jeudi 29 juin 2017

Saint Pierre et Saint Paul, priez pour le Pape et l'Eglise

D’après Jeffrey Mirus, docteur en philosophie, université de Princetown (EU). Trad. DC/APL

La question que se posent aujourd’hui de nombreux catholiques est : “Mais que faisait le Saint-Esprit pendant le conclave qui a élu Jorge Bergoglio ?” 

La réponse est très simple : le Saint-Esprit faisait ce qu’il fait toujours fait ; il a incité les cardinaux à voter pour le seul bien de l’Eglise. Mais le Saint-Esprit n’a pas choisi le pape : ce choix, il l’a laissé aux caprices des hommes, c’est-à-dire à leur capacité de répondre librement à la grâce. En d’autres termes, le Saint-Esprit n’organise pas les votes en vue de l’élection du meilleur candidat. Il n’y a donc aucune garantie que le choix des cardinaux reflète la volonté de Dieu, même si le choix d’un homme particulier comme pape obtient incontestablement l’assentiment de Dieu

Heureusement, quoi qu’il advienne, l’Eglise catholique jouit des garanties divines. Toutefois, elles ne sont pas nombreuses.
Le Christ n’a promis que d’être avec l’Eglise jusqu’à la fin des temps en l’assurant que les portes de l’enfer ne prévaudront pas contre elle. Cela signifie essentiellement que le Saint-Esprit ne permettra pas que soit perdue la constitution divine de l’Eglise (sa structure hiérarchique), et garantira que la plénitude de tous les moyens de salut sera toujours disponible dans l’Eglise. Ainsi, les sacrements de l’Eglise seront toujours de puissantes sources de grâce, les enseignements magistraux de l’Eglise seront toujours exempts d’erreur et l’Eglise restera le Corps mystique du Christ placé sous l’autorité du Seigneur représenté sur terre par son Vicaire ; le successeur de Pierre.

Mais le Christ n’a jamais garanti d’avoir des cardinaux capables de choisir le meilleur d’entre eux pour être pape. Il n’empêche donc pas les électeurs membres du Collège des cardinaux de moins de 80 ans de succomber à certaines influences : l’ignorance, le mensonge, la partialité, les objectifs mal conçus et les tentations de toute nature, y compris celles qui sont d’ordres politique et financier. Personne n’ignore, d’ailleurs, qu’il y a eu dans l’histoire de l’Eglise des périodes au cours lesquelles l’office pontifical avait été acheté et vendu sous l’influence de dirigeants politiques puissants ou de familles influentes.

Parmi les faiblesses des cardinaux électeurs, il en est une qui est et sera toujours bien présente : l’ignorance. Des cardinaux venant du monde entier ne peuvent pas, dans la plupart des cas, bien se connaître. Donc, ils votent souvent en se fiant à des impressions incomplètes ou même inexactes concernant les forces et des faiblesses des différentes personnes susceptibles de succéder à Saint Pierre. Ils voteront parfois pour un candidat particulier auquel on attribue des capacités qui, par la suite se révèleront être inexistantes. Enfin, beaucoup de cardinaux s’appuieront sur les conseils d’autres cardinaux en qui, sagement ou imprudemment, ils placent leur confiance.

L’histoire nous montre que si un grand nombre de papes ont fait preuve de sainteté (plus de 80 ont été canonisés), parmi tout ceux qui ne sont pas considérés comme saints, on en trouve qui n’ont pas été de grands exemples pour l’Eglise :
- Le pape Libère (352-356) : sous la pression politico-théologique des ariens, il a condamné le héraut de l’orthodoxie, saint Athanase. Il a également signé une déclaration équivoque qui pouvait être interprétée dans un sens arien aussi bien que catholique. Certes, il a enduré l’exil avec un certain courage, mais il fut tout de même le premier pape après Saint Pierre à n’être pas reconnu saint.
- Le pape Etienne VI (vers 896-897) : exerçant son pouvoir dans une période de troubles politiques et religieux, il fait exhumer et mettre en jugement le corps d’un de ses prédécesseurs (le pape Formose). Après condamnation du défunt (!), il fait ôter les vêtements du cadavre, fait couper deux doigts puis jette le corps dans le Tibre.
- Le Pape saint Célestin V (1294) : ce saint moine est un administrateur totalement incompétent. Au milieu d’agitations il démissionne six mois après son élection. 
- Jean XXII (1316-1334) : ce pape d’Avignon enseigne dans ses sermons et ses lettres que ceux qui ont été sauvés au moment de leur mort ne jouissent de la vision béatifique qu’après le jugement final. Cependant, il se rétracte un peu plus tard.
- Le Pape Alexandre VI (1492-1503) : le “fameux” pape Borgia, élu par l’influence d’une puissante famille italienne, est coupable à la fois de népotisme et d’avoir une maîtresse. D’autres papes élus durant la Renaissance auront une vie opulente et mèneront des guerres pour favoriser leurs intérêts. Une réforme sérieuse n’aura eu lieu que lorsque le pape Paul III engagera ce qui va devenir le Concile de Trente, dont les décisions seront mises en œuvre par le pape saint Pie V (1566-1572).
- Le pape Jean-Paul Ier (1978) : il décède subitement après un pontificat de seulement 33 jours. Il nous a donne toutefois donné une idée assez juste de ce qu’est le travail de la Providence divine : ce qu’on a retenu de lui étaient son sourire et son goût pour les œuvres de Mark Twain... Mais sa mort a ouvert la voie à l’élection du Pape Jean-Paul II qui a eu à diriger l’Eglise durant une époque périlleuse dans l’Histoire catholique et qui a été considéré comme saint.

Ces exemples montrent bien que le choix d’un pape n’offre aucune garantie. 

L'Eglise du Christ, une barque dans la tempête
Bien sûr, la Divine Providence est à l’œuvre pour tout ce qui se passe dans l’Eglise et dans le monde. Nous savons que rien ne se produit sans au moins la permission de Dieu qui est tellement au-dessus de nous qu’il n’a aucune difficulté pour tout transformer en vue de la réalisation de son projet final. Etant hors du temps, Dieu voit “tout à la fois”, pour ainsi dire. Sa Providence englobe donc tout selon son propre plan, sans pour autant limiter notre liberté.

Enfin, nous devons nous rappeler que le Saint-Esprit agit continuellement en sachant ce qu’il fait. Ainsi, de même que la mort subite de Jean-Paul I a ouvert la voie à l’élection de Saint Jean-Paul II considéré comme un des grands papes de l’histoire, il est également possible de considérer le pontificat actuel comme une leçon visant à nous rappeler nos responsabilités face à un christianisme en déclin.

La première expérience de ce pontificat peut s’avérer moyen de sortir l’Eglise de sa torpeur. Le prochain conclave se tournera-t-il vers les églises jeunes et dynamiques ? Les cardinaux choisiront-ils le successeur du pape François parmi les cardinaux venus d’Afrique ? Dieu seul le sait. Mais le Saint-Esprit ne se lasse pas et notre travail consiste à le prier et à lui faire confiance.



mardi 27 juin 2017

Acte d'offrande de Sainte Thérèse de l'Enfant Jésus à Jésus-Eucharistie

Le moulage et le découpage d'hosties, détail d'une photo de Sainte Thérèse de Lisieux et de ses sœurs carmélites

Ceci est mon Corps, livré pour vous.
Offrande de moi-même comme Victime d'Holocauste (Sg 3,6)
à l'Amour Miséricordieux du Bon Dieu

O mon Dieu ! Trinité Bienheureuse, je désire vous Aimer et vous faire Aimer, travailler à la glorification de la Sainte Eglise en sauvant les âmes qui sont sur la terre et (en) délivrant celles qui souffrent dans le purgatoire. Je désire accomplir parfaitement votre volonté et arriver au degré de gloire que vous m'avez préparé dans votre royaume, (Jn 14,2) en un mot, je désire être Sainte, mais je sens mon impuissance et je vous demande, ô mon Dieu ! d'être vous-même ma Sainteté. (Jn 3,16)

Puisque vous m'avez aimée jusqu'à me donner votre Fils unique pour être mon Sauveur et mon Époux, les trésors infinis de ses mérites sont à moi, je vous les offre avec bonheur, vous suppliant de ne me regarder qu'à travers la Face de Jésus et dans son Cœur brûlant d'Amour.

Je vous offre encore tous les mérites des Saints (qui sont au Ciel et sur la terre) leurs actes d'Amour et ceux des Saints Anges ; enfin je vous offre, ô Bienheureuse Trinité ! l'Amour et les mérites de la Sainte Vierge, ma Mère chérie, c'est à elle que j'abandonne mon offrande la priant de vous la présenter. Son divin Fils, mon Époux Bien-Aimé, aux jours de sa vie mortelle, nous a dit : « Tout ce que vous demanderez à mon Père, en mon nom, il vous le donnera ! » (He 5,7 Jn 16,23) Je suis donc certaine que vous exaucerez mes désirs; je le sais, ô mon Dieu ! (plus vous voulez donner, plus vous faites désirer). Je sens en mon cœur des désirs immenses et c'est avec confiance que je vous demande de venir prendre possession de mon âme. Ah ! je ne puis recevoir la Sainte Communion aussi souvent que je le désire, mais, Seigneur, n'êtes-vous pas Tout-Puissant ?... Restez en moi, comme au tabernacle, ne vous éloignez jamais de votre petite hostie…

Je voudrais vous consoler de l'ingratitude des méchants et je vous supplie de m'ôter la liberté de vous déplaire, si par faiblesse je tombe quelquefois qu'aussitôt votre Divin Regard purifie mon âme consumant toutes mes imperfections, comme le feu qui transforme toute chose en lui-même…

Je vous remercie, ô mon Dieu! de toutes les grâces que vous m'avez accordées, en particulier de m'avoir fait passer par le creuset de la souffrance. C'est avec joie que je vous contemplerai (Sg 3,5-6 Mt 24,30) au dernier jour portant le sceptre de la Croix ; puisque vous (avez) daigné me donner en partage cette Croix si précieuse, j'espère au Ciel vous ressembler et voir briller sur mon corps glorifié les sacrés stigmates de votre Passion... (Jn 20,27 Ga 6,17)

Après l'exil de la terre, j'espère aller jouir de vous dans la Patrie, mais je ne veux pas amasser de mérites pour le Ciel, je veux travailler pour votre seul Amour, dans l'unique but de vous faire plaisir, de consoler votre Cœur Sacré et de sauver des âmes qui vous aimeront éternellement.

Messe de Saint Grégoire le Grand
Au soir de cette vie je paraîtrai devant vous les mains vides car je ne vous demande pas, Seigneur, de compter mes œuvres. Toutes nos justices ont des taches à vos yeux. (Is 64,6) Je veux donc me revêtir de votre propre Justice et recevoir de votre Amour la possession éternelle de Vous-même. Je ne veux point d'autre Trône et d'autre Couronne que Vous, ô mon Bien-Aimé !...

A vos yeux le temps n'est rien, un seul jour est comme mille ans, vous pouvez donc en un instant me préparer à paraître devant vous... (Ps 90,4)

Afin de vivre dans un acte de parfait Amour je m'offre comme victime d'holocauste à votre Amour miséricordieux, vous suppliant de me consumer sans cesse, (Jn 7,38) laissant déborder en mon âme les flots de tendresse infinie qui sont renfermés en vous et qu'ainsi je devienne Martyre de votre Amour, ô mon Dieu !...

Que ce martyre après m'avoir préparée à paraître devant vous me fasse enfin mourir et que mon âme s'élance sans retard dans l'éternel embrassement de Votre Miséricordieux Amour...

Je veux, ô mon Bien-Aimé, à chaque battement de mon cœur vous renouveler cette offrande un nombre infini de fois, jusqu'à ce que les ombres s'étant évanouies je puisse vous redire mon Amour dans un Face à Face Eternel !... (Ct 4,6 1Co 3,12)

Marie, Françoise, Thérèse de l'Enfant Jésus et de la Sainte Face
rel. carm. ind.
Fête de la Très Sainte Trinité
Le 9 juin de l'an de grâce 1895.


Lettre enluminée du Sacrifice de la Messe
O Dieu caché dans la prison du tabernacle ! c'est avec bonheur que je reviens près de vous chaque soir, afin de vous remercier des grâces que vous m'avez accordées et d'implorer mon pardon pour les fautes que j'ai commises pendant la journée qui vient de s'écouler comme un songe… (Is 45,15 Ps 89,5)

O Jésus ! que je serais heureuse si j'avais été bien fidèle, mais hélas ! souvent le soir je suis triste car je sens que j'aurais pu mieux répondre à vos grâces... Si j'étais plus unie à Vous, plus charitable avec mes sœurs, plus humble et plus mortifiée, j'aurais moins de peine à m'entretenir avec vous dans l'oraison. Cependant, ô mon Dieu ! bien loin de me décourager par la vue de mes misères, je viens à vous avec confiance, me souvenant que : « Ce ne sont pas ceux qui se portent bien qui ont besoin de médecin, mais les malades. » (Mt 9,12) Je vous supplie donc de me guérir, de me pardonner, et moi je me souviendrai, Seigneur, « que l'âme à laquelle vous avez remis davantage, doit aussi vous aimer plus que les autres !...» (Lc 7,42-43) Je vous offre tous les battements de mon cœur comme autant d'actes d'amour et de réparation et je les unis à vos mérites infinis. Je vous supplie, ô mon Divin Epoux, d'être vous-même le Réparateur de mon âme, d'agir en moi sans tenir compte de mes résistances, enfin je ne veux plus avoir d'autre volonté que la vôtre ; et demain, avec le secours de votre grâce, je recommencerai une nouvelle vie dont chaque instant sera un acte d'amour et de renoncement.

Après être ainsi venue chaque soir au pied de votre Autel, j'arriverai enfin au dernier soir de ma vie, alors commencera pour moi le jour sans couchant de l'éternité où je me reposerai sur votre Divin Cœur des luttes de l'exil !... 



dimanche 25 juin 2017

A propos de la lettre Amoris Laetita et des questions qu'elle pose


Très Saint-Père,


Cardinal Caffara
C’est avec une certaine trépidation que je m’adresse à votre sainteté, pendant cette période du temps pascal. Je le fais au nom des très éminents cardinaux, Walter Bandmüller, Raymond L. Burke, Joachim Meisner, et en mon propre nom.

Nous voulons d’emblée renouveler notre dévouement absolu et notre amour inconditionnel pour la chaire de Pierre et pour votre auguste personne, en laquelle nous reconnaissons le successeur de Pierre et le vicaire de Jésus : le « Doux Christ en terre », ainsi que sainte Catherine de Sienne aimait à le dire. Nous ne partageons en rien la position de ceux qui considèrent que le siège de Pierre est vacant, ni celle de personnes qui veulent attribuer à d’autres la responsabilité indivisible du munus pétrinien. Nous sommes mus seulement par la conscience de la grave responsabilité qu’entraîne le munus des cardinaux : être des conseillers du successeur de Pierre en son ministère souverain. Et du sacrement de l’épiscopat, qui nous a « établis évêques, pour gouverner l’église de Dieu, qu’Il a acquise par son sang ».

Cardinal Meisner
Le 19 septembre 2016, nous avons remis à Votre Sainteté et à la Congrégation pour la Doctrine de la foi cinq dubia, vous demandant de résoudre des incertitudes et d’apporter la clarté sur certains points de l’exhortation apostolique post-synodale, Amoris laetitia.

N’ayant reçu aucune réponse de Votre Sainteté, nous avons pris la décision de vous demander, respectueusement et humblement, de nous accorder une audience, ensemble si Votre Sainteté le désirait. Nous joignons, comme c’est l’usage, une feuille d’audience dans laquelle nous présentons les deux points dont nous voudrions nous entretenir avec vous.

Très Saint-Père,
Cardinal Brandmüller
Un an a donc passé depuis la publication d’Amoris laetitia. Pendant ce laps de temps, des interprétations de certains passages objectivement ambigus de l’exhortation postent synodales ont été publiquement données, qui ne sont pas divergentes par rapport au magistère permanent de l’Eglise, mais qui lui sont contraires. Malgré le fait que le Préfet de la Doctrine de la foi a déclaré de manière répétée que la doctrine de l’Eglise n’a pas changé, de nombreuses déclarations ont paru, de la part d’évêques individuels, de cardinaux et même de conférences épiscopales, approuvant ce que le magistère de l’Eglise n’a jamais approuvé. Il ne s’agit pas seulement de l’accès à la Sainte Eucharistie pour ceux qui vivent objectivement et publiquement dans un état de péché grave, et qui ont l’intention d’y demeurer, mais aussi une conception de la conscience morale qui est contraire à la tradition de l’Eglise. Et donc il advient –  combien douloureux est-il de le constater ! –  que ce qui est péché en Pologne est bon en Allemagne, que ce qui est interdit dans l’archidiocèse de Philadelphie est autorisé à Malte. Et ainsi de suite. Cela remet en mémoire l’amère observation de B. Pascal : « Plaisante justice qu’une rivière borne ! Vérité au-deçà des Pyrénées, erreur au-delà. »

Cardinal Burke
De nombreux fidèles laïcs compétents, profondément amoureux de l’Eglise et indéfectiblement loyaux à l’égard du siège apostolique, se sont tournés vers leurs pasteurs et vers Votre Sainteté afin d’être confirmés dans la sainte doctrine en ce qui concerne les trois sacrements du mariage, de la confession, et de l’eucharistie. Et en ces jours-même, à Rome, six fidèles laïcs, de chaque continent, ont présenté un séminaire d’études très fréquenté sous le titre significatif : « Apporter la clarté. » Face à cette grave situation, qui fait que de nombreuses communautés chrétiennes sont en train d’être divisés, nous ressentons le poids de notre responsabilité, et notre conscience nous oblige à demander humblement et respectueusement une audience.

Que Votre Sainteté se souvienne de nous dans vos prières, de même que nous nous engageons à nous souvenir de vous dans les nôtres, et nous demandons le don de votre bénédiction apostolique.

+ Carlo Card. Caffarra
Rome, 25 avril 2017
Fête de Saint Marc l’évangéliste





samedi 24 juin 2017

Coeur immaculé de Marie, Refuge des pécheurs, priez pour nous

Coeur Sacré de Jésus
Vie nouvelle de Henri-Marie Boudon, par Mgr. Matthieu, Archevêque de Besançon

De toutes les pratiques dont la piété se sert pour honorer la sainte Vierge, celle qui plaisait le plus à l’âme tendre de Boudon était la dévotion à son saint cœur. Il vit avec transport cette dévotion se propager et s’étendre par les soins du P. Eudes malgré les oppositions, de l’esprit de parti et la répugnance de ceux que ses clameurs intimidaient. Il s’empressa d’attacher ses jeunes condisciples au culte de ce cœur compatissant et de le leur montrer comme le canal de toutes les grâces et de toutes les bénédictions célestes.

Coeur immaculé de Marie
Des considérations si consolantes devaient agir puissamment sur leur esprit ; aussi la fête du cœur de Marie fut elle mise au rang des principales fêtes de la congrégation. On se servit pour la solenniser du livre que venait de publier le célèbre missionnaire qui mettait sous son appui sa société naissante. Tous les jours, on récitait les litanies qu’il avait composées en son honneur devant un tableau que Boudon avait fait faire et qui représentait les cœurs de Jésus et de Marie environnés d’anges adorateurs avec ces paroles : Cor Jesu et Mariœ cœtûs nostri gloria.

Ce tableau était l’unique ornement de la salle où ils se réunissaient comme pour leur montrer que rien ne devait les distraire de l’application à ces objets sacrés. Ils les saluaient en y entrant par d’humbles génuflexions ou par des exclamations courtes et vives qui marquaient qu’ils avaient placé en eux toute leur force et toute leur espérance.


vendredi 23 juin 2017

Coeur Sacré de Jésus, ayez pitié de nous et sauvez nous ! Apprenez-nous à aimer et nous offrir à vous

La Basilique du Sacré-Coeur et du Christ-Roi, Voeu national de la France en expiation des erreurs de la Révolution et de la Commune de Paris. Adoration, Offrande, Expiation !
Du vénérable abbé Henri Marie Boudon, Lettre 155
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DIEU SEUL

Il est l'heure d'aimer !
Mon cher Monsieur ;

Vous m’avez donné une consolation bien grande de m’apprendre les saints mouvements que la grâce inspire pour honorer le très saint Cœur.

~ C’est une grande marque que Dieu tout bon a dessein de se servir de ces bons messieurs pour sa gloire en leur donnant une application si spéciale au Cœur qui a attiré le Fils bien aimé du Père éternel en notre terre, et dont il a bien voulu recevoir sa vie humaine après son incarnation, dans les pures entrailles de la très sainte Vierge.

Si un Dieu a bien voulu se servir de ce Cœur très aimant et tout aimable pour en tirer sa vie humaine, il n’y a pas à s’étonner s’il s’en sert pour donner la vie à toutes les âmes ; si donc ce Cœur admirable est le canal sacré par lequel la grâce de la vie divine est communiquée aux hommes, sans doute que les personnes qui en sont plus proches et qui y sont plus unies en reçoivent des secours plus efficaces et plus puissants pour le salut du cher prochain.

mercredi 21 juin 2017

Le miracle eucharistique de Bolsena

De la consécration du pain au Corps du Christ...
Les doutes d’un prêtre, le prodige à Bolsena, Italie, 1264

Vers la fin de l’été 1264, un prêtre germanique, pieux et de grande vertu, fut assailli de doutes sur le mystère de la transsubstantiation, c'est-à-dire de la transformation du pain et du vin en Corps et en Sang du Christ. Comme il souffrait trop, il décida d’aller en pèlerinage à Rome. À son retour chez lui, il s’arrêta dans la ville de Bolsena, pour célébrer la messe en l’Église Sainte-Christine. En élevant l’hostie pendant la consécration, il implora, de tout son cœur, le Sauveur de lui enlever ses doutes sur l’Eucharistie, lorsque tout d’un coup, l’hostie consacrée se mit à saigner.

... à l'adoration eucharistique.
Impressionné par l’extraordinaire phénomène, il se hâta d’essuyer le sang avec le corporal. À la fin, le drap sacré était couvert de vingt-cinq taches de sang. Stupéfait par cette manifestation extraordinaire, il s’empressa d’aller à Orvieto rencontrer le pape Urbain IV, qui y résidait depuis deux ans. Le pape ordonna de déposer le corporal miraculeux à la cathédrale Santa-Maria d’Orvieto, où il l’exposa à l’adoration des fidèles. Une multitude de gens commença à venir adorer le sang du corporal et cette église devint un haut lieu de pèlerinage dans tout le moyen-âge et jusqu’à nos jours. Ce miracle eucharistique encouragea le pape Urbain IV à instituer la fête de Corpus Christi que l’on appelle aussi la Fête-Dieu dans l’Église universelle. Il demanda aussi à saint Thomas d’Aquin de composer l’office de Corpus Domini pour honorer le Saint-Sacrement.

Ce prodige fut une récompense extraordinaire pour ce prêtre loyal. Alors qu’il était pieux, ses doutes durent le faire souffrir terriblement mais il fit tout pour recouvrer la foi. Sans trouver de repos, il est parti jusqu’à Rome en pèlerinage. Il a ainsi répondu à l’invitation de Jésus à ses apôtres à Gethsémani: « Veillez et priez pour ne pas entrer en tentation » (Lc 22, 40).Ce prêtre qui passait par un vrai Gethsémani s’est battu pour sa foi avec les armes de la foi. Et Jésus s’est rendu visible à ses yeux.

Calice du XIIe s.
Le peu de foi qui restait à ce bon prêtre, hanté par ses doutes, le poussa tout de même à réagir. Mais qui veut servir le Seigneur doit se préparer à l’épreuve, car la foi doit être amené à la perfection : « Courrons avec constance l'épreuve qui nous est proposée, fixant nos yeux sur le chef de notre foi, qui la mène à la perfection, Jésus » (He 12, 1-2). En effet, l’épreuve fait partie de notre cheminement spirituel, et la manière de persévérer jusqu’à la fin se fait à travers la prière, et en particulier l’adoration.

L’adoration est une prière pleine d’humilité et d’abandon face à l’Amour de Dieu. En faisant un geste de soumission en s’inclinant, nos couronnes d’orgueil tombent à terre. Et avec cette disposition du cœur, Dieu se donne tout à nous. Voilà pourquoi l’adoration peut tout. La grâce divine tombe sur nous comme une pluie, ouvrant notre esprit et notre cœur à sa lumière. C’est justement ce qui s’est passé pour notre prêtre à Bolsena: tandis qu’il adorait, en élevant le Corps de Jésus, il a été délivré, au même instant, de tous ses doutes. Le Seigneur versait sur lui une pluie abondante de grâces, le guérissant et le libérant.

La communion du chevalier, cathédrale de Reims
Jésus nous attend en permanence au Saint-Sacrement, où il se donne à nous dans l’intimité de son Amour. Dans cette proximité, il nous libère de nos chaînes et de nos souffrances et nous comble de son bonheur. Il est notre Bonheur. Venons, adorons-le !
 
Enrique Munita




dimanche 18 juin 2017

Fête-Dieu, solennité du Corps et du Sang du Christ

Vitrail de la Fête-Dieu

Solennité et Fête titulaire de l'Archiconfrérie du Très Saint Sacrement de l'Autel et des Saints Anges !


Très sainte fête à tous.





Procession à S.-Pierre du Vatican

Rien n’est beau comme cet instant solennel des cérémonies catholiques, alors que les prêtres, vêtus de leurs blancs surplis ou de chapes étincelantes, marchent lentement, précédant le dais et suivant la croix d’argent qu’éclairent les cierges par-dessous, et qui coupe de son éclat l’ombre des voûtes dans laquelle elle semble nager, comme la croix, il y a dix-huit siècles, sillonna les ténèbres qui couvraient le monde.


Jules Barbey d’Aurevilly


Encensement dans le rite oriental


jeudi 15 juin 2017

De la communion spirituelle et de la communion sacramentelle

Voici mon Corps, livré pour vous
L’Imitation de Jésus-Christ – livre IV – Du sacrement de l'Eucharistie, n.10. Qu'on ne doit pas facilement s'éloigner de la sainte Communion

Voix du Bien-Aimé
1. Il faut recourir souvent à la source de la grâce et de la divine miséricorde, à la source
de toute bonté et de toute pureté, afin que vous puissiez être guéri de vos passions et de vos vices, et que, plus fort, plus vigilant, vous ne soyez ni vaincu par les attaques du démon, ni surpris par ses artifices.
L'ennemi des hommes, sachant quel est le fruit de la sainte communion et combien est grand le remède qu'y trouvent les âmes pieuses et fidèles, s'efforce en toute occasion et par tous les moyens de les en éloigner autant qu'il peut.

2. Aussi est-ce au moment où ils s'y disposent que quelques-uns éprouvent les plus vives attaques de Satan. Cet esprit de malice, comme il est écrit au livre de Job, vient parmi les enfants de Dieu pour les troubler par les ruses ordinaires de sa haine, cherchant à leur inspirer des craintes excessives et de pénibles perplexités, pour affaiblir leur amour, ébranler leur foi, afin qu'ils renoncent à communier, ou qu'ils ne communient qu'avec tiédeur.
Mais il ne faut pas s'inquiéter de ses artifices et de ses suggestions, quelques honteuses, quelques horribles qu'elles soient, mais les rejeter toutes sur lui. Il faut se rire avec mépris de cet esprit misérable et n'abandonner jamais la sainte communion à cause de ses attaques et des mouvements qu'il excite en nous.

3. Souvent aussi l'on s'en éloigne par un désir trop vif de la ferveur sensible et parce qu'on a conçu de l'inquiétude sur sa confessions.
Agissez selon le conseil des personnes prudentes et bannissez de votre cœur l'anxiété et les scrupules, parce qu'ils détruisent la piété et sont un obstacle à la grâce de Dieu.
L'allégorie de la foi
Ne vous privez point de la sainte communion dès que vous éprouverez quelque trouble ou une légère peine de conscience; mais confessez-vous au plus tôt et pardonnez sincèrement aux autres les offenses que vous avez reçues d'eux. Que si vous avez vous-même offensé quelqu'un, demandez-lui humblement pardon, et Dieu aussi vous pardonnera.

4. Que sert de tarder à se confesser et de différer la sainte communion ? Purifiez-vous promptement, hâtez-vous de rejeter le venin et de recourir au remède; vous vous en trouverez mieux que de différer longtemps.
Si vous différez aujourd'hui pour une raison, peut-être s'en présentera-t-il demain une plus forte; et vous pourriez ainsi être sans cesse détourné de la communion, et sans cesse vous y sentir moins disposé. Ne perdez pas un moment, secouez votre langueur, déchargez-vous de ce qui vous pèse; car à quoi revient-il de vivre toujours dans l'anxiété, toujours dans le trouble, et d'être éloigne chaque jour par de nouveaux obstacles de la Table sainte ?
Rien, au contraire, ne nuit davantage que de s'abstenir longtemps de communier; car d'ordinaire l'âme tombe par-là dans un profond assoupissement. Ô douleur ! il se rencontre des chrétiens si tièdes et si lâches qu'ils saisissent avec joie tous les prétextes pour différer à se confesser, et dès lors aussi à communier, afin de n'être pas obligés de veiller avec plus de soin sur eux-mêmes.

Voici mon Sang, versé pour vous
5. Hélas ! qu'ils ont peu de piété, peu d'amour, ceux qui se privent si aisément de la sainte communion ! Qu'il est heureux, au contraire, et agréable à Dieu, celui qui vit de telle sorte et qui conserve sa conscience si pure, qu'il serait préparé à communier tous les jours et communierait en effet, s'il lui était permis et qu'il pût le faire sans singularité !
Si quelqu'un s'en abstient quelquefois par humilité ou pour une cause légitime, on doit louer son respect. Mais si sa ferveur s'est refroidie, il doit se ranimer et faire tout ce qu'il peut: et Dieu secondera ses désirs, à cause de la droiture de sa volonté qu'il considère principalement.

6. Que si des motifs légitimes l'empêchent d'approcher de la sainte Table, il conservera toujours l'intention et le saint désir de communier, et ainsi il ne sera pas entièrement privé du fruit du Sacrement.
Quoique tout fidèle doive, à certains jours et au temps fixé, recevoir avec un tendre respect le Corps du Sauveur dans son Sacrement, et rechercher en cela plutôt la gloire de Dieu que sa propre consolation, cependant il peut aussi communier en esprit tous les jours, à toute heure, avec beaucoup de fruit. Car il communie de cette manière et se nourrit invisiblement de Jésus-Christ toutes les fois qu'il médite avec piété les mystères de son Incarnation et de sa Passion, et qu'il s'enflamme de son amour.

7. Celui qui ne se prépare à la Communion qu'aux approches des fêtes et quand la coutume l'y oblige, sera souvent mal préparé.
Celui qui mange ma Chair et boit mon Sang demeure en
moi, et moi en lui.
Heureux celui qui s'offre au Seigneur en holocauste toutes les fois qu'il célèbre le sacrifice ou qu'il communie ! Ne soyez, en célébrant les saints mystères, ni trop lent ni trop prompt; mais conformez-vous à l'usage ordinaire et régulier de ceux avec qui vous vivez. Il ne faut point fatiguer les autres ni leur causer d'ennui, mais suivre l'ordre commun établi par vos pères, et consulter plutôt l'utilité de tous que votre attrait et votre piété particulière.