vendredi 31 janvier 2020

Prions les Anges pour qu'ils nous protègent


Saint Pierre Favre, Mémorial, 1er avril 1543

Dans chaque pièce et dans chaque salle de la maison, je dis à genoux cette prière :
« Visitez cette demeure, nous vous en prions, Seigneur ; écartez d'elle toutes les embûches de l'ennemi, pour que vos saints anges y habitent et nous gardent dans la paix, et que votre bénédiction soit sur nous à jamais, par le Christ notre Seigneur. »

Je le fis avec une vraie dévotion et avec le sentiment qu'il était convenable et bon d'agir ainsi en entrant pour la première fois quelque part.
J'invoquais ensuite les anges gardiens des voisins et je sentis que cela aussi était convenable et bon quand on change de quartier. Je priai pour que mes compagnons de logis et moi, nous n'ayons à subir aucun mal de la part des mauvais esprits du voisinage, et tout spécialement de cet esprit de fornication qui doit certainement se trouver avec les prostituées, les adultères et les débauchés dont j'ai appris l'existence dans le quartier.



mardi 28 janvier 2020

28 janvier - Saint Thomas d'Aquin, docteur commun de l'Eglise

Saint Thomas d'Aquin, op.

Extraits de l’homélie du Pape Paul VI à Manille, le 29 novembre 1970

Malheur à moi si je n'annonçais pas l'Évangile! Car c'est par lui, par le Christ lui-même, que j'ai été envoyé pour cela.

Je suis apôtre, je suis témoin. Plus le but est éloigné, plus la mission est difficile, plus est vif l'amour qui nous pousse. Je dois proclamer son nom : Jésus est le Christ, le Fils du Dieu vivant. C'est lui qui nous a révélé le Dieu invisible, c'est lui qui est le premier-né de toute créature, c'est en lui que tout subsiste. Il est le maître de l'humanité et son rédempteur ; il est né, il est mort, il est ressuscité pour nous.

Il est le centre de l'histoire du monde ; il nous connaît et nous aime ; il est le compagnon et l'ami de notre vie, l'homme de la douleur et de l'espérance ; c'est lui qui doit venir, qui sera finalement notre juge et aussi, nous en avons la confiance, notre vie plénière et notre béatitude

Je n'en finirais jamais de parler de lui ; il est la lumière, il est la vérité ; bien plus, il est le chemin, la vérité et la vie. Il est le pain, la source d'eau vive qui comble notre faim et notre soif. Il est notre berger, notre chef, notre modèle, notre réconfort, notre frère. Comme nous et plus que nous, il a été petit, pauvre, humilié, travailleur, opprimé, souffrant. C'est pour nous qu'il a parlé, accompli ses miracles, fondé un royaume nouveau où les pauvres sont bienheureux, où la paix est le principe de la vie commune, où ceux qui ont le cœur pur et ceux qui pleurent sont relevés et consolés, où les affamés de justice sont rassasiés, où les pécheurs peuvent obtenir le pardon où tous découvrent qu'ils sont frères.
Le Saint Nom de Jésus adoré par les Anges,
proclamé par les Hommes

Voilà Jésus Christ dont vous avez au moins entendu parler et déjà certainement pour la plupart, à qui vous appartenez, puisque vous êtes chrétiens. C'est donc à vous, chrétiens, que je répète son nom, et je l'annonce à tous les hommes : le Christ Jésus est le principe et la fin, l'alpha et l'oméga, le roi du monde nouveau, l'explication mystérieuse et ultime de l'histoire humaine et de notre destinée ; il est le médiateur et pour ainsi dire le pont entre la terre et le ciel. Il est, de la façon la plus haute et la plus parfaite, le Fils de l'homme, parce qu'il est le Fils de Dieu, éternel, infini, et il est le fils de Marie, bénie entre toutes les femmes, sa mère selon la chair, notre mère par notre participation à l'Esprit du Corps mystique.

Jésus Christ ! Souvenez-vous : c'est lui que nous proclamons devant vous pour l'éternité ; nous voulons que son nom résonne jusqu'au bout du monde et pour tous les siècles des siècles


samedi 25 janvier 2020

Conversion de Saint Paul

Les saints Pierre et Paul

Commentaire d'un prêtre sur l'attitude très libre de ses confrères vis à vis de la divine liturgie

C'est le Seigneur, adorons-Le !
Ce qui en soi est dramatique pour la foi des fidèles catholiques, c’est que la grande majorité des clercs, qu’ils soient simples prêtres ou qu’ils soient évêques, est devenue incapable de voir ce qu’ils font de travers en liturgie et de comprendre pourquoi ils devraient corriger leurs façons de célébrer la messe.

Ils ne voient plus parce qu’ils sont habitués à toutes sortes de fantaisies liturgiques ; ils ne comprennent plus parce que leur formation théologique est gravement défaillante et qu’en plus l’‘‘esprit de foi leur fait défaut’’



Du Saint Pape Jean-Paul II, lettre Dominicae Cenae 


12. Nous ne pouvons pas oublier, même un instant, que l'Eucharistie est un bien particulier de toute l'Eglise. C'est le don le plus grand que, dans l'ordre de la grâce et du sacrement, le divin Epoux ait offert et offre sans cesse à son Epouse. Et c'est justement parce qu'il s'agit d'un tel don que nous devons tous, dans un esprit de foi profonde, nous laisser guider par le sens d'une responsabilité vraiment chrétienne. Un don nous oblige toujours plus profondément, parce qu'il nous parle non pas tant par la force d'un droit strict, que par la force de la confiance personnelle ; ainsi, sans obligations légales, il exige confiance et gratitude. L'Eucharistie est un tel don, elle est un tel bien. Nous devons rester fidèles dans les détails à ce qu'elle exprime en elle-même et à ce qu'elle nous demande, c'est-à-dire l'action de grâces. 

L'Eucharistie est un bien commun de toute l'Eglise, comme sacrement de son unité. L'Eglise a donc le devoir rigoureux de préciser tout ce qui concerne la participation à l'Eucharistie et sa célébration. Il nous faut agir, par conséquent, selon les principes établis par le dernier Concile qui, dans sa constitution sur la sainte liturgie, a défini les autorisations et les obligations de chaque Evêque dans son diocèse comme aussi des Conférences épiscopales, étant donné que les uns et les autres agissent en unité collégiale avec le Siège Apostolique.

Nous devons en outre suivre les ordonnances publiées par les différents dicastères en ce domaine : aussi bien en matière liturgique, dans les règles établies par les livres liturgiques en ce qui concerne le mystère eucharistique, et dans les instructions consacrées au même mystère, que pour ce qui regarde la "communicatio in sacris", dans les normes du "Directorium de re oecumenica" et dans l'"Instruction sur les cas d'admission des autres chrétiens à la communion eucharistique dans l'Eglise catholique". Et même si la possibilité d'une certaine autonomie "créative" a été admise dans cette étape de renouveau, il faut toutefois respecter strictement les exigences de l'unité substantielle. ~

Cette tâche sur laquelle, par la force des choses, doit veiller le Siège Apostolique, devrait être assumée non seulement par les diverses Conférences épiscopales, mais aussi par tout ministre de l'Eucharistie, sans exception. Chacun doit en outre se rappeler qu'il est responsable du bien commun de toute l'Eglise. Le prêtre, comme ministre, comme célébrant, comme étant celui qui préside l'assemblée eucharistique des fidèles, doit avoir un sens particulier du bien commun de l'Eglise, qu'il représente par son ministère, mais auquel il doit être aussi subordonné selon une discipline correcte de la foi. Il ne peut pas se considérer comme un "propriétaire", qui dispose librement du texte liturgique et du rite sacré comme de son bien propre, en allant jusqu'à lui donner un style personnel et arbitraire. Cela peut parfois sembler plus efficace, cela peut aussi mieux correspondre à une piété subjective, mais objectivement c'est toujours trahir l'union qui doit trouver son expression surtout dans le sacrement de l'unité.

Tout prêtre qui offre le Saint Sacrifice doit se rappeler que, pendant ce sacrifice, ce n'est pas lui seulement avec sa communauté qui prie, mais c'est toute l'Eglise qui prie, exprimant ainsi, notamment en utilisant le texte liturgique approuvé, son unité spirituelle dans ce sacrement. Si quelqu'un voulait appeler une telle position "uniformisme", cela prouverait seulement l'ignorance des exigences objectives de l'unité authentique, et ce serait un symptôme d'individualisme dangereux.

La subordination du ministre, du célébrant, au "Mysterium" qui lui a été confié par l'Eglise pour le bien de tout le peuple de Dieu, doit aussi trouver son expression dans l'observation des exigences liturgiques relatives à la célébration du Saint Sacrifice. Ces exigences portent, par exemple, sur l'habit, et en particulier sur les ornements que revêt le célébrant. Il est naturel qu'il y ait eu et qu'il y ait des circonstances dans lesquelles les prescriptions n'obligent pas. Nous avons lu avec émotion, dans des livres écrits par des prêtres qui avaient été prisonniers dans des camps d'extermination, des relations de célébrations eucharistiques faites sans suivre ces règles, c'est-à-dire sans autel et sans ornements. Si, en de telles conditions, cela était une preuve d'héroïsme et devait susciter une profonde estime, dans des conditions normales toutefois, négliger les prescriptions liturgiques peut être interprété comme un manque de respect envers l'Eucharistie, éventuellement dicté par l'individualisme ou par un défaut de sens critique au sujet des opinions courantes, ou par un certain manque d'esprit de foi.

Sur nous tous qui sommes, par grâce de Dieu, ministres de l'Eucharistie, pèse de façon particulière une responsabilité à l'égard des idées et des attitudes de nos frères et de nos sœurs qui sont confiés à notre charge pastorale. Notre vocation est de susciter, surtout par l'exemple personnel, toute saine manifestation de culte envers le Christ présent et opérant dans le sacrement de l'amour. Dieu nous préserve d'agir diversement, d'affaiblir ce culte en nous "déshabituant" de diverses manifestations et formes de culte eucharistique, dans lesquelles s'exprime une piété peut-être "traditionnelle" mais saine, et surtout le "sens de la foi" qui est l'apanage de tout le peuple de Dieu, comme l'a rappelé le Concile Vatican II !

Sacerdos alter Christus
En arrivant au terme de ces considérations, je voudrais demander pardon - en mon nom et en votre nom à tous, vénérés et chers Frères dans l'épiscopat - pour tout ce qui, en raison de quelque faiblesse humaine, impatience, négligence que ce soit, par suite également d'une application parfois partielle, unilatérale, erronée des prescriptions du Concile Vatican II, peut avoir suscité scandale et malaise au sujet de l'interprétation de la doctrine et de la vénération qui est due à ce grand sacrement. Et je prie le Seigneur Jésus afin que désormais, dans notre façon de traiter ce mystère sacré, soit évité ce qui peut affaiblir ou désorienter d'une manière quelconque le sens du respect et de l'amour chez nos fidèles.

Que le Christ lui-même nous aide à poursuivre sur les voies du renouveau véritable, vers la plénitude de vie et de culte eucharistique par laquelle il construit l'Eglise dans l'unité qu'elle possède déjà, et qu'elle désire réaliser davantage encore pour la gloire du Dieu vivant et pour le salut de tous les hommes !


vendredi 24 janvier 2020

Saint François de Sales, un saint Evêque modèle pour les Evêques

Saint François de Sales en prière.

Lettre de S. Ignace d’Antioche à l’Evêque S. Polycarpe de Smyrne

Ignace, dit aussi Théophore, à Polycarpe, évêque (surveillant) de l’Église de Smyrne, ou plutôt surveillé lui-même par Dieu le Père et le Seigneur Jésus-Christ, toute sorte de joies.

VI. 1. Attachez-vous à l’évêque, pour que Dieu aussi s’attache à vous. J’offre ma vie pour ceux qui se soumettent à l’évêque, aux prêtres, aux diacres ; et puisse-t-il m’arriver d’avoir avec eux part en Dieu. Peinez ensemble les uns avec les autres, ensemble combattez, luttez, souffrez, dormez, réveillez-vous, comme des intendants de Dieu, comme ses assesseurs, ses serviteurs.
2. Cherchez à plaire à celui sous les ordres de qui vous faites campagne (cf. 2Ti 2.4), de qui aussi vous recevez votre solde, qu’on ne trouve parmi vous aucun déserteur. Que votre baptême demeure comme votre bouclier, la foi comme votre casque, la charité comme votre lance, la patience comme votre armure. Vos dépôts, ce sont vos œuvres, afin que vous receviez comme il convient les sommes auxquelles vous avez droit. Soyez donc patients les uns envers les autres, dans la douceur, comme Dieu l’est pour vous. Puissé-je jouir de vous continuellement.

VII. 3. Le chrétien n’a pas pouvoir sur lui-même, mais il est libre pour le service de Dieu. Cela, c’est l’œuvre de Dieu, et aussi la vôtre quand vous aurez accompli cela. J’ai foi en la grâce et je crois que vous êtes prêts à faire une bonne action qui convient à Dieu. Connaissant votre zèle sans relâche pour la vérité, je vous ai exhortés par ces quelques mots.


mardi 21 janvier 2020

Martyre de Louis XVI



Albert Camus in L’homme révolté, La Pléïade, p. 528-529

Le 21 janvier, avec le meurtre du Roi-prêtre, s’achève ce qu’on a appelé significativement la passion de Louis XVI.
Certes, c’est un répugnant scandale d’avoir présenté, comme un grand moment de notre histoire, l’assassinat public d’un homme faible et bon. Cet échafaud ne marque pas un sommet, il s’en faut. Il reste au moins que, par ses attendus et ses conséquences, le jugement du roi est à la charnière de notre histoire contemporaine. Il symbolise la désacralisation de cette histoire et la désincarnation du Dieu Chrétien. Dieu, jusqu’ici, se mêlait à l’histoire par les Rois. Mais on tue son représentant historique, il n’y a plus de roi. Il n’y a donc plus qu’une apparence de Dieu relégué dans le ciel des principes.

Les révolutionnaires peuvent se réclamer de l’Evangile. En fait, ils portent au Christianisme un coup terrible, dont il ne s’est pas encore relevé. Il semble vraiment que l’exécution du Roi, suivie, on le sait, de scènes convulsives, de suicides ou de folie, s’est déroulée tout entière dans la conscience de ce qui s’accomplissait. Louis XVI semble avoir, parfois, douté de son droit divin, quoiqu’il ait refusé systématiquement tous les projets de loi qui portaient atteinte à sa foi. Mais à partir du moment où il soupçonne ou connaît son sort, il semble s’identifier, son langage le montre, à sa mission divine, pour qu’il soit bien dit que l’attentat contre sa personne vise le Roi-Christ, l’incarnation divine, et non la chair effrayée de l’homme.

Son livre de chevet, au Temple, est l’Imitation de Jésus-Christ.
La douceur, la perfection que cet homme, de sensibilité pourtant moyenne, apporte à ses derniers moments, ses remarques indifférentes sur tout ce qui est du monde extérieur et, pour finir, sa brève défaillance sur l’échafaud solitaire, devant ce terrible tambour qui couvrait sa voix, si loin de ce peuple dont il espérait se faire entendre, tout cela laisse imaginer que ce n’est pas Capet qui meurt mais Louis de droit divin, et avec lui, d’une certaine manière, la Chrétienté temporelle. Pour mieux affirmer encore ce lien sacré, son confesseur le soutient dans sa défaillance, en lui rappelant sa « ressemblance » avec le Dieu de douleur. Et Louis XVI alors se reprend, en reprenant le langage de ce Dieu : « Je boirai, dit-il, le calice jusqu’à la lie ».
Puis il se laisse aller, frémissant, aux mains ignobles du bourreau.


dimanche 19 janvier 2020

Manifestons pour la vie et la famille

Communiqué de S.Exc. Mgr. Michel Aupetit, Archevêque de Paris sur le projet de loi bioéthique :
« Si nous nous taisons, les pierres crieront » (cf. Lc 19, 40).
Après avoir commencé à détruire la planète, allons-nous laisser défigurer notre humanité ? Qui osera élever la voix ?
À l’heure de l’examen par le Sénat du projet de loi bioéthique, une prise de conscience est urgente. Depuis des années, nous nous engageons toujours plus avant vers une dérive mercantile de pays nantis qui se payent le luxe d’organiser un trafic eugéniste avec l’élimination systématique des plus fragiles, la création d’embryons transgéniques et de chimères.
Comment se fait-il que notre société si soucieuse, à juste titre, du respect de l’écologie pour la planète, le soit si peu quand il s’agit de l’humanité ? Tout est lié.
Je le répète une fois encore : l’enfant est un don à recevoir, pas un dû à fabriquer. L’absence d’un père est une blessure que l’on peut subir, mais il est monstrueux de l’infliger volontairement.
Comme vient de le rappeler le Conseil permanent de la Conférence des évêques de France, il faut garantir au nom de la liberté le droit à l’objection de conscience dans ces domaines.
Il est encore temps pour le législateur de se ressaisir, d’oser dépasser les postures idéologiques et pour tous les citoyens de faire entendre la voix du bon sens, de la conscience et de la fraternité humaine.


Croire en Jésus-Christ, Fils de Dieu et Sauveur du monde


Syméon le Nouveau Théologien, Catéchèse n°29

Beaucoup ne cessent de dire : « Si nous avions vécu au temps des apôtres, et si nous avions été jugés dignes de voir le Christ comme eux, nous serions aussi devenus des saints comme eux ». Ils ignorent qu'il est le même, lui qui parle, maintenant comme alors, dans tout l'univers ~ La situation actuelle n'est sûrement pas la même que celle d'alors, mais c'est la situation d'aujourd'hui, de maintenant, qui est beaucoup plus heureuse. Elle nous conduit plus facilement à une foi et une conviction plus profondes que le fait de l'avoir vu et entendu alors physiquement.

Alors, en effet, c'était un homme qui apparaissait à ceux qui étaient sans intelligence, un homme de condition humble ; mais maintenant c'est un Dieu qui nous est prêché, un Dieu véritable. Alors, il fréquentait physiquement les publicains et les pécheurs et mangeait avec eux (Mt 9,11) ; mais maintenant il est assis à la droite de Dieu le Père (Mc 16,19), n'ayant jamais été séparé de lui en aucune manière... Alors, même les gens de rien le méprisaient en disant : « N'est-il pas le fils de Marie et de Joseph le charpentier ? » (Mc 6,3; Jn 6,42) Mais maintenant les rois et les princes l'adorent comme le Fils du vrai Dieu, et vrai Dieu lui-même ~ Alors, il était tenu pour un homme périssable et mortel parmi tous les autres. Lui qui est Dieu sans forme et invisible a reçu, sans altération ni changement, une forme dans un corps humain ; il s'est montré totalement homme, sans offrir au regard rien de plus que les autres hommes. Il a mangé, bu, dormi, transpiré et s'est fatigué ; il a fait tout ce que font les hommes, excepté le péché.

C'était une grande chose de reconnaître et de croire qu'un homme pareil était Dieu, celui qui a fait le ciel, la terre et tout ce qu'ils contiennent.
~ Ainsi, celui qui actuellement écoute chaque jour Jésus proclamer et annoncer par les saints évangiles la volonté de son Père béni, sans lui obéir avec crainte et tremblement et sans garder ses commandements, n'aurait pas plus accepté alors de croire en lui.


jeudi 16 janvier 2020

Marie Médiatrice de toute grâce


De S. Bernard de Clairvaux

Ô Notre-Dame Médiatrice, comme Te voici devenue l'amie du Seigneur, ô Dame !
Combien proche, que dis-je, combien intime à cause de Tes mérites ; quelle grâce Tu as trouvé auprès de Lui !
En Toi Il demeure, et Toi en Lui ; Tu Le revêts et Tu es revêtue par Lui. Tu le revêts de la substance de Ta chair, et Lui, Il Te revêt de la gloire de sa Majesté ; Tu revêts le soleil d'une nuée, et Toi-même Tu es revêtue par le soleil.

Et maintenant, ô Mère de Miséricorde, au nom de cette Tendresse même de ton Cœur très pur, la Lune - l'Eglise - prosternée à Tes pieds T'adresse ses pressantes supplications, à Toi la Médiatrice établie pour elle auprès du Soleil de justice, pour obtenir que dans Ta lumière elle voie la Lumière, pour mériter par Ton entremise les bonnes grâces de ce Soleil qui T'a aimée vraiment plus que tout, qui T'a faite si belle en Te parant d'un manteau de gloire et en plaçant sur Ton front la plus belle des couronnes.

Nourris aujourd'hui Tes pauvres, ô Notre Dame, car Tu es vraiment la Vierge choisie par avance et destinée au Fils du Très-Haut qui est au-dessus de tout, Dieu béni à jamais. Ainsi soit-il.


mercredi 15 janvier 2020

Saint Remy de Reims et le Baptême de la France

1906, flacon scelle contenant du baume
de la Sainte Ampoule.

Lettre à  Clovis, chef insigne et remarquable par ses mérites 

Un grand bruit vient de parvenir jusqu'à nous: la conduite de la guerre vous a donné la victoire. Il n'est pas étonnant que vous soyez dès à présent ce que vos pères ont été. Ce qui vous reste à faire maintenant, c'est de ne point vous écarter des voies du Seigneur qui a récompensé votre humilité, en vous élevant au faîte suprême : comme dit le vulgaire, l'œuvre de l'homme se juge par ses fruits.

Vous devez vous entourer de conseillers capables de vous valoir bonne renommée. Que votre administration soit intègre et honnête.

Vénérez les pontifes chrétiens de votre territoire et recherchez leurs avis. Si vous êtes en bonne intelligence avec eux, votre territoire s'en trouvera affermi.

Soulagez vos concitoyens, relevez les affligés, soulagez les veuves et les orphelins, afin que tous vous aiment et vous craignent. Que la justice sorte de votre bouche. N'attendez rien des pauvres et des étrangers : ne consentez point à recevoir des présents. Que votre prétoire soit ouvert à tous et que personne n'en sorte affligé.

Engagez votre patrimoine à racheter les captifs et à les délivrer du joug de la servitude. Si quelqu'un paraît en votre présence, qu¹il ne se sente pas regardé comme un étranger. Délassez-vous avec les jeunes gens, mais travaillez les affaires avec les vieillards si vous voulez passer pour grand, si vous voulez vraiment régner.

Remy, évêque, l'an 485

Ne perdons pas le nord, suivons le Lys !

mardi 14 janvier 2020

Naissance et Baptême du vénérable abbé Henri Marie Boudon


Du vénérable abbé Henri Marie Boudon, « Au Dieu inconnu », préface

Votre divine providence qui m’a toujours servi de la meilleure et de la plus fidèle des mères, qui dispose des temps comme il lui plait et qui en tient tous les moments en sa puissance, a voulu que le jour de ma naissance en cette terre d’exil fût un jour de samedi dédié à la très sainte Vierge, me l’ayant destinée pour être mon refuge dans tous mes besoins, et le quatorzième de janvier consacré en l’honneur du très doux Nom de Jésus (et j’écris ceci le jour de cette solennité).


dimanche 12 janvier 2020

Baptême du Christ : le Seigneur plonge dans le tréfonds de notre nature abîmée pour la sauver

Du trône royal du Ciel s'élance l'Esprit Saint sur notre nature renouvelée par la grâce de la Passion, de la Mort et de la Résurrection du Roi des rois et Seigneur des seigneurs.
Commentaire de S. Cyrille d'Alexandrie sur l’Évangile de S. Jean


Le Créateur de l'univers avait décidé de tout réunir sous un seul chef, le Christ, par une réalisation magnifique, et de restaurer la nature humaine dans son premier état. Il promet donc de lui rendre, avec ses autres dons, le Saint-Esprit. En effet, elle n'aurait pas pu autrement retrouver la possession paisible et durable de ses biens.

Aussi Dieu a-t-il fixé le moment où le Saint-Esprit descendrait vers nous, et il nous en a fait la promesse : En ces jours-là, — évidemment ceux de notre Sauveur — je répandrai de mon Esprit sur toute chair.

Le Baptême du Christ, par Francesco Albani
Lorsque le temps de cette générosité a fait venir sur cette terre le Fils unique incarné, c'est-à-dire un homme né d'une femme, selon la sainte Écriture, Dieu le Père nous a encore donné son Esprit, et le premier qui le reçut fut le Christ, comme étant le premier exemplaire de la nature à renouveler. Jean Baptiste l'affirme : J'ai vu l'Esprit descendre du ciel et demeurer sur lui. ~

Si l'on dit que le Christ a reçu le Saint-Esprit, c'est en tant qu'il s'est fait homme et en tant qu'il convenait à l'homme de le recevoir
Sans doute, il est le Fils de Dieu le Père, et engendré de sa substance, et cela avant l'incarnation et même avant tous les siècles. Malgré cela, il n'éprouve aucune tristesse à entendre le Père lui dire, maintenant qu'il s'est fait homme : Tu es mon Fils ; moi, aujourd'hui, je t'ai engendré.

Celui qui était Dieu, engendré par lui avant les siècles, le Père dit qu'il est engendré aujourd'hui : cela signifie qu'il nous accueille en lui comme des fils adoptifs, car toute l'humanité était contenue dans le Christ en tant qu'il était homme. En ce sens, on dit que le Père, alors que son Fils possédait déjà son Esprit, le lui donne de nouveau de telle sorte que nous soyons gratifiés de l'Esprit en lui. C'est pour cela qu'il vient aider les fils d'Abraham, selon l'Écriture, et qu'il est devenu en tout semblable à ses frères.

Ce n'est donc pas pour lui-même que le Fils unique a reçu le Saint-Esprit. Car l'Esprit est à lui, en lui et par lui, comme nous l'avons déjà dit. Mais parce que, s'étant fait homme, il possédait en lui toute la nature humaine, il a reçu l'Esprit afin de la redresser tout entière en la restaurant dans son premier état. ~ Nous pouvons donc voir, par un sage raisonnement et en nous appuyant sur les affirmations de la sainte Écriture, que le Christ n'a pas reçu l'Esprit Saint pour lui-même, mais plutôt pour nous, qui étions en lui. Car c'est par lui que nous parviennent tous les biens.

La Pentecôte par Louis Galloche

vendredi 10 janvier 2020

L'or, l'encens et la myrrhe



Conte d'Emile Gebhart, Au son des cloches, 1898

Melchior, Gaspard et Balthazar se reposèrent tout un jour encore sur la terre de Palestine. Au crépuscule suivant, l'étoile brilla d'un éclat si beau, qu'ils sentirent très proche le terme de leur voyage. Ils gravirent des collines arides : à leurs pieds se creusait une vallée ; des feux étaient allumés de toutes parts, à la lueur desquels on reconnaissait des troupeaux et des bergers avec leurs chiens. Au milieu de la vallée, près d'un bourg, une vaste masure appuyée à une grotte de rochers était comme illuminée par trois rayons d'or qui tombaient de l'étoile mystérieuse.

L'or de Melchior
Gaspard fit taire sa musique barbare. Melchior imposa silence aux oraisons de ses ascètes. On n'entendait plus que les cithares, qui rendaient une mélodie mourante, mêlée de soupirs et de sanglots. Les troupeaux regardaient sans effroi le défilé des éléphants. Les chiens vinrent flatter les esclaves et les hommes d'armes. Quelques bergers chantaient d'une voix si douce que Balthazar se mit à pleurer et à rire tout à la fois.

A minuit, les trois Rois descendirent de leurs montures. Suivis des esclaves portant les présents précieux, ils frappèrent à la porte. Melchior tenait un encensoir d'or où fumait l'encens, Gaspard une cassolette d'or où fumait la myrrhe, Balthazar n'avait entre les mains que son roseau.


La porte s'ouvrit. C'était une étable nue et froide, où entrait le vent d'hiver. Sur la paille d'une crèche, un enfant dormait. Un bœuf était à la droite, un âne à la gauche de la crèche, et leur souffle réchauffait l'enfant. Une jeune femme vêtue de blanc se tenait assise à la tête de l'humble berceau. Mais les trois Mages avaient reconnu le Dieu et les trois races se prosternaient, le front dans la poussière, devant Jésus.

L'encens de Gaspard
Les vapeurs bleues de l'encens et de la myrrhe montèrent jusqu'au toit. Entre les poutres mal jointes, on voyait le ciel et l'étoile et des battements de grandes ailes blanches, et l'on entendait des chuchotements angéliques.

Gaspard, le premier, offrit ses présents, un monceau d'armes tout incrustées de diamants. «Seigneur, dit-il, me voici incliné devant ta faiblesse, moi qui suis au comble de la grandeur humaine : je t'ai cherché afin d'obtenir ton alliance dans la guerre et après la guerre. Fais que ces armes se tournent contre quiconque élèverait son bras afin d'abaisser ma puissance».

L'Enfant dormait toujours. Et, dans les hauteurs, les voix célestes répondirent : «Je suis le Dieu des pacifiques et ne veux d'autres armes que la douceur et la miséricorde. Les tiennes sont bonnes seulement pour les rois qui, durant les siècles à venir, égorgeront mes peuples comme des chevreaux sans défense!»

Melchior joignit les mains ; tandis que ses esclaves déroulaient devant la crèche des étoffes d'or et de soie et jetaient sur la paille de l'étable des poignées de pierres précieuses : «Seigneur, dit-il, j'ai longtemps écouté la parole des sages, et leur sagesse ne m'a paru que vanité. J'ai vénéré les saints, et leur sainteté n'était que mensonge. J'ai cherché un Dieu de vie à tâtons dans la nuit et n'ai rencontré que le deuil et la mort. Prends, Seigneur, toutes mes richesses, tous mes trésors et fais que la joie fleurisse sur les nécropoles de mon empire».
La myrrhe de Balthazar

L'Enfant dormait toujours. Et les anges répondaient : «Je suis le Dieu des pauvres. Je ne veux d'autres trésors que la pureté. Laisse là ces présents : ils sont pour mes Pontifes et mes prêtres qui, oublieux de mon dénuement, se vêtiront de soie et marcheront tout constellés d'émeraudes et d'améthystes!»

Balthazar s'agenouilla à son tour. Il prit entre ses mains les pieds de l'Enfant et les baisa en pleurant.
«Petit Dieu, plus blanc et plus doux que la lumière, je n'ai rien à t'offrir, rien que mon cœur et mes larmes. Aie pitié de moi, Seigneur, aie pitié de mes frères, et pour notre grande tristesse, donne-nous ton amour!»

Alors Jésus s'éveilla et se mit à sourire. Il ouvrit ses petits bras et fit tomber sur la misère humaine une bénédiction enfantine. Et, sur le toit de l'étable, dans le rayonnement de l'étoile, les anges aux ailes blanches chantaient : «Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes de bonne volonté!»

Le songe des Mages, Vézelay

dimanche 5 janvier 2020

Epiphanie du Seigneur : tous les peuples de la terre, venez adorer le Seigneur votre Roi et votre Dieu

Dans la nuit, l'Astre luit, c'est le Christ, Lumière née de la Lumière qui vient dissiper les ténèbres du Mal
et du paganisme pour faire luire sa grâce dans nos âmes et dans nos vies.

Lecture patristique de l’Office des lectures du 28 décembre (fête des Saints Innocents) : Homélie de Saint Quodvultdeus aux catéchumènes sur le Symbole des Apôtres

Un petit enfant vient de naître : c’est le grand Roi. ~ Les mages arrivent d’un lointain pays. Ils viennent adorer celui qui est encore couché dans la crèche, mais qui règne au ciel et sur terre. Quand les mages annoncent la naissance du Roi, Hérode est pris d’inquiétude ; pour ne pas perdre son trône, il veut le tuer, alors que, s’il avait cru en lui, il aurait été ici-bas en sécurité, et dans la vraie vie, il aurait régné sans fin. ~
Les Mages adorant le Seigneur de l'Univers
Pourquoi as-tu peur, Hérode, en apprenant la naissance du Roi ? Il ne vient pas pour te détrôner, mais pour triompher du diable. Et comme tu ne comprends pas cela, tu es inquiet et tu entres en fureur ; et afin de perdre le seul enfant que tu recherches, tu es assez cruel pour en faire mourir un si grand nombre.

Tu ne recules ni devant l’amour des mères éplorées, ni devant le deuil des pères pleurant leurs fils, ni devant les hurlements et les gémissements des tout-petits. Tu assassines ces faibles corps parce que la peur assassine ton cœur. Et tu t’imagines, si tu réalises tes désirs, que tu pourras vivre longtemps, alors que c’est la Vie elle-même que tu cherches à détruire.

Celui qui est la source de la grâce, à la fois petit et grand, qui est couché dans la crèche, épouvante ton trône. Il agit par toi, sans que tu connaisses ses desseins, et il délivre les âmes de la captivité du diable. Il accueille les fils de ses ennemis et les adopte pour ses enfants.
Ces tout-petits meurent pour le Christ sans le savoir, les parents pleurent la mort de ces martyrs ; et ceux qui ne parlent pas encore, le Christ les rend capables d’être ses témoins. Voilà comment il règne, lui qui était venu régner ainsi. Voici que déjà le libérateur accomplit la libération et que le sauveur apporte le salut.

Mais toi, Hérode, ignorant tout cela, tu es inquiet et tu entres en fureur ; et tandis que tu t’irrites contre un petit enfant, tu lui rends déjà hommage, mais tu l’ignores. ~ Qu’il est grand, le don de la grâce ! Par quels mérites ces enfants ont-ils obtenu d’être ainsi des vainqueurs ? Ils ne parlent pas encore, et ils confessent le Christ. Leurs corps sont encore incapables d’engager la lutte, et ils remportent déjà la palme de la victoire.