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Sacro-Monto d'Ossucio, Lombardie |
De Sa Sainteté le Pape Benoît XVI, Basilique
Saint-Pierre de Rome, le 7 avril 2012
~ A Pâques, au matin du premier jour de la semaine,
Dieu a dit de nouveau : « Que
la lumière soit ! ». Auparavant il y avait eu la nuit du Mont des
Oliviers, l’éclipse solaire de la passion et de la mort de Jésus, la nuit du
sépulcre. Mais désormais c’est de nouveau le premier jour la création
recommence entièrement nouvelle. « Que
la lumière soit ! », dit Dieu, « et la lumière fut ».
Jésus se lève du tombeau. La vie est
plus forte que la mort. Le bien est plus fort que le mal. L’amour est plus fort
que la haine. La vérité est plus forte que le mensonge. L’obscurité des jours
passés est dissipée au moment où Jésus ressuscite du tombeau et devient,
lui-même, pure lumière de Dieu.
Ceci, toutefois, ne se réfère pas seulement à lui ni à l’obscurité de
ces jours. Avec la résurrection de
Jésus, la lumière elle-même est créée de façon nouvelle. Il nous attire tous
derrière lui dans la nouvelle vie de la résurrection et vainc toute forme
d’obscurité. Il est le nouveau jour de Dieu, qui vaut pour nous tous.

Pourquoi ? L’obscurité vraiment menaçante pour l’homme est le fait
que lui, en vérité, est capable de voir et de rechercher les choses tangibles,
matérielles, mais il ne voit pas où va le monde et d’où il vient. Où va notre vie elle-même ? Ce qu’est le bien et ce qu’est le mal ?
L’obscurité sur Dieu et sur les valeurs
sont la vraie menace pour notre existence et pour le monde en général. Si
Dieu et les valeurs, la différence entre le bien et le mal restent dans
l’obscurité, alors toutes les autres illuminations, qui nous donnent un pouvoir
aussi incroyable, ne sont pas seulement des progrès, mais en même temps elles
sont aussi des menaces qui mettent en péril nous et le monde. Aujourd’hui nous pouvons illuminer nos
villes d’une façon tellement éblouissante que les étoiles du ciel ne sont plus
visibles. N’est-ce pas une image de la problématique du fait que nous soyons
illuminés ? Sur les choses matérielles nous savons et nous pouvons
incroyablement beaucoup, mais ce qui va au-delà de cela, Dieu et le bien, nous
ne réussissons plus à l’identifier. C’est pourquoi, c’est la foi qui nous
montre la lumière de Dieu, la véritable illumination, elle est une irruption de
la lumière de Dieu dans notre monde, une ouverture de nos yeux à la vraie
lumière.

En second lieu, nous pouvons réfléchir sur le fait que la lumière du cierge est du feu. Le feu est
une force qui modèle le monde, un pouvoir qui transforme. Et le feu donne la
chaleur. Là encore le mystère du Christ se rend à nouveau visible. Le Christ, la lumière est feu, il est la
flamme qui brûle le mal transformant ainsi le monde et nous-mêmes. « Qui est près de moi est près du feu »,
exprime une parole de Jésus transmise par Origène. Et ce feu est en même temps chaleur, non une lumière froide, mais une
lumière dans laquelle se rencontrent la chaleur et la bonté de Dieu.
Le grand hymne de l’Exultet, que le diacre chante au début
de la liturgie pascale, nous fait encore remarquer d’une façon très discrète un
autre aspect. Il rappelle que ce produit, la
cire, est due en premier lieu au travail des abeilles. Ainsi entre en jeu
la création tout entière. Dans la cire,
la création devient porteuse de lumière. Mais, selon la pensée des Pères, il y a aussi une allusion implicite à
l’Église. La coopération de la communauté vivante des fidèles dans l’Église est
presque semblable à l’œuvre des abeilles. Elle construit la communauté de la
lumière. Nous pouvons ainsi voir dans la cire un rappel fait à nous-mêmes
et à notre communion dans la communauté de l’Église, qu’elle existe afin que la lumière du Christ puisse illuminer
le monde.
Prions le
Seigneur à présent de nous faire expérimenter la joie de sa lumière, et
prions-le, afin que nous-mêmes nous devenions des porteurs de sa lumière, pour
qu’à travers l’Église la splendeur du visage du Christ entre dans le monde (cf. Lumen Gentium n.1). Amen.