lundi 30 novembre 2015

Neuvaine à l'Immaculée Conception du 30 novembre au 8 décembre

Du lundi 30 novembre au mardi 8 décembre, nous sommes invités à prier la Mère de Dieu, toute sainte, toute pure, immaculée dès sa conception, sans péché.

Reine de la Paix, Protectrice de la France, prions-la de tout notre cœur.

Accompagnons nos prières d'actes de foi, d'espérance et de charité, d'une dizaine de chapelet suivie de "O Marie conçue sans péché, priez pour nous qui avons recours à vous" (trois fois), d'une bonne et salutaire confession, de la Messe et de la sainte Communion.

Ainsi, priant aussi aux intentions de l'Eglise, nous pourrons recevoir pour nous-même ou pour nos chers frères défunts, la grâce de l'indulgence plénière.


Notre Dame de  clarté, illuminez nos cœurs par votre prière et vos exemple.
Guidez-nous à Jésus. Accordez-nous la paix et la fidélité. Sauvez la France.


Vierge Marie, Notre-Dame de France,
Accueillez nos cœurs d’enfants
confiants en votre bienveillance.

Guidez les vers Jésus notre Sauveur,
pour recevoir de son Cœur les grâces
de sa divine miséricorde.

Nous vous présentons notre pays,
ses souffrances, ses troubles,
ses conflits,
mais aussi ses ressources
et ses aspirations.

Accueillez-les, purifiez-les,
présentez-les à votre Fils
afin qu’Il intercède en notre faveur,
qu’Il oriente nos actions vers le Bien
et nous guide dans la Vérité.

Nous vous consacrons la France
dans la fidélité à l’espérance
et la force de l’Esprit Saint
reçues à notre baptême. Amen.



dimanche 29 novembre 2015

1er Dimanche de l'Avent. Préparons-nous à accueillir le Sauveur du monde


Les trois avènements du Christ, par Pierre de Blois


Il y a trois avènements du Seigneur, le premier dans la chair, le second dans l'âme, le troisième par le jugement.

Le premier a eu lieu au milieu de la nuit, suivant ces paroles de l'Évangile : « Au milieu de la nuit un cri s'est fait entendre : voici l'Époux ! » (Mt 25,6) Et ce premier avènement est déjà passé, car le Christ a été vu sur la terre et a conversé avec les hommes (Ba 3,38).

L'immaculée Mère de Dieu par Murillo
Nous sommes maintenant dans le second avènement, pourvu toutefois que nous soyons tels qu'il puisse venir ainsi à nous, car il a dit que si nous l'aimons, il viendra à nous et fera sa demeure en nous (Jn 14,23). Ce second avènement est donc pour nous une chose mêlée d'incertitude, car qui d'autre que l'Esprit de Dieu connaît ceux qui sont à Dieu ? (1 Co 2,11) Ceux que le désir des choses célestes transporte hors d'eux-mêmes savent bien quand il vient ; cependant, ils « ne savent pas d'où il vient ni où il va » (Jn 3,8).

Quant au troisième avènement, il est très certain qu'il aura lieu, très incertain quand il aura lieu, puisque rien n'est plus certain que la mort et rien de plus incertain que le jour de la mort. « Au moment où l'on parlera de paix et de sécurité, c'est alors que la mort apparaîtra soudain, comme les douleurs de l'enfantement chez la femme enceinte, et personne ne pourra fuir » (cf 1Th 5,3).

Le premier avènement a été donc humble et caché, le second est mystérieux et plein d'amour, le troisième sera éclatant et terrible.

Dans son premier avènement, le Christ a été jugé par les hommes avec injustice ; dans le second, il nous rend justice par sa grâce ; dans le dernier, il jugera toutes choses avec équité — Agneau dans le premier avènement, Lion dans le dernier, Ami plein de tendresse dans le second.




vendredi 27 novembre 2015

La médaille miraculeuse

Notre Dame de la Médaille miracueluse
LE SYMBOLISME DE LA MEDAILLE MIRACULEUSE in Le message du Coeur de Marie à Sainte Catherine Labouré, par Edmond Crapez, Lazariste.

1er symbole : Le serpent
Le premier et le plus apparent de ces divers symboles est " un serpent de couleur verdâtre, avec des taches jaunes " que sainte Catherine a remarqué sous le pied de la Vierge qui l'écrase.

La piété populaire ne se trompe pas, en désignant sous ce geste le privilège de l'Immaculée-Conception, ainsi que l'a démontré un artiste catholique, Maurice Vlogerg.
" La prédiction de la Genèse est à l'origine de cette symbolique. On connaît le texte biblique ; " Je mettrai une inimitié entre toit et la femme, entre ta postérité et sa postérité ; celle-ci te meurtrira à la tête et tu la meurtriras au talon." (Genèse 111, 15.)
Qu'on rapporte l'acte d'écraser le serpent à la Femme, suivant le texte de la Vulgate, ou, conformément à l'original hébreu, à la postérité de la Femme, c'est-à-dire le Messie, l'oracle proclame de toutes manières le triomphe de Marie sur la Bête." (La Vierge, notre médiatrice, p.10 Editions Arthaud, Grenoble.).

Saint-Pierre Fourier, au XVIIe siècle, "répandait des médailles où le serpent, placé plus bas que le pied de Marie, encerclait de sa tête jusqu'à sa queue le globe du monde ". Trait vraiment bien choisi pour attester que la Mère de Dieu échappe à la malédiction universelle.

Marie semble avoir approuvé cette image, car c'est la même dont la soeur Catherine Labouré vit l'empreite sur la Médaille miraculeuse.(1830). Depuis cette apparition, le thème iconographique de la Vierge au reptile est fixé pour longtemps." (Vlogerg, ibid.p.58-69.).

2e Symbole : La robe
La Vierge est habillé de blanc vêtue d'une robe de soie " blanche aurore ", montante, manches plates, taillée " à la Vierge ", c'est-à-dire dans la simplicité qui épouse au cou, aux épaules, aux bras, directement les formes du corps.

Ce deuxième symbole n'évoque-t-il pas l'autre aspect, l'aspect positif de l'Immaculée Conception, à savoir la première grâce, la sainteté initiale du Coeur de Marie ? L'introït de la Messe du 8 décembre place, en effet sur les lèvres de l'Immaculée, ces paroles d'Isaie :
" Je me réjouirai avec effusion dans le Seigneur et mon âme sera ravie d'allégresse en mon Dieu, car il m'a revêtue des ornements du salut, il m'a enveloppée du manteau de justice, comme une épouse parée de ses joyaux." (Isaie, 61, v.10.).

3e Symbole : Le voile
Un voile blanc couvrait la tête de l'Apparition et descendait de chaque côté jusqu'aux pieds.

Ce voile paraît bien signifier la consécration virginale du Coeur Immaculée de Marie. L'usage du voile, dans l'Eglise, est spécialement réservé aux vierges qui se donnent à Dieu dans la vie religieuse.

Peut-être pourrait-on y voir aussi une image de la " Vierge au manteau ", de la Mère de miséricorde, de la toute-puissante intercession de Marie, telle qu'on la représentait avec les sarcasmes de la Réforme. " Méprisée des esprits forts et des coeurs durs, l'image fut délaissée par l'art et la dévotion ", (Vloberg, p. 129.). Marie aurait-elle voulu, sous ce symbole, introduire l'idée de sa Médiation, qu'elle va préciser plus loin jusqu'à l'évidence ?

4e Symbole : La figure, les yeux
La figure, bien découverte, si belle que la voyante n'en pouvait dépeindre ou exprimer la beauté ravissante, révèle l'éclat des vertus et privilèges de Marie, au cours de sa vie mortelle.

Les yeux, tantôt élevés vers le ciel, tantôt baissés, sont le symbole scripturaire de la piété, du recours à Dieu, surtout au milieu des dangers.

5e Symbole : Le Globe d'or
Que faut-il entendre par cette boule d'or, surmontée d'une petite croix d'or, que Marie portait dans ses mains et offrait à Dieu ?

Ce globe, si proche du Coeur de chair de l'Immaculée, ne pourrait-il figurer l'âme, le Coeur de Marie Elle-même : sa charité envers Dieu et envers les hommes, sa maternité divine et spirituelle ; son fruit par excellence, la Rédemption du monde ? Tel le tabernacle de l'ancienne alliance, recouvert de lames d'or, au dedans et au dehors, auquel on a souvent comparé le Coeur de Marie.

Ce globe surmonté de la Croix symbolise aussi les âmes renfermées dans le Coeur de la Vierge et purifiées par le sang de Jésus qui y prend sa source.
" Cette boule que vous voyez représente le monde entier, la France particulièrement et chaque personne en particulier." (Témoignage de sainte Catherine Labouré).

Si l'on parle du globe terrestre entre les mains de la Très Sainte Vierge, cette terre, entrevue par la voyante de 1830, ne serait-elle point la terre virginale, bénie et sacerdotale, dont parle l'Hymne de Sexte, au petit office de l'Immaculée Conception, c'est-a-dire le Coeur Immaculée de Marie sur lequel est planté l'arbre de la Croix, par opposition à la terre maudite, qui est sous les pieds de l'apparition, terre qu'enveloppe de ses replis tortueux l'infernal serpent ?

Saint Louis-Marie Grignion de Montfort déclare à plusieurs reprises :
" Je dis avec les Saints : Marie est le paradis terrestre du nouvel Adam..., elle est cette terre vierge et bénie, dont Adam et Eve pécheurs ont été chassés; elle ne donne entrée chez elle qu'à ceux et celles qu'il lui plaît pour les faire devenir saints." (Traité de la Vraie Dévotion à la Sainte Vierge n°6, 45.).

6e Symbole : Les mains étendues
Le globe a disparu, les mains se sont étendues, dans l'attitude reproduite par le Médaille miraculeuse. C'est cette attitude que reproduira la Sainte Vierge, à Lourdes, au jour de la gande apparition (25 mars 1858) ; c'est celle que Marie prendra encore, durant l'apparition de Pontmain (17 janvier 1871), au témoignage réitéré de Joseph Barbedette, l'un des petits voyants devenu Oblat de Marie Immaculée.

Que signifie cette attitude ? Quel est le symbolisme de cette extension des bras et des mains ?

Marie, à n'en pas douter, veut affirmer par ce geste le fait de sa céleste médiation, de son intercession, de sa prière.

" Un fort mouvement s'est fait sentir, ces derniers temps, en faveur de cette consolante vérité, à savoir que toutes les grâces nous viennent par l'intercession de Marie, passant pour ainsi dire par ses mains maternelles ", écrivait, en 1928, le cardinal Lépicier dans son ouvrage, édité à Rome, sur la Vierge Immaculée, Corédemptrice, Médiatrice (p.7.).

Et il ajoutait :
" Depuis que cette Mère miséricordieuse a daigné se faire voir à Catherine Labouré, dans la chapelle des Filles de Saint-Vincent-de-Paul, à Paris, les mains étendues dans l'acte de faire pleuvoir d'abondantes grâces sur le genre humain, la confiance dans la bonté et la puissance sans limites de cette très aimable Mère a été croissant au sein du peuple chrétien, à telle enseigne que, de nombreux endroits, sont parvenus au Siège Apostolique des supppliques pour cette vérité de la médiation universelle de Marie soit définie comme dogme de foi."(Ibid.).


7e Symbole : Les anneaux, les rayons
La Vierge porte, à chaque main, quinze anneaux, revêtus d'autant de pierreries, d'où jaillissent de toutes parts des rayons proportionnés, " de manière que l'on ne voyait plus les pieds de la Sainte-Vierge ".

Quelle est la signification de ces quinze anneaux ornés de pierreries ?

On peut y voir, avec le P.Gasnier, o.p., un symbole des quinze mystères du Rosaire.
" L'émouvante randonnée de Notre-Dame du Rosaire commence à Paris, chez les Filles de Saint Vincent de Paul, rue du Bac. Là elle évoque sa médiation et, nous montrant ses mains ornées de quinze anneaux desquels ruissellent des flots de grâces, elle laisse entendre de quelles richesses sont chargés les mystères du Rosaire." (Rosaire et Apparitions mariales, p.4.).
À Lourdes, l'Apparition demande à Bernadette de venir durant quinze jours; à Pellevoisin, elle fera pareillement quinze visites à Estelle Faguette.

Il y a plus et "l'histoire va nous fournir une donnée complémentaire qui renforce l'interprétation. Dans bien des foyers, on conserve, dans le coffret des souvenirs de famille, un anneau semblable à ceux qui paraient les doigts de la Vierge de la rue du Bac. C'est le chapelet dont se servait un lointain aïeul.
En 1830, c'était l'instrument dont on se servait pour compter les AVE du Rosaire. L'on passait à l'index de la main droite cet anneau recouvert de dix grains ou perles, et avec le pouce de la même main, on le faisait tourner pour scander les dizaines. C'était donc bien un rosaire complet de quinze dizaines que Notre-Dame portait à chacune de ses mains. Et par conséquent c'est à la prière du Rosaire que doit s'appliquer le symbolisme de cette scène. Le Rosaire lui plaît tellement qu'elle s'en revêt comme d'une parure. Par-dessus toutes les autres prières il a tant d'efficacité qu'il fait jaillir des mains de la Médiatrice sur nos âmes une immense pluie de grâces."(Ibib.p.7.).

Comme si elle voulait montrer dans la récitation du chapelet l'un des plus précieux exercices en l'honneur de sa maternelle médiation.

Quant aux rayons, la voyante ne savait exprimer leur beauté, leur éclat. Mais une voix du ciel, la parole de Marie elle-même, en donnait la signification :
"C'est le symbole des grâces que je répands sur les personnes qui me les demandent."
Et " les pierreries d'où il ne sort pas de rayons, ce sont des grâces que l'on oublie de me demander ".

8e Symbole : Une boule blanche sous les pieds
La Sainte Vierge était debout, les pieds appuyés sur une boule blanche, c'est-à-dire une moitié de boule, ou du moins il ne m'a paru que la moitié, dit la soeur.

Voici l'explication donnée par M. Chevalier :
" Interrogée si elle voyait encore le globe dans les mains de la Sainte Vierge, lorsque les gerbes lumineuses jaillissaient de tous les côtés, soeur Catherine répondit qu'il ne rstait plus que les rayons; et quand la Sainte Vierge parle du globe, elle désigne celui qui est sous ses pieds et il n'est plus question du premier... Le petit globe que la Très Sainte Vierge porte dans ses mains, et le grand qui la porte elle-même, sont l'un et l'autre inondés des mêmes rayons éblouissants ou enrichis des mêmes grâces. L'auguste Marie semble seulement indiquer par la figure du petit globe celle de l'univers sont la forme imparfaite se cache sous ses pieds. Elle vient en quelque sorte rappeler qu'elle est la Reine toute miséricordieuse du genre humain." (La médaille Miraculeuse, 10e édition, p.78.).

9e Symbole : L'M et les deux coeurs
Au moment où les mains de Marie se sont inclinées sous le poids des rayons, ses yeux se sont baissés, un tableau, de forme ovale, s'est formé autour de l'apparition et une inscription s'est gravée en lettres d'or :
" Ô Marie, conçue sans péché, priez pour nous qui avons recours à vous." Une voix s'est fait entendre :
" Faites, frapper une médaille sur ce modèle."

Le tableau s'est retourné et, au revers de la médaille, la soeur aperçut l'M et les deux coeurs et comprit plus tard que cet M et ces deux Coeurs " en disent assez ".

Leur langage est celui du sacrifice, de la Vierge au pied de la croix, de la Vierge au Coeur transpercé, en un mot de la Vierge Corédemptrice ou Réparatrice, qui complète par l'offrande de ses mérites, de ses douleurs, l'efficacité de sa prière, de son intercession.

10e Symbole : Les douze étoiles
Ne pourrait-on voir ici une invitation au culte, à l'apostolat de la dévotion au Coeur de Marie et, par lui, au Coeur de Jésus ? " Ceux qui auront été intelligents - dit le livre de Daniel - brilleront comme la splendeur du firmament et ceux qui auront rendu justes un grand nombre brilleront comme les étoiles, toujours et éternellement." (X11,3.).

Le chiffre des douze étoiles semble bien évoquer l'idée des apôtres. Saint Grignion de Montfort n'a-t-il point parlé de ces apôtres des derniers temps qui " auront dans leur bouche le glaive à deux tranchants de la parole de Dieu, porteront sur leurs épaules l'étendard ensanglanté de la Croix, le Crucifix dans la main droite, le chapelet dans la main gauche, les sacrés noms de Jésus et de Marie sur leur coeur, et la modestie dans toute leur conduite."(Traité de la Vraie dévotion à la Sainte Vierge, no 59.).

Et le saint auteur d'ajouter : " Voilà de grands hommes qui viendront, mais que Marie fera par ordre du Très-Haut pour étendre son empire sur celui des impies, idolatres et mahométans. Mais quand et comment cela se fera-t-il ?...Dieu seul le sait : c'est à nous de nous taire, de prier, soupirer et attendre." (ibid.).



jeudi 26 novembre 2015

Monsieur Boudon n'étant pas rancunier : faute avouée, faute à moitié pardonnée !

Lu dans Le Parisien, le 26 Nov. 2015

Un manuel scolaire localise le Mont-Saint-Michel... en Bretagne !



«Mon livre de géo a été fait par des Bretons», ironise une lycéenne sur son compte Twitter. AFP/CHARLY TRIBALLEAU

C'est une «boulette» qui aurait pu réveiller quelques siècles de conflits. Sur la carte d'un livre de géographie de 1ère, le très Normand Mont-Saint-Michel a été placé en Bretagne.
Les éditions Nathan ont laissé passer l'erreur dans une page consacrée aux relations entre l'Etat et les régions.

La bévue n'a pas échappé à une lycéenne originaire de Caen (Calvados) qui s'est empressée de poster la photo du sacrilège sur Twitter. 

Contactées par l'Express, les éditions Nathan ont reconnu leur erreur et souligné que «cette carte erronée ne recèle aucune intention politique». Les manuels ne seront pas retirés des salles de cours mais l'erreur corrigée à la prochaine impression du livre.

Au Moyen-Age, le sort du Mont-Saint-Michel a fait l'objet de plusieurs conflits. Mais depuis le début du XIème siècle, la Merveille est bel et bien normande. 


dimanche 22 novembre 2015

Christ - Roi de l'univers

Christ-Roi de l'Univers
Homélie de Dom Pateau pour la solennité du Christ – Roi de l’univers

Christus vincit, Christus regnat, Christus imperat !

Chers Frères et Sœurs,

«Le Christ vainc, le Christ règne, le Christ commande.» Les acclamations carolingiennes ne mettent-elles pas notre foi à rude épreuve?

En 1935, Staline répondait à Pierre Laval qui lui demandait de respecter les libertés religieuses: «Le Pape, combien de divisions?». Aujourd’hui bien des hommes d’État se font implicitement, et parfois explicitement, la même réflexion. Alors que la liberté religieuse, que la famille, que la vie à naître ou arrivée à son terme, sont attaquées dans la plupart des pays du monde, parfois au sein même de l’Église, la fête du Christ-Roi vient solliciter un acte de foi à ceux qui seraient tentés de désespérer.

L’Évangile a rappelé l’échange entre Jésus et Pilate, dialogue de celui qui prétend détenir tout pouvoir avec un homme moqué, tourné en dérision, battu : «Tu es le Roi des Juifs?… Donc, tu es Roi?» La réponse de Jésus révèle une royauté ignorée des hommes, un roi témoin de la vérité: «C’est toi-même qui le dis : Je suis Roi. Moi, c’est pour cela que je suis venu dans le monde ; pour rendre témoignage à la vérité ; quiconque est de la vérité écoute ma voix.» (Jn 18,37)

Christ aux outrages
Depuis 2000 ans ils sont nombreux, étonnés, narquois, provocateurs… hommes de compromis, de calcul ou simplement dans le doute, à avoir posé cette question à Jésus. La réponse du Christ demeure: «Je suis Roi

Avec saint Paul, soyons dans l’action de grâces car: «En Lui ont été créées toutes choses, dans les cieux et sur la terre, les visibles et les invisibles, Trônes, Seigneuries, Principautés, Puissances ; tout a été créé par lui et pour lui. Il est avant toutes choses et tout subsiste en lui. Et il est aussi la Tête du Corps, c’est-à-dire de l’Église.» (Col 1,16-18)

Lors du sacrement du baptême le prêtre interroge le catéchumène : «Que demandez-vous à l’Église?» Il répondra : « La foi. » Une réponse qui doit être le ferme propos d’une vie. La faillite de l’espérance et de la charité tient souvent au manque de foi, à une vue trop humaine des situations qui oublie l’abandon au plan de Dieu.

La reconnaissance par les États, par les nations, de la royauté du Christ, commence par l’acceptation de cette royauté sur chacun d’entre nous. Le Motu Proprio Summorum Pontificum de Sa Sainteté le pape Benoît XVI nous permet de puiser dans la paix aux richesses liturgiques de la forme extraordinaire. À notre reconnaissance s’ajoute un devoir que j’ose résumer en une question : notre foi est-elle aussi extraordinaire que le rite que nous célébrons? Recentrer la liturgie sur le Christ n’a qu’un but : devenir soi-même un vrai témoin de la royauté du Christ, vivre du Christ et pour le Christ, au point que tous devraient pouvoir dire : «C’est le Christ qui vit en lui

Ce pèlerinage d’action de grâces nous conduit à Rome, alors que s’achève la XIVe assemblée générale ordinaire du synode des évêques sur le thème: «La vocation et la mission de la famille dans l’Église et le monde contemporain.»

Roi de chaque homme, le Christ est aussi roi des familles. À plusieurs occasions, par exemple lors des audiences du mercredi, Sa Sainteté le Pape François a proposé une riche et profonde réflexion sur la famille. Durant son récent voyage en Équateur, l’évangile des noces de Cana lui a donné d’aborder ce thème :
Cathédrale de Salerne, les noces de Cana
« Les noces de Cana, disait-il, se répètent avec chaque génération, avec chaque famille, avec chacun de nous et chacune de nos tentatives pour faire en sorte que notre cœur arrive à se fixer sur des amours durables, sur des amours féconds, sur des amours joyeux. Donnons à Marie une place ; “la Mère”, comme le dit l’évangéliste. Et faisons avec elle maintenant l’itinéraire de Cana.
Marie est attentive… Marie est Mère… Marie prie… Elle nous enseigne à remettre nos familles entre les mains de Dieu ; elle nous enseigne à prier, en allumant l’espérance qui nous indique que nos préoccupations aussi sont celles de Dieu. Et, enfin, Marie agit.
Les paroles «Tout ce qu’il vous dira, faites-le» (v. 5), adressées à ceux qui servaient, sont une invitation à nous aussi, invitation à nous mettre à la disposition de Jésus, qui est venu servir et non pour être servi. Le service est le critère du vrai amour. Celui qui aime sert, il se met au service des autres. Et cela s’apprend spécialement en famille… » (Messe pour les Familles, Parc des Samanes, Guayaquil, Lundi 6 juillet 2015)

Être attentif, prier et servir, sont les indications que nous donne Marie.
Saint Luc se souvient de l’attitude de Marie: elle «conservait avec soin toutes ces choses, les méditant en son cœur.» (Lc 2,19) Le mot latin pour méditer est conferens, littéralement : “les portant ensemble en son cœur”. Le cœur de Marie est le lieu d’une alchimie d’amour. C’est là qu’elle rend grâces, c’est là qu’elle prie, c’est là aussi qu’elle souffre et qu’elle s’offre.

Alors que s’approche l’année jubilaire de la Miséricorde, nos cœurs sont-ils les lieux d’un dialogue avec le Christ-Roi ? Portons-nous en ceux-ci les événements joyeux, lumineux, douloureux et glorieux de nos vies, les méditant en secret afin d’en tirer une règle pour notre agir ?
 
Couronnement de Marie, par Sano di Pietro, XIVe s.
«Le Pape, combien de divisions?» Staline aurait pu dire: «Combien de cœurs?» Car un cœur donné au Christ est beaucoup plus redoutable qu’une division!

Alors que les parents de sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus viennent d’être canonisés, quelques mots de leur enfant me viennent à l’esprit, et je vous les laisse en viatique en cette sainte ville de Rome, cœur de la chrétienté:
« Considérant le corps mystique de l’Église, je ne m’étais reconnue dans aucun des membres décrits par saint Paul, ou plutôt je voulais me reconnaître en tous… La Charité me donna la clef de ma vocation. Je compris que si l’Église avait un corps, composé de différents membres, le plus nécessaire, le plus noble de tous ne lui manquait pas, je compris que l’Église avait un Cœur, et que ce Cœur était brûlant d’amour. Je compris que l’Amour seul faisait agir les membres de l’Église, que si l’Amour venait à s’éteindre, les Apôtres n’annonceraient plus l’Évangile, les Martyrs refuseraient de verser leur sang… Je compris que l’amour renfermait toutes les vocations, que l’amour était tout, qu’il embrassait tous les temps et tous les lieux… en un mot, qu’il est éternel! … Alors, dans l’excès de ma joie délirante, je me suis écriée : ô Jésus, mon Amour… ma vocation, enfin je l’ai trouvée, ma vocation, c’est l’amour !… » (Manuscrit B, folio 3, verso). Amen.



samedi 21 novembre 2015

Présentation de la Vierge Marie au Temple

Présentation de Marie au Temple, détail d'un vitrail de la Basilique de Pontmain
De Saint Josemaría Escrivá de Balaguer, Fondateur de l’Opus Dei

Veux-tu aimer la Sainte Vierge ? Eh bien ! fréquente-la. Comment ? En priant bien le Rosaire. Mais, dans le Rosaire ~ nous répétons toujours les mêmes choses ! Toujours les mêmes choses ? Et ceux qui s'aiment, ne se disent-ils pas toujours les mêmes choses l'un à l'autre ? ~ Comme les vertus surnaturelles grandiraient en nous, si nous parvenions à fréquenter vraiment Marie, qui est Notre Mère !

Ne craignons pas de lui répéter au long de la journée — avec le cœur, sans que les mots soient nécessaires — de petites prières, des oraisons jaculatoires. La dévotion chrétienne a réuni beaucoup de ces éloges enflammés dans les Litanies qui accompagnent le Saint Rosaire. Mais chacun est libre de les augmenter, de lui adresser de nouvelles louanges, de lui dire ce que — par une sainte pudeur qu'Elle comprend et approuve — nous n'oserions pas exprimer à voix haute.

Je te conseille — pour terminer — de faire, si tu ne l'as pas encore faite, l'expérience personnelle de l'amour maternel de Marie. Il ne suffit pas de savoir qu'Elle est Mère, de la considérer de cette façon, de parler ainsi d'Elle. Elle est ta Mère et tu es son fils; Elle t'aime comme si tu étais son fils unique en ce monde. Parle-lui en conséquence : raconte-lui tout ce qui t'arrive, honore-la, aime-la. Personne ne le fera pour toi aussi bien que toi, si tu ne le fais pas.

Je t'assure que si tu prends ce chemin, tu trouveras aussitôt tout l'amour du Christ : et tu te trouveras plongé dans cette vie ineffable de Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit. Tu y puiseras des forces pour accomplir entièrement la Volonté de Dieu, tu t'empliras de désirs de servir tous les hommes. Tu seras le chrétien que tu rêves d'être parfois : débordant d'œuvres de charité et de justice, joyeux et fort, compréhensif envers autrui et exigeant envers soi-même. Telle est sans plus, la trempe de notre foi. Accourons à Sainte Marie qui nous accompagnera avec énergie et constance.


mardi 17 novembre 2015

Devenons des saints

Saint Théophane le Reclus

Maintenant la Sainte Eglise oriente notre attention au-delà des frontières de notre vie présente, à nos pères et frères qui sont partis de cette terre.

L'Eglise ~ nous [rappelle] leur état (auquel nous ne nous échapperons pas). ~ Ecoutons notre mère l'Eglise, et pour commémorer nos pères et nos frères, prenons soin de nous préparer pour notre passage dans l'autre monde.

Ayons à l'esprit nos péchés et pleurons-les, décidant à l'avenir de nous garder purs de toute souillure. Car rien d'impur n'entrera dans le Royaume de Dieu, et au jour du jugement, personne d'impur ne sera justifié.

~ Tu dois préparer ici ta purification. Hâtons-nous, car qui peut prédire combien de temps on va vivre ? La vie pourrait être coupée à cette heure. Comment pouvons-nous paraître impurs dans l'autre monde ? Avec quels yeux regarderons-nous nos pères et nos frères qui nous rencontrerons ? Comment allons-nous répondre à leurs questions : "Qu'est-ce que cette méchanceté en toi ? Qu'est-ce que ceci ? Et qu'est-ce que cela ?" Quelle honte nous couvrira ! Hâtons-nous de redresser tout ce qui est incorrect, d'arriver au moins quelque peu tolérables et supportables dans l'autre monde.


samedi 14 novembre 2015

Attentas à Paris. Prions pour nos frères défunts ! Prions pour nos meurtriers ! Que Dieu aie pitié de nous.










Terrorisme, attentats, otages, morts, blessés.
Notre pays, notre capitale, sont aujourd’hui endeuillés, offusqués et demeurent sans voix face à ce déploiement de haines et de violences qui couvaient et que nous ne voulions pas voir.
Comment est-ce possible ? En France ? Aujourd’hui ?

Nous ne cessons de regarder à la télévision, sans trop nous émouvoir, de ce déferlement de violence et de folie qui s’abat sur tant de pays, sur tant de nos frères chrétiens. Aujourd’hui, c’est nous qui sommes touchés, blessés. Nous qui étions si bien, heureux, repus, amusés, oubliant Dieu et son Evangile, surtout ses paroles d’avertissements à tous ceux qui s’assoupissent. Voici que ce ne sont plus seulement les tentations du Malin qui s’invitent dans nos âmes, mais notre pays se réveille ce matin comme violé et meurtri quand des enfants de France, innocents, ce sont vus injustement agressés.

Le Christ nous invite à l’espérance. Oui, si nous prions, si nos âmes se laissent tremper dans l’amour du Christ et sa vérité comme sa justice, si nous redevenons maîtres de nos corps et de nos âmes en faisant pénitence et en priant, le Cœur de Jésus ne se laissera-t-Il pas touché par notre misère ? 

Prions, confessons-nous, retournons à la Messe avec un cœur contrit. Prions la sainte Vierge, Mère de Dieu et Notre-Dame de Paix, ainsi que tous les saints, particulièrement ceux de notre pays : Saint Martin, sainte Thérèse de Lisieux, sainte Jehanne d’Arc, saint Denis, saint Aignan et tous les saints. Vivons dans la sainte espérance et la charité, comme de véritables témoins du Christ, auprès des plus pauvres, des blessés et des affligés.

Que Dieu éclaire les âmes et les intelligences de ceux qui ont reçu le mandat de gouverner notre pays. Que Dieu prenne en pitié les âmes de nos frères défunts. Que Dieu prenne en pitié les familles endeuillées qui qu'Il amène à la repentance ceux qui ont gravement péché contre Lui et leurs frères. Que Dieu nous fasse miséricorde à tous, à notre pauvre France, fille aînée de son Eglise, qui s'est éloignée de son Seigneur.

Le Christ ressuscité est vainqueur du monde et de son prince maudit qui fait la guerre aux saints. Sursum corda ! Élevons nos cœurs vers le Sacré-Cœur et le Cœur immaculé de Marie et demeurons dans la paix du Christ.


MESSAGE DU CARDINAL VINGT-TROIS
SUITE AUX ATTAQUES TERRORISTES À PARIS


Notre ville de Paris, notre pays, ont été frappés hier soir avec une sauvagerie et une intensité particulières.

Après les attaques de janvier dernier, après l’attentat de cette semaine à Beyrouth et tant d’autres au long de ces derniers mois, notamment au Nigéria et dans d’autres pays d’Afrique, notre pays connaît à nouveau la douleur du deuil et doit faire face à la barbarie propagée par des groupes fanatiques.

Ce matin, je prie et j’invite les catholiques de Paris à prier pour celles et ceux qui ont été tués hier et pour leurs familles, pour les blessés et pour leurs proches et pour ceux qui s’activent pour venir à leur secours, pour les forces de l’ordre soumises à une redoutable tension, pour nos gouvernants et pour notre pays afin qu’ensemble nous demeurions dans l’unité et la paix des cœurs.

Je demande aux paroisses de Paris de se conformer strictement aux mesures de prudence édictées par les autorités publiques. Je leur demande de faire de cette journée et celle de demain dimanche des journées de deuil et de prière.

Dimanche soir à 18h30, je présiderai la messe à Notre-Dame de Paris à l’intention des victimes de cette nuit et de leurs proches et à l’intention de notre pays ; le glas de la cathédrale sonnera à 18h15. La télévision catholique KTO retransmettra cette messe, permettant à tous ceux qui le souhaiteront de s’y associer.

Face à la violence des hommes, puissions-nous recevoir la grâce d’un cœur ferme et sans haine. Que la modération, la tempérance et la maîtrise dont tous ont fait preuve jusqu’à présent se confirment dans les semaines et les mois qui viennent ; que personne ne se laisse aller à l’affolement ou à la haine. Demandons la grâce d’être des artisans de paix. Nous ne devons jamais désespérer de la paix, si on construit la justice.


+André cardinal Vingt-Trois, archevêque de Paris