

O Mère bien-aimée! Veuillez me permettre de vous demander en ce moment spécialement trois choses:
Un cœur bien pur, pour bien vous aimer et bien aimé Jésus;
Un jour qui vous soit consacré pour mourir entre vos bras, en prononçant des actes parfaits d'amour;
La grâce de faire partie du chœur privilégié, qui dans le ciel, aux pieds de votre trône, doit à jamais chanter vos louanges.

Je vous demande plus que je ne donne; mais, Vierge sainte, n'êtes-vous pas infiniment riche et puissante? Les pécheurs convertis par vous ne forment-ils pas dans le ciel votre plus belle couronne? Sauver mon âme sera donc un nouveau diamant ajouté à votre diadème? Et puis, divine Reine du saint Rosaire, la place d'un chevalier de votre garde royale n'est-elle pas à vos pieds, dans le ciel comme sur la terre? Vous me protégerez donc durant cette vie, vous m'assisterez à l'heure de ma mort, vous recueillerez mon âme au dernier soupir, et vous l'introduirez dans les tabernacles éternels, où elle vous aimera et vous louera à tout jamais, en union avec les Anges et les Saints. Amen.



dimanche 10 mai 2020

Tout à la gloire de Notre Dame

Notre Dame des Anges toute immaculée,
par Francesco Maria Schiaffino, XVIIe.

Prière à Marie
de Saint Cyrille d'Alexandrie

Je te salue, Marie, Mère de Dieu,
trésor vénéré de tout l'univers,
lumière qui ne s'éteint pas,
toi de qui est né le soleil de la justice,
sceptre de la vérité, temple indestructible.
Je te salue, Marie,
demeure de celui qu'aucun lieu ne contient,
toi qui as fait pousser un épi
qui ne se flétrira jamais.
Par toi les bergers ont rendu gloire à Dieu,
par toi est béni, dans l'Évangile,
celui qui vient au nom du Seigneur.
Par toi la Trinité est glorifiée,
par toi la croix est adorée dans l'univers entier.
Par toi exultent les cieux,
par toi l'humanité déchue a été relevée.
Par toi le monde entier a enfin connu la Vérité.
Par toi, sur toute la terre, se sont fondées des églises.
Par toi le Fils unique de Dieu
a fait resplendir sa lumière
sur ceux qui étaient dans les ténèbres,
assis à l'ombre de la mort.
Par toi les apôtres ont pu annoncer
le salut aux nations.
Comment chanter dignement ta louange,
Ô Mère de Dieu,
par qui la terre entière tressaille d'allégresse.



vendredi 8 mai 2020

Fête des appartitions de saint Michel Archange au Mont Gargan, à Rome et à Colosses

Saint Michel du Mont Gargan, autel majeur

« Vie nouvelle de Henri-Marie Boudon », par S.Exc.R. Mgr Matthieu, Archevêque de Besançon

L’amour que Boudon portait à Dieu était trop généreux et trop grand pour ne pas s’étendre à tous les lieux qu’il honora plus particulièrement de sa présence et à tout ce qui nous fait connaître sa charité pour nous et ses soins paternels.
Saint Grégoire le Grand processionnant à Rome contre
la peste, par H. le Blanc
C’est ainsi que content du succès de l’association pour le saint Sacrement de l’autel, il institua aussi de pieux pèlerinages à une chapelle de la sainte Vierge érigée à quelque distance d’Evreux sous le titre de Notre-Dame de bon secours et qu’on dut à son amour pour les anges la congrégation qu’il forma en leur honneur.

Il composa aussi un livre afin d’exciter à la dévotion envers ces purs esprits que tant de motifs devraient nous porter à aimer, soit que nous considérions Dieu ou que nous nous considérions nous-mêmes, qu’il appelle avec tant de justice les ambassadeurs célestes envers l’homme dont la mission lui est si douce et si avantageuse, dont l’amitié lui est si fidèle, que toutes ses ingratitudes ne peuvent en lasser la constance.

C’était dans une chapelle dédiée sous l’invocation de Saint Michel, sur une côte qui domine la ville, que les associés se réunissaient pour rendre leurs hommages aux hiérarchies angéliques tous les mardis et aux fêtes qui leur sont consacrées.
Apparitions de Saint Michel, à Colosses,
faisant jaillir une source miraculeuse
La révolution a enlevé ce lieu à sa sainte destination et maintenant il sert aux plus vils usages, de même qu’elle a anéanti jusqu’aux traces de la chapelle où se rassemblaient les confrères pour invoquer la sainte Vierge.

Mais le culte des saints anges subsiste encore à Evreux tel que l’a institué Boudon. Ceux qui s’y sont consacrés se réunissent pour continuer cette œuvre pieuse devant la chapelle où il célébrait la messe. On y offre le saint sacrifice tous les mardis aux mêmes intentions pour lesquelles il allait l’offrir à saint Michel et le Saint-Sacrement y réside toute l’année comme pour consoler ses cendres déposées sous le marchepied de l’autel.