jeudi 28 novembre 2019

Veillez et priez. Convertissez-vous et faites pénitence, dit le Seigneur, afin que le pouvoir du démon soit réduit à néant


Tapisserie de l'Apocalypse, Angers.
SECTES ET SATANISME

A propos du culte de la Pachamama quatre prêtres exorcistes appellent à une journée de prière et de pénitence le 6 décembre.

Dans un communiqué commun, quatre exorcistes viennent d’appeler tous les catholiques à se joindre à une journée de prière et de réparation le vendredi 6 décembre pour chasser «toute influence diabolique du sein de l’Église», influence a pu s’y introduire du fait du rituel de la Pachamama auquel le pape François a assisté au Vatican au début du synode sur l’Amazonie, le 4 octobre dernier.

Les exorcistes demandent aux catholiques de faire du 6 décembre un jour de réparation, en récitant le chapelet, en adressant des prières au Sacré-Cœur de Jésus et en faisant pénitence sous forme de jeûne, d’abstinence ou autres mortifications.

Voici la déclaration complète des quatre exorcistes traduite par Jeanne Smits :

Les démons de l'Enfer se concertant pour
tromper les hommes et les perdre.
‘‘Au vu des événements récents en rapport avec le rituel de la Pachamama dans les Jardins du Vatican, suivie de la procession de l’idole dans la Basilique Saint-Pierre, ainsi que le fait de placer ces idoles dans l’église de Santa Maria in Traspontina, les paroles de saint Paul (1 Corinthiens 10:20) nous reviennent en mémoire : « Veux-je dire que ce qui a été immolé aux idoles soit quelque chose, ou que l’idole soit quelque chose ? Non ; mais ce que les païens immolent, ils l’immolent aux démons, et non à Dieu. Or je ne veux pas que vous soyez en société avec les démons. Vous ne pouvez pas boire le calice du Seigneur, et le calice des démons »
Les Psaumes (95,5) nous disent : « Car tous les dieux des nations sont des démons ; mais le Seigneur a fait les cieux. » Ces événements nous font saisir cette réalité : (Éphésiens 6:12) « Car ce n’est pas contre la chair et le sang que nous avons à lutter, mais contre les principautés et les puissances, contre les dominateurs de ce monde de ténèbres, contre les esprits de malice répandus dans l’air. » Ces événements nous font saisir cette réalité : nous sommes en guerre spirituelle, et la guerre se produit actuellement au sein de l’Eglise elle-même. »
‘‘Nous encourageons donc tous les catholiques qui reconnaissent le mal présent dans ces événements à se joindre à nous dans une journée de prière et de pénitence le 6 décembre, dans le but de chasser toute influence diabolique au sein de l’Eglise qui a pu s’y introduire à la suite de ces récents événements – ainsi que de tout autre événement.

‘‘Nous demandons à tous ceux qui y participeront dans cette intention de :
1. Dire le chapelet ;
2. De pratiquer une forme de pénitence, comme le jeûne, l’abstinence et d’autres types de mortification ;
3. D’adresser des prières au Sacré-Cœur, comme indiqué ci-dessous.
Nous encourageons également, dans cette intention, à faire une Heure Sainte devant le Saint Sacrement et à assister à la Messe ce jour-là, en offrant les mérites de la Messe pour cette intention.
Que la Miséricorde Divine repose sur nous tous.’’

Prière de Consécration du genre humain au Sacré-Cœur de Jésus
 
Saint Michel Archange terrassant les anges rebelles
« Très doux Jésus, Rédempteur du genre humain, jetez un regard favorable sur nous, qui sommes humblement prosternés au pied de Votre autel. Nous sommes et nous voulons être à Vous ; mais, pour que nous puissions Vous être unis par des liens plus solides, voici qu’en ce jour chacun de nous renouvelle spontanément sa Consécration à votre Sacré Cœur.
Beaucoup d’hommes ne Vous ont jamais connu ; beaucoup Vous ont méprisé en transgressant vos Commandements ; ayez pitié des uns et des autres, ô très bon Jésus, et entraînez-les tous vers votre Sacré Cœur. Ô Seigneur, soyez le Roi, non seulement des fidèles qui ne se sont jamais éloignés de Vous, mais aussi des enfants prodigues qui Vous ont abandonnés. Faites que ceux-ci se hâtent de regagner la maison paternelle pour ne pas périr de misère et de faim.
Soyez le Roi de ceux que des opinions erronées ont trompés ou qu’un désaccord a séparés de l’Eglise ; ramenez-les au port de la vérité et à l’unité de la foi, afin qu’il n’y ait bientôt qu’un troupeau et qu’un Pasteur.
Soyez enfin le Roi de tous ceux qui sont plongés dans les ténèbres de l’idolâtrie ou de l’islamisme ; ne refusez pas de les arracher aux ténèbres pour les ramener dans la lumière et le royaume de Dieu. Tournez vos yeux miséricordieux vers les enfants de cette race qui fut votre peuple élu. Jadis, ils appelèrent sur eux-mêmes le Sang du Rédempteur ; qu’il puisse aujourd’hui faire descendre sur eux  comme une ablution qui donne la rédemption et la vie.
Donnez, Seigneur, à votre Eglise la liberté et le salut. Accordez à toutes les nations l’ordre et la paix, et faites que, d’une extrémité à l’autre de la terre, résonne une seule parole : Louange au divin Cœur qui nous a donné le salut ; à Lui soient honneur et gloire dans tous les siècles. Ainsi soit-il ! »

Acte de réparation au Sacré-Cœur de Jésus

Cœur Sacré de Jésus, fournaise ardente de charité
« Très doux Jésus, vous avez répandu sur les hommes les bienfaits de votre charité, et leur ingratitude n’y répond que par l’oubli, le délaissement, le mépris. Nous voici donc prosternés devant votre autel, animés du désir de réparer, par un hommage spécial, leur coupable indifférence et les outrages dont, de toutes parts, ils accablent votre Cœur très aimant.
Cependant, nous souvenant que nous-mêmes, nous nous sommes dans le passé rendus coupables d’une si indigne conduite, et pénétrés d’une profonde douleur, nous implorons d’abord pour nous-même votre miséricorde. Nous sommes prêts à réparer, par une expiation volontaire, les fautes que nous avons commises, tout prêts aussi à expier pour ceux qui, égarés hors de la voie du salut, s’obstinent dans leur infidélité, refusant de vous suivre, vous, leur Pasteur et leur Chef, ou, secouant le joug si doux de votre loi, foulent aux pieds les promesses de leur baptême.
Nous voudrions expier pour tant de fautes lamentables, réparer pour chacune d’elles: désordres de la conduite, indécence des modes, scandales, corrupteurs des âmes innocentes, profanation des dimanches et des fêtes, blasphèmes exécrables contre vous et contre vos Saints, , insultes à votre Vicaire et à vos prêtres, abandon et violations odieusement sacrilèges du divin Sacrement de votre amour, péchés publics enfin des nations qui se révoltent contre les droits et l’autorité de votre Église.
Cœur immaculé de Marie, refuge des pécheurs
Que ne pouvons-nous effacer de notre propre sang tant d’offenses ! Du moins, pour réparer votre honneur outragé, nous vous présentons cette même satisfaction que vous avez offerte à votre Père sur la Croix et dont vous renouvelez l’offrande, chaque jour, sur l’autel; nous vous la présentons, accompagnée de toutes les satisfactions de la Très Sainte Vierge votre Mère, des Saints, des chrétiens fidèles. Nous vous promettons, de tout notre cœur, autant qu’il dépend de nous et avec le secours de votre grâce, de réparer nos fautes passées, celles de notre prochain, l’indifférence à l’égard d’un si grand amour, par la fermeté de notre foi, la pureté de notre vie, la docilité parfaite aux préceptes de l’Évangile, à celui surtout de la charité. Nous vous promettons aussi de faire tous nos efforts pour vous épargner de nouvelles offenses et pour entraîner à votre suite le plus d’âmes possible.
Agréez, nous vous en supplions, ô très bon Jésus, par l’intercession de la Bienheureuse Vierge Marie Réparatrice, cet hommage spontané d’expiation ; gardez-nous, jusqu’à la mort, inébranlablement fidèles à notre devoir et à votre service, accordez-nous ce don précieux de la persévérance qui nous conduise tous enfin à la patrie où, avec le Père et le Saint-Esprit, vous régnez, Dieu, dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il ! »

Coeur Sacré de Jésus, blessé douloureusement à cause de nos péchés et de nos injustices,
ayez pitié de nous, pardonnez-nous !


dimanche 24 novembre 2019

Solennité du Christ-Roi de l'Univers

Christ Pantocrator
Commentaire de Saint Augustin sur le Psaume 95

Tous les arbres des forêts bondiront de joie devant la face du Seigneur, car il vient, car il vient pour juger la terre. Il est venu une première fois, et il viendra. ~ La première fois, sa parole a résonné dans l'Évangile : Désormais, vous verrez le Fils de l'homme venir sur les nuées. Pourquoi désormais ? Est-ce que le Fils de l'homme ne viendra pas plus tard, lorsque se lamenteront toutes les tribus de la terre ? Il est d'abord venu en la personne de ses prédicateurs et c'est ainsi qu'il a rempli toute la terre. Ne résistons pas au premier avènement si nous ne voulons pas redouter le second. ~

Que doit donc faire le chrétien ? User du monde, ne pas servir le monde. En quoi cela consiste-t-il ? À posséder, comme si l'on ne possédait pas. C'est ce que dit saint Paul : D'ailleurs, frères, le temps est limité. Dès lors, que ceux qui ont une femme soient comme s'ils n'avaient pas de femme ; ceux qui pleurent, comme s'ils ne pleuraient pas, ceux qui se réjouissent, comme s'ils ne se réjouissaient pas, ceux qui font des achats, comme s'ils ne possédaient rien, ceux qui usent de ce monde, comme s'ils n'en usaient pas, car elle passe, la figure de ce monde. Je veux que vous soyez libres de tout souci. Celui qui est libre de tout souci attend avec sécurité la venue de son Seigneur. Car est-ce qu'on aime le Seigneur, lorsqu'on redoute sa venue ? Mes frères, est-ce que nous n'avons pas honte ? Nous aimons, et nous redoutons sa venue ! Aimons-nous vraiment, ou est-ce nous n'aimons pas davantage nos péchés ? Nous haïrons nos péchés eux-mêmes, et nous aimerons celui qui va venir pour punir les péchés. Il viendra, que nous le voulions ou non. Ce n'est pas parce qu'il ne vient pas maintenant qu'il ne viendra pas. Il viendra, et tu ne sais pas quand. Et s'il te trouve prêt, cela n'a pas d'inconvénient pour toi que tu ne le saches pas. ~

Et tous les arbres des forêts bondiront de joie. Il est venu une première fois, et il viendra pour juger la terre. Il trouvera bondissant de joie ceux qui ont cru à son premier avènement, car il vient. ~

Il jugera le monde avec justice, et les peuples selon sa vérité. Quelle justice et quelle vérité ? Il rassemblera auprès de lui ses élus pour le jugement, et les autres, il les séparera, car il mettra ceux-ci à sa droite, et ceux-là à sa gauche.

Qu'y aura-t-il de plus juste, de plus vrai que cela : ils n'attendront pas du juge la miséricorde, ceux qui n'ont pas voulu exercer la miséricorde avant la venue du juge. Ceux qui ont voulu exercer la miséricorde seront jugés avec miséricorde. Car il dira à ceux qu'il aura mis à sa droite : Venez, les bénis de mon Père, recevez en héritage le royaume préparé pour vous depuis la création du monde. Et il leur attribue des actes de miséricorde : J'avais faim, et vous m'avez donné à manger, j'avais soif et vous m'avez donné à boire, et toute la suite.

Juge des vivants et des morts, notre Seigneur
reviendra dans la gloire
Ceux qu'il a placés à sa gauche, qu'est-ce qu'il leur reproche ? De n'avoir pas voulu exercer la miséricorde. Et où iront-ils ? Allez au feu éternel. Cette sentence funeste suscitera un grand gémissement. Mais que dit un autre psaume ? Jamais on n'oubliera le juste. Il ne craint pas une sentence funeste. Quelle est cette sentence funeste ? Allez au feu éternel, préparé pour le démon et ses anges. Celui qui se réjouira d'une sentence favorable ne craindra pas une sentence funeste. ~ Voilà la justice, voilà la vérité.

Parce que tu es injuste, le juge ne sera pas juste ? Parce que tu es menteur, la vérité ne sera pas véridique ? Mais si tu veux rencontrer un juge miséricordieux, sois miséricordieux avant qu'il vienne. Pardonne, si l'on t'a offensé. Donne les biens que tu possèdes en abondance. Et avec quoi donneras-tu, sinon avec ce que tu tiens de lui ? Si tu donnais de ton bien, ce serait de la générosité. Puisque tu donnes ce que tu tiens de lui, c'est de la restitution. Que possèdes-tu que tu n'aies reçu ? Voilà les sacrifices qui sont très agréables à Dieu : miséricorde, humilité, reconnaissance, paix, charité. Si c'est cela que nous apportons, nous attendrons avec assurance l'avènement du juge, lui qui jugera le monde avec justice, et les peuples selon sa vérité.



jeudi 21 novembre 2019

fête de la Présentation de Marie au Temple de Jérusalem

Présentation de Notre Dame au Temple
Cette homélie d’Hésychius de Jérusalem en l’honneur d’une fête de la Vierge Marie a été prononcée un 15 août, peu après le concile d’Éphèse (431) qui venait de proclamer que Marie n’était pas uniquement la mère de Jésus, mais aussi la mère de Dieu. Le 15 août était dédié à la vénération de Marie mère de Dieu. Ce n’est que plus tard, sous l’empereur Maurice (582-602), que la fête de la Dormition et de l’Assomption de Marie fut définitivement fixée au 15 août.

1. Divers noms donnés à Marie
C’est à juste titre que toute langue sensée salue la Vierge mère de Dieu (θεοτκος) et quelle imite, selon ses moyens, Gabriel, le chef des anges. Lun dit à la Vierge Réjouis-toi (Lc 1, 28), l’autre lui déclare : Le Seigneur est issu de toi (Lc 1, 28), parce que le Seigneur est né d’elle et qu’avec une chair il a été manifesté à la race humaine. Celui-ci la surnomme Mère de lumière, celui-là Astre de vie. Un autre l’appelle Trône de Dieu, un autre Temple plus vaste que le ciel, un autre Chaire nullement inférieure à celle des chérubins, un autre encore Jardin sans semence, fertile et non cultivé, Vigne aux belles grappes, verdoyante, à laquelle on n’a pas touché, Tourterelle pure, Colombe sans tache, Nuée concevant son ondée sans destruction, Écrin dont la perle est plus brillante que le soleil, Carrière d’où est extraite, sans que personne ne la taille (cf. Dn 2,34-35.45), cette pierre qui recouvre toute la terre, Vaisseau chargé de marchandises qui n’a que faire d’un pilote, Trésor qui enrichit. Mais d’autres pareillement l’appellent Lampe sans orifice qui s’allume d’elle-même, Arche plus grande, plus longue, plus illustre que celle de Noé : celle-ci était une arche de vivants corruptibles mais celle-là, l’arche d’une vie incorruptible ; celle-ci a porté Noé mais celle-là, le créateur de Noé ; celle-ci possédait deux ou trois étages (cf. Gn 6, 16) mais celle-là, toute la plénitude de la Trinité, puisque précisément l’Esprit est venu en elle, que le Père l’a prise sous son ombre (cf. Lc 1, 35), et que le Fils l’a habitée quand il a été porté dans son sein : en effet, l’Esprit-Saint viendra sur toi, dit l’Écriture, et la puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre. C’est pourquoi l’enfant sera saint et sera appelé Fils de Dieu (Lc 1, 35). Tu vois combien grande et considérable est la dignité de la Vierge, mère de Dieu (θεοτκος). Le Fils unique de Dieu en effet, le créateur du monde, était porté par elle comme un nouveau-né, alors quil remodelait Adam, sanctifiait Ève, anéantissait le dragon, ouvrait le Paradis et maintenait fermé le sceau virginal. C’est en toute rigueur et d’une manière analogue qu’il faisait l’un et l’autre : il ouvrait en effet le Paradis, puisqu’il allait y introduire le larron (cf. Lc 23,43) et y conduire tous les héritiers du Royaume. Il maintenait fermé le sceau virginal puisque, étant Dieu et Verbe, celui qui est incarné n’avait nullement besoin de porte pour entrer ou pour sortir.

2. Buisson ardent, Porte orientale, Jardin fermé, Source scellée 
Icone de Notre Dame de Palestine
C’est donc pour toi, ô Vierge, que les prophètes partagent leurs louanges et que chacun de ces porteurs de Dieu célèbre, parmi tes merveilles, les mystères qui lui ont été confiés. L’un t’appelle Verge de Jessé (cf. Is 11, 1), afin d’insinuer le caractère invulnérable et inflexible de ta virginité. L’autre te compare au Buisson qui brûle et ne se consume point (cf. Ex 3, 2), afin d’insinuer que le fils unique a une chair et que le vierge est la mère de Dieu (θεοτκος) : Marie en effet brûlait et ne se consumait point, puisqu’elle a enfanté sans que son sein ait été ouvert, qu’elle a conçu sans flétrir sa virginité, qu’elle a mis au monde son nouveau-né tout en gardant son sein scellé, qu’elle lui a donné du lait en conservant ses mamelles loin de tout contact, qu’elle a porté un petit enfant sans connaître un homme qui serait le père de celui-ci, qu’elle est devenue mère sans être devenue épouse. Un fils était élevé et on ne lui découvrait pas de père. Le champ produisait une récolte et la récolte n’avait pas de cultivateur : il a donné une moisson et n’a pas reçu de semence. Un fleuve courait et sa source était fermée de toutes parts, afin de manifester tout ensemble que tu étais devenue mère et que tu n’avais pas subi le sort des mères. Tu as mis au monde comme une femme et tu n’as pas souffert de flétrissure comme une femme. Tu portais dans ton sein selon la loi de la nature, puisque tu attendais le moment fixé pour l’enfantement, mais en effet tu as conçu aussi en dehors de la loi de la nature. Un autre t’a nommée Porte fermée (cf. Éz 44, 1), mais située à l’Orient (cf. Jn 20, 19) et introduisant le roi, bien que les porte demeurent fermées. De même encore il t’a appelée Porte menant au-dehors, puisque tu es devenue la porte de la vie présente pour le Fils unique, Porte située à l’Orient (cf. Éz 44, 1) puisque la vraie lumière éclairant tout homme venant dans le monde (Jn 1, 9) sort de ton sein, comme d’un dais nuptial et royal. Tu as introduit le roi au-dedans bien que les portes fussent fermées, mais de nouveau tu l’as produit au-dehors : le Roi de gloire en effet, ni dans sa conception, ni non plus d’aucune manière dans sa naissance, n’a ouvert les portes de ton sein, ni relâché les liens de ta virginité. Il t’a nommée Jardin fermé (Ct 4, 12) et Source scellée (Ct 4, 12), cet époux qui est né de toi : il t’a appelée d’avance, dans le CantiqueJardin fermé (Ct 4, 12), puisque la faux ou la moisson d’une flétrissure ne t’a pas atteinte, mais que la fleur issue en toute pureté de la verge de Jessé (cf. Is 1, 11) est offerte, en toute pureté aussi, au genre humain, du fait qu’elle a été cultivée pour toi par l’Esprit seul, qui est pur et sans tache. (Il t’a appelée) Source scellée (Ct 4, 12) puisqu’un fleuve de vie, sorti de toi, a rempli la terre habitée, mais que le rameau nuptial n’a pas épuisé la source.

3. Prophétie de David : l’arche de ton sanctuaire
À ton sujet, David ne cesse de chanter sur sa cithare celui qui est issu de toi : Lève-toi, Seigneur, pour (venir au lieu de) ton repos, toi et l’arche de ta sainteté (Ps 131, 8). Lève-toi  : d’où ? Du sein du Père, non pour te séparer du Père - il n’est pas permis en effet ni de le concevoir ni de le dire -, mais afin de réaliser le plan rédempteur qui d’avance a été fixé d’en haut, pour toi, avant les siècles et avant les générations. Lève-toi, afin de relever ceux qui sont tombés, afin de redresser ceux qui ont trébuché, afin de reprendre ton bien, que l’ennemi a détenu jusqu’à maintenant de manière tyrannique. Lève-toi, Seigneur, pour (venir au lieu de) ton repos (Ps 131, 8), que tu t’es fixé sur la terre et arrangé à Bethléem : la grotte, la crèche (cf. Lc 2, 7.12.16) et les langes (cf. Lc 2, 7.12). Dans les cieux en effet, tu n’as pas besoin de repos, tu es au contraire le repos de toute la création ; mais, sur terre, tu souffres pour nous la condition charnelle. N’as-tu pas supporté en effet la faim, la soif et la fatigue ? Mais bien qu’affamé, tu es le pain de vie (Jn 6, 35) ; bien qu’assoiffé, tu es toi-même la consolation de ceux qui ont soif (cf. Jn 7, 37) puisque tu es devenu un fleuve d’incorruptibilité - ; bien que fatigué par tes marches sur la terre ferme, tu foules sans fatigue les flots de la mer. Lève-toi, Seigneur, pour (venir au lieu de) ton repos, toi et l’arche de ta sainteté (Ps 131, 8) : manifestement la Vierge, la mère de Dieu (θεοτκος). Si en effet tu es la perle, à juste titre celle-là est le coffret ; puisque tu es le soleil (Mal 3, 20), nécessairement la Vierge sera appelée Ciel ; puisque tu es la fleur qui ne se flétrit pas, la Vierge est donc la Plante d’incorruptibilité, le Paradis d’immortalité.

4. Prophéties sur l’enfantement virginal : le fait, le lieu, le moment
C’est pour elle qu’à l’instant Isaïe a proclamé de la part de Dieu : Voici que la Vierge concevra dans son sein, qu’elle enfantera un fils et qu’on lui donnera le nom d’Emmanuel (Is 7, 14). Voici que la Vierge : laquelle ? Celle qui a été distinguée entre les femmes et choisie parmi les vierges, l’ornement magnifique de notre nature, la fierté de notre limon, la femme qui a libéré Ève de son opprobre et affranchi Adam de la peine qui le menaçait, celle qui a amputé le dragon de son effronterie, celle que la fumée du désir n’a pas atteinte et que le ver de la volupté lui non plus n’a pas gâtée. Voici que la Vierge concevra dans son sein (cf. Mt 1, 23) : de qui, ô prophète ? - « Je ne le dis pas, répond-il, car cela est réservé à Gabriel. Ils sont beaucoup à se partager les merveilles de la mère de Dieu, mais néanmoins beaucoup de ces merveilles sont passées sous silence : du moins j’ai reçu en dépôt l’enfantement de celle qui demeure toujours vierge, Michée s’est vu confier l’endroit dans lequel la merveille s’est accomplie (Is 7, 14) et David son moment, car il a inséré cette phrase dans sa prophétie des psaumes : De mon sein, avant l’aurore, je t’ai engendré (Ps 109, 3). C’est donc Gabriel qui dira de qui (elle conçoit) : il descend en effet du ciel ; il est envoyé pour cela même vers la Vierge ; il arrive au moment de l’enfantement, et le soin d’en expliquer la nature lui est nécessairement confié. Mais si tu veux apprendre aussi de moi, parcours la suite de ma prophétie : Elle enfantera un fils et on lui donnera le nom d’Emmanuel » (Is 7, 14). Que signifie Emmanuel Dieu avec nous (cf. Lc 2, 7.12.16). Est-ce qu’un Dieu est conçu à la suite d’un mariage et d’une flétrissure ? Peut-il naître ou s’incarner en vertu d’une étreinte humaine ? - Absolument pas, mais en vertu de l’opération divine, de la visite du Très-Haut, de la venue de l’Esprit.

5. Le message de Gabriel
Couronnement de Marie, Sainte-Marie Majeure
Ainsi donc lorsque la Vierge disait à Gabriel : Comment cela se fera-t-il puisque je ne connais point d’homme ? (Lc 1, 34) c’est-à-dire : « Cette merveille me frappe de stupeur, cette parole me confond », la révélation de l’ange jette la Vierge hors d’elle-même. « tu dis des choses merveilleuses, mais elles me sont suspectes à cause de leur étrangeté. Je crains la nouveauté de ce que tu annonces, je suis troublée à cause du caractère très insolite de tes paroles. Comment cela se fera-t-il, puisque je ne connais point d’homme ? (Lc 1, 34) Comment serai-je mère, sans être devenue épouse ? Je n’ai pas flétri la fleur de mon printemps, je n’ai pas dénoué la ceinture de ma virginité, je n’ai pas relâché les liens de mon sein, je n’ai pas rompu le sceau de mes entrailles. » L’ange aussitôt ajouta : L’Esprit Saint viendra sur toi et la puissance du Très Haut te prendra sous son ombre (Lc 1, 35) c’est-à-dire : « Si tu connaissais un homme, tu n’aurais pas enfanté un Dieu qui a consenti de prendre la condition d’esclave (Phi 2, 7), de toi, par toi, sans flétrissure ; tu ne serais pas devenue l’instrument de l’incarnation par celui qui a tout créé. Mais puisque tu te trouves pure d’étreinte nuptiale, puisque tu as gardé ton temple sans corruption et ton tabernacle libre de toute souillure, le Père vient en toi, l’Esprit te prend sous son ombre (Lc 1, 35), et le Fils unique naît de toi avec une chair. Quant à toi, ne mets donc en doute, d’aucune manière, les mystères qui suivront, ne les mets pas en doute, toi qui enfantes dans une grotte le démiurge de toute la création, ne les mets pas en doute toi qui assoies dans une crèche (cf. Lc 2, 7.12.16) celui qui est assis sur le dos des chérubins (Ps 79, 2 Is 37, 16 Dn 3, 55 Éz 1, 18), toi qui n’as pas de place dans l’hôtellerie (cf. Lc 2, 7) et qui es la mère d’un roi régnant sur les êtres d’en haut et sur ceux d’en bas. »

6. Les desseins du Fils de Dieu

C’est en effet de son plein gré qu’il naît de toi dans la pauvreté (cf. 2 Co 8, 9), afin de soumettre les riches à son frein et de devenir, pour les pauvres, un principe de patience, un maître d’action de grâces. De son plein gré il est posé sur la crèche, pour que les gens menant une vie de bête accourent et trouvent le Verbe assis sur la crèche, pour qu’ils reçoivent de lui la dignité de la raison, pour qu’ils trouvent du froment alors qu’ils attendent de la paille, pour qu’ils accourent comme du bétail croyant trouver des poignées de grains dans la crèche (cf. Lc 2, 7.12.16), et qu’ils mangent le pain véritable (Jn 6, 32), l’aliment de la vie, le repas de la lumière, la nourriture de la joie, le doux breuvage de l’incorruptibilité, d’où viennent la connaissance du Royaume, les arrhes (cf. Eph 1,14) de l’adoption, l’héritage des cieux, la communion avec le Père, le Fils et le Saint Esprit : gloire à lui dans les siècles des siècles. Amen.


mardi 19 novembre 2019

Jésus ou le néant !

Le Seigneur Jésus délivrant les possédés à Gadara
Du vénérable abbé Henri Marie Boudon, « L’homme de Dieu », partie II, chap. 16, De la nécessité de l’union avec Notre Seigneur Jésus Christ

La nécessité de l’union de l’âme avec Notre Seigneur Jésus-Christ est plus grande que celle des branches avec la vigne, que celle des membres avec la tête, que celle du corps avec l’âme.

Figurez-vous un corps sans âme : il n’a pas le moindre mouvement ; il a des yeux sans voir ; des oreilles sans entendre ; une bouche et une langue sans pouvoir parler ; des mains sans toucher ; des pieds sans marcher ; il est insensible sans voir, sans entendre et sans pouvoir rien faire. Voilà le déplorable état d’une âme en péché mortel : ne vous étonnez pas ensuite si elle écoute les plus grandes et terribles vérités de la religion comme si elle ne les écoutait pas ; si elle voit les précipices des enfers comme si elle ne les voyait pas ; si elle ne craint pas son malheur éternel - elle qui est si sensible à une bagatelle temporelle - ; si elle demeure dans un état dont la seule idée est capable de faire mourir de frayeur sans en être beaucoup inquiétée, riant, prenant du plaisir et se tenant dans ce faux repos : c’est qu’elle est comme un corps sans âme.

Icône illustrant la parabole de l'ivraie et du bon grain
Tout ce qui ne vit pas et n’est point animé de l’esprit de Jésus-Christ, n’est point vivant et est nécessairement mort : Jésus-Christ étant notre unique vie. Représentez-vous un membre du corps séparé de la tête : il est sans aucune vigueur et sans aucune force ; c’est l’état d’une personne hors de l’union avec Notre Seigneur Jésus-Christ.

Il nous a enseigné lui-même que nous ne pouvions rien faire sans lui ; ainsi nous ne pouvons pas faire la moindre petite action chrétienne sans le mouvement de son divin Esprit, pas dire une seule parole, pas avoir même une seule bonne pensée. C’est lui qui anime le Chrétien ; c’est lui qui le vivifie ; c’est lui qui agit en lui et qui lui donne la force pour opérer saintement. Il est plus, dit saint Augustin, l’esprit de mon esprit que mon âme n’est l’âme de mon corps.

Que le Chrétien juge de là combien ses actions doivent être saintes, excellentes et parfaites, et les plus viles même, comme celles du boire et du manger, puisqu’elles partent d’un principe si divin. Car, enfin, c’est une maxime constante que l’action doit suivre l’être. Mais la divine Providence nous a fait donner au public un traité de ces grandes vérités intitulé « La science et la pratique du Chrétien » où nous avons plus amplement parlé de la grâce chrétienne.

Illustration du fils prodigue, loin de la maison de son père
Considérez enfin le sarment séparé de la vigne : non seulement il ne porte plus de fruit, mais il sera jeté, dit le Sauveur, il séchera et on le ramassera pour le faire brûler dans le feu (Joan xv,6) ; c’est la comparaison dont se sert ce divin Maître qui nous assure que, celui qui ne demeurera point, en lui sera traité en la même manière (ibid., 4). Aussi il ne reste que le feu d’enfer à celui qui est séparé de JésusÔ mon Dieu ! Est-il bien possible qu’une âme soit assez malheureuse pour se réduire dans un état si lamentable !



Mourir dans la paix du Christ

Le Christ mort, Semaine Sainte, Crevillent
Une sainte et pieuse mort

De Saint Alphonse de Liguori, prière au pied d’un mourant avec son crucifix

O doux Jésus ! ne permettez pas que je sois séparé de vous. Seigneur ! que les souffrances et les ignominies de votre passion et le sacrifice de votre sang ne soient pas perdus pour moi.

Père éternel, par les mérites de la mort de Jésus-Christ, faites que je meure dans votre grâce et dans votre amour, pour avoir le bonheur de vous aimer éternellement. Je vous remercie de tous les bienfaits que vous m'avez prodigués durant ma vie, et particulièrement de la grande grâce que vous m'avez faite en m'appelant à la vraie foi, et en me procurant dans mes derniers combats les secours des saints sacrements. Vous voulez que je meure, et je le veux aussi pour vous plaire.

Ah ! Jésus, mon Sauveur, c'est peu que je meure pour vous, qui êtes mort pour moi. Content de mourir, je vous dis avec saint François : "Que Je meure pour l'amour de votre amour, ô vous qui avez daigné mourir pour l'amour de mon amour !". J'accepte sans me plaindre, la mort et toutes les peines que j'aurai à souffrir jusqu'à ce que j'expire; aidez-moi à les supporter avec une parfaite résignation à votre sainte volonté. Je vous les offre toutes pour votre gloire, en les unissant aux souffrances que vous avez endurées dans votre passion.

La Vierge Marie, mère des douleurs
Père éternel, je vous fais le sacrifice de ma vie et de toute ma personne; daignez l'agréer par les mérites du grand sacrifice que Jésus, votre divin Fils, vous a fait de lui-même sur la croix.

O Mère de Dieu et ma Mère, Marie, vous m'avez obtenu de Dieu tant de grâces durant ma vie; je vous en remercie de tout mon cœur. Ah ! ne m'abandonnez pas, maintenant que ma mort approche, et que j'ai un plus grand besoin de votre secours. Priez Jésus pour moi, et multipliez vos prières. Procurez-moi plus de douleur de mes péchés et plus d'amour pour Dieu, afin que j'aie le bonheur d'aller l'aimer avec vous dans le ciel, toujours et de toutes mes forces. Marie, mon espérance, je me confie en vous.