jeudi 17 mai 2012

Solennité de l'Ascension : Dieu monte parmi les ovations ; le Seigneur, aux éclats du cor


L'Ascension, par le Giotto
Saint Jean Chrysostome – Homélie pour le jour de l’Ascension prononcée dans le martyre de Romanésie.

            n.4. Nous, cependant, qui étions stupides, dépourvus de sens et de raison, plus insensibles que la pierre, nous qui étions vils et dégradés, au-dessous de toutes les créatures (....) notre nature qui était avilie et au-dessous de tous les êtres, par le défaut de raison et de sentiment, s'est élevée aujourd'hui au-dessus de tous.

            Les anges et les archanges ont vu aujourd'hui ce qu'ils désiraient de voir il y a longtemps : notre nature assise sur le trône du souverain Roi, resplendissante de gloire et brillante d'une beauté immortelle. C'est là, oui, c'est là le prodige après lequel les anges et les archanges soupiraient depuis tant de siècles.

             Et quoique nous fussions plus honorés qu'ils ne l'étaient eux-mêmes, cependant ils se réjouissaient de notre élévation, eux qui s'étaient affligés de notre châtiment; car, lorsque les chérubins gardaient le paradis, ils ne le faisaient qu'à regret. Et de même qu'un esclave, chargé d'enfermer un de ses compagnons, le garde en prison par l'ordre de son maître, mais se sent touché du malheur de celui dont il partage la servitude : ainsi les chérubins, chargés de garder le paradis, remplissaient à regret ce ministère.

            Je vais prouver, par l'exemple des hommes, la peine qu'ils devaient ressentir. Lorsque vous voyez des hommes compatir aux maux de leurs semblables, pourriez-vous douter encore des sentiments des chérubins, de ces êtres supérieurs, qui sont beaucoup plus charitables que les hommes ? (…) Moïse, après l'idolâtrie du peuple, pénétré de tristesse, disait : Si vous leur pardonnez leur faute, laissez-moi vivre : si vous ne leur pardonnez pas, effacez-moi du livre que vous avez écrit. (Exod. XXXII,32.) Quoi donc ? vous voyez leur impiété, et vous vous affligez de ce qu'ils sont punis ! Oui, je m'afflige de cela même qu'ils sont punis, et qu'ils ont donné sujet à un juste châtiment. Ezéchiel voyant l'ange qui frappait le peuple, s'écriait d'une voix lamentable : Hélas! Seigneur, allez-vous exterminer les restes d'Israël ? (Ezéch. IX,8.) Corrigez-nous, Seigneur, disait Jérémie, mais que ce soit dans votre justice, et non dans votre fureur, pour que vous ne nous réduisiez pas à un petit nombre. (Jér. X,24.) Comment, je vous prie, Moïse, Ezéchiel, Jérémie, se sont affligés pour leurs frères, et les puissances célestes n'auraient pris aucune part à nos maux ! cela est-il croyable ?


Détail de L'Ascension, de Pérugin.

           Pour vous convaincre que nos infortunes leur sont propres, apprenez quelle joie ils ont témoignée lorsqu'ils ont vu notre Maître réconcilié avec nous. Mais s'ils ne s'étaient pas affligés de notre disgrâce, ils ne se seraient pas tant réjouis de notre réconciliation. Or, qu'ils se soient réjouis, j'en trouve la preuve dans ces paroles du Fils de Dieu : Il y aura une grande joie dans le ciel et sur la terre, pour un seul pécheur qui fait pénitence. (Luc. XV,7.) Mais si les anges se réjouissent pour un seul pécheur qui fait pénitence, quelle vive satisfaction n'ont-ils pas dû éprouver, en voyant aujourd'hui notre nature placée au plus haut des cieux, dans la personne de celui qui en est les prémices ?


Apprenez, d'ailleurs, la joie qu'ont témoignée les troupes célestes pour notre réconciliation. Lorsque Notre-Seigneur naquit selon la chair, les anges voyant qu'il était réconcilié avec les hommes (car il ne serait jamais descendu si bas s'il n'eût été réconcilié), voyant, dis-je, cette œuvre consommée, ils formèrent des chœurs sur la terre, et ils s'écriaient dans leurs transports : Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre, et bonne volonté aux hommes. (Luc,  II,14.) Et afin que vous sachiez qu'ils glorifient Dieu pour les biens qu'a reçus la terre, ils ajoutent la raison en disant : Et paix sur la terre, et bonne volonté aux hommes, aux hommes qui s'étaient montrés ingrats envers le Créateur, qui étaient ses ennemis déclarés. Vous voyez comme ils glorifient Dieu pour le bonheur d'autrui, ou plutôt pour leur bonheur propre, puisqu'ils regardent ce qui nous arrive d'heureux, comme leur étant personnel. Voulez-vous apprendre qu'ils se réjouissaient et qu'ils triomphaient lorsqu'ils devaient voir Jésus-Christ monter au ciel, écoutons-le lui-même : Vous verrez bientôt, dit Jésus-Christ, les cieux ouverts, et les anges de Dieu montant et descendant sur le Fils de l'Homme. (Jean, I,51.)

Les anges, dit-il, montaient et descendaient sans cesse ; ce qui annonce combien ils désiraient de voir un spectacle merveilleux. C'est l'usage de ceux qui aiment de ne pas attendre le moment où arrivera l'objet aimé, mais de le prévenir par les transports de leur joie. Les anges descendent, parce qu'ils sont empressés de voir un spectacle nouveau et extraordinaire, la nature humaine placée dans le ciel. Voilà pourquoi les anges paraissent, et lorsque Jésus-Christ vient au monde, et lorsqu'il ressuscite, et aujourd'hui qu'il monte au ciel : Deux hommes, dit l'Evangile, parurent vêtus de blanc, annonçant leur joie par la blancheur de leurs habits, et ils dirent aux disciples : Hommes de Galilée, pourquoi vous arrêtez-vous à regarder au ciel ? ce Jésus, qui, en vous quittant, s'est élevé dans le ciel, viendra de la même manière que vous l'y avez vu monter. (Act. I,10 et 11.)

n.5. Suivez-moi, mes frères, avec attention Pourquoi tiennent-ils ce langage ? est-ce que les disciples n'avaient pas d'yeux ? est-ce qu'ils ne voyaient point ce qui se passait ? l'Evangéliste ne dit-il pas qu'ils le virent s'élever au ciel ? pourquoi donc des anges viennent-ils leur apprendre qu'il est monté au ciel ?

Pour deux raisons : (…) des anges viennent les consoler dans leur tristesse. Telle est la première raison pour laquelle les anges paraissent. La seconde, et qui n'est pas moins forte, est celle qui leur fait ajouter : Ce Jésus qui s'est élevé au ciel.

Expliquons un peu cette raison. Il s'est élevé au ciel, et la distance étant infinie, la portée de leur vue ne pouvait suffire pour voir un corps s'élever jusqu'aux cieux. Mais comme un aigle qui vole en haut, plus il s'élève, plus il se dérobe à nos regards : de même, plus le corps de Jésus-Christ s'élevait, plus il se dérobait aux yeux de ses disciples, dont la faiblesse ne pouvait franchir un espace immense. Les anges qui paraissent, leur apprennent donc qu'il est monté au ciel, pour qu'ils sachent qu'il y est monté véritablement, et qu'ils ne s'imaginent pas qu'il n'y est monté que comme Elie. Voilà pourquoi ils ajoutent : Ce Jésus qui en vous quittant s'est élevé au ciel, paroles dont ils ne se servent point au hasard. Elie, comme serviteur, n'a paru que s'élever au ciel ; Jésus-Christ, comme Maître, s'y est élevé réellement. L'un est monté sur un char de feu, l'autre sur un nuage. Lorsqu'il fallait appeler le serviteur, on lui a envoyé un char ; lorsqu'il faut appeler le Fils, on lui envoie le trône royal, ou plutôt le trône même du Père ; car Isaïe dit du Père : Le Seigneur est assis sur un nuage léger. (Is. XIX,1.) Comme donc le Père est assis sur un nuage, c'est pourquoi il envoie un nuage à son Fils. Elie, en se retirant, a laissé tomber son manteau sur Elisée ; Jésus-Christ en montant aux cieux, envoie à ses disciples des dons spirituels, qui n'enfantent pas un seul prophète, mais des milliers d'Elisées, plus grands et plus illustres que le premier.

Détail de L'Ascension, de Pérugin


Élevons-nous donc, mes très-chers frères, et tournons les yeux de notre esprit vers le retour de notre Sauveur : Dès que le signal aura été donné, dit saint Paul, par la voix de l'archange, le Seigneur lui-même descendra du ciel. Et nous autres, qui sommes vivants, qui serons demeurés ici-bas jusqu'alors, nous serons transportés dans les nues pour aller au-devant du Seigneur, au milieu des airs, mais non pas tous.

dimanche 13 mai 2012

13 Mai - Notre Dame de Fatima



Les apparitions préparatoires de l'Ange à Fatima en 1916

En pleine guerre mondiale 1914-1918, trois enfants de Fatima reçoivent l'apparition de l'ange de la paix...

Ne craignez pas, je suis l’ange de la paix

Au printemps 1916, Lucie va garder un troupeau avec Francisco Marto son cousin, neuf ans, et Jacinta, sœur de Francisco, sept ans. Elle les entraîne à la prière. Tous trois voient « s’avancer vers eux... un jeune homme de quatorze ou quinze ans, plus blanc que la neige, d’une grande beauté. Le soleil le rendait transparent comme le cristal. Il arriva près de nous et nous dit :
Ne craignez pas, je suis l’ange de la paix, priez pour moi.
 
« Mon Dieu, je crois, j’adore, j’espère et je vous aime... »

Et, s’agenouillant à terre, l'ange courba le front jusqu’au sol et nous fit répéter trois fois ces paroles [pour les leur apprendre] :

Ensemble statuaire à Fatima :
l'Ange du Portugal devant les trois enfants.
“Mon Dieu,
je crois,
j’adore,
j’espère
et je vous aime.

Je demande pardon pour ceux
qui ne croient pas,
qui n’espèrent pas,
qui ne vous aiment pas.

Très Sainte Trinité : Père, Fils et Esprit-Saint,
je vous adore profondément
et je vous offre les très précieux
Corps,
Sang,
Âme
et Divinité
de Notre-Seigneur Jésus-Christ, présent dans tous les tabernacles du monde, en réparation des outrages par lesquels Il est Lui-même offensé.”
 
Des prières et des sacrifices... Attirer la paix sur votre patrie

Au plus fort de l’été 1916, l’Ange leur dit :
- “Que faites-vous ? Priez, priez beaucoup. Les très saints cœurs de Jésus et de Marie ont sur vous des desseins de miséricorde. Offrez constamment au Très-Haut des prières et des sacrifices.”
- Je demandai : “Que devons-nous sacrifier ?
- “Tout ce que vous pourrez : offrez à Dieu en sacrifice, un acte de réparation pour les péchés par lesquels Il est offensé et de supplication pour la conversion des pécheurs. Attirez ainsi la paix sur votre patrie. Je suis son ange gardien, l’ange du Portugal. Surtout acceptez et supportez avec soumission les souffrances que Dieu vous enverra.”
 
La communion

Une dernière apparition a lieu en septembre 1916, à la Pregueira. Lucie continue :
« Dès que nous fûmes arrivés, nous nous sommes mis à répéter la prière de l’ange : “Mon Dieu, je crois [...]”, je ne sais combien de fois [...]. Et nous vîmes briller, au-dessus de nous, une lumière inconnue. Nous nous sommes relevés pour voir ce qui se passait et nous avons vu l’ange, tenant dans la main gauche un calice sur lequel était suspendue une hostie d’où tombaient quelques gouttes de sang dans un calice. L’ange laissa le calice suspendu en l’air, s’agenouilla près de nous et nous fit répéter trois fois [toujours pour l’apprendre] :
 
“Très Sainte Trinité, Père, Fils et Saint-Esprit,
je vous adore profondément
et je vous offre les très précieux Corps, Sang, Ame et Divinité de Jésus-Christ,
présent dans les tabernacles du monde,
en réparation des outrages, sacrilèges et indifférences dont Il est Lui-même offensé,
et par les mérites infinis de son Très Saint Cœur et du Cœur Immaculé de Marie,
je vous demande la conversion des pauvres pécheurs.”
 
Ensuite, il se releva et prit dans ses mains le calice et l’hostie. Il me donna à moi la Sainte Hostie et, le Saint Calice, il le partagea entre Jacinthe et François en disant :
 
Prenez et buvez le Corps et le Sang du Christ, horriblement outragé par des hommes ingrats. Réparez leurs crimes et consolez notre Dieu.”
 
Et se prosternant à terre de nouveau, il répéta avec nous, encore trois fois la même prière [...], puis il disparut. »

Le 13 mai 1917 et le chapelet pour la paix

Tandis que le pape Benoît XV insistait pour que l’on récite le rosaire pour la Paix (5 mai 1917), Notre Dame apparut pour la première fois à Fatima (Portugal), le 13 mai 1917 :
Statue de Notre-Dame de Fatima.
La balle qui faillit tuer le Saint Père
Jean Paul II est enchassée dans sa
couronne.
 
Les enfants s’amusaient à construire un mur, quand tout à coup ils virent un éclair. Pensant qu’un orage se préparait, ils rassemblèrent leur troupeau pour le ramener à la maison. Un second éclair se produisit et, levant les yeux, ils virent, au-dessus d’un chêne vert, une Dame tout habillée de blanc, éblouissante de lumière, plus brillante que le soleil.

La belle Dame leur dit : « Ne vous effrayez pas, je ne vous ferai aucun mal. »
Lucie demanda : « D’où venez-vous, et que voulez-vous de nous ? » La Sainte Vierge répondit : « JE VIENS DU CIEL, Je viens vous demander de revenir ici le 13 de chaque mois à la même heure et pendant six mois. Alors, je dirai qui Je suis et ce que je veux. Je reviendrai encore une septième fois. »

Alors Lucie demanda : « Est-ce que j’irai aussi au ciel ? »… « Oui »…Et Jacinthe ? « Oui »… Et François ? » … « Lui aussi, mais il devra réciter beaucoup de chapelets ». Alors Lucie demanda si deux filles âgées de 16 et 20 ans, qui étaient décédées il y a peu étaient au ciel. La Sainte Vierge répondit : « La première, oui ; la seconde, non. »

« Voulez-vous, dit la Sainte Vierge, offrir à Dieu vos souffrances en réparation des péchés et pour la conversion des pécheurs ? »
Avec grande simplicité, les enfants répondirent : « Nous le voulons. »
Alors, dit la Vierge : « vous souffrirez beaucoup, mais la grâce de Dieu sera votre force!»
 
Comme Elle disait ces mots, Elle ouvrit les mains. Il en sortit des flots d’une puissante lumière qui pénétra au plus profond l’âme des enfants. La Sainte Vierge permit aux enfants de se voir en Dieu qui est Toute Lumière.

Poussés par une énorme force intérieure, les enfants tombèrent à genoux en disant :
« Très Sainte Trinité, Père, Fils et Saint Esprit, je Vous adore profondément et je Vous offre les précieux Corps, Sang et Divinité de Jésus-Christ, présent dans tous les tabernacles du monde, en réparation des outrages, sacrilèges et indifférence par lesquels Il est Lui-même offensé.
Par les mérites infinis de son Sacré Cœur et du Cœur Immaculé de Marie, je vous prie pour la conversion des pauvres pécheurs. »

Ensuite Notre Dame dit :
« Priez le chapelet tous les jours pour la paix dans le monde et pour la fin de la guerre ! A la fin du chapelet, dites :
"Mon Jésus, pardonnez-nous nos péchés, préservez-nous du feu de l’enfer et conduisez toutes les âmes au ciel, spécialement celles qui ont le plus besoin de votre miséricorde". »

Alors, lentement la Vierge s’éleva dans le ciel et s’éloigna en direction de l’est.

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Sources :
Lucie, Mémoires, Fatima, 1963 ; Lucie, Lucie raconte Fatima, éd. par Dom C. Jean-Nesmy, Paris et Montsûrs, 1975 ; Lucie, Memorias II, Fatima, 1996.


L’attentat du 13 mai 1981 contre Jean-Paul II


Jean Paul II avait prévu pour le 7 juin 1981 une consécration de toute l'Eglise à Marie mère de l'Eglise. Les grandes cérémonies mariales allaient avoir lieu au Vatican dans un mois à peine, lorsqu'un terroriste se mit en travers de leur réalisation...

Mais le 13 mai, un terroriste tira...
L'assassin (Ali Agça) fut étonné de son échec, il interrogea le pape à ce sujet lorsque celui-ci lui rendit visite dans la prison de Rebibbia, où le terroriste purgeait sa peine de prison à vie. Interloqué, il lui demanda à plusieurs reprises : pourquoi n'as-tu pas péri ? J'ai bien visé, la balle était sûre, morelle. Pourquoi n'as-tu donc pas péri ? »
Jean Paul II lui répondit alors :
« Il y a la main qui tire et il y a une autre main qui guide la balle » (Entretien de Jean Paul II avec Ali Agça en prison, le 27 décembre 1983)

La balle, puisqu'elle toucha l'index de la main gauche du Pape, changea légèrement de trajectoire, grâce à quoi elle passa juste à côté de l'aorte. On peut dire que Jean Paul II frôla la mort de quatre millimètres. Mais il y eut encore autre chose. La balle « dansa » tout au long de sa trajectoire, ce qu'aucune loi physique n'est en mesure d'expliquer.
Lorsque la deuxième balle, la plus sûrement mortelle fut tirée, la douille ne s'éjecta pas.
 
Durant sa convalescence, Jean Paul II réfléchit et s'informa en détail de ce qui concernait les messages de Fatima. Il comprit alors qu'il devait consacrer à Marie, non l'Eglise, mais le monde entier ; et il ferait cette consécration, non à Marie mère de l'Eglise, mais au Cœur immaculé de Marie.
 
Cette consécration fut faite solennellement le 25 mars 1984. Les évènements qui suivirent (chute du mur de Berlin ; liberté des républiques de l'ex-URSS) parlent d'eux-mêmes.

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Cf. Wincenty Laszewski, Les miracles de Marie dans la vie de Jean Paul II

jeudi 10 mai 2012

Ouverture du mois de Marie - Reine des Anges

Assomption, par Sano di Pietro
Ce 1er mai est un jour décidément bien important cette année.
Tout d'abord, nous célébrons aujourd'hui saint Joseph, saint patron de tous les travailleurs qui oeuvrent pour l'édification de notre société selon l'esprit de la prière du Seigneur : Que votre Règne arrive.
C'est aussi le premier mardi du mois de Mai et donc, jour consacré aux neuf Choeurs des Esprits bienheureux.
C'est enfin l'ouverture du mois de Marie.
En cette triple fête que l'Eglise nous offre, écoutons le bienheureux Jean Paul II nous parler de la Mère de Dieu et de la plus belle dévotion que nous puissions lui offrir tout au long de son mois : le saint Rosaire.

Extraits de la lettre encyclique Rosarium Virginis Mariae du bienheureux Pape Jean Paul II (16 octobre 2002)

            n.2. (…) Moi-même, je n'ai négligé aucune occasion pour exhorter à la récitation fréquente du Rosaire. Depuis mes plus jeunes années, cette prière a eu une place importante dans ma vie spirituelle. Mon récent voyage en Pologne me l'a rappelé avec force, et surtout la visite au sanctuaire de Kalwaria. 

Le Rosaire m'a accompagné dans les temps de joie et dans les temps d'épreuve. Je lui ai confié de nombreuses préoccupations. En lui, j'ai toujours trouvé le réconfort. Il y a vingt-quatre ans, le 29 octobre 1978, deux semaines à peine après mon élection au Siège de Pierre, laissant entrevoir quelque chose de mon âme, je m'exprimais ainsi :

« Le Rosaire est ma prière préférée. C'est une prière merveilleuse. Merveilleuse de simplicité et de profondeur. (…) En effet, sur l'arrière-fond des Ave Maria défilent les principaux épisodes de la vie de Jésus Christ. Réunis en mystères joyeux, douloureux et glorieux, ils nous mettent en communion vivante avec Jésus à travers le cœur de sa Mère, pourrions-nous dire. En même temps, nous pouvons rassembler dans ces dizaines du Rosaire tous les événements de notre vie individuelle ou familiale, de la vie de notre pays, de l'Église, de l'humanité, c'est-à-dire nos événements personnels ou ceux de notre prochain, et en particulier de ceux qui nous sont les plus proches, qui nous tiennent le plus à cœur. C'est ainsi que la simple prière du Rosaire s'écoule au rythme de la vie humaine ».
Par ces paroles, chers frères et sœurs, je mettais dans le rythme quotidien du Rosaire ma première année de Pontificat. Aujourd'hui, au début de ma vingt-cinquième année de service comme Successeur de Pierre, je désire faire de même. Que de grâces n'ai-je pas reçues de la Vierge Sainte à travers le rosaire au cours de ces années : Magnificat anima mea Dominum ! Je désire faire monter mon action de grâce vers le Seigneur avec les paroles de sa très sainte Mère, sous la protection de laquelle j'ai placé mon ministère pétrinien : Totus tuus !
            n.16. Le Christ nous a invités à nous tourner vers Dieu avec confiance et persévérance pour être exaucés : « Demandez et l'on vous donnera ; cherchez et vous trouverez; frappez et l'on vous ouvrira » (Mt 7,7). Le fondement de cette efficacité de la prière, c'est la bonté du Père, mais aussi la médiation du Christ lui-même auprès de Lui (cf. 1Jn 2,1) et l'action de l'Esprit Saint, qui « intercède pour nous » selon le dessein de Dieu (cf. Rm 8, 26-27). Car nous-mêmes, « nous ne savons pas prier comme il faut » (Rm 8, 26) et parfois nous ne sommes pas exaucés parce que « nous prions mal » (cf. Jc 4, 2-3). 

Par son intercession maternelle, Marie intervient pour soutenir la prière que le Christ et l'Esprit font jaillir de notre cœur. La prière de l'Église est comme portée par la prière de Marie. En effet, si Jésus, l'unique Médiateur, est la Voie de notre prière, Marie, qui est pure transparence du Christ, nous montre la voie, et c'est à partir de cette coopération singulière de Marie à l'action de l'Esprit Saint que les Églises ont développé la prière à la sainte Mère de Dieu, en la centrant sur la Personne du Christ manifestée dans ses mystères. Aux noces de Cana, l'Évangile montre précisément l'efficacité de l'intercession de Marie qui se fait auprès de Jésus le porte-parole des besoins de l'humanité : « Ils n'ont plus de vin » (Jn 2,3).

Le Rosaire est à la fois méditation et supplication. L'imploration insistante de la Mère de Dieu s'appuie sur la certitude confiante que son intercession maternelle est toute puissante sur le cœur de son Fils. Elle est « toute puissante par grâce », comme disait, dans une formule dont il faut bien comprendre l'audace, le bienheureux Bartolo Longo dans la Supplique à la Vierge. C'est une certitude qui, partant de l'Évangile, n'a cessé de se renforcer à travers l'expérience du peuple chrétien.
(…) Dans le Rosaire, tandis que nous la supplions, Marie, Sanctuaire de l'Esprit Saint (cf.Lc 1, 35), se tient pour nous devant le Père, qui l'a comblée de grâce, et devant le Fils, qu'elle a mis au monde, priant avec nous et pour nous

Le Mariage de la Vierge Marie et de saint Joseph

Je sors mon chapelet de ma poche...


Vitrail de Notre-Dame du Rosaire,
la Vierge et l'Enfant Jésus offrent
le Chapelet à saint Dominique

             « Je sors un chapelet de ma poche. Le chapelet est comme un instrument qu’on peut utiliser pour prier. Il est simple de prier le chapelet. Peut-être le savez-vous déjà, sinon demandez à vos parents de vous apprendre. D’ailleurs, chacun de vous recevra un chapelet à la fin de notre rencontre. Lorsque vous l’aurez en main, vous pourrez prier pour le Pape, pour l’Eglise et pour toutes les intentions importantes. Et maintenant, avant que je vous bénisse tous avec grande affection, prions ensemble un « Je vous salue Marie »

            C’est en ces termes si paternels que le Pape Benoît XVI, lors de sa rencontre avec les enfants, au Bénin, en novembre 2011, a fait la propagande du chapelet. C’était émouvant. C’était l’image du grand-père assis au milieu de ses enfants et petits-enfants, et leur donnant des conseils pour la vie.
Avec sa voix douce, il recommandait cette prière si simple et si riche. En observant ce geste du Saint-Père qui sort un chapelet de sa poche, je voudrais vous exhorter tous à avoir toujours et partout un chapelet dans votre poche, ou bien enroulé autour du cou, ou encore au poignet, ou dans vos petites sacoches. Pourquoi ? La réponse est dans ce paragraphe suivant :

            « Quand tu portes ton chapelet sur toi, Satan a mal à la tête. Quand tu le touches, il perd l’équilibre. Quand tu dis ton chapelet, il perd connaissance. Disons notre chapelet fréquemment, pour qu’il perde connaissance continuellement. Peut-être qu’un jour il aura une crise cardiaque, et ne pourra plus travailler. Il y a beaucoup à gagner quand on dit le chapelet, rien à perdre ! Imagine ce qui pourrait arriver si tous les catholiques du monde disaient leur chapelet, le même jour. »

            Donc pas de paresse ! Pas de négligence ! Pas d’hésitation ! Les ruses de Satan nous poussent souvent à banaliser cette prière si efficace que certains pourraient qualifier d’ennuyeuse et de monotone. Nenni !
Evidemment, il ne suffit pas d’avoir le chapelet sur soi, il faut le méditer, le prier mais aussi le vivre.  Dieu merci ! Cette prière biblique est accessible à tous, aux petits et aux grands, aux pauvres et aux riches, aux bien-portants comme aux malades.  Elle peut être dite par les catholiques et les non catholiques. Après le saint Sacrifice de la messe, c’est la prière la plus profitable à nos âmes. C’est une prière puissante contre Satan, le démolisseur des vies et des foyers chrétiens. Cela faisait dire au Pape  Saint Pie X : « Si vous voulez que la paix règne dans vos foyers, récitez chaque soir le chapelet en famille ». Le secret pour arrêter les divorces et séparations des couples vient d’être dévoilé. Cette solution est tellement simple que très peu la prennent au sérieux. Elle a la simplicité d’une prière populaire. Des protestants l’enseignent aux catholiques. Des musulmans l’apprennent et la récitent avec satisfaction. Le Pape Jean-Paul II la recommande vivement aux familles : « il ne faut pas perdre ce précieux héritage. Il faut se remettre à prier en famille.  Le chapelet nous transforme en intimes de Dieu, en vrais membres de la famille de Dieu ».

            La Vierge elle-même nous rassure : « A tous ceux qui réciteront dévotement mon rosaire, je promets ma protection toute spéciale et de très grandes grâces ». C’est la première des 15 promesses de la Très Sainte Vierge à Saint Dominique.

            Quand, au cours d’une apparition à Fatima au Portugal, Lucie demanda à la Vierge si le petit François (9 ans) irait au Ciel, la Mère de Dieu répondit : « oui, mais il lui faudra d’abord réciter beaucoup de chapelets ». Comprenez que réciter « beaucoup de chapelets » conduit les âmes au paradis.  Il n’est donc pas interdit d’en dire plusieurs par jour, trois, quatre chapelets et même plus. Aucun risque d’indigestion spirituelle.

            Concrètement cela revient à dire qu’il faut trouver du temps pour aimer sans compter, aimer la compagnie de la Vierge Marie en faisant moins de télévision, moins de feuilletons, moins d’internet, moins de téléphone portable. Faisons défiler dans notre mémoire plus d’images des mystères joyeux, douloureux, glorieux et lumineux de notre Seigneur Jésus-Christ. Cela nous apportera plus de paix, plus de bonheur, plus de sérénité, plus de succès et de consolation du Ciel.

            Récitons le chapelet avec dévotion et non de façon mécanique. Cherchons à temps et à contre temps le soutien de Marie. Tout en elle respire la dignité, la sécurité, la fidélité, la douceur dans la discrétion et l’effacement. Tout en elle est amour. Quelle Reine incomparable ! Et cela se comprend : elle est immaculée, divinement sélectionnée de toute éternité. Mais elle n’est pas une déesse. Quoique de notre terre, elle est céleste, fraîche, et toujours neuve sans maquillage et sans produits éclaircissants. Elle est toute belle parce que toute pure et toujours Vierge. Elle a en elle tout ce qui peut satisfaire le cœur de l’homme : « c’est le Paradis accompli ».

            Commencer, continuer ou recommencer à réciter le chapelet seul, en famille ou dans les communautés enrichit merveilleusement notre vie intérieure et nos relations humaines interpersonnelles ! Car, en récitant le chapelet, nous contemplons  le Christ Rédempteur avec les yeux de sa Très Sainte Mère, quel bonheur : « On place Jésus au centre, on partage avec lui les joies et les souffrances, on remet entre ses mains les besoins et les projets, on reçoit de lui espérance et force pour le chemin » (Jean-Paul II).

            J’invite chacun à faire d’abord l’expérience personnelle de la récitation quotidienne du chapelet. Ensuite, il faut promouvoir la dévotion mariale auprès des habitants de la maison ou des voisins. On devrait habituer nos enfants à avoir constamment un chapelet en poche ou dans la main. Vérifier si le soir au lit, ou sur la natte, ils l’ont à leurs côtés, ou à leur chevet. Cela suppose que les adultes en donnent l’exemple comme le Pape nous l’a montré. Dans les salles de catéchèse, pourquoi ne pas commencer ou conclure les causeries par une dizaine de chapelet. A l’entrée de nos presbytères ou au portail de nos églises, pourquoi ne pas réserver un espace à Marie avec une belle statue de la Vierge. Si elle porte l’enfant Jésus dans ses bras ou au dos c’est encore mieux. La maternité est un don précieux fait à l’humanité. Par les temps qui courent, il faut promouvoir la maternité. Car faire la promotion féminine en méprisant catégoriquement la maternité est une dévaluation et une dévalorisation grave de la femme. D’ailleurs,  comme l’avait déjà entrevu Saint Jean Eudes en son temps, il n’est pas bon de séparer les deux Cœurs sacrés : celui de la mère et celui du Fils. Jésus et Marie, on les aime ensemble.

            En ce mois de Marie, pourquoi ne pas faire des affiches bien visibles pour inviter à la récitation du rosaire. Voici en guise d’exemple quelques phrases : « Récitons le chapelet tous les jours pour l’unité des couples et familles ». « Récitons le chapelet pour les malades, les prisonniers, les souffrants de la faim et les persécutés ». « Récitons le chapelet pour notre conversion » etc...

            Habituons-nous à donner des chapelets même à ceux-là qui en possèdent déjà. N’avez-vous pas remarqué que les prières essentielles des catholiques sont toutes contenues dans le chapelet ? Le Credo, le Pater, l’Ave Maria, le Gloria Patri. Ce n’est pas pour rien que c’est le chapelet que la Vierge Marie recommande lors de ses apparitions. Le 13 octobre 1917 à Fatima, elle  s’était présentée aux trois enfants en ces termes : « Je suis Notre-Dame du Rosaire. Je viens vous demander de dire tous les jours le chapelet et de changer de vie …. ».  Le sort du monde semble dépendre du chapelet.  La Vierge, réellement soucieuse de notre salut éternel, insiste pour qu’on finisse chaque dizaine par cette invocation « O bon Jésus, pardonnez-nous nos péchés. Préservez-nous du feu de l’enfer. Conduisez toutes les âmes au Ciel, spécialement celles qui ont le plus besoin de votre miséricorde ». L’enfer existe, blague à part. Ne nous laissons donc pas surprendre au dernier Jour. Ce sera trop tard.

             Prenons plutôt les prophéties et les recommandations de la Vierge Marie très au sérieux. Le génocide au Rwanda avait été annoncé par elle lors des apparitions à Kibeho. Alphonsine (une des voyantes) a vu la Mère de Dieu pleurer. Les enfants voyaient des images terrifiantes : un fleuve de sang, des gens qui s’entre-tuaient, des cadavres abandonnés sans personne pour les enterrer. Un arbre tout en feu, un gouffre béant, des corps décapités. Dix ans plus tard, en 1994, le monde voyait « en direct » le drame du Rwanda. Je ne suis pas alarmiste et je ne vous demande pas de croire au premier « visionnaire » manipulé par Satan, cet ennemi de Dieu, capable de se changer en ange de lumière pour nous  tromper.

            La Mère de Dieu, elle, n’a aucun intérêt à nous faire peur. Elle est la bénie entre toutes les femmes, la confidente de Dieu, la consolatrice des affligés, le Refuge des pécheurs. Son message à Kibeho était clair : « Repentez-vous, repentez-vous, repentez-vous…Le monde est en rébellion contre Dieu, trop de péchés s’y commettent…Priez sans cesse et sans hypocrisie. Les hommes ne prient pas ; et même parmi ceux qui prient, beaucoup ne prient pas comme il faut ». Si on l’avait écoutée ! Et si on l’écoutait !

            Déposons tout entre les mains de notre maman du Ciel. Confions-lui le jubilé des 70 ans de notre évangélisation dont la clôture sera en  2014. Confions-lui notre avenir. Et pour conclure, retenons cette phrase sortie de sa bouche : « A la fin, mon Cœur immaculé triomphera ». Aux sceptiques, le Pape Benoît XVI a demandé d’être patients. C’était à Fatima le 13 mai 2010, dans son homélie : « Celui qui penserait que la mission prophétique de Fatima est achevée se tromperait ». Oui son Cœur Immaculé triomphera. Car « au pouvoir de Dieu tout est soumis, même la Vierge ; au pouvoir de la Vierge tout est soumis, même Dieu ». Elle s’est abaissée, Dieu l’a élevée. La solution est dans la récitation régulière et sincère du chapelet.

+ Mgr Pascal N’KOUE
Omnium servus
Archevêque de Parakou, Bénin

mardi 8 mai 2012

Mémoire des apparitions de Saint Michel au Mont Gargan



C’est au XIe siècle que certaines églises de Rome ont commencé à fêter saint Michel le 8 mai. Comme le précise le martyrologe de Saint-Pierre, il s’agit de la fête de saint Michel au Monte Gargano dans les Pouilles. On célèbre, en effet, ce jour-là l’apparition dont saint Michel a honoré le Gargano à la fin du Ve siècle et la dédicace de la basilique érigée en ce lieu.

De la "Légende dorée" de Monseigneur Jacques de Voragine

La sainte solennité de la fête de saint Michel, archange, se nomme Apparition, Dédicace, Victoire et Mémoire. Les apparitions de cet Ange sont nombreuses.

 

La première eut lieu sur le mont Gargan. C'est une montagne des Pouilles située auprès de la ville de Sipont. L'an du Seigneur 390, il y avait, dans Siponto, un homme, qui, d'après quelques auteurs, se nommait Gargan, du nom de cette montagne, ou bien cette montagne avait pris le nom de cet homme. Il possédait un troupeau immense de brebis et de bœufs ; et un jour que ces animaux paissaient sur les flancs du mont, un taureau s'éloigna des autres pour monter au sommet, et ne rentra pas avec le troupeau. Le propriétaire prit un grand nombre de serviteurs afin de le chercher ; le trouva enfin au haut de la montagne, vis-à-vis l’entrée d'une caverne. Irrité de ce que ce taureau errait ainsi seul à l’aventure ; il lança aussitôt contre lui une flèche empoisonnée ; mais à l’instant la flèche, comme si elle eût été poussée par le vent, revint sur celui qui l’avait lancée et le frappa.

Les habitants effrayés vont trouver l’évêque et demandent son avis sur une chose si étrange. Il ordonna trois jours de jeûne et leur dit qu'on devait en demander l’explication à Dieu. Après quoi saint Michel apparut à l’évêque, en lui disant : « Vous saurez que cet homme a été frappé de son dard par ma volonté : car je suis l’Archange Michel, qui, dans le dessein d'habiter ce lieu sur la terre et de le garder en sûreté, ai voulu donner à connaître parce signe que je suis l’inspecteur et le gardien de cet endroit. » Alors l’évêque et tous les citoyens allèrent en procession à la montagne : comme ils n'osaient entrer dans la caverne, ils restèrent en prières devant l’entrée.

L’Archange Michel révéla que cet endroit sur le mont Gargan, avait été dédié par lui-même à pareil jour. Quand les Sipontains furent revenus après le carnage de leurs ennemis sur lesquels ils avaient remporté une victoire si éclatante, ils conçurent des doutes s'ils devaient entrer dans cet endroit ou en faire la dédicace. Alors l’évêque envoya consulter à cet égard le pape Pélage, lequel répondit : « Si c'était un homme qui dût faire la dédicace de cette église, il le faudrait faire certainement au jour où la victoire a été accordée. Si au contraire saint Michel est d'un avis opposé, il faut là-dessus s'enquérir de sa volonté.» Quand le pape, l’évêque et les citoyens de Siponto, eurent passé trois jours dans la prière et le jeûne, saint Michel apparut à l’évêque en ce jour et lui dit : « Vous n'avez pas besoin de dédier l’église que j'ai édifiée. Je l’ai dédiée comme je l’ai bâtie moi-même. »

Il lui ordonna de s'y rendre le lendemain avec le peuple, d'y faire leur prière et qu'on ressentirait alors qu'il était leur patron spécial. Ensuite il lui donna un signe auquel il reconnaîtrait que l’église avait été consacrée : c'était d'y monter du côté de l’orient par un sentier de traverse : ils y devaient trouver les pas d'un homme empreints sur le marbre. Le lendemain matin l’évêque et tout le peuple vinrent, à cet endroit et étant entrés dans une grande crypte, ils trouvèrent trois autels, dont deux étaient placés, au midi et le troisième qui se trouvait du côté de l’orient était magnifique et enveloppé d'une couverture rouge. La messe y fut célébrée solennellement et tous ayant reçu la sainte communion, revinrent chez eux remplis d'une joie extraordinaire. L'évêque y établit des prêtres et des clercs pour célébrer continuellement l’office divin. Il coule dans cette caverne une source d'eau limpide et fort agréable au goût. Le peuple en boit après la communion et divers malades en sont guéris. Alors le souverain pontife, ayant appris ces merveilles, établit qu’en ce jour on célébrerait par tout l’univers la fête de saint Michel et de tous les esprits bienheureux.


Procession de saint Grégoire, enluminure :
L'apparition au dessus du chateau Saint-Ange

Une autre apparition est celle qu'on rapporte avoir eu lieu du temps de saint Grégoire. Ce pape avait institué les litanies majeures, à cause de la peste inguinale ; et comme il adressait de ferventes prières pour le salut du peuple, il vit sur un château qui s'appelait autrefois la Mémoire d'Adrien, l’Ange du Seigneur essuyant un glaive ensanglanté et le remettant dans le fourreau. Saint Grégoire comprit par là que ses prières avaient été exaucées du Seigneur. Il fit donc construire en ce lieu une église en l’honneur des Anges : de là vient le nom de Château-Saint-Ange que porte aujourd'hui ce fort. Or, cette apparition se célèbre le 8 des ides de mai, en même temps que celle du Mont-Gargan, qui eut lieu lors d'une victoire que l’Archange fit remporter par les Sipontins.

dimanche 6 mai 2012

Apprendre à dire le Chapelet à l'école du Saint-Père

Extraits de la lettre encyclique Rosarium Virginis Mariae, du bienheureux Pape Jean-Paul II, 16 octobre 2002
Le silence

n.31. L'écoute et la méditation se nourrissent du silence. Après l'énonciation du mystère et la proclamation de la Parole, il est opportun de s'arrêter pendant un temps significatif pour fixer le regard sur le mystère médité, avant de commencer la prière vocale. La redécouverte de la valeur du silence est un des secrets de la pratique de la contemplation et de la méditation. Dans une société hautement marquée par la technologie et les médias, il reste aussi que le silence devient toujours plus difficile. De même que dans la liturgie sont recommandés des moments de silence, de même, après l'écoute de la Parole de Dieu, une brève pause est opportune dans la récitation du Rosaire, tandis que l'esprit se fixe sur le contenu d'un mystère déterminé.

Le « Notre Père »


n.32. Après l'écoute de la Parole et la focalisation sur le mystère, il est naturel que l'esprit s'élève vers le Père. En chacun de ses mystères, Jésus nous conduit toujours au Père, auquel il s'adresse continuellement, parce qu'il repose en son “sein” (cf. Jn 1,18). Il veut nous introduire dans l'intimité du Père, pour que nous disions comme Lui: « Abba, Père » (Rm 8,15; Ga 4,6). C'est en rapport avec le Père qu'il fait de nous ses frères et qu'il nous fait frères les uns des autres, en nous communiquant l'Esprit qui est tout à la fois son Esprit et l'Esprit du Père.

Le « Notre Père », placé pratiquement comme au fondement de la méditation christologique et mariale qui se développe à travers la répétition de l'Ave Maria, fait de la méditation du mystère, même accomplie dans la solitude, une expérience ecclésiale.

Les dix « Ave Maria »

n.33. C'est tout à la fois l'élément le plus consistant du Rosaire et celui qui en fait une prière mariale par excellence. Mais précisément à la lumière d'une bonne compréhension de l'Ave Maria, on perçoit avec clarté que le caractère marial, non seulement ne s'oppose pas au caractère christologique, mais au contraire le souligne et le met en relief. En effet, la première partie de l'Ave Maria, tirée des paroles adressées à Marie par l'Ange Gabriel et par sainte Élisabeth, est une contemplation d'adoration du mystère qui s'accomplit dans la Vierge de Nazareth. Ces paroles expriment, pour ainsi dire, l'admiration du ciel et de la terre, et font, en un sens, affleurer l'émerveillement de Dieu contemplant son chef d'œuvre – l'incarnation du Fils dans le sein virginal de Marie –, dans la ligne du regard joyeux de la Genèse (cf. Gn 1,31), de l'originel « pathos avec lequel Dieu, à l'aube de la création, a regardé l'œuvre de ses mains ». Dans le Rosaire, le caractère répétitif de l'Ave Marie nous fait participer à l'enchantement de Dieu: c'est la jubilation, l'étonnement, la reconnaissance du plus grand miracle de l'histoire. Il s'agit de l'accomplissement de la prophétie de Marie: « Désormais tous les âges me diront bienheureuse » (Lc 1,48).

Le centre de gravité de l'Ave Maria, qui est presque comme une charnière entre la première et la seconde partie, est le nom de Jésus. Parfois, lors d'une récitation faite trop à la hâte, ce centre de gravité disparaît, et avec lui le lien au mystère du Christ qu'on est en train de contempler. Mais c'est justement par l'accent qu'on donne au nom de Jésus et à son mystère que l'on distingue une récitation du Rosaire significative et fructueuse. Dans l'exhortation apostolique Marialis cultus, Paul VI rappelait déjà l'usage pratiqué dans certaines régions de donner du relief au nom du Christ, en ajoutant une clausule évocatrice du mystère que l'on est en train de méditer. C'est une pratique louable, spécialement dans la récitation publique. Elle exprime avec force la foi christologique appliquée à divers moments de la vie du Rédempteur. Il s'agit d'une profession de foi et, en même temps, d'une aide pour demeurer vigilant dans la méditation, qui permet de vivre la fonction d'assimilation, inhérente à la répétition de l'Ave Maria, en regard du mystère du Christ. Répéter le nom de Jésus – l'unique nom par lequel il nous est donné d'espérer le salut (cf. Ac 4,12) –, étroitement lié à celui de sa Très Sainte Mère, et en la laissant presque elle-même nous le suggérer, constitue un chemin d'assimilation, qui vise à nous faire entrer toujours plus profondément dans la vie du Christ.


C'est de la relation très spécifique avec le Christ, qui fait de Marie la Mère de Dieu, la Theotòkos, que découle ensuite la force de la supplication avec laquelle nous nous adressons à elle dans la seconde partie de la prière, confiant notre vie et l'heure de notre mort à sa maternelle intercession.

Les « Gloria Patri »

n.34. La doxologie trinitaire est le point d'arrivée de la contemplation chrétienne. Le Christ est en effet le chemin qui conduit au Père dans l'Esprit. Si nous parcourons en profondeur ce chemin, nous nous retrouvons sans cesse devant le mystère des trois Personnes divines à louer, à adorer et à remercier. Il est important que le Gloria, sommet de la contemplation, soit bien mis en relief dans le Rosaire. Lors de la récitation publique, il pourrait être chanté, pour mettre en évidence de manière opportune cette perspective qui structure et qualifie toute prière chrétienne.

Dans la mesure où la méditation du mystère a été attentive, profonde, ravivée – d'Ave en Ave – par l'amour pour le Christ et pour Marie, la glorification trinitaire après chaque dizaine, loin de se réduire à une rapide conclusion, acquiert une juste tonalité contemplative, comme pour élever l'esprit jusqu'au Paradis et nous faire revivre, d'une certaine manière, l'expérience du Thabor, anticipation de la contemplation future: « Il est heureux que nous soyons ici ! » (Lc 9,33).