jeudi 31 août 2017

Naissance au Ciel de l'abbé Henri-Marie Boudon

Carte de 1654, Evreux, sa Cathédrale et l'église Saint-Taurin
« Vie nouvelle de Henri Marie Boudon », par S. Exc. R. Mgr. Matthieu, Archevêque de Besançon


En voyant approcher le moment qui allait le séparer de ses amis en ce monde, Boudon sentait redoubler l’affection sainte qu’il leur portait et il lui semblait aussi qu’elle allait prendre dans le sein de Dieu un caractère plus durable et plus pur.

Jamais il ne parut plus occupé des amis que la charité lui avait formés que dans ces instants pénibles où l’âme effrayée se replie ordinairement sur elle-même et perd de vue tout ce qui l’environne ; il est vrai que chacun d’eux perdait en lui ou un bienfaiteur ou un conseil et un appui, aussi mettait-il tous ses soins à leur persuader qu’après lui, la Providence saurait leur procurer d’autres moyens d’assistance et d’autres instruments de sanctification.

Piéta, détail. Chapelle de la Mère de Dieu, Cathédrale d'Evreux
Toutes ses lettres respirent cette attention délicate avec laquelle il les préparait à leur séparation prochaine en cherchant à insinuer dans leur cœur la sainte résignation et la douce confiance dont le sien était pénétré ~.

« Souvenez-vous que dans l’ancienne loi les sacrifices charnels que l’on offrait à Dieu ne pouvaient être sans de grandes douleurs de la part des victimes car il fallait qu’elles fussent égorgées et elles n’étaient qu’une figure du grand sacrifice que nous faisons avec Notre Seigneur Jésus Christ ; or, combien en a-t-il coûté à cet aimable Sauveur ! Il suffit donc, ma chère fille, que vous lui sacrifiiez dans le fond de votre âme sans réserve. Ne vous mettez point en peine des contradictions que vous ressentirez dans votre partie inférieure. »

~ Ce fut dans cet état continuel de crise qu’il passa tout le mois d’avril et celui de mai. Les premiers jours de juin furent très mauvais et le 7 il se trouva si mal qu’on crut qu’il ne passerait pas la nuit. Il reçut l’extrême onction le 8 au matin et dicta ensuite quelques lignes à M. Thomas pour le lui annoncer.

Malgré sa pieuse confiance et son abandon sans réserve à la volonté de Dieu, il n’était pas exempt de cette crainte religieuse que les approches de l’éternité ont imprimée dans l’âme des plus grands saints ; aussi se recommandait-il instamment aux prières de ses amis, il les conjurait surtout d’intéresser en sa faveur la Reine des anges et ceux des bienheureux qui étaient les objets les plus particuliers de sa dévotion. Il invoquait continuellement le secours de ces célestes intercesseurs et, lorsque la violence de ses maux ne lui permettait plus d’adresser au Ciel, que des prières entrecoupées et, sans suite, son oraison jaculatoire la plus ordinaire, alors était ces mots qui exprimaient si bien les désirs de toute sa vie : « Mon Dieu que je cesse d’être afin que vous viviez en moi que je périsse à la vie sensuelle afin de ne pas périr de la mort éternelle. »


Chanoine cathédral. Gravure
~ Ce fut à quelques jours de là que le pieux archidiacre fut appelé à jouir de la compagnie des saints dont il avait si bien suivi les traces. Les crises douloureuses qui l’avaient éprouvé si longtemps ne reparurent point aux approches de sa mort mais on put prévoir qu’elle suivrait de près l’anéantissement total dans lequel il tomba ; l’esprit parut même quelquefois s’égarer un peu et les idées perdre leur suite mais, en lui parlant de Dieu, on le rappelait à lui-même et on s’apercevait que si la nature succombait à son épuisement, l’âme ne perdait rien de la ferveur qui avait toujours fait sa force.

Dans une de ces fréquentes défaillances où il ne donnait plus aucun signe de vie, le bruit de sa mort s’étant répandu, plusieurs personnes accoururent autour de son lit par un de ces mouvements spontanés qui portent à contempler les restes des saints et à s’approprier quelque chose qui leur ait appartenu. S’étant aperçu, en revenant à lui, que sa chambre était pleine de monde et, sa langue étant trop enflée pour qu’il pût satisfaire au désir qu’il avait de leur parler lui-même, il dit en bégayant à M. Chanoine : « Dites aux personnes qui sont ici que je les exhorte de tout mon cœur à aimer et à servir Dieu fortement et que dans le pays de Dieu seul où je vais tout le monde sera obligé de reconnaître par force ou par amour qu’il n’y avait que cela à faire en ce monde. »

Petit cartulaire de Sant-Taurin d'Evreux
~ Cette grande et consolante pensée qui avait fait les délices de sa vie environna de paix la dernière heure de Boudon et ce fut encore en répétant à Dieu qu’il ne voulait plus que lui seul qu’il remit doucement son âme entre ses mains, sans effort et sans agonie, le jeudi 31 août 1702, dans la soixante-dix neuvième année de son âge.

Quelques instants avant d’expirer, Boudon avait chargé M. Chanoine de faire connaître sa mort à ses amis afin qu’ils priassent pour son âme. M. Chanoine s’acquitta dès le lendemain de ce pieux devoir en écrivant à M. Thomas la lettre suivante :

« Ce n’est plus le saint M. Boudon qui vous écrit, c’est un misérable et chétif prêtre qu’il a eu la charité de souffrir auprès de sa sainte personne pendant sa vie qui s’acquitte d’un devoir qu’il lui a imposé à l’heure de la mort qui est de le recommander aux prières de ses amis en Jésus Christ ; c’est pourquoi, j’ai l’honneur de vous écrire la présente pour vous dire qu’il est mort dans le même zèle de l’établissement du règne de Dieu seul en lui comme il a toujours vécu. Il me dit, le soir du jour qui précéda sa mort, qu’il se sentait le cœur plus que plein du désir de servir Dieu de toutes ses forces mieux qu’il n’avait encore fait jusque-là, et il mourut hier entre mes bras, après m’avoir témoigné pour dernière parole, qu’il ne voulait plus que Dieu seul. »
« MM. nos chanoines l’ont inhumé comme l’un d’eux malgré tous ses sentiments pour la pauvreté. MM. de notre séminaire et MM. du chapitre, ayant beaucoup disputé à qui le posséderait, mais enfin on l’a inhumé dans la chapelle où il a toujours célébré les divins mystères, quoique ce soit contre l’usage de la cathédrale d’Evreux qui inhume ses dignités devant un autel particulier de la sainte Vierge et les autres chanoines devant leurs chapelles. »
Le Séminaire tenu par les Eudistes, aujourd'hui le palais de justice. A son
entrée était enterré le Cœur du Vénérable prêtre.
« L’affluence du peuple fut si grande dans sa chambre dès qu’on sut sa mort qu’à peine put-on avoir le temps de le mettre sur la paillasse de son lit pour permettre au peuple qui venait de toutes parts de lui rendre les derniers devoirs. Tous les petits enfants et toutes les grandes personnes lui baisaient les pieds et on eut toutes les peines du monde, à dix heures du soir, de faire retirer tous ceux qui y venaient et qui ne se lassaient point de le regarder, de le toucher et de lui faire toucher des mouchoirs, des heures, des scapulaires, des chapelets, des chemises et autres choses. »
« Vous saurez aussi que pour contenter MM. du chapitre et du séminaire, MM. du séminaire ont eu le cœur, et le corps a été porté à Notre-Dame ; il y a quelques personnes qui disent avoir reçu du soulagement et la guérison de quelques incommodités et plusieurs personnes ont commencé dès aujourd’hui à faire des neuvaines à son tombeau. Nous avons fait tirer son portrait par un curé de notre connaissance parce que nous n’avons point de peintre à Evreux mais, comme il n’a pas bien réussi à cause qu’il était fort interrompu par le bruit et la foule du peuple, il en a tiré le portrait en plâtre et ensuite en cire pour le crayonner, et vous le faire tenir afin que vous ayez la consolation de le voir, quoique nous l’ayons perdu. Je prendrai la liberté de vous écrire quand nous vous l’enverrons »



mardi 29 août 2017

Martyre de Saint Jean Baptiste le Précurseur, Martyre du Mariage et de la sainteté

Saint Jean Baptiste, son chef remis à Salomé, détail
Homélie de Saint Bède le Vénérable

Le saint précurseur de la naissance, de la prédication et de la mort du Seigneur a montré (au moment de sa mort) un courage digne d'attirer les regards de Dieu. Comme le dit l'Écriture : Aux yeux des hommes, il subissait un châtiment, mais par son espérance il avait déjà l'immortalité. Nous avons raison de célébrer avec joie la naissance au ciel de celui qui a rendu lui-même ce jour solennel par sa propre passion en l'illustrant par la pourpre de son sang ; et nous vénérons dans la joie spirituelle la mémoire de cet homme qui a scellé par le sceau de son martyre le témoignage qu'il rendait au Seigneur. 

Il n'y a en effet aucun doute que saint Jean Baptiste a subi la prison pour notre Rédempteur qu'il précédait par son témoignage, et que c'est pour lui qu'il a donné sa vie. Car si son persécuteur ne lui a pas demandé de nier le Christ, mais de taire la vérité, c'est cependant pour le Christ qu'il est mort. Le Christ lui-même a dit, en effet : Je suis la vérité. Puisque c'est pour la vérité qu'il a répandu son sang, c'est donc bien pour le Christ. Jean avait témoigné en naissant que le Christ allait naître ; en prêchant, il avait témoigné que le Christ allait prêcher : en baptisant, qu'il allait baptiser. En souffrant le premier sa passion, il signifiait que le Christ devait lui aussi souffrir. ~

Cet homme si grand parvint donc au terme de sa vie par l'effusion de son sang, après une longue et pénible captivité. Lui qui avait annoncé la bonne nouvelle de la liberté d'une paix supérieure est jeté en prison par des impies. Il est enfermé dans l'obscurité d'un cachot, lui qui était venu rendre témoignage à la lumière et qui avait mérité d'être appelé flambeau ardent de lumière par la lumière elle-même qui est le Christ

Par son propre sang est baptisé celui à qui il fut donné de baptiser le Rédempteur du monde, d'entendre la voix du Père s'adresser au Christ, et de voir descendre sur lui la grâce du Saint-Esprit. Mais il n'était pas pénible à des hommes tels que lui, bien plus, il leur semblait léger et désirable d'endurer pour la vérité des tourments temporels qui laissaient entrevoir la récompense de joies éternelles. Préférant la mort qui de toute façon était naturellement inévitable, ils choisissaient de l'accepter en confessant le nom du Christ ; ils recevaient ainsi la palme de la vie éternelle. L'Apôtre l'a bien dit : Il vous a été accordé par le Christ, non seulement de croire en lui, mais encore de souffrir pour lui. Et s'il dit que souffrir pour le Christ est un don de celui-ci à ses élus, c'est parce que, comme il le dit ailleurs : Il n'y a pas de commune mesure entre les souffrances du temps présent et la gloire que Dieu va bientôt révéler en nous.



samedi 26 août 2017

Saint Louis priez pour Louis XX et la France


Vendredi 25 août 2017,
Fête de Saint Louis IX, Roi de France

C’est avec une grande joie que nous recevons en ce jour et que nous répercutons le message de Monseigneur le Prince Louis de Bourbon, duc d’Anjou, de jure Sa Majesté le Roi Louis XX, adresse à tous les Français, à l’occasion de la fête de Saint Louis, son ancêtre et son céleste protecteur.




Monseigneur le Prince Louis de Bourbon, duc d’Anjou,
de jure Sa Majesté le Roi Louis XX.
Déclaration de la Saint-Louis, 25 août 2017


Chers Français,

En ce 25 août, fête de mon aïeul Saint Louis, premier laïc canonisé, mais aussi modèle des gouvernants ayant su concilier, par sa foi, les rigueurs du pouvoir et le respect des hommes, nous pouvons, une nouvelle fois nous  interroger sur la France.

Monseigneur le duc d'Anjou, de jure Louis XX de France
Quinze siècles d’histoire de la royauté, dont on s’accorde à dire qu’elle l’a fondée et formée, me donnent toute légitimité pour m’exprimer au nom de la tradition dont je suis l’héritier et montrer ce qu’elle peut encore apporter aujourd’hui et pour demain.
En effet, les interrogations et inquiétudes partagées sont grandes. Fidèle à ma ligne de conduite je m’abstiens de toute polémique vis-à-vis de ceux qui ont en charge les affaires publiques, me plaçant résolument sur un autre plan.

J’observe que la France est soumise à d’importantes tensions. Certaines proviennent de l’extérieur. Elles concernent à la fois sa sécurité mise à mal par des forces hostiles qui voudraient imposer leurs pratiques archaïques par des actes aveugles et barbares au cœur même de notre société et le développement des communautarismes brisant l’unité et la solidarité, piliers constitutifs de la France.
Mais les tensions viennent aussi de l’intérieur quand la France ne semble plus avoir exacte conscience de ce qu’elle est. Entre des repentances sans objet et l’abandon de ses racines gréco-latines et chrétiennes, le pays est plus que dérouté et ne sait plus ni d’où il vient ni sur quoi il s’est bâti.

Dès lors, le doute l’emporte sur l’espérance. La France semble peiner, parfois, à affronter l’avenir d’où le désenchantement qui frappe les Français et notamment les jeunes générations. Certains disent qu’ils n’ont plus d’avenir ou bien un avenir sombre fait de précarité et d’incertitude. Quelle société bien cruelle et contre-nature que celle qui crée un tel découragement chez ses enfants ! Au contraire la politique doit être école d’énergies et d’espoir partagés collectivement et portés par ceux qui entrent dans la vie active.

Une attitude négative, voire passéiste ou nostalgique d’un passé révolu, une attitude de regret permanent et de résignation, n’aide en rien à construire l’avenir. Cela d’autant plus que la France est, désormais, insérée dans le cadre de la mondialisation. Regarder plus en arrière qu’en avant, arc boutés sur des pratiques dépassées, ne ferait que jouer en notre défaveur. Bien au contraire, les rois nous ont appris à réagir et à anticiper dans les moments où tout semblait perdu. C’est alors qu’ils ont toujours fait preuve de plus d’audace. Retrouvons donc cet esprit conquérant qui fut celui des grandes heures de l’Histoire de France et qui demeure toujours en chacun d’entre nous.

Vitrail aux lys, église Saint-Ouen de Rouen
Il passe par un état d’esprit à retrouver. Il commence par la confiance à redonner à la jeunesse notamment en répondant mieux à ses besoins et attentes, se poursuit par l’acceptation des évolutions et enfin en sachant redonner place aux valeurs et à un certain sens de la gratuité. Or mes déplacements en France au long de l’année et les rencontres que j’y fais dans tous les milieux, me montrent que tout cela est possible même si parfois une chape de plomb semble exister pour décourager les initiatives les plus heureuses. La génération montante me paraît être celle qui porte déjà cette nouvelle approche qu’il convient donc de favoriser.
La jeunesse est le temps de l’initiative et de l’action créatrice. Ces dernières années, elle a montré combien elle savait s’adapter. Ainsi, elle a su maîtriser et comprendre les enjeux des nouvelles technologies avec une aisance naturelle ponctuée d’une grande sagesse en comprenant qu’un instrument n’était pas un but. Elle a su employer la technologie comme un moyen tant pour créer une nouvelle économie, une nouvelle dynamique de travail, que pour recréer des réseaux humains adaptés au nouveau rapport à l’espace et au temps et à la prise en compte de la préservation de notre environnement. Surtout elle sait ne pas être dupe sur leurs limites, afin que la technologie demeure au service de l’homme et du bien commun, et non le contraire. Entrée totalement dans le monde moderne, elle n’en veut pas être esclave. Sur ce point elle est en avance et joue son rôle d’éveilleur et d’éclaireur de notre société.

Cette jeunesse a montré par ailleurs tout son dynamisme, toute sa générosité, toute son exigence dans des combats de civilisation essentiels comme la défense de la vie et de l’intégrité de la personne humaine, de la conception à la mort, la défense de la famille, composée d’un père, d’une mère et de leurs enfants, comme cellule de base de toute société humaine. Les jeunes se retrouvent également dans la défense de la Foi et des valeurs de la Chrétienté, notamment en portant aide et assistance aux Chrétiens d’Orient menacés dans leur existence même par une idéologie barbare.

Voilà l’essentiel et les ferments de l’espérance. En effet, cette nouvelle société déroute peut-être les générations plus anciennes et sans doute, à la différence des plus jeunes, sont-ce elles qui sont le plus angoissées et désenchantées par, finalement, ce qu’elles ont laissé se créer sans le maîtriser. Mais ce changement de paradigme est à l’égal de ceux du passé.
Imaginons ce que durent être le passage d’un monde rural à un autre, industriel,  au milieu du XIXe siècle ou, trois siècles avant, celui de la société féodale à celle de la Renaisance. Chaque fois cela avait perturbé nombre de certitudes et de conservatisme de droits acquis, et les nouvelles générations, encouragées par le pouvoir royal, l’ont pris à bras le corps.
Personnellement, j’aime m’entretenir avec les jeunes entrepreneurs d’aujourd’hui car il me semble qu’ils sont totalement dans la tradition française qui est d’aller de l’avant. Par le passé, animée par un tel esprit, la France a pu faire triompher son modèle social. Ce qui était important hier l’est encore plus aujourd’hui dans notre société planétaire. Mais il faut aussi savoir raison garder et demeurer prudent face à certaines pratiques. De même qu’il faut repousser toutes les manipulations contre-nature, il convient de faire attention à ne pas créer cette société à deux vitesses que les observateurs dénoncent aussi, à juste titre. La réussite des uns ne doit pas se faire aux dépends des autres. Un pays est une aventure collective. Il ne doit pas y avoir de laissés pour compte. Ce ne serait pas conforme à la tradition française qui a toujours été le pays de l’ascenseur social.
Grandes armes de France
Le pouvoir a ainsi une responsabilité notamment en matière d’instruction – donner à chacun, selon ses talents, de quoi s’épanouir – et d’éducation en sachant faire de la formation non pas une matière froide et un simple acquis de connaissance, mais un des éléments de l’éthique qui permet à un jeune de devenir un adulte responsable. Tel est bien ce que ma femme et moi ressentons et que nous voulons transmettre à nos enfants. Ce supplément d’âme est nécessaire. Les décennies passées furent sans doute bien fautives sur ce point, ayant trop privilégié les aspects matériels, la consommation et les profits à court terme. Or l’homme n’est pas qu’un corps dont il faut satisfaire les besoins immédiats et à qui il faudrait octroyer toujours plus de droits, ignorant des devoirs essentiels vis-à-vis des autres et notamment des plus fragiles. Les jeunes adultes rappellent en permanence qu’il y a une nécessité à donner du sens à la vie, à retrouver de saines limites, à voir haut. Ainsi la société d’aujourd’hui et celle de demain seront réenchantées.

Dès lors les notions de solidarité et de bien commun doivent redevenir les moteurs de l’action politique et sociale. Le sens de cette action est celui de l’homme, de l’homme corps et âme, seule vraie mesure de l’action politique. Ce n’est pas un hasard si les deux rois les plus appréciés des Français sont Saint Louis et Henri IV. Le premier a assuré la justice dans un temps où la force primait encore trop souvent sur la justice ; le second a redonné la paix et la prospérité dont le peuple a été le premier bénéficiaire

Saint Louis couronné par Sa Sainteté le Pape Innocent IV,
tableau de Louis Jean-François Lagrenée
Il appartient à chacun de vouloir en faire son mode de vie. Si les institutions peuvent favoriser ou non le développement, ce sont finalement les hommes et les femmes qui par leur travail, leur enthousiasme, leur abnégation, et parfois leur sacrifice, le font concrètement. Nous le voyons actuellement tout particulièrement vis-à-vis du péril extérieur auquel le pays, comme toute l’Europe, est confronté.
Ce ne sont ni les mots ni des gestes compassionnels qui peuvent conjurer les dangers, mais l’action concrète sur le terrain et parfois, mais trop souvent hélas ! le sacrifice de nos soldats. Nous comprenons alors pleinement tout le sens d’une action dont l’homme est la finalité car, si certains acceptent d’être blessés et de mourir, ce n’est pas pour des satisfactions matérielles mais bien parce qu’ils savent que la vraie valeur est celle de la défense de la civilisation, de notre Patrie charnelle et spirituelle, et bien sûr de nos femmes et de nos enfants, et cela n’a pas de prix…

En joignant l’esprit d’initiative et de progrès ordonné au bien commun à la volonté de préserver son identité et ses racines, et de maîtriser son destin, la France retrouvera le goût de l’avenir qui lui permettra de renouer avec la gloire qui a fait d’elle un grand pays, modèle pour le monde,  modèle que le monde attend. Celui que les rois ont voulu. Celui que l’intercession de Saint Louis dont nous commémorions le 720e anniversaire de la canonisation le 11 août dernier, peut nous faire espérer pour demain.

Louis de Bourbon, duc d’Anjou



vendredi 25 août 2017

Saint Louis IX de France, priez pour nous !

Saint Louis de France portant la sainte couronne d'épines

Saint Louis, Sainte-Chapelle, Paris

Du vénérable abbé Henri Marie Boudon, « L’homme de Dieu », partie I, chap.2


C’est la gloire qui est réservée à tous les saints du Seigneur.
Saint Louis, roi de France, était bien pénétré de cette vérité lorsqu’il se qualifiait, avec tant d’estime et de joie, Louis de Poissy ; à raison qu’il avait reçu le saint baptême dans ce lieu, préférant et certainement avec toute sorte de justice sa qualité de Chrétien à celle de monarque de l’un des plus florissants royaumes du monde.







lundi 21 août 2017

Saint Pie X, pape de la divine Eucharistie, Modèle des Pontifes romains

Mosaïques de la Basilique Sainte-Sophie de Constantinople

Saint Pie X
Lettre 208 de Saint Augustin, adressée à la dame Félicie, au sujet des scandales dans l’Eglise (octobre de l’an 423)

§ 2 – C’est pourquoi je vous exhorte à ne pas trop vous laisser troubler par ces scandales ; ils ont été prédits, afin que, lorsqu’ils arrivent, nous nous souvenions qu’ils ont été annoncés, et que nous n’en soyons pas très-émus. Le Seigneur lui-même les a ainsi annoncés dans l’Évangile : « Malheur au monde à cause des scandales ! il faut qu’il en arrive ; mais malheur à l’homme par lequel arrive le scandale ! » (Matth. XVIII, 7). Et quels sont ces hommes, sinon ceux dont l’Apôtre a dit qu’ils cherchent leurs propres intérêts et non pas les intérêts de Jésus-Christ (Phil. II, 21).
Il y a donc des pasteurs qui occupent les sièges des Eglises pour le bien des troupeaux du Christ ; et il y en a qui ne songent qu’à jouir des honneurs et des avantages temporels.
Il est nécessaire que dans le mouvement des générations humaines ces deux sortes de pasteurs se succèdent, même dans l’Église catholique, jusqu’à la fin des temps et jusqu’au jugement du Seigneur. ~

§ 3 – De même qu’il y a de bons et de mauvais pasteurs, de même, dans les troupeaux, il y a les bons et les mauvais.
Les bons sont appelés du nom de brebis, les mauvais du nom de boucs ; ils paissent ensemble, jusqu’à ce que vienne le Prince des pasteurs, que l’Evangile nomme « le seul Pasteur » (Jean, X, 16) ; et jusqu’à ce que, selon Sa promesse, Il sépare les brebis des boucs (cf. Matth. XXV, 32). Il nous a ordonné de réunir : Il S’est réservé de séparer : car Celui-là seul doit séparer, qui ne peut Se tromper.
Les serviteurs orgueilleux qui ont osé faire si aisément la séparation que le Seigneur S’est réservée, se sont séparés eux-mêmes de l’unité catholique. Impurs par le schisme comment auraient-ils pu avoir un troupeau pur ?

§ 4 – C’est notre Pasteur Lui-même qui veut que nous demeurions dans l’unité, et que, blessés par les scandales de ceux qui sont la paille, nous n’abandonnions point l’aire du Seigneur ; Il veut que nous y persévérions comme le froment jusqu’à la venue du divin Vanneur (cf. Matth. III, 12), et que nous supportions, à force de charité, la paille brisée.
Fête de la chaire de Saint Pierre, les Evêques entourant le successeur
de Pierre, Basilique vaticane
Notre Pasteur Lui-même nous avertit dans l’Evangile de ne pas mettre notre espérance même dans les bons pasteurs à cause de leurs bonnes œuvres, mais de glorifier Celui qui les a faits tels, le Père qui est dans les cieux, et de Le glorifier aussi touchant les mauvais pasteurs, qu’Il a voulu désigner sous le nom de scribes et de pharisiens, enseignant le bien et faisant le mal.

§ 5 – Jésus-Christ parle ainsi des bons pasteurs : « Vous êtes la lumière du monde. Une ville située sur une montagne ne peut pas être cachée, on n’allume pas une lampe pour la placer sous le boisseau, mais sur un chandelier, afin qu’elle éclaire tous ceux qui sont dans la maison. Que votre lumière luise ainsi devant les hommes, afin qu’ils voient vos bonnes œuvres, et qu’ils glorifient votre Père qui est dans les cieux » (Matth. V, 14-18).
Mais avertissant les brebis au sujet des mauvais pasteurs, Il disait : « Ils sont assis sur la chaire de Moïse. Faites ce qu’ils vous disent ; ne faites pas ce qu’ils font ; car ils disent et ne font pas » (Matth. XXIII, 2, 3).
Ainsi prévenues, les brebis du Christ entendent Sa voix, même par les docteurs mauvais, et n’abandonnent pas Son unité. Ce qu’elles leur entendent dire de bon ne vient pas d’eux, mais de Lui ; et ces brebis paissent en sûreté, parce que, même sous de mauvais pasteurs, elles se nourrissent dans les pâturages du Seigneur. Mais elles n’imitent pas les mauvais pasteurs dans ce qu’ils font de mal, parce que de telles œuvres ne viennent que d’eux-mêmes et non pas du Christ.
Quant aux bons pasteurs, elles écoutent leurs salutaires instructions et imitent leurs bons exemples. L’Apôtre était de ce nombre, lui qui disait : « Soyez mes imitateurs comme je le suis du Christ » (1 Cor. XI, 1). ~ Toutefois il reprend sévèrement ceux qui faisaient des schismes avec les noms des apôtres, et blâme ceux qui disaient : « Moi, je suis à Paul ». Il leur répond : « Est-ce que Paul a été crucifié pour vous ? ou êtes-vous baptisés au nom de Paul ? » (1 Cor. I, 18 ).

§ 6 – Nous comprenons ici que les bons pasteurs ne cherchent pas leurs propres intérêts, mais les intérêts de Jésus-Christ, et que les bonnes brebis, tout en suivant les saints exemples des bons pasteurs qui les ont réunies, ne mettent pas en eux leur espérance, mais plutôt dans le Seigneur qui les a rachetées de son sang, afin que, lorsqu’il leur arrive de tomber sous la houlette de mauvais pasteurs, prêchant la doctrine qui vient du Christ et faisant le mal qui vient d’eux-mêmes, elles fassent ce qu’ils disent et non pas ce qu’ils font, et qu’elles n’abandonnent pas les pâturages de l’unité à cause des enfants d’iniquité.
L'Eglise, barque de saint Pierre, dans la tourmente du péché de ses
propres membres. Kyrie eleison !
Les bons et les mauvais se mêlent dans l’Eglise catholique, qui n’est pas seulement répandue en Afrique comme le parti de Donat, mais qui, selon les divines promesses, se propage et se répand au milieu de toutes les nations, « fructifiant et croissant dans le monde entier » (Coloss. I, 6).
Ceux qui en sont séparés, tant qu’ils demeurent ses ennemis, ne peuvent pas être bons ; lors même que quelques-uns d’entre eux sembleraient bons par de louables habitudes de leur vie, ils cesseraient de l’être par la seule séparation : « Celui qui n’est pas avec moi, dit le Seigneur, est contre moi ; et celui qui n’amasse pas avec moi, dissipe » (Matth. XII, 30).

§ 7 – Je vous exhorte donc, honorable Dame et chère fille en Jésus-Christ, à conserver fidèlement ce que vous tenez du Seigneur ; aimez-Le de tout cœur, Lui et Son Eglise ; c’est Lui qui a permis que vous ne perdissiez pas avec les mauvais le fruit de votre virginité et que vous ne périssiez pas.
Si vous sortiez de ce monde séparée de l’unité du corps du Christ, il ne vous servirait de rien d’être restée chaste comme vous l’êtes. ~ Vous donc, quoique vous deviez sincèrement aimer Ses bons serviteurs par le ministère desquels vous avez été forcée d’entrer, vous ne devez cependant mettre votre espérance qu’en Celui qui a préparé le festin : vous avez été sollicitée de vous y rendre pour la vie éternelle et bienheureuse.
En recommandant à ce divin Père de famille votre cœur, votre dessein, votre sainte virginité, votre foi, votre espérance et votre charité, vous ne serez point troublée des scandales qui arriveront jusqu’à la fin ; mais vous serez sauvée par la force inébranlable de votre piété, et vous serez couverte de gloire dans le Seigneur, en persévérant jusqu’à la fin dans son unité.
~ Que la grâce et la miséricorde de Dieu vous protègent toujours !


Frise des 7 sacrements.
Le Baptême, la Confirmation, l'Eucharistie, la Pénitence, l'Onction des malades, l'Ordre, le Mariage.

vendredi 18 août 2017

Paul Claudel (1868 † 1955), de l’Académie française. La Vierge à midi, Poèmes de Guerre.

Il est midi. Je vois l’église ouverte. Il faut entrer.
Mère de Jésus-Christ, je ne viens pas prier.
Je n’ai rien à offrir et rien à demander.
Je viens seulement, Mère, pour vous regarder.
Vous regarder, pleurer de bonheur, savoir cela
Que je suis votre fils et que vous êtes là.
Rien que pour un moment pendant que tout s’arrête.
Midi !
Charles Mellin, Annonciation

Etre avec vous, Marie, en ce lieu où vous êtes.
Ne rien dire, regarder votre visage,
Laisser le cœur chanter dans son propre langage.
Ne rien dire, mais seulement chanter
Parce qu’on a le cœur trop plein,
Comme le merle qui suit son idée
En ces espèces de couplets soudains.
Parce que vous êtes belle, parce que vous êtes immaculée,
La femme dans la Grâce enfin restituée,
La créature dans son honneur premier
Et dans son épanouissement final,
Telle qu’elle est sortie de Dieu au matin
De sa splendeur originale.
Intacte ineffablement parce que vous êtes
La Mère de Jésus-Christ,
Qui est la vérité entre vos bras, et la seule espérance
Et le seul fruit.
Parce que vous êtes la femme,
L’Eden de l’ancienne tendresse oubliée,
Dont le regard trouve le cœur tout à coup et fait jaillir
Les larmes accumulées,
Parce que vous m’avez sauvé, parce que vous avez sauvé la France,
Parce qu’elle aussi, comme moi, pour vous fut cette chose à laquelle on pense,
Parce qu’à l’heure où tout craquait, c’est alors que vous êtes intervenue,
Parce que vous avez sauvé la France une fois de plus,
Parce qu’il est midi,
Parce que nous sommes en ce jour d’aujourd’hui,
Parce que vous êtes là pour toujours,
Simplement parce que vous êtes Marie,
Simplement parce que vous existez,
Mère de Jésus-Christ, soyez remerciée.


mardi 15 août 2017

Assomption de la Très Sainte Vierge Marie, fête nationale de la France

Sa Sainteté le Pape Pie XI
Lettre apostolique de Sa Sainteté le Pape Pie XI (22 mars 1922)

Galliam, Ecclesiae filiam primogenitam

Pour perpétuelle mémoire.

Les Pontifes romains Nos prédécesseurs ont toujours, au cours, des siècles, comblé des marques particulières de leur paternelle affection la France, justement appelée la fille aînée de l’Eglise. Notre prédécesseur de sainte mémoire le Pape Benoît XV, qui eut profondément à cœur le bien spirituel de la France, a pensé à donner à cette nation noble entre toutes, un gage spécial de sa bienveillance.

En effet, lorsque, récemment, Nos vénérables frères les cardinaux, archevêques et évêques de France, d’un consentement unanime, lui eurent transmis par Notre vénérable Frère Stanislas Touchet, évêque d’Orléans, des supplications ardentes et ferventes pour qu’il daignât proclamer patronne principale de la nation française la bienheureuse Vierge Marie reçue au ciel, et seconde Patronne céleste sainte Jeanne, pucelle d’Orléans, Notre prédécesseur fut d’avis de répondre avec bienveillance à ces pieuses requêtes. Empêché par la mort, il ne put réaliser le dessein qu’il avait conçu. Mais à Nous, qui venons d’être élevé par la grâce divine sur la chaire sublime du Prince des apôtres, il Nous est doux et agréable de remplir le vœu de Notre très regretté prédécesseur et, par Notre autorité suprême, de décréter ce qui pourra devenir pour la France une cause de bien, de prospérité et de bonheur.

Il est certain, selon un ancien adage, que « le royaume de France » a été appelé le « royaume de Marie », et cela à juste titre. Car, depuis les premiers siècles de l’Eglise jusqu’à notre temps, Irénée et Eucher de Lyon, Hilaire de Poitiers, Anselme, qui de France passa en Angleterre comme archevêque, Bernard de Clairvaux, François de Sales, et nombre d’autres saints docteurs, ont célébré Marie et, ont contribué à promouvoir et à amplifier à travers la France le culte de la Vierge Mère de Dieu. A Paris, dans la très célèbre Université de Sorbonne, il est historiquement prouvé que dès le XIIIe siècle la Vierge a été proclamée conçue sans péché.

Assomption et couronnement de Notre Dame, Musée de l'Ermitage
Même les monuments sacrés attestent d’éclatante manière l’antique dévotion du peuple à l’égard de la Vierge : trente-quatre églises cathédrales jouissent du titre de la Vierge Mère de Dieu ; parmi lesquelles on aime à rappeler comme les plus célèbres celles qui s’élèvent à Reims, à Paris, à Amiens, à Chartres, à Coutances et à Rouen. L’immense affluence des fidèles accourant de loin chaque année, même de notre temps, aux sanctuaires de Marie, montre clairement ce que peut dans le peuple la piété envers la Mère de Dieu, et plusieurs fois par an la basilique de Lourdes, si vaste qu’elle soit, paraît incapable de contenir les foules innombrables de pèlerins.
                                                          
La Vierge Mère en personne, trésorière auprès de Dieu de toutes les grâces, a semblé, par des apparitions répétées, approuver et confirmer la dévotion du peuple français.

Bien plus, les principaux et les chefs de la nation se sont fait gloire longtemps d’affirmer et de défendre cette dévotion envers la Vierge. Converti à la vraie foi du Christ, Clovis s’empresse, sur les ruines d’un temple druidique, de poser les fondements de l’église Notre-Dame, qu’acheva son fils Childebert. Plusieurs temples sont dédiés à Marie par Charlemagne. Les ducs de Normandie proclament Marie Reine de la nation. Le Roi saint Louis récite dévotement chaque jour l’office de la Vierge. Louis XI, pour l’accomplissement d’un vœu, édifie à Cléry un temple à Notre-Dame. Enfin Louis XIII consacre le royaume de France à Marie et ordonne que chaque année, en la fête de l’Assomption de la Vierge, on célèbre dans tous les diocèses de France de solennelles fonctions ; et ces pompes solennelles, Nous n’ignorons pas qu’elles continuent de se dérouler chaque année.

En ce qui concerne la Pucelle d’Orléans, que Notre prédécesseur a élevée aux suprêmes honneurs des saints, personne ne peut mettre en doute, que ce soit sous les auspices de la Vierge, qu’elle ait reçu et remplit mission de sauver la France. Car d’abord, c’est sous le patronage de Notre-Dame de Bermont, puis sous celui de la Vierge d’Orléans, enfin de la Vierge de Reims, qu’elle entreprit d’un cœur viril, une si grande œuvre, qu’elle demeura sans peur en face des épées dégainées et sans tache au milieu de la licence des camps, qu’elle délivra sa patrie du suprême péril et rétablit le sort de la France. C’est après en avoir reçu le conseil de ses voix célestes qu’elle ajouta sur son glorieux étendard le nom de Marie à celui de Jésus, vrai Roi de France. Montée sur le bûcher, c’est en murmurant au milieu des flammes, en un cri suprême, les noms de Jésus et de Marie, qu’elle s’envola an ciel. Ayant donc éprouvé le secours évident de la Pucelle d’Orléans, que la France reçoive la faveur de cette seconde patronne céleste : c’est ce que réclament le clergé et le peuple, ce qui fut déjà agréable à Notre prédécesseur et qui Nous plaît à Nous-mêmes.
Dormition et Assomption de Notre Dame,
par Juan Martin Cabezalero.

C’est pourquoi, après avoir pris les conseils de Nos vénérables Frères les cardinaux de la sainte Eglise romaine préposés aux Rites, motu proprio, de science certaine et après mûre délibération, dans la plénitude de Notre pouvoir apostolique, par la force des présentes et à perpétuité :

Nous déclarons et confirmons que la Vierge Marie Mère de Dieu, sous le titre de son Assomption dans le ciel, a été régulièrement choisie comme principale patronne de toute la France auprès de Dieu, avec tous les privilèges et les honneurs que comportent ce noble titre et cette dignité.

De plus, écoutant les vœux pressants des évêques, du clergé et des fidèles des diocèses et des missions de la France, 
Nous déclarons avec la plus grande joie et établissons Pucelle d’Orléans admirée et vénérée spécialement par tous les catholiques de France comme l’héroïne de la patrie, sainte Jeanne d’Arc, vierge, patronne secondaire de la France,
choisie par le plein suffrage du peuple, et cela encore d’après Notre suprême autorité apostolique, concédant également tous les honneurs et privilèges que comporte selon le droit ce titre de seconde patronne.

En conséquence, Nous prions Dieu, auteur de tous les biens, que, par l’intercession de ces deux célestes patronnes, la Mère de Dieu élevée au ciel et sainte Jeanne d’Arc, vierge, ainsi que des autres saints patrons des lieux et titulaires des églises, tant des diocèses que des missions, la France catholique, ses espérances tendues vers la vraie liberté et son antique dignité, soit vraiment la fille première-née de l’Eglise romaine ; qu’elle échauffe, garde, développe par la pensée, l’action, l’amour, ses antiques et glorieuses traditions pour le bien de la religion et de la patrie.

Couronnement de Notre Dame par la Trinité Sainte,
détail d'ornements liturgiques
Nous concédons ces privilèges, décidant que les présentes Lettres soient et demeurent toujours fermes, valides et efficaces, qu’elles obtiennent et gardent leurs effets pleins et entiers, qu’elles soient, maintenant et dans l’avenir, pour toute la nation française le gage le plus large des secours célestes, qu’ainsi il en faut juger définitivement, et que soit tenu pour vain dès maintenant et de nul effet pour l’avenir tout ce qui porterait atteinte à ces décisions, du fait de quelque autorité que ce soit, sciemment ou inconsciemment.
Nonobstant toutes choses contraires.

Donné à Rome, près de Saint-Pierre, sous l’anneau du Pêcheur, le 22 du mois de mars de l’année 1922, la première de Notre pontificat.



vendredi 11 août 2017

Saint Taurin, Apôtre et évangélisateur de la ville d'Evreux

Du vénérable abbé Henri Marie Boudon,

ORAISON A SAINT TAURIN

Grand saint que la divine Providence a choisi pour être le pasteur de nos âmes, qui nous avez fait connaître Dieu et son Fils Jésus Christ, qui avez tant souffert et fait tant de choses pour l’établissement de son règne en nous ; continuez et augmentez vos miséricordes envers nous, souvenez-vous que nous sommes le peuple que Dieu vous a donné, ne nous abandonnez pas dans nos nécessités corporelles et spirituelles et particulièrement dans la nécessité présente qui nous fait recourir à voire charitable bonté.
Faites nous ressentir les effets de votre puissante protection, nous avons recours à vous comme des enfants à leur père, et souvenez-vous que nous le faisons dans l’ordre de la divine Providence qui en a ainsi disposé.
Grand saint, montrez-vous être notre père, et à l’égard des besoins de nos corps et de nos âmes, et dans les maux publics, et dans les maux particuliers, afin que nous glorifiions avec vous et dans le temps et dans l’éternité, la très sainte et suradorable Trinité, le principe, le centre et la fin de toutes choses. Ainsi soit-il !

ORAISON A SAINT TAURIN

Nous vous prions, bienheureux saint Taurin, de vous souvenir de vos pauvres enfants ; bon pasteur, n’oubliez jamais le troupeau que Dieu vous a donné, comme nous croyons que vous assistez devant son trône, dans une pureté immaculée ; ne permettez pas que nous demeurions dans les tâches et souillures de nos péchés.
Impétrez nous le temps d’une véritable pénitence, vous le pouvez faire, étant du nombre de ceux qui chantent un cantique nouveau à l’Agneau de Dieu.
Servez nous toujours de patron et écoutez attentivement les vœux et les prières que nous vous offrons dans votre église et à votre tombeau.
Soyez notre avocat dans tous nos besoins, comme autrefois vous avez été notre apôtre.
Obtenez nous de Dieu un changement de vie, la paix dans nos jours, le pardon de tous nos péchés et la véritable joie qui est le commencement des joies éternelles.
Vous impétrerez facilement ce que vous demanderez au Souverain de toutes choses parce que, dans l’union parfaite que vous avez avec lui, vous ne pouvez ignorer ce qui ne lui plaît pas, et vous ne pouvez vouloir que ce qu’il veut.