mardi 30 juillet 2019

Préparons-nous dans l'humilité et la joie à la solennité de Notre-Dame des Anges



Dans exactement trois jours nous célébrerons la solennité de Notre Dame des Anges.

Marie, Mère de Dieu, est apparue à S. François d'Assise à la Portioncule, entourée de son divin Fils et des neufs chœurs des Esprits bienheureux.

La chapelle de la Portioncule, dans la basilique de
Notre-Dame des Anges, Assise
Le Seigneur Jésus demanda au pauvre d'Assise ce qu'il désirait. Celui-ci demanda le pardon des conséquences du péché dans les âmes des hommes qui visiteraient un lieu consacré du 1er août au soir jusqu'au 2 août au soir (une cathédrale, une paroisse, une chapelle, un simple oratoire) et qui, avec une âme purifiée par l'absolution sacramentelle et nourrie du Saint Sacrement de la divine Eucharistie, s'offriraient à Dieu dans la prière pour toutes les intentions de l'Eglise (l'extension du Règne de Dieu dans tous les cœurs, la fin des schismes et des hérésies qui abîment l'Eglise et la souillent, la conversion de tous les chrétiens au Christ Roi depuis le Pape jusqu'au dernier des fidèles) tout en redisant les promesses de son Baptême et en rejetant tout mal et le faux prince de ce monde (en récitant le Credo, le Notre-Père, le Je vous salue).

Ainsi, les fidèles peuvent recevoir la grande grâce de l'indulgence plénière pour eux-mêmes ou pour les défunts. 

Préparons-nous donc à vivre cette grande fête et vivant un triduum - trois jours de prières préparatoires - à cette solennité.


Extrait des « Paraphrases des litanies de Notre Dame des victoires »

Regina Angelorum, ora pro nobis.
Reine des Anges, priez pour nous.

I. Considération : Si on donne à Marie le titre glorieux de Reine des Anges, c’est parce qu’en qualité de Mère du Créateur, des Anges & du souverain Maître des cieux, elle surpasse en gloire toutes les intelligences célestes.
 
Le petit pauvre d'Assise, Saint François,
dessin
C’est ce que reconnaît l’Eglise universelle quand elle chante au jour de l’Assomption de la sainte Vierge. La sainte Mère de Dieu est élevée dans le Royaume de cieux au-dessus de tous les Anges.

Aussi les Anges, ravis de l’empire que Marie a sur eux, la servent avec une affection digne des complaisances de Dieu même ; ils ne cessent d’exprimer la tendresse des sentiments qui les animent pour elle par des acclamations de joie, d’allégresse dans les bénédictions qu’ils lui donnent.

II. Or, en considérant la gloire dont Marie jouit dans le ciel au-dessus de tous les Anges, ne craignons pas qu’elle soit seulement proportionnée à la grandeur de son rang ; mais persuadons nous qu’elle l’est aussi à l’élévation de son mérite car, celui qui selon St Paul rendra à chacun selon ses œuvres, qui n’aura pas égard à la condition des personnes, n’aurait pas glorifié sa Mère jusqu’à l’élever au-dessus des chœurs des Anges, si elle ne les eut pas incomparablement surpassé en mérite.

Il est donc vrai de dire que la sainte Vierge qui fut, dès le premier instant de sa conception, plus élevée en grâces que les Séraphins, les surpasse une manière si excellente en mérite, que toutes les perfections des Anges disparaissent devant les siennes.

III. Voulons-nous donc, un jour dans le ciel, nous réjouir en célébrant avec les Anges les louanges de Marie ? Faisons-nous un trésor de mérites en imitant ses vertus. Représentons nous surtout sa profonde humilité qui en fut le fondement et devenons humbles de cœur comme elle, afin d’être reçus un jour dans la cité de la céleste de Sion dont l’entrée n’est ouverte qu’à ceux qui ont sincèrement pratiqué cette vertu et d’où l’orgueil fut banni avec les mauvais Anges qui furent précipités du plus haut des cieux dans les plus profonds abîmes de l’enfer.

Prière.

O Marie, Reine des Anges, quand pourrai-je, témoin de votre gloire, en contempler, en admirer l’éclat, avec les Anges ?

Mais confus des indifférences dans laquelle, j’ai vécu pour les biens du ciel et de mon attachement pour ceux de la terre, je reconnais que je suis malheureusement encore bien éloigné de ce bonheur.

Aidez-moi je vous prie, à réparer le temps que j’ai perdu et à sanctifier une vie que Dieu ne m’a donnée qu’afin qu’elle fût toute employée à le servir et à l’aimer, et faites que je puisse acquérir par des œuvres de justice et de pénitence les richesses incorruptibles de la bienheureuse immortalité.
Ainsi soit-il.

Reine des Anges, priez pour nous.

Détails de la fresque intérieure de la Portioncule. Le mystère de l'Annonciation, surmonté de la vision de Saint François et entouré de passages de la vie du Saint.



lundi 29 juillet 2019

Saintes Marthe et Marie et leur frère, saint Lazare


Marthe et Marie, par Jan Vermeer van Delft
De Saint Ephrem de Nisibe, dit la Harpe du Saint Esprit, Commentaire de l'Évangile concordant, 17, 7-10

« Moi, je suis la résurrection et la vie »
Quand il a demandé : « Où l'avez-vous déposé ? », les larmes venaient aux yeux de notre Seigneur.
Ses larmes ont été comme la pluie, Lazare comme le grain, et le sépulcre comme la terre.
Il a crié d'une voix de tonnerre, la mort a tremblé à sa voix, Lazare a jailli comme le grain, est sorti et a adoré le Seigneur qui l'avait ressuscité.

Jésus a rendu la vie à Lazare et est mort à sa place, car, lorsqu'il l'eut tiré du sépulcre et pris place à sa table, lui-même a été enseveli symboliquement par l'huile que Marie a versée sur sa tête (Mt 26,7).
La force de la mort qui avait triomphé depuis quatre jours est écrasée pour que la mort sache qu'il était facile au Seigneur de la vaincre le troisième jour ; sa promesse est véridique : il avait promis qu'il ressusciterait lui-même le troisième jour (Mt 16,21).
Le Seigneur a donc rendu leur joie à Marie et à Marthe en terrassant l'enfer pour montrer que lui-même ne serait pas retenu par la mort pour toujours.
Maintenant, chaque fois qu'on dira que ressusciter le troisième jour est impossible, qu'on regarde celui qui a été ressuscité le quatrième jour.

« Approchez-vous et enlevez la pierre. »
La résurrection de Lazare, par Jacopino da Reggio, XIIIe
Quoi donc, celui qui a ressuscité un mort et lui a rendu la vie n'aurait-il pas pu ouvrir le sépulcre et renverser la pierre ?
Lui qui disait à ses disciples :
-« Si vous avez la foi gros comme un grain de moutarde, vous direz à cette montagne : Déplace-toi, et elle se déplacera » (Mt 17,20), n'aurait-il pas pu par un mot déplacer la pierre qui fermait l'entrée du sépulcre ?
Certes, il aurait pu aussi enlever la pierre par sa parole, lui dont la voix, alors qu'il était suspendu à la croix, a fendu les pierres et les sépulcres (Mt 27,51-52).
Mais, parce qu'il était l'ami de Lazare, il dit :
-« Ouvrez, pour que l'odeur de la pourriture vous frappe, et déliez-le, vous qui l'avez enveloppé dans son suaire, pour que vous reconnaissiez bien celui que vous aviez enseveli. »




vendredi 26 juillet 2019

Sainte Anne et saint Joachim


La découverte de la statue de sainte Anne à Auray

Dans la nuit du 7 au 8, vers onze heures, ses domestiques veillaient encore dans la pièce voisine, Nicolazic récitait comme d'habitude son chapelet en attendant le sommeil.

Soudain sa chambre se trouve toute éclairée comme elle l'avait été si souvent ; sur la table apparaît un cierge dont la flamme brillait d'un éclat très vif ; et la Sainte se montrant aussitôt, arrête sur son messager un regard plein de douceur : l'heure attendue était arrivée. Sainte Anne dit d'une voix agréable et engageante : « Yves Nicolazic, appelez vos voisins, comme on vous l'a conseillé ; menez-les avec vous au lieu où ce flambeau vous conduira, vous trouverez l'image qui vous mettra à couvert du monde, lequel connaîtra enfin la vérité de ce que je vous ai promis. »
Après ces paroles, sainte Anne disparaît, mais la lumière reste.

Nicolazic, l'âme toute à la joie, se lève et s'habille à la lueur du flambeau qui semble l'attendre. Quand il se dispose à sortir, le flambeau marche devant lui ; quand il arrive dehors, le flambeau lui-même l'a précédé. Il était déjà en route vers le Bocenno, quant tout à coup, se ravisant, le paysan se rappelle qu'on lui a dit de prendre des témoins. Il retourne donc sur ses pas, rentre chez lui, appelle son beau-frère Louis Le Roux qui veillait encore, et lui commande de se munir d'une tranche. Puis tous deux, ils se mettent en mesure d'aller chercher des voisins : Jacques Lucas, François Le Bléavec, Jean Tanguy et Julien Lézulit.

Sainte Anne bénissant Yvon Nicolazic
et l'abbé Pierre de Keriolet
Tous s'empressèrent de répondre à cet appel. Cependant le flambeau brillait toujours, à la même place, et les deux beaux-frères ne tardèrent pas à le rejoindre.
Les autres arrivaient aussi par derrière, pressés de voir eux-mêmes le cierge mystérieux.
— Où donc est-il ? demandèrent les quatre paysans. Nicolazic le montra du doigt : deux d'entre eux l'aperçurent aussitôt ; les deux autres ne le virent point. Plus tard on sut pourquoi, et ce sont eux-mêmes qui en ont avoué la cause : ils n'étaient pas en état de grâce !
— Allons, mes amis, dit Nicolazic, « extasié de joie », allons où Dieu et Madame sainte Anne nous conduiront. »

Le flambeau se mit alors en mouvement. Il allait en avant, à la distance de quinze pas environ, et à trois pieds d'élévation au-dessus du sol. Le chemin qu'il prit était la voie charretière qui conduisait du village à la fontaine ; et les paysans suivaient, heureux et pleins d'espoir comme jadis les Mages guidés par l'étoile.

Arrivé en face du Bocenno, le flambeau sort du chemin, pénètre dans le champ, et se dirige, par-dessus le blé en herbe, jusqu'à l'endroit de l'ancienne chapelleLà, il s'arrête.
Les paysans, qui ont toujours les yeux sur lui, le voient alors s'élever et redescendre par trois fois, comme pour attirer leur attention sur cet emplacement, puis disparaître dans le sol.

Statue actuelle de sainte Anne. Le socle contient
les restes de l'antique statue, malheureusement profanée
lors de la Révolution française.
Nicolazic, qui observait tous ces mouvements, se précipita le premier jusqu'à l'endroit où s'était évanouie la lumière, et, mettant le pied dessus, il dit à son beau-frère de creuser là. Jean Le Roux, qui portait la tranche, n'eut pas plus tôt donné cinq ou six coups dans la terre meuble des sillons, qu'on entendit sous le choc de l'instrument résonner une pièce de bois qui s'y trouvait enfouie.
Tous eurent immédiatement l'intuition que c'était l'image qu'ils cherchaient.

Comme ils se trouvaient dans l'obscurité, Nicolazic commanda à l'un d'eux d'aller vite chercher de la lumière : « Prenez, lui dit-il, le cierge bénit de la Chandeleur, avec un tison pour l'allumer. »
Ce qui fut fait. Alors tous se mirent à l'œuvre, et ils ne tardèrent pas à retirer du sol la vieille statue toute défigurée, qui gisait là depuis 900 ans.
Après l'avoir considérée pendant quelques instants, ils l'adossèrent avec respect contre le talus voisin et se retirèrent, surpris et heureux à la fois, en se promettant bien de revenir la voir plus à loisir quand il ferait jour.
Nicolazic enfin au comble de ses vœux, croyait-il, ne se possédait pas de joie.
Au lever du jour, il revint de très bonne heure au Bocenno, accompagné de son ami Lézulit, qu'il était allé chercher lui-même.
Tous deux examinèrent assez longuement l'objet qu'ils avaient déterré : c'était bien une statue, très endommagée par ce long séjour en terre humide et rongée aux extrémités, mais néanmoins conservant quelques traits assez frustes et des ombres de couleur.


lundi 22 juillet 2019

Fête de Sainte Marie-Madeleine, apôtre des Apôtres et pénitente

Sainte Marie Madeleine, par Francesco Hayez

Du vénérable abbé Henri Marie Boudon, « Eloge funèbre de M. Becasse »

« Quasi sol refulgens sic ille effulsit in templo Dei » -  « Il a brillé comme un soleil dans l’Eglise de Dieu. »
Car, comme le soleil est sans tache, ainsi les mœurs de M. Beccasse ont été toujours très pures.

Il a passé sa vie dans l’innocence et nous ne trouvons point de temps où l’on puisse dire qu’il se soit démenti sur ce point puisque nous ne connaissons pas d’époque où il se soit détourné de Dieu. Je sais que l’on dispute s’il y a de véritables taches à la lune mais non pas au soleil ; de même, quoiqu’il y ait des hommes de sainte vie où l’on remarque des fautes notables, n’ayant pas toujours été à Dieu, il faut avouer que notre cher défunt n’a point été du nombre de ces saints pénitents. Et si l’on me dit que sa vie a été une continuelle pénitence, il est vrai, je l’avoue, mais il a été un pénitent innocent : il communiquait à la vérité avec les pécheurs, à l’imitation de son bon maître, mais jamais l’innocence de sa vie n’a été souillée par l’impureté de leurs crimes ; car c’est le propre de la pureté, dit saint Grégoire de Nysse (Sermon De Nativ. Christ.) de se conserver sans tache au milieu des ordures.

Le soleil répand ses rayons partout, aussi bien sur la boue que sur les fleurs, cependant il demeure toujours pur ; aussi la sagesse qui réside dans les âmes justes et qui est une émanation sainte de la clarté du Dieu tout puissant ne contracte jamais aucune souillure selon le témoignage du Saint Esprit (Sap. VII).

C’est pourquoi, dit saint Jean Chrysostome (homélie 10, in Epist. ad Timoth.) : Dieu a choisi certaines personnes pour être les lumières du monde et ces personnes doivent s’unir avec les hommes à la manière des anges, se conservant dans la grâce et la vertu de Jésus Christ, et s’éloignant continuellement de la corruption du siècle.

C’est ce que l’on remarque en la personne que nous louons qui, dès la plus tendre jeunesse, avait porté le joug suave du Seigneur.

Triomphe de Sainte Marie Madeleine, église de la Madeleine, maître-autel, Paris

samedi 20 juillet 2019

Les noces de Cana



Méditation du Pape Benoît XVI


Dans le passage évangélique (Jn 2) Marie adresse à son Fils une demande en faveur de ses amis qui se trouvent en difficulté.

A première vue, cela peut apparaître une conversation tout à fait humaine entre Mère et Fils; et, en effet, c'est également un dialogue rempli de profonde humanité. Toutefois, Marie ne s'adresse pas simplement à Jésus comme à un homme, en comptant sur son initiative et sa disponibilité à porter secours. Elle confie une nécessité humaine à son pouvoir - à un pouvoir qui va au-delà de l'habileté et de la capacité humaine.

Les noces de Cana, fresque de Saint-Sauveur de Tsalendjikha, Georgie
Et ainsi, dans le dialogue avec Jésus, nous la voyons réellement comme une Mère qui demande, qui intercède.

Cela vaut la peine d'approfondir un peu plus la compréhension de ce passage évangélique: pour mieux comprendre Jésus et Marie, mais précisément aussi pour apprendre de Marie à prier de manière juste.
Marie n'adresse pas une véritable demande à Jésus. Elle dit simplement: "Ils n'ont pas de vin" (Jn 2, 3).
En Terre Sainte, les noces étaient fêtées pendant une semaine entière; tout le village y participait, et l'on consommait donc de grandes quantités de vin. Or, les époux se trouvent en difficulté, et Marie le dit simplement à Jésus. Elle ne demande pas une chose précise, et encore moins que Jésus exerce son pouvoir, accomplisse un miracle, produise du vin. Elle confie simplement le fait à Jésus et Lui laisse la décision sur la façon de réagir.

Nous constatons ainsi deux choses dans les simples paroles de la Mère de Jésus: d'une part, sa sollicitude affectueuse pour les hommes, l'attention maternelle avec laquelle elle perçoit la situation difficile d'autrui; nous voyons sa bonté cordiale et sa disponibilité à aider.
C'est à Elle que nous confions nos préoccupations, les nécessités et les situations difficiles. Cette bonté prête à aider de la Mère, à laquelle nous nous confions, c'est ici, dans l'Ecriture Sainte, que nous la voyons pour la première fois.

Mais à ce premier aspect très familier à tous s'en ajoute un autre, qui nous échappe facilement: Marie remet tout au jugement du Seigneur.
A Nazareth, elle a remis sa volonté, la plongeant dans celle de Dieu: "Je suis la servante du Seigneur; qu'il m'advienne selon ta parole!" (Lc 1, 38).
La Vigne mystique et véritable
Telle est son attitude permanente de fond. Ainsi, elle nous enseigne à prier: ne pas vouloir affirmer face à Dieu notre volonté et nos désirs, aussi importants et raisonnables qu'ils puissent nous sembler; mais les présenter devant Lui et le laisser décider de ce qu'il veut faire.
De Marie, nous apprenons la bonté prête à aider, mais également l'humilité et la générosité d'accepter la volonté de Dieu, en ayant confiance en Lui, certains que sa réponse, quelle qu'elle soit, sera notre bien, mon bien véritable.
Je crois que nous pouvons très bien comprendre l'attitude et les paroles de Marie; il nous est cependant d'autant plus difficile de comprendre la réponse de Jésus.

Déjà, l'appellation ne nous plaît pas: "Femme" - pourquoi ne dit-il pas: Mère?
En réalité, ce titre exprime la position de Marie dans l'histoire du salut. Il renvoie à l'avenir, à l'heure de la crucifixion, où Jésus lui dira: "Femme, voici ton fils - Fils, voici ta mère" (cf. Jn 19, 26-27).
Il indique donc à l'avance l'heure où Il fera devenir la femme, sa mère, mère de tous ses disciples.

D'autre part, ce titre évoque le récit de la création d'Eve: Adam, au milieu de la création et de toute sa richesse, se sent seul, comme être humain. Eve est alors créée, et en elle, il trouve la compagne qu'il attendait et qu'il appelle du nom de "femme". Ainsi, dans l'Evangile de Jean, Marie représente la femme nouvelle, définitive, la compagne du Rédempteur, notre Mère: l'appellation apparemment peu affectueuse exprime en revanche la grandeur de sa mission éternelle.
Mais ce que Jésus dit ensuite à Marie, à Cana, nous plaît encore moins: "Que me veux-tu, femme? Mon heure n'est pas encore arrivée" (Jn 2, 4).
Nous serions tentés de répondre: Tu as beaucoup à voir avec elle! C'est elle qui t'a donné ta chair et ton sang, ton corps. Et pas seulement ton corps: avec son "oui", provenant du plus profond de son coeur, elle t'a porté dans son sein et, avec amour maternel, elle t'a donné le jour et introduit dans la communauté du peuple d'Israël. Mais si nous parlons ainsi avec Jésus, nous sommes déjà sur la bonne voie pour comprendre sa réponse. Car tout cela doit rappeler à notre esprit que lors de l'incarnation de Jésus, deux dialogues vont de pair et se fondent l'un avec l'autre, devenant une seule chose. Il y a tout d'abord le dialogue que Marie entretient avec l'Archange Gabriel, et dans lequel elle dit: "Qu'il m'advienne selon ta parole!" (Lc 1, 38).
Mais il existe un texte parallèle à celui-ci, un dialogue, pour ainsi dire, à l'intérieur de Dieu, qui nous est rapporté par la Lettre aux Hébreux, quand il est dit que les paroles du Psaume 40 sont devenues comme un dialogue entre le Père et le Fils - un dialogue dans lequel commence l'incarnation. Le Fils éternel dit au Père: "Tu n'as voulu ni sacrifice ni oblation; mais tu m'as façonné un corps... Voici je viens... pour faire [...] ta volonté" (He 10, 5-7; cf. Ps 40, 6-8).
Le "oui" du Fils: "Je viens pour faire ta volonté", et le "oui" de Marie: "Qu'il m'advienne selon ta parole" - ce double "oui" devient un unique "oui", et ainsi, le Verbe devient chair en Marie. Dans ce double "oui", l'obéissance du Fils prend corps; Marie, avec son "oui" lui donne un corps. "Que me veux-tu, femme?".
Ce qu'au plus profond ils ont à voir l'un avec l'autre, c'est ce double "oui", dans la concomitance duquel a eu lieu l'incarnation. C'est ce point de leur très profonde unité que le Seigneur vise à travers sa réponse. C'est précisément là que renvoie la Mère. Là, dans ce "oui" commun à la volonté du Père, se trouve la solution.
Nous devons nous aussi apprendre toujours à nouveau à nous acheminer vers ce point; là apparaît la réponse à nos interrogations.

A partir de là, nous comprenons à présent également la deuxième phrase de la réponse de Jésus: "Mon heure n'est pas encore venue".
Jésus n'agit jamais seulement de lui-même; jamais pour plaire aux autres. Il agit toujours en partant du Père, et c'est précisément cela qui l'unit à Marie, car c'est là, dans cette unité de volonté avec le Père, qu'elle a voulu elle aussi déposer sa demande.
C'est pourquoi, après la réponse de Jésus, qui semble repousser la demande, elle peut dire de manière surprenante aux serviteurs avec simplicité: "Tout ce qu'il vous dira, faites-le" (Jn 2, 5).
Jésus n'accomplit pas un prodige, il ne joue pas de son pouvoir dans un événement qui est au fond entièrement privé. Non, il accomplit un signe, avec lequel il annonce son heure, l'heure des noces, l'heure de l'union entre Dieu et l'homme. Il ne "produit" pas simplement du vin, mais il transforme les noces humaines en une image des noces divines, auxquelles le Père invite à travers le Fils et dans lesquelles Il donne la plénitude du bien, représentée dans l'abondance du vin.
Les noces deviennent l'image de ce moment, où Jésus pousse l'amour jusqu'à l'extrême, laisse déchirer son corps et se donne ainsi à nous pour toujours, devient une seule chose avec nous - noces entre Dieu et l'homme.

L'heure de la Croix, l'heure à laquelle naît le Sacrement dans lequel il se donne réellement à nous en chair et en sang, où il place son Corps entre nos mains et dans notre cœur, telle est l'heure des noces. Ainsi, de manière véritablement divine, est également résolue la nécessité du moment et la demande initiale est largement dépassée. L'heure de Jésus n'est pas encore arrivée, mais dans le signe de la transformation de l'eau en vin, dans le signe du don de fête, il anticipe déjà son heure au moment présent.
Son "heure" est la Croix; son heure définitive sera son retour à la fin des temps. Il anticipe également sans cesse précisément cette heure définitive dans l'Eucharistie, dans laquelle il vient toujours déjà à présent. Et il le fait toujours à nouveau par l'intercession de sa Mère, par l'intercession de l'Eglise, qui l'invoque dans les prières eucharistiques: "Viens, Seigneur Jésus!". Dans le Canon, l'Eglise implore toujours à nouveau cette anticipation de l'"heure", elle demande qu'il vienne déjà à présent et qu'il se donne à nous.

Ainsi, nous voulons nous laisser guider par Marie,  par la Mère de tous les fidèles, vers l'"heure" de Jésus.
Nous Lui demandons le don de le reconnaître et de le comprendre toujours davantage. Et faisons en sorte que le moment où l'on reçoit ne soit pas seulement limité à celui de la Communion. Il reste présent dans l'Hostie sainte et nous attend sans cesse.
Sainte Mère de Dieu, prie pour nous, comme à Cana, tu as prié pour les époux! Guide-nous vers Jésus - toujours à nouveau! Amen!


mercredi 17 juillet 2019

M. Boudon, terreur des démons

Les tentations de sainte Catherine de Sienne

« Vie de Boudon », par Collet

Un ecclésiastique qui, comme celui dont nous venons de parler, avait été chargé par son prélat de soulager une autre fille possédée, ne lui eut pas plutôt nommé Henri-Marie Boudon qui n’était mort que depuis peu de temps, que le démon témoigna et par ses cris et par les étranges postures qu’il fit prendre à cette personne affligée combien ce misérable boiteux, c’est à peu près le nom qu’il donna au saint prêtre, le tourmentait.

« Ah, s’écria-t-il, nous t’avons cruellement vexé mais à présent tu nous rends bien le change ! ô vie cachée, ô vie pauvre, ô vie crucifiée, que tu nous es insupportable ! »
Et sur ce que l’exorciste lui demanda, s’il s’était trouvé à la mort de l’homme de Dieu : « Oui, répliqua-t-il en jurant, mais ce n’est qu’à notre confusion ! Que nous nous y sommes trouvés et nous ferons bien tout notre possible pour obscurcir sa mémoire et pour qu’on l’oublie car il est un avocat bien puissant auprès de votre Dieu pour tous ceux qui ont recours à son intercession. »

Ceux qui l’ont si injustement persécuté ont bien mal fait et il y en a déjà quelques-uns qui s’en sentent dans l’autre vie ; mais quel bonheur pour lui d’avoir passé par de si rudes épreuves ! C'est le patron des âmes travaillées des peines intérieures.



dimanche 14 juillet 2019

14 juillet, la France pleure sur ses martyrs et tous ceux qui furent assassinés par la Révolution



Matines du mercredi dans l'Office quotidien de rite syriaque

Que Tes serviteurs te louent, ô Seigneur.
 Ô martyrs et saints maîtres de la foi, priez pour qu'il y ait la paix dans la création.
Que les guerres soient anéanties et que les disputes cessent parmi nous.
Et que l'Eglise chante des louanges par la bouche de ses enfants.

Et tes saints te rendent grâces.
 Que les saints martyrs qui Te confessèrent dans leurs afflictions,
et furent propitiation par le sang que versait leur cou,
intercèdent auprès de Toi pour les pécheurs, ô notre Seigneur,
afin qu'au jour du Jugement, Tu puisses pardonner leurs offenses.

Qu'ils parlent de la gloire de Ton Royaume.
 Les martyrs virent la gloire du Royaume dans leurs esprits
quand ils furent tués par leurs persécuteurs,
et ils endurèrent joyeusement les tortures dans leur corps,
et notre Seigneur Jésus-Christ reçut leur esprit.

Leur sang est honoré devant Sa Face.
 Honorons avec diligence par des chants de l'Esprit Saint,
les os des martyrs qui endurèrent des afflictions,
afin de trouver de l'aide au jour de récompense de leurs labeurs
de par la bonté des miséricordes de Dieu.

Le Seigneur d'en Haut est glorieux.
 Au Ciel sont vos couronnes et dans le monde sont nos assemblées
ô martyrs, prédicateurs du Christ-Roi.
Au Ciel, et ici-bas, voyez vos fêtes sont célébrées.
Ô semeurs de paix aux quatre coins de la terre.

Cherchez le Seigneur et soyez affermis.
Ô martyrs, cherchez la miséricorde du Dieu de miséricorde
pour qu'il fasse demeurer Sa paix aux quatre coins de la terre.
Et quand notre Seigneur est révélé et que les nuages apportent ​​au Ciel vos corps,
priez pour qu'avec vous, nous puissions hériter du Royaume.

Ô Seigneur, au matin Tu entendras ma voix.
Au matin, les martyrs clamaient dans la salle de jugement devant les persécuteurs :
Nous ne renierons pas l’Époux Céleste,
Car c'est Lui Qui nous délivre des mains des impies,
et revêt nos corps de gloire dans Son Royaume. Amen.



Prière de Madame Elisabeth