samedi 29 juin 2019

Saint Pierre et Saint Paul, priez pour nous et l'Eglise

Saint Pierre et saint Paul, par Jose de Ribera

Extraits de Méditation sur l'Église, par le Cardinal de Lubac

Qu’elle soit louée, cette grande Mère, aux genoux de qui nous avons en effet tout appris, et nous continuons chaque jour à tout apprendre ! 

Mère chaste, elle nous infuse et nous conserve une foi toujours intègre, qu’aucune décadence humaine, aucun affaissement spirituel, si profond qu’il soit, jamais n’atteint. 
Mère féconde, elle ne cesse de nous donner de nouveaux frères. 
Mère universelle, elle a soin également de tous, des petits comme des grands, des ignorants et des savants, de l’humble peuple des paroisses comme du troupeau choisi des âmes consacrées. 
Mère vénérable, elle nous assure l’héritage des siècles et tire pour nous de son trésor les choses anciennes et les nouvelles. 
Mère patiente, elle recommence toujours, sans se lasser, son œuvre de lente éducation et reprend, un à un, les fils de l’unité que ses enfants déchirent toujours. 
Mère attentive, elle nous protège contre l’Ennemi, qui rôde autour de nous cherchant sa proie. 
Mère aimante, elle ne nous replie pas sur elle mais nous lance à la rencontre du Dieu qui est tout Amour. 
Mère ardente, elle met au cœur de ses meilleurs enfants un zèle toujours attentif et les envoie partout en messagers de Jésus-Christ. 
L'Eglise réunit au premier Concile du Vatican, en 1870,
autour du bienheureux Pie IX
Mère sage, elle nous évite les excès sectaires, les enthousiasmes trompeurs suivis de revirements ; elle nous apprend à aimer tout ce qui est bon, tout ce qui est vrai, tout ce qui est juste, à ne rien rejeter qui n’ait été éprouvé. 
Mère douloureuse, au cœur percé du glaive, elle revit d’âge en âge la Passion de Son Époux. 
Mère forte, elle nous exhorte à combattre et à témoigner pour le Christ. ~
Mère sainte, mère unique, mère immaculée ! O grande mère ! Sainte Église, Ève véritable, seule vraie Mère des Vivants !



vendredi 28 juin 2019

Sacré-Cœur de Jésus


Sacré-Cœur de Jésus, Salzbourg
De saint Ambroise de Milan


Abreuve-toi auprès du Christ, car il est le rocher d’où coulent les eaux ;
Abreuve-toi auprès du Christ, car il est la source de vie ;
Abreuve-toi auprès du Christ, car Il est le fleuve dont le torrent réjouit la cité de Dieu ;
Abreuve toi auprès du Christ, car Il est la Paix ;
Abreuve-toi auprès du Christ, car des fleuves d’eau vive jaillissent de son sein !





mercredi 26 juin 2019

Prière pour les vocations sacerdotales


Père, faites se lever parmi les chrétiens 
de nombreuses et saintes vocations au sacerdoce, 
qui maintiennent la foi vivante 
et gardent une mémoire pleine de gratitude de Votre Fils Jésus, 
par la prédication de sa parole 
et l'administration des sacrements, 
par lesquels Vous renouvelez continuellement vos fidèles dans la Grâce du Saint Esprit. 

Donnez-nous de saints ministres de Votre autel, 
qui soient des célébrants attentifs et fervents de l'eucharistie, 
sacrement du don suprême du Christ pour la rédemption du monde, sacrement de la pérennité de Sa présence comme "l'Emmanuel", Dieu présent au milieu et pour le salut de Son Peuple. 

Appelez des ministres de Votre miséricorde, 
qui dispensent la joie de Votre pardon 
par le sacrement de la réconciliation. 

Père, puisse notre Église accueillir avec joie 
les nombreuses inspirations de l'Esprit de Votre Fils 
et, qu'en étant docile à ses enseignements, 
elle prenne soin des vocations au ministère sacerdotal 
et à la vie consacrée. 

Soutenez les évêques, les prêtres, les diacres, 
les personnes consacrées et tous les baptisés dans le Christ,

afin qu'ils accomplissent fidèlement leur mission 
au service de l'Évangile. 

Nous Vous le demandons par le Christ notre Seigneur, Votre Fils bien-aimé qui vit et règne avec Vous et le Saint Esprit pour les siècles sans fin. Amen. 

Ô Marie, Mère de Miséricorde et Reine des apôtres, priez pour nous ! 




Messe de Saint Laurent de Brindisi

lundi 24 juin 2019

Nativité de S. Jean Baptiste - Défendons l'enfant innocent dans le sein de sa mère


Extraits d’une homélie attribuée à Saint Jean Chrysostome, Évêque de Constantinople, docteur de l’Église

«L’enfant a tressailli d’allégresse au-dedans de moi»

Quel mystère nouveau et admirable ! Jean ne naît pas encore et déjà il parle par ses tressaillements ; il ne paraît pas encore et déjà il profère des avertissements ; il ne peut pas encore crier et déjà il se fait entendre par des actes ; il n’a pas encore commencé sa vie et déjà il prêche Dieu ; il ne voit pas encore la lumière et déjà il montre le soleil ; il n’est pas encore mis au monde et déjà il se hâte d’agir en précurseur.

Le Seigneur est là : il ne peut pas se retenir, il ne supporte pas d’attendre les limites fixées par la nature, mais il s’efforce de rompre la prison du sein maternel et il cherche à faire connaître d’avance la venue du Sauveur. « Il est arrivé, dit-il, celui qui brise les liens. Et moi je reste enchaîné, je suis encore tenu à demeurer ici ? Le Verbe vient pour tout rétablir et moi, je reste encore captif ? Je sortirai, je courrai devant lui et je proclamerai à tous : Voici l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde. » (cf. Jn 1,29)

Mais dis-nous, Jean, retenu encore dans l’obscurité du sein de ta mère, comment vois-tu et entends-tu ? Comment contemples-tu les choses divines ? Comment peux-tu tressaillir et exulter ?
 « Grand, dit-il, est le mystère qui s’accomplit, c’est un acte qui échappe à la compréhension de l’homme. A bon droit j’innove dans l’ordre naturel à cause de celui qui doit innover dans l’ordre surnaturel.
Je vois, avant même de naître, car je vois en gestation le Soleil de justice (Mal 3,20).
Je perçois par l’ouïe, car en venant au monde je suis la voix qui précède le grand Verbe.
Je crie, car je contemple, revêtu de sa chair, le Fils unique du Père.
J’exulte, car je vois le Créateur de l’univers recevoir la forme humaine.
Je bondis, car je pense que le Rédempteur du monde a pris corps.
Je suis le précurseur de son avènement et je devance votre témoignage par le mien. »


dimanche 23 juin 2019

Fête Dieu, fête du Saint Sacrement du Corps et du Sang eucharistique du Christ



Hostie miraculeuse de Lanciano
Vie du vénérable abbé Henri Marie Boudon, par Collet, livre 2

Après avoir rendu ses devoirs aux précieuses Reliques qui se trouvent dans la principale église, il (M. Boudon) adora l’Hostie miraculeuse qui, depuis tant de siècles, s’y conserve sans corruption.

Une malheureuse créature l’avait prise pour s’en servir à des opérations abominables mais, lorsqu’elle fut sur le point d’en faire cet usage sacrilège, au lieu des espèces du pain elle n’y trouva plus que des apparences de chair. Cette couleur si étrangère au pain Eucharistique qui se voit encore dans la formule dont nous parlons effraya la coupable. Elle revint sur ses pas, avoua son crime et, par son aveu que les plus sûrs monuments ont transmis d’âge en âge jusqu’à nous, elle apprit d’avance aux Luthériens qu’indépendamment de l'usage Jésus-Christ est dans son Sacrement.

D’Augsbourg, Boudon partit pour la Saxe. Son dessein était de voir, de pleurer, de réparer par des larmes amères, une partie des ravages qu’a fait Luther dans ce pays autrefois si catholique.


vendredi 21 juin 2019

Prière avant la communion, de saint Dimitri de Rostov

Messe selon le rite latin

Ouvrez-vous portes et verrous de mon cœur, afin que puisse entrer le Christ, le Roi de Gloire ! 

Entre, Ô ma Lumière, et illumine mes ténèbres; 
Entre, Ô ma Vie, et ressuscite-moi, moi qui suis mort;
Entre, Ô mon Médecin, et guéris mes blessures;
Entre, Ô Feu Divin, et brûle les épines de mes péchés;
Enflamme mon cœur avec la flamme de Ton Amour;
Entre, Ô mon Roi, et détruis en moi le royaume du péché;
Siège dans mon cœur comme sur un trône, et règne seul en moi, Toi Qui es mon Roi et mon Seigneur.



Messe selon le rite de Saint Jean Chrysostome

mardi 18 juin 2019

Préparons-nous à la Fête-Dieu, notre fête patronale


De Sainte Faustine Kowalska

Hostie Sainte, en Vous est contenue la Miséricorde du Père, du Fils et du Saint-Esprit envers nous et particulièrement envers les pauvres pécheurs.
Hostie Sainte, en Vous est contenu le prix infini de la Miséricorde, qui paie toutes nos dettes et particulièrement celles des pauvres pécheurs.
Hostie Sainte, en Vous est contenue la Source de l’eau vive, jaillissant de l’infinie Miséricorde pour nous et particulièrement pour les pauvres pécheurs. [...]
Hostie Sainte, notre unique espoir, dans toutes les souffrances et les contrariétés de la vie.
Hostie Sainte, notre unique espoir, au milieu des ténèbres et des orages intérieurs et extérieurs.
Hostie Sainte, notre unique espoir, dans la vie et à l’heure de notre mort.
Hostie Sainte, notre unique espoir, au milieu des insuccès et dans l’abîme des désespoirs.
Hostie Sainte, notre unique espoir, au milieu de la fausseté et des trahisons.
Hostie Sainte, notre unique espoir, au milieu des ténèbres et de l’impiété qui submergent la terre.
Hostie Sainte, notre unique espoir, au milieu de la nostalgie et de la douleur résultant de l’incompréhension de tous.
Hostie Sainte, notre unique espoir, au milieu du travail pénible et de la monotonie de la vie quotidienne.
Hostie Sainte, notre unique espoir, au milieu de la destruction de nos espoirs et de nos efforts.
Hostie Sainte, notre unique espoir, au milieu des ravages de l’ennemi et des efforts de l’enfer.
Hostie Sainte, j’ai confiance en Vous, lorsque les fardeaux dépasseront mes forces et quand je verrai l’inutilité de mes efforts.
Hostie Sainte, j’ai confiance en Vous lorsque les orages secouent mon cœur et que l’esprit effrayé penche vers le doute. […]
Hostie Sainte, j’ai confiance en Vous, lorsque Vos jugements retentiront sur moi, alors j’aurai confiance en Votre Miséricorde sans limites.

Très Sainte Trinité, j’ai confiance en Ton infinie Miséricorde. Dieu est mon Père et donc moi, Son enfant, j’ai tous les droits sur Son divin Cœur, et plus les ténèbres sont grandes, plus totale doit être notre confiance. Je ne parviens pas à comprendre comment l’on peut ne pas avoir confiance en Celui qui peut tout. Avec Lui tout, sans Lui rien. Lui, le Seigneur, ne permettra ni ne laissera que ceux qui ont placé en Lui toute leur confiance demeurent perdus.



dimanche 16 juin 2019

Gloire à la Trinité Sainte du Père et du Fils et de l'Esprit Saint


Profession de foi de saint Bruno, devant ses frères, peu avant sa mort

Je crois fermement au Père, et au Fils, et au Saint-Esprit : le Père non engendré, le Fils seul engendré, le Saint-Esprit procédant de l’un et de l’autre ; et je crois que ces trois Personnes sont un seul Dieu.

Je crois que ce même Fils de Dieu a été conçu du Saint-Esprit dans le sein de la Vierge Marie. Je crois que la Vierge était très chaste avant l’enfantement, qu’elle est demeurée vierge dans l’enfantement et éternellement vierge ensuite.
Je crois que ce même Fils de Dieu a été conçu parmi les hommes comme un homme véritable, sans péché.
Je crois que ce même Fils de Dieu a été victime de la haine des Juifs sans foi, injurieusement traité, injustement lié, couvert de crachats, flagellé ; qu’il est mort, a été enseveli, qu’il est descendu aux enfers pour en libérer les siens qui s’y trouvaient captifs. Il est descendu pour notre rédemption, est ressuscité, est monté aux Cieux d’où il viendra juger les vivants et les morts.
Je crois aux Sacrements en lesquels croit l’Église catholique et qu’elle vénère ; et particulièrement que ce qui est consacré sur l’autel est le vrai Corps, la vraie Chair et le vrai Sang de notre Seigneur Jésus-Christ, que nous recevons pour la rémission de nos péchés, dans l’espérance du salut éternel.
Je crois à la résurrection de la chair et à la vie éternelle. Amen.

Je confesse et je crois en la sainte et ineffable Trinité, Père, Fils et Saint-Esprit, qui est un seul Dieu naturel, d’une seule substance, d’une seule nature, d’une seule majesté et puissance.

Nous professons que le Père n’a été ni engendré ni créé, mais qu’il est inengendré. Le Père lui-même ne tire son origine de personne. De Lui, le Fils reçoit la naissance et le Saint-Esprit la procession. Il est donc la source et l’origine de toute la Divinité. Et le Père, ineffable par essence, a, de sa substance, engendré le Fils ineffablement ; et cependant il n’a pas engendré autre chose que ce qu’il est lui-même : Dieu a engendré Dieu, la Lumière a engendré la Lumière. C’est donc de Lui que découle toute Paternité, dans le Ciel et sur la terre. Amen.

La Trinité et les saints, bréviaire de Besançon, XVe s.


vendredi 14 juin 2019

En ce mois du Sacré-Cœur, soyons miséricordieux

Basilique du Sacré-Coeur de Montmartre, temple de la Miséricorde divine

Prière d'Isaac de l'Étoile sur la Béatitude de la Miséricorde « Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde » (Mt 5, 7)

Seule la miséricorde obtiendra la miséricorde.
Suivant ce que nous faisons, il nous sera fait. Que pouvons-nous faire pour l’affamé, l’assoiffé, celui qui est nu…
Nous qui n’avons rien et qui avons tout quitté, où sera donc pour nous cette miséricorde ? La miséricorde ce n’est pas seulement donner mais aussi pardonner. Elle pardonne l’injure, elle propose le conseil, elle offre la prière, elle donne le bon exemple
Par la vertu de la douceur, être pour les autres calme et paisible ; par la componction, être réservé et pieux. Etre bienfaisant pour beaucoup, bienveillant pour tous ! Ainsi soit-il.



jeudi 13 juin 2019

Les lumières de l'Esprit Saint

Bataille des anges contre les démons, Agnani

Du vénérable abbé Henri Marie Boudon, « L’homme de Dieu », partie III

Ah ! cet aimable Sauveur n’est-il pas la lumière du monde ? Ah ! ne nous dit-il pas que, sans lui, nous ne pouvons rien faire ?
Hors de sa lumière, il n’y a que ténèbres ; hors de sa force, il n’y a que faiblesse, pure incapacité et une entière impuissance. Le cœur de l’homme est une espèce d’abîme, qui le pourra sonder ? Qui en pourra découvrir les plis et replis ?

~ Il est écrit : Approchez-vous de Dieu et vous serez éclairés (Ps XXXIII,6). Le P. Seurin avait grand sujet de dire qu’il fallait se tenir en Dieu par sa divine lumière ; c’est par cette lumière divine qu’il a découvert toutes les ruses des démons dont les artifices, pour cachés qu’ils fussent, n’ont pu le séduire. Ça a été dans cette lumière reçue en l’oraison qu’il a appris des choses secrètes ~ et donna lieu, en même temps, à l’établissement des desseins que Dieu avait ~ pour la ruine de ceux du démon.


mardi 11 juin 2019

Octave de la Pentecôte


Du R.P. Garrigou Lagrange, op.

La source d'eau, fons vivus, c'est le Saint-Esprit, qui nous a été envoyé, qui nous est donné avec la charité infuse qui nous unit à lui. Or, il nous a été donné comme Maître intérieur et comme consolateur pour nous faire pénétrer et goûter le sens intime de l'Évangile : « Le consolateur, l'Esprit-Saint, que mon Père vous enverra en mon nom, lui, vous enseignera toutes choses et vous rappellera tout ce que je vous ai dit » (Jean, xiv, 26). C'est ce qui se réalisa pour les apôtres le jour de la Pentecôte, et pour nous, toute proportion gardée, le jour de notre confirmation. Aussi saint Jean écrit-il aux simples fidèles dans sa Ière Épître, II, 20-27 : «Pour vous, c'est du Saint-Esprit que vous avez reçu l'onction... Cette onction demeure en vous et vous enseigne sur toutes choses» utiles au salut.

Saint Paul dit aussi : « L'amour de Dieu est répandu dans nos cœurs par le Saint-Esprit, qui nous a été donné. » Le Saint-Esprit est ainsi en tous les justes, en toute âme en état de grâce.

Or ce n'est pas pour y rester oisif qu'il habite en nous, c'est pour y opérer, lui qui est l'Amour même subsistant ; c'est pour être notre Maître intérieur par ses Sept dons, qui sont des dispositions infuses permanentes pour assurer notre docilité à son égard. Ces dispositions grandissent en nous avec la charité. Si donc nous n'entendons pas mieux les saintes inspirations du Maître intérieur, c'est que nous nous écoutons trop nous-mêmes, et que nous ne sommes pas assez désireux du règne profond de Dieu en nous.



dimanche 9 juin 2019

Fête de la Pentecôte. L'Esprit Saint descend dans le cœur des Apôtres

Saint Séraphin de Sarov nourrissant un ours

Entretien de Saint Séraphim de Sarov avec Motovilov sur la lumière du Saint Esprit, chap. 7, La manifestation de la présence de l’Esprit Saint. La lumière, le bien-être, le silence, la douceur, la chaleur, l’aromate, la joie. « Le Royaume des Cieux est la paix et la joie en l’Esprit Saint ».

- Quand même, répondis-je, je ne comprends pas encore comment je puis être vraiment sûr d’être dans l’Esprit Saint ! Comment puis-je en moi-même reconnaître Sa véritable présence ? 

Petit Père Séraphim répondit : « J’ai déjà dit, votre Théophilie, que c’était fort simple et vous ai raconté d’une façon détaillée comment les hommes peuvent être en la plénitude de l’Esprit Saint et comment il faut reconnaître Son apparition en nous. Alors, petit père, que voulez-vous de plus ? ».
- Il me faut, dis-je, pouvoir le comprendre mieux encore !
Alors Père Séraphim me serra fortement les épaules et dit :
- Nous sommes tous les deux en la plénitude de l’Esprit Saint ! Pourquoi ne me regardes-tu pas ? 
- Je ne le puis, dis-je, petit Père car des foudres jaillissent de vos yeux. Votre face est devenue plus lumineuse que le soleil et mes yeux sont broyés de douleur ! 
- N’ayez pas peur, dit saint Séraphim. Vous êtes devenu aussi lumineux que moi; vous êtes aussi, à présent, en la plénitude de l’Esprit Saint Autrement, vous n’auriez pu me voir ainsi ». Et inclinant la tête vers moi, il me dit doucement à l’oreille: « Remerciez le Seigneur de nous avoir donné Sa Grâce ineffable. Vous avez vu que je n’ai même pas fait un signe de croix; seulement, dans mon cœur, en pensée, j’ai prié le Seigneur Dieu et j’ai dit: « Seigneur, rends-le digne de voir clairement avec ses yeux de chair la descente de l’Esprit Saint, comme Tu l’as fait voir à Tes serviteurs élus quand Tu daignas apparaître dans la magnificence de Ta Gloire ! ». Et voilà, petit père, Dieu exauça immédiatement l’humble prière de l’humble Séraphim ! Comment pourrions-nous ne pas Le remercier pour ce don inexprimable accordé à nous deux ? 
Réalisez, petit père, que ce n’est pas toujours aux grands ermites que Dieu manifeste ainsi Sa Grâce. Telle une mère compatissante, cette Grâce de Dieu a daigné panser votre cœur douloureux par l’intercession de la Mère de Dieu elle-même.
Alors, pourquoi ne me regardez-vous pas dans les yeux ? Osez me regarder simplement et sans crainte ! DIEU EST AVEC NOUS ! 

Le mystère de la Pentecôte,
grandes Heures d'Anne de Bretagne
Après ces mots, je regardai sa face et une peur surnaturelle encore plus grande m’envahit. Représentez-vous la face d’un homme qui vous parle au milieu d’un soleil de midi. Vous voyez les mouvements de ses lèvres, l’expression changeante de ses yeux, vous entendez sa voix, Vous sentez que quelqu’un vous serre les épaules de ses mains, mais vous n’apercevez ni ses mains, ni son corps, ni le vôtre, mais seulement cette éclatante lumière qui se propage à plusieurs mètres de distance tout autour, éclairant la surface de neige recouvrant la prairie, et la neige qui continue à nous saupoudrer, le grand Staretz et moi-même. Qui pourrait imaginer mon état d’alors ! 
- Que sentez-vous à présent ? demanda saint Séraphim. 
- Je me sens extraordinairement bien ! 
- Mais... Comment cela, « bien » ? En quoi consiste ce « bien » ? 
- Je ressens en mon âme un silence, une paix, tels que je ne puis l’exprimer par des paroles... 
- C’est là, votre Théophilie, dit le petit Père Séraphim, cette paix même que le Seigneur désignait à Ses disciples lorsqu’Il leur disait: « Je vous donne Ma paix, non comme le monde la donne. C’est Moi Qui vous la donne. Si vous étiez de ce monde, le monde aurait aimé les siens. Je vous ai élus et le monde vous hait. Soyez donc téméraires, car J’ai vaincu le monde ! ».

C’est à ces hommes, que le monde hait, élus de Dieu, que le Seigneur donne la paix que vous ressentez à présent - « cette paix », dit l’Apôtre, « qui dépasse tout entendement ». 
L’Apôtre désigne ainsi cette paix parce qu’on ne peut exprimer par aucune parole le bien-être que ressent l’âme des hommes dans le cœur desquels le Seigneur Dieu l’enracine. Le Christ Sauveur l’appelle « Sa paix », venant de Sa propre générosité et non de ce monde, parce qu’aucun bonheur terrestre provisoire ne peut donner cette paix. Elle est donnée d’En Haut par le Seigneur Dieu Lui-même, c’est pourquoi elle se nomme: « LA PAIX DU SEIGNEUR ». 

- Mais que ressentez-vous en plus de la paix ? demanda saint Séraphim.
- ....une douceur extraordinaire...
- C’est cette douceur dont parlent les Saintes Écritures: « Ils boiront le breuvage de Ta maison et Tu les désaltéreras par le torrent de Ta douceur ». C’est cette douceur qui déborde dans nos cœurs et s’écoule dans toutes nos veines en un inexprimable délice. On dirait qu’elle fait fondre nos cœurs, les emplissant d’une telle béatitude qu’aucune parole ne saurait la décrire. Et que sentez-vous encore ?
- Tout mon cœur déborde d’une joie indicible.
- Quand le Saint Esprit, continua saint Séraphim, descend vers l’homme et le couvre de la plénitude de Ses dons, l’âme de l’homme se remplit d’une inexprimable joie, parce que le Saint Esprit recrée en joie tout ce qu’Il a effleuré. C’est de cette même joie dont parle le Seigneur dans l’Évangile: « Quand la femme enfante, elle est dans la douleur, car son heure est arrivée. Mais, ayant mis au monde un enfant, elle ne se souvient plus de la douleur, tant la joie d’avoir enfanté est grande. Vous aurez de la douleur dans le monde, mais quand Je vous visiterai, vos cœurs se réjouiront et votre joie ne vous sera point ravie ». 
 
Pour autant qu’elle soit consolation, cette joie que vous ressentez à présent dans votre cœur, votre Théophilie, n’est rien en comparaison, de celle dont le Seigneur Lui-même a dit par le voix de Son Apôtre: « La joie que Dieu réserve à ceux qui l’aiment ne peut être vue, ni entendue, ni ressentie par le cœur de l’homme dans ce monde ». 
Ce ne sont que des « acomptes » de cette joie qui nous sont à présent accordés, et si déjà nous ressentons en nos cœurs douceur, jubilation et bien-être, que dire alors de cette autre joie qui nous est réservée dans le ciel à nous qui pleurons ici-bas. 
Ainsi, votre Théophilie, vous aussi avez assez pleuré dans votre vie sur cette terre, et voyez par quelle joie vous console dès ici-bas le Seigneur. Maintenant, petit père, c’est à nous d’œuvrer en accumulant les efforts, croissant de force en force pour atteindre la mesure de l’âge (maturité) dans l’accomplissement de l’œuvre du Christ et pour que les paroles du Seigneur s’accomplissent en nous: « Ceux qui patienteront au nom du Seigneur changeront de force, obtiendront des ailes, tels des aigles, s’épancheront sans fatigue, partiront sans connaître jamais la faim, croissant de force en force, et le Dieu des dieux leur apparaîtra dans la Sion de sagesse et de visions célestes ». 

C’est alors que notre joie actuelle, trop petite et éphémère, nous sera donnée en sa plénitude sans que personne ne puisse nous la ravir et nous remplira de jouissances célestes inexprimables.

- Que sentez-vous en plus de cela, votre Théophilie ?
- Une chaleur extraordinaire, répondis-je.
- Comment cela, chaleur ? Ne sommes-nous pas en pleine forêt, l’hiver, la neige sous nos pieds, qui nous recouvre d’une couche épaisse et continue à nous saupoudrer ? Quelle chaleur pouvez-vous ressentir ici ?
- Mais une chaleur comparable à celle d’un bain de vapeur à l’instant où son tourbillon vous enveloppe.
- Et l’odeur que vous sentez, est-elle aussi comme aux bains ? 
- Oh ! que non, dis-je. Rien sur la terre ne peut se comparer à cet aromate. Quand autrefois j’aimais danser, aux réunions et aux bals, feu ma petite mère me parfumait parfois avec des parfums qu’elle achetait dans les meilleurs magasins de Kazan. Mais ces parfums ne sont rien en comparaison de ces « aromates ».
Petit Père Séraphim, alors, sourit agréablement en disant:
- Je sais, en vérité, que c’est bien ainsi et c’est exprès que je vous questionne sur ce que vous ressentez ! C’est bien vrai, votre Théophilie, rien ne peut se comparer avec le parfum que nous humons actuellement, car c’est l’aromate de l’Esprit Saint qui nous enveloppe. Quelle chose terrestre peut lui être comparée ?
- Notez bien, votre Théophilie, que vous m’avez dit tout à l’heure, qu’il faisait chaud comme aux bains. Pourtant regardez, la neige qui nous recouvre ne fond point, non plus que celle qui est sous nos pieds: cette chaleur n’est donc pas dans l’air, mais à l’intérieur de nous-mêmes. C’est cette chaleur que l’Esprit Saint nous fait demander dans la prière, quand nous clamons vers Dieu: « Que Ton Saint Esprit me réchauffe ! ».
  
Réchauffés par cette chaleur, les ermites ne craignaient plus le froid de l’hiver, habillés comme par des pelisses chaudes dans un vêtement tissé par la Grâce de l’Esprit Saint.
Et c’est ainsi que les choses doivent être en réalité, puisque la Grâce divine doit habiter au plus profond de nous, dans notre cœur, comme l’a dit le Seigneur: « LE ROYAUME DES CIEUX EST EN VOUS ».
Et, par le « Royaume des Cieux », le Seigneur entendait la Grâce de l’Esprit Saint. C’est ce « Royaume des Cieux » qui se trouve à présent en nous, et la Grâce de l’Esprit Saint nous éclaire et nous réchauffe aussi de l’extérieur, et embaume l’air environnant de divers parfums et réjouit nos sens de célestes délices, désaltérant nos cœurs d’une inexprimable joie. Notre état actuel est celui-là même dont l’Apôtre Paul disait : « LE ROYAUME DES CIEUX N’EST POINT DE CE MONDE. »


Si l'Eglise, en la personne du Pape Léon XIII, accorde à tous les fidèles en état de grâce l'indulgence plénière pour avoir vécu la neuvaine à l'Esprit Saint de l'Ascension à la Pentecôte, elle nous invite à poursuivre cette semaine, jusqu'en la fête de l'adorable Très Sainte Trinité.

Sainte octave !