samedi 7 avril 2012

Samedi Saint

Giotto, détail, Notre Dame des douleurs

Vénérable Henri Marie Boudon, « Dieu partout présent », Acte à la très sainte Vierge

            O Vierge toujours Vierge, immaculée en votre sainte Conception, vraie Mère de Dieu, s’il était en mon pouvoir je voudrais vous honorer par tous les honneurs, et par toute la gloire qui vous ont été rendus, que l’on vous rend, et que l’on vous rendra éternellement. Mais je m’unis particulièrement aux Saints qui ont excellé en la dévotion de votre immaculée Conception, de votre perpétuelle Virginité, et de votre divine Maternité. Obtenez-moi quelque part à leur amour, à leur dévotion, et à leur zèle pour ces privilèges. Je vous offre de plus toute la gloire de la suradorable Trinité. Ainsi soit-il.


vendredi 6 avril 2012

Vendredi Saint : Passion et Mort du Sauveur

Roger Van der Weyden, Crucifixion
Du marché conclu par Judas avec les Juifs pour vendre le Fils de Dieu

Considérez l’injure faîte à Notre-Seigneur d’être mis en vente comme une chose commune. Il est Dieu, par conséquent inappréciable, et d’une valeur infinie ; néanmoins on parle de le vendre à prix taxé. C’est ainsi que l’on traite un Dieu et Il le souffre !
Et vous vous irritez de ce qu’on ne vous apprécie pas assez ! Combien donc pensez-vous valoir ?
Considérez que Judas, ce mauvais marchand, s’en rapporte aux acheteurs pour ce qui est du prix de ce qu’il veut vendre. Il leur dit : «  Que voulez-vous me donner ? » estimant si peu son maître, qu’il l’eût vendu pour si peu qu’on lui eût offert.
Quand, pour un petit divertissement, vous quittez les choses de Dieu, pour une futilité vous laissez la sainte communion, vous imitez Judas : pour la moindre bagatelle, vous abandonnez ce qui n’a pas de prix. Quel échange !
Considérez que ce marché est tout au désavantage de celui qui est vendu : car on n’achète le divin Jésus que pour le faire mourir ; en sorte que l’action de Judas fut la cause prochaine de la Passion du Fils de Dieu.
Quoique ce malheureux soit bien détestable, tournez toute votre indignation contre vous-même : car ç’a été au nom de tous les pécheurs que Judas a conclu son infâme marché. Ainsi soit-il. 

R. P. Joseph de Dreux
capucin du XVIIe s.
Mort du Sauveur et mise au tombeau
Vénérable Henri Marie Boudon, « Dieu partout présent », prière

            O Père éternel qui êtes ici très présent avec votre Fils adorable, et le Saint Esprit, je déteste tous mes péchés plus que tous les maux ensemble, et j’en ai regret du plus intime de mon cœur, dans la seule vue que les intérêts de votre divine Majesté en sont blessés, sans considérer les miens ni du côté de la peine, ou de la récompense, ni de la part du temps, ni de l’éternité, ni en la vue du Paradis, ou de l’Enfer, ha ! je m’unis à toute la douleur que l’adorable Jésus votre Fils bien-aimé en a eue. 
Je vous offre pour y satisfaire toute la Passion douloureuse, et la précieuse Mort. Ainsi soit-il. 


jeudi 5 avril 2012

Jeudi Saint : Institution de la divine Eucharistie et du saint Sacerdoce

Joos van Gent, Institution de l'Eucharistie et communion des Apôtres


Vénérable Henri Marie Boudon, « L’amour de Jésus au Très Saint Sacrement de l’Autel », Oraison pour adorer le Très Saint Sacrement

            Mon Dieu et mon Sauveur, Jésus vrai Dieu et vrai homme, digne victime du Très-Haut, pain vivant, et source de la vie éternelle, je vous adore de tout mon cœur dans votre divin Sacrement, avec dessein de réparer toutes les irrévérences, les profanations et les impiétés qui ont été commises contre vous dans ce redoutable mystère.

            Je me prosterne devant votre sainte majesté, pour vous y adorer présentement au nom de tous ceux qui ne vous y ont jamais rendu aucuns devoirs, et qui peut-être seront si malheureux que de ne vous y en rendre jamais, comme les hérétiques, les athées, les blasphémateurs, les magiciens, les Juifs, les idolâtres et tous les infidèles.

            Je souhaiterais, mon Dieu, vous pouvoir autant donner de gloire qu'ils vous en donneraient tous ensemble, s'ils vous y rendaient fidèlement leur respect et leur reconnaissance ; et je voudrais pouvoir recueillir dans ma foi, dans mon amour, et dans le sacrifice de mon cœur, tous ce qu'ils auraient été capables de vous rendre d'honneur, d'amour et de gloire dans l'étendue de tous les siècles.

            Je désire même de toute l'ardeur de mon âme vous donner autant de bénédictions et de louanges, que les damnés vomiront d'injures contre vous dans toute la durée de leurs supplices ; et pour sanctifier cette adoration, et vous la rendre plus agréable, je l'unis, ô mon Sauveur, à toutes celles de votre Eglise universelle du Ciel et de la terre. Regardez les sentiments de mon cœur plutôt que les paroles de ma bouche : j'ai dessein de vous dire tout ce que votre Esprit inspire pour vous honorer, à votre sainte Mère, à vos saints, et tout ce que vous direz vous-même à Dieu votre Père, dans ce glorieux et auguste Sacrement où vous êtes son holocauste perpétuel, et dans le bienheureux sein où il vous engendre à toute éternité, où vous le louez infiniment par la divine essence.

Loué soit et adoré le Très Saint Sacrement !


dimanche 1 avril 2012

Dimanche des Rameaux et de la Passion du Sauveur : N'aimer que Dieu seul


Dimanche des Rameaux : L'entrée de Jésus à Jérusalem, par Giotto

Vénérable Henri Marie Boudon, « Dieu partout présent », Chap. IV, Dieu qui est partout, demande que l’on se souvienne de sa divine présence
                                                
            C’est le propre des grandes choses, de celles qui sont extraordinairement belles et rares, d’attirer les yeux, et d’occuper l’esprit. Ainsi vous verrez des gens qui y sont attachés avec plaisir, et qui ont de la peine à en retirer les yeux. Ah si cela est, comment ne point en avoir d’application à la présence de Dieu, devant qui toutes les beautés les plus charmantes ne sont que de vilaines laideurs, devant qui tout ce qu’il y a de plus rare parmi les choses créées soit dans la terre, soit dans le Ciel même, ne mérite pas qu’on s’applique un moment à le regarder ? Est-il possible que ce Dieu qui sera toute l’occupation du Paradis, et dont l’occupation en sera la félicité, qui est un bonheur infini, sera ainsi dans l’oubli en ce monde ; et qu’étant partout, partout on ne le verra point ?

            Mais, dira-t-on, c’est qu’il est caché à nos yeux corporels. Réponse bien indigne qui n’a pas seulement un corps qui a des yeux, ce qui lui est commun avec les bêtes, mais une âme spirituelle douée d’intelligence, qui lui fait discerner ce que les sens n’aperçoivent pas. Nous avons dit que plusieurs Philosophes par la seule lumière naturelle avaient connu la présence de la Divinité en toutes choses. Mais réponse intolérable dans le Chrétien, qui a reçu le don de la foi, qui est un œil spirituel qui lui découvre certainement la présence de Dieu qui est partout, et avec plus d’assurance que les choses plus présentes à ses sens. Est-ce donc que ce bel œil qui est même éclairé par la lumière divine, lui sera inutile, et qu’il n’en fera point d’usage ?

            (…) Cependant on regarde, on s’applique à tout ce qui tombe sous les sens, en sorte, dit sont Augustin, qu’il semble que l’homme soit devenu tout chair ; car il ne pense qu’à ce que ses yeux de chair lui découvrent. Etrange et malheureuse corruption ! Infâme extase bestiale, par la domination de la partie animale !
Ainsi l’homme dépravé est tout occupé des choses sensibles, soit qu’il soit seul, soit qu’il soit en compagnie. Que l’on fasse réflexion sur l’occupation des hommes, leur pauvre esprit n’est rempli que de créatures, de terre, et des choses de la terre, de maisons, de jardins, de bois, de rivières, d’ameublement, de chevaux, d’équipages, d’habits, d’honneurs, de plaisirs, et de biens temporels. C’est à quoi ils pensent, c’est ce qu’ils aiment. Voilà le sujet de leurs entretiens, la matière de leurs conversations, pendant, hélas ! que l’on passe sa vie dans la désoccupation du Créateur !
           
détail, Jésus couronné d'épines, par Corregio
            (…Les personnes qui n’aiment que les bagatelles)  passent leur vie à s’entretenir avec d’autres créatures leurs semblables, et une demi heure que dure le Très Saint Sacrifice de la Messe leur paraît bien longue. On crie si un Prédicateur parle plus d’une heure des plus grandes vertus de la religion. On dit qu’on a de la peine à s’entretenir avec Dieu l’espace d’une demi-heure, ou d’une heure. Et cependant, où trouve-t-on ces créatures du monde parfaitement contentes, même de celles qui jouissent d’avantage de ceux que l’on y recherche le plus. Leurs jeux, leur bonne chaire, leurs récréations, leurs plaisirs, leurs plus belles conversations donnent-ils à leur cœur un repos entier ? C’est ce qu’ils ne peuvent faire, parce qu’ils n’ont rien de véritablement solide, ils ne sont que pure vanité.


lundi 26 mars 2012

Solennité de l’Annonciation

Les Dimanches de Carême priment sur tout, même sur les solennités. Voilà pourquoi, cette année, la solennité de l'Annonciation est repoussée au 26 mars. Puissions-nous imiter la foi de la Très Sainte Vierge Marie, l'Immaculée et toute sainte Mère de Dieu, devant qui même la Trinité Sainte s'extasie. 
Sainte fête à tous et poursuivons saintement notre chemin vers Jérusalem en ce temps de la Passion qui commence. 

Homélie "Missus est III" de saint Bernard

Dieu le Père, détail, par Raphaël
n.1.(…) L'Evangéliste dit donc : « Et l'Ange étant entré dans le lieu où elle était, elle, c'est-à-dire Marie, lui dit : Je vous salue pleine de grâce, le Seigneur est avec vous (Luc., I, 28). »
Où était-elle lorsque l'Ange vint la trouver ? Je pense qu'elle était retirée à l'écart dans sa chambre virginale, où peut-être, après avoir fermé la porte sur elle, elle priait le Père dans le secret.

            Les anges ont coutume, en effet, d'assister à nos prières, et se plaisent dans la société de ceux qu'ils voient lever des mains pures en priant, ils aiment à offrir à Dieu, comme un sacrifice de douce odeur, l'holocauste d'une sainte dévotion. Aussi l'Ange a-t-il montré, en saluant Marie, lorsqu'il fut arrivé près d'elle, combien ses prières étaient agréables au Très-Haut.

            Il ne fut pas difficile à l'Ange de pénétrer dans la retraite de la Vierge, quoiqu'elle en eût fermé la porte; car, par la vertu de sa substance, il jouit du privilège de ne jamais être arrêté par des serrures de fer en quelque lieu qu'il veuille pénétrer. Pour les esprits célestes, il n'y a point de murailles, tout est accessible à leurs regards, il n'est corps si durs et si épais qu'ils soient qu'ils ne puissent pénétrer et traverser. Il n'est donc point à présumer que l'Ange ait trouvé ouverte la petite porte du réduit où la Vierge se tenait, soit pour éviter le commerce des hommes et se soustraire à leurs entretiens, soit pour se livrer en silence à la prière et se trouver à l'abri des tentations qui pouvaient assaillir sa chasteté virginale. La Vierge très-prudente avait donc, en ce moment, fermé sa porte pour les hommes, mais elle ne l'avait point fermée pour les Anges. Aussi un Ange put-il pénétrer dans sa retraite, bien que tout accès fût interdit aux hommes jusqu'à elle.

Homélie "Missus est IV" de saint Bernard

Saint Gabriel, détail,
par Lorenzo Lotto
n.8. O vierge, vous avez entendu l'annonce de ce qui va se faire et l'Ange vous a dit comment cela se doit faire ; des deux côtés il y a de quoi vous étonner et vous réjouir. Réjouissez-vous donc, fille de Sion, fille de Jérusalem, livrez-vous à toute votre allégresse. Mais puisque vous avez entendu une nouvelle qui vous comble de joie et bonheur, dites donc à votre tour les paroles que nous appelons de tous nos vœux, afin que nos os humiliés tressaillent d'allégresse. Oui, vous avez entendu la merveille annoncée et vous y avez cru, croyez aussi à la manière dont elle doit s'accomplir.

            On vous a dit que vous allez concevoir et que vous enfanterez un fils; on vous a dit aussi que ce ne serait point par l'opération d'un homme mais par celle du Saint-Esprit; l'Ange maintenant n'attend plus que votre réponse, il faut qu'Il retourne à Dieu. O Notre Dame, nous attendons aussi cette réponse de miséricorde, nous pauvres malheureux qui gémissons sous le coup d'une parole de damnation. Le prix de notre salut est entre vos mains, nous sommes sauvés si vous daignez consentir. Créatures du Verbe éternel de Dieu, nous périssons tous, une parole de votre bouche nous rend à la vie et nous sauve.

            Adam et sa triste postérité condamnés à l'exil, Abraham, David, les autres Pères, je veux dire vos propres aïeux, qui sont aussi plongés eux-mêmes, dans les ombres de la mort, vous supplient de consentir. Le monde entier à vos genoux, attend votre consentement. De vous, en effet, dépend la consolation des affligés, la rédemption des captifs, la délivrance des coupables, le salut des enfants d'Adam, de votre race toute entière. Dites, ô Vierge dites cette parole si désirée, si attendue par la terre et par les Cieux, par les enfers eux-mêmes.

            (…) Oui, c'est vous qui êtes la femme promise, la femme attendue, la femme désirée, celle en qui un de vous ancêtres, le saint homme Jacob, à son lit de mort, mettait toutes ses espérances de salut quand il s'écriait: « Seigneur, j'attendrai votre Sauveur (Gen. XLIX, 18) » Oui, vous êtes la femme en qui et par qui Dieu même, notre Roi a résolu, avant tous les siècles, d'opérer notre salut sur la terre. 
(…) Répondez donc bien vite à l'Ange et par l'Ange au Seigneur. Dites une parole et recevez son Verbe ; que votre parole qui ne subsiste qu'un instant se fasse entendre et vous concevrez la Parole de Dieu, son Verbe éternel. Qui vous retient? Que craignez-vous ? 

Annonciation, par Nicolas Poussin :
L'Esprit Saint viendra sur toi et tu concevras
Croyez, consentez et concevez. Que votre humilité se rassure, que votre timidité ait confiance. Il ne faut pas que la simplicité de la vierge oublie la prudence. En cette circonstance, ô Vierge prudente, vous ne devez pas craindre de trop présumer de vous, si votre réserve a plu par son silence, maintenant il est nécessaire que votre charité parle. Ouvrez donc, ô Vierge bénie, votre cœur à la confiance, vos lèvres au consentement, et votre sein à son Créateur. Le Désiré des nations est là à votre porte, il frappe. S'il passe outre parce que vous le ferez attendre, vous gémirez de nouveau après Celui que votre cœur aime! Levez-vous donc, courrez au devant de lui, hâtez-vous de lui ouvrir. Levez-vous dis-je, par la foi, courrez par la prière, ouvrez par le consentement.

         n.9. 
« Voici, dit-elle, la servante du Seigneur, 
qu'il me soit fait selon votre parole »



dimanche 25 mars 2012

Confession pascale

Le saint Padre Pio au confessionnal
Il est toujours bon de faire un petit rappel au sujet de la confession pascale afin de bien se préparer, en esprit et en vérité dirait le Seigneur à la Samaritaine, aux grandes solennités qui approchent. 


Le Catéchisme de l'Eglise Catholique rappelle, à la suite du Droit Canonique et des Conciles : 


n.1389 : Pendant le Carême, l’Église nous demande de courber la tête devant Dieu. Lorsque nous relevons la tête, nous voyons le Christ, Rédempteur de l’homme, qui nous enseigne par toute sa vie et puis, d’une façon définitive, par sa passion et sa mort, ce que signifie « être libre », faire bon usage de la liberté qui appartient à l’homme, utiliser pleinement le don de la liberté.
C’est l’enseignement de l’Évangile, c’est l’enseignement particulier du Carême. Il faut que pendant le Carême nous prenions conscience devant le Christ de l’usage que nous faisons de notre liberté. En nous préparant à la confession pascale, nous devons examiner profondément notre conscience sur ce point

n.1457D'après le commandement de l'Eglise, "tout fidèle parvenu à l'âge de la discrétion doit confesser au moins une fois par an, les péchés graves dont il a conscience" (DS 1683 ; cf. DS 1708 ; CIC 989). Celui qui a conscience d'avoir commis un péché mortel ne doit pas recevoir la Sainte Communion, même s'il éprouve une grande contrition, sans avoir préalablement reçu l'absolution sacramentelle (cf. Cc. Trente: DS 1647 ; 1661), à moins qu'il n'ait un motif grave pour communier et qu'il ne lui soit possible d'accéder à un confesseur (cf.CIC 916 ; CIO 711). Les enfants doivent accéder au sacrement de la Pénitence avant de recevoir pour la première fois la Sainte Communion (cf.CIC 914).

n.2042Le premier commandement ( "Les Dimanches et les autres jours de fête de précepte, les fidèles sont tenus par l'obligation de participer à la Sainte Messe et de s'abstenir des œuvres serviles") demande aux fidèles de sanctifier le jour où l'on commémore la Résurrection du Seigneur, ainsi que les principales fêtes liturgiques où l'on honore les mystères du Seigneur, de la Bienheureuse Vierge Marie et des Saints, avant tout en participant à la célébration eucharistique qui rassemble la Communauté chrétienne, et de se libérer de tous ces travaux et de ces affaires qui sont de nature à empêcher la sanctification de ces jours (cf. CIC 1246-1248 ; CIO 881, p1-4). 


Le deuxième commandement ("Tout fidèle est tenu par l'obligation de confesser ses péchés au moins une fois par an") assure la préparation à l'Eucharistie par la réception du sacrement de la Réconciliation, qui continue l'oeuvre de conversion et de pardon du Baptême (cf. CIC 989 ; CIO 719).


Le troisième commandement ( "Tout fidèle est tenu par l'obligation de recevoir la Sainte Communion au moins chaque année à Pâques") garantit un minimum dans la réception du Corps et du Sang du Seigneur en liaison avec les fêtes Pascales, origine et centre de la liturgie chrétienne (cf.CIC 920 ; CIO 708 ; 881, p3).


samedi 24 mars 2012

24 mars - Fête de saint Gabriel, Archange

Homélie "Missus est I" de saint Bernard

Saint Gabriel annonce à Marie qu'elle sera la Mère de Dieu.
Annonciation par Eustache Le Sueur 
 « L'ange Gabriel fut envoyé de Dieu en une ville de Galilée appelée Nazareth, 
à une vierge qui avait épousé un homme du nom de Joseph, 
et cette vierge s'appelait Marie. »

n.2. Il dit donc: « L'ange Gabriel fut envoyé de Dieu. »
Je ne pense pas qu'il soit ici question d'un de ces anges de moindre dignité qui viennent souvent sur la terre y remplir des missions ordinaires; en effet, ce n'est pas ce que signifie son nom, qui veut dire la force de Dieu, d'ailleurs il ne vient pas, comme c'est l'habitude, sur l'ordre d'un esprit plus grand que lui, mais il est envoyé de Dieu même.

            Voilà, sans doute, pourquoi il est dit qu'il fut envoyé « de Dieu » mais l'Évangéliste se sert peut-être aussi de ces paroles « envoyé de Dieu » pour que nous ne croyions pas que Dieu, avant de communiquer son dessein à la Vierge, en fit part à d'autre esprit bienheureux que l'archange Gabriel qui fut seul trouvé digne parmi le reste des anges d'une telle grandeur, du nom qu'il a reçu et de la mission qui lui fut confiée.

            D'ailleurs, le nom qu'il a n'est point sans rapport avec le message dont il est chargé. En effet, à quel ange convenait-il mieux d'annoncer la venue du Christ qui est la vertu de Dieu, qu'à celui qui a l'honneur de s'appeler la force de Dieu ? Car qu'est-ce que la force, sinon la vertu. Mais n'allez pas croire qu'il n'était ni bien, ni convenable que le maître et l'envoyé portassent le même nom, car s'ils s'appellent de même, ce n'est pas pour la même raison.
En effet, si le Christ et l'ange Gabriel sont également nommés la force ou la vertu de Dieu, c'est en un sens bien différent l'un de l'autre. En effet, ce n'est que nuncupativement que l'Ange est appelé la force de Dieu, tandis que c'est substantivement que le Christ est nommé « la vertu de Dieu » (I Corinth., I, 24), il l'est effectivement; car c'est lui que désigne ce plus fort armé de l'Evangile qui survient et qui, de son bras puissant, terrasse le premier fort armé qui, jusque là, avait gardé sa maison en paix, et lui enlève ainsi toutes les richesses qu'il y avait amassées.

            Quant à l'Ange, s'il est appelé la force de Dieu c'est, ou parce qu'il a pour office d'annoncer la venue de cette force elle-même, ou bien parce qu'il devait rassurer une vierge naturellement timide, simple et pudique, que la nouvelle du miracle qui devait s'accomplir par elle allait troubler. En effet, il lui dit : « Ne craignez rien, ô Marie, car vous avez trouvé grâce auprès de Dieu. » Il y a même lieu de croire qu'il eut aussi à donner des forces et du courage au fiancé de cette vierge, homme d'une conscience humble et timorée, quoique notre Évangéliste ne le dise point alors. En effet, c'est lui qui lui dit : « Joseph, fils de David, ne crains pas de prendre Marie pour épouse. » C'est donc un choix plein d'à-propos qui désigna Gabriel pour l'œuvre qu'il eut à remplir, ou plutôt c'est parce qu'il l'eut à remplir qu'il fut appelé Gabriel.

mercredi 21 mars 2012

La vanité ou l'essentiel ?

Vénérable Henri Marie Boudon, « Dieu partout présent », Chap. IV, Dieu qui est partout, demande que l’on se souvienne de sa divine présence 
                                          
            Au contraire, les divins solitaires dans une entière séparation des créatures, sans avoir de conversations avec elles, sans leurs jeux, leurs divertissements, n’ayant que Dieu seul dans leurs déserts pour compagnie, qui était toutes leurs richesses, tout leur plaisir, possédaient une tranquillité que le monde ne connait point. Une paix divine qui surpasse tout sentiment, demeurait dans leurs cœurs. Ils menaient une vie angélique, et ils commençaient à en goûter les joies célestes. O qui pourrait nous dire ce qui s’est passé dans l’intérieur du divin Paul ermite qui a vécu plus de 80 ans dans le désert, sans jamais y avoir vu, ni parlé à personne ; car il y avait plus de 80 ans qu’il s’y était retiré lorsqu’il y a fut visité par Saint Antoine. Certainement la vie a été une vie de Paradis, toujours dans la contemplation de la Divinité.

            Malheur à nous qui en sommes si peu occupés. Malheur à toi, ô monde, dans tes ténèbres, qui ayant Dieu partout présent, et qui partout ne le regarde pas, et qui t’ennuie sitôt dans le peu de temps que tu y penses, et que l’on te parle de la suprême Majesté.
O si tu savais quel honneur c’est que la permission qu’il nous donne de nous entretenir avec sa grandeur infinie, que ne ferais tu pas pour jouir d’un bien si divin ? Une âme éclairée voit bien que ce serait peu de choses : et voici que nous pouvons quand il nous plaît, et facilement avec le secours divin, jouir de cet honneur inestimable, et nous le négligeons !

            O vraiment, s’écrierait la Séraphique Thérèse, puisque mon Dieu est partout, je ne le laisserai pas sans avoir l’honneur de l’entretenir ! Certainement c’est une indignité insupportable à une chétive créature de traiter de la sorte son Créateur. Hélas ! voudrait-on en user de la manière avec une personne un peu considérable ? C’est ce qui paraîtrait insupportable à une créature, et il faut qu’un Dieu le souffre !

Icône de l'échelle des vertus.
Nous sommes tous appelés à devenir saints et nous sommes
tous protégés par les saints Anges. Mais nous sommes
aussi tentés. Si nous tombons, reprenons courage et montons
de nouveau par les degrés de la sainteté avec l'aide de Dieu.

Saint Jean Climaque, « L’échelle sainte », extraits

            Courons avec une joie mêlée de crainte au combat remarquable auquel Dieu nous appelle. C'est aux démons que nous devons faire la guerre; ne les redoutons pas, car, quoique nous ne puissions pas les voir, ils nous connaissent et ils pénètrent dans le fond de notre âme; mais s'ils la voient troublée et craintive, ne nous croiront-ils pas vaincus ? ne se précipiteront-ils pas sur nous avec un acharnement terrible, afin de nous rendre leurs misérables esclaves ? Or, puisque nous connaissons leurs ruses, armons-nous donc contre eux avec courage; car on hésite d'en venir aux mains, quand on voit une armée qui ne compte que des soldats vaillants et courageux, et qui brûle de se mesurer avec l'ennemi. 

            Si, lorsque nous avons quitté le monde, les démons nous troublent et nous tentent par le souvenir douloureux et tendre de nos pères et mères, de nos frères et sœurs, sachons recourir promptement aux saintes armes de la prière, à la pensée des flammes éternelles, afin que le souvenir de ces flammes effrayantes éteigne en nous les feux par lesquels les démons voudraient réduire en cendres nos généreuses résolutions. 


lundi 19 mars 2012

Angélus Place Saint-Pierre, du Dimanche 18 mars 2012

Chers amis, demain nous célébrerons la fête solennelle de saint Joseph. Je remercie de tout mon cœur tous ceux qui auront pour moi une intention dans leur prière, pour le jour de ma fête. Je vous demande de prier en particulier pour le voyage apostolique au Mexique et à Cuba, qui aura lieu à partir de vendredi prochain. Confions-le à l’intercession de la bienheureuse Vierge Marie, tant aimée et vénérée dans ces deux pays que je m’apprête à visiter. 

(...) Demain, nous célèbrerons la fête de saint Joseph : puisse le Seigneur, par l’intercession de mon saint patron de baptême, me donner la force de confirmer mes frères et sœurs dans la foi ! Comme saint Joseph, ne craignez pas de prendre Marie chez vous, qu’elle vous montre son Fils, le Christ notre Sauveur ! Que Dieu vous bénisse !

Saint Joseph, gardien et protecteur de la Sainte Famille et de l'Eglise, priez pour nous.

19 mars, solennité de la saint Joseph, patron de l'Eglise universelle

Saint Joseph et l'Enfant Jésus,
icône contemporaine
Encyclique Redemptoris Custos – 
Le gardien du Rédempteur

            n.25. Le climat de silence qui accompagne tout ce qui se réfère à la figure de Joseph s'étend aussi à son travail de charpentier dans la maison de Nazareth. Toutefois, c est un silence qui révèle d'une manière spéciale le profil intérieur de cette figure. Les Evangiles parlent exclusivement de ce que « fit » Joseph ; mais ils permettent de découvrir dans ses « actions », enveloppées de silence, un climat de profonde contemplation.

            Joseph était quotidiennement en contact avec le mystère « caché depuis les siècles », qui « établit sa demeure » sous son toit. Cela explique par exemple pourquoi sainte Thérèse de Jésus, la grande réformatrice du Carmel contemplatif, se fit la promotrice du renouveau du culte rendu à saint Joseph dans la chrétienté occidentale.

            n.26. Le sacrifice absolu que Joseph fit de toute son existence aux exigences de la venue du Messie dans sa maison trouve son juste motif « dans son insondable vie intérieure, d'où lui viennent des ordres et des réconforts tout à fait particuliers et d'où découlent pour lui la logique et la force, propres aux âmes simples et transparentes, des grandes décisions, comme celle de mettre aussitôt à la disposition des desseins divins sa liberté, sa vocation humaine légitime, son bonheur conjugal, acceptant la condition, la responsabilité et le poids de la famille et renonçant, au profit d'un amour virginal incomparable, à l'amour conjugal naturel qui la constitue et l'alimente ». Cette soumission à Dieu, qui est promptitude de la volonté à se consacrer à tout ce qui concerne son service, n'est autre que l'exercice de la dévotion qui constitue une des expressions de la vertu de religion.

            n.27. La communion de vie entre Joseph et Jésus nous amène à considérer encore le mystère de l'Incarnation précisément sous l'aspect de l'humanité du Christ, instrument efficace de la divinité pour la sanctification des hommes : « En vertu de la divinité, les actions humaines du Christ ont été salutaires pour nous, produisant en nous la grâce tant en raison du mérite que par une certaine efficacité ».

            (…) Si cet amour, par son humanité, rayonnait sur tous les hommes, les premiers bénéficiaires en étaient bien évidemment ceux que la volonté divine avait placés dans son intimité la plus étroite : Marie, sa mère, et Joseph, son père putatif. Puisque l'amour « paternel » de Joseph ne pouvait pas ne pas influer sur l'amour « filial » de Jésus et que, réciproquement, l'amour « filial » de Jésus ne pouvait pas ne pas influer sur l'amour « paternel » de Joseph, comment arriver à reconnaître en profondeur cette relation tout à fait singulière ? Les âmes les plus sensibles aux impulsions de l'amour divin voient à juste titre en Joseph un exemple lumineux de vie intérieure. En outre, l'apparente tension entre la vie active et la vie contemplative est dépassée en lui de manière idéale, comme cela peut se faire en celui qui possède la perfection de la charité. Selon la distinction bien connue entre l'amour de la vérité (charitas veritatis) et l'exigence de l'amour (necessitas charitatis), nous pouvons dire que Joseph a expérimenté aussi bien l’amour de la vérité, c'est-à-dire le pur amour de contemplation de la Vérité divine qui rayonnait de l'humanité du Christ, que l'exigence de l'amour, c'est-à-dire l'amour, pur lui aussi, du service, requis par la protection et le développement de cette même humanité.

            (…) Donné à Rome, près de Saint-Pierre, le 15 août 1989, solennité de l'Assomption de la Vierge Marie, en la onzième année de mon pontificat.

Ioannes Paulus, pp. II

La fuite en Egypte par Giotto            

Prière de saint François de Sales

Glorieux Saint Joseph, époux de Marie, accordez nous votre protection paternelle, nous vous en supplions par Jésus Christ. Ô vous dont la puissance s’étend à toutes nos nécessités et sait rendre possible les choses les plus impossibles, prenez paternellement les intérêts de vos enfants ; nous accourons à vous avec confiance. Faîtes, que, sous votre paternelle conduite, toutes nos causes d’inquiétude tournent à la gloire de Dieu et au bien de ses dévoués serviteurs. Amen. 



Et n'oublions pas de prier aujourd'hui d'une manière spéciale pour notre Pape Benoit XVI, né sous le beau patronage de saint Joseph.



Bonne fête, Très Saint Père

dimanche 18 mars 2012

4e Dimanche de Carême, Laetare - Dimanche de la joie : Les prières mal faites

Vénérable Henri Marie Boudon, « Dieu partout présent », Chap. VIII, Exercice de la présence de Dieu 

Le combat des Anges contre les démons,
enluminure
            Cet exercice de la présence de Dieu fait que l’on s’acquitte saintement des bonnes actions, qui souvent se font avec une négligence lamentable. Il serait à désirer que l’on se servit au commencement des prières, et lorsque l’on récite l’Office au commencement de chaque heure. 
Certainement si on considérait bien la Majesté infinie de Dieu présent à qui l’on parle : on se garderait bien de le prier avec une telle précipitation de paroles, que l’on passerait pour ridicule si on parlait de la même manière à un valet. C’est ce qui arrive même en la célébration des Mystères Divins, et les enfants ou autres qui répondent, particulièrement lorsque l’on récite les versets qui se disent immédiatement après le « Confiteor » au commencement de la sainte Messe, au « Kyrie eleison », le font avec tant de vitesse que les hérétiques en ont fait un sujet de leurs railleries. O si les Prêtres faisaient une sérieuse attention aux Mystères redoutables qui se passent en la sainte Messe, au grand Dieu des éternités qui se rend présent entre leurs mains, dans quels anéantissements ne seraient-ils pas ? Avec quels respects tous les peuples ne feraient-ils pas leurs prières ?

            Les distractions involontaires, et qui ne sont pas causées par quelques attachements ne doivent pas embarrasser, ou par trop d’épanchement dans les choses extérieures. Il faut donner le temps à ce qui est nécessaire dans l’ordre de Dieu, et ne négliger rien des obligations de son état. Mais il faut retrancher les occupations inutiles, et ne donner que le nécessaire à ce qui est de notre obligation. Il faut retirer son esprit de tous les embarras inutiles des créatures qui sont la cause de notre oubli du Créateur. Il faut ôter de son cœur toutes les affections qui en divertissent. Le trop de préférence des créatures nous prive de la présence de Dieu.

            Si nous veillons bien à retrancher les occupations qui ne sont pas nécessaires, nous trouverions du temps pour nous occuper des choses célestes. Se peut-on figurer un aveuglement plus étrange que celui des ces gens qui disent qu’ils ont trop d’affaires, et qu’ils n’ont pas le loisir de donner quelque heure pour méditer saintement sur les affaires éternelles. Ces gens ne trouvent-ils pas le temps de dormir, de boire, et de manger, de faire des visites, et d’en recevoir, et de s’entretenir avec les hommes ?

            Après tout c’est un honneur si grand, que celui que Dieu nous fait de vouloir bien nous permettre, chétifs néants que nous sommes, de le regarder, de l’entretenir, qu’il n’y a point de peine que nous ne devrions souffrir avec joie pour avoir cette grâce. Ainsi il faut porter avec patience, et en paix l’importunité des distractions, l’ennui, et la privation du sentiment, et de toute consolation : souvent il arrive que dans les commencements la présence de Dieu est plus sensible, et que dans la suite du temps les sens n’y ont pas part. Mais la foi nous doit suffire. Si l’on considère les peines que se donnent les courtisans des Rois, et le plaisir qu’ils ont s’ils leurs disent quelque parole après avoir employé bien du temps à leur faire la cour, on verra très clairement que tout ce que l’on souffre est très peu de chose dans l’exercice de la présence de Dieu.


mardi 13 mars 2012

Priez en vérité

Vénérable Henri Marie Boudon, « Dieu partout présent » Chapitre VIII, Exercice de la présence de Dieu 

L'Agonie au jardin des Oliviers par Boticelli
            Il est bon à son réveil dès le matin de commencer la journée par ce divin exercice ; et d’en faire un saint usage de temps en temps durant le jour
Et pour cela la Séraphique sainte Thérèse, est d’avis que l’on se serve de saintes industries pour ramener à Dieu notre pauvre esprit qui en est si égaré. 
On peut se servir pour cela des horloges qui sonnent les heures, se mettant en la présence de Dieu à toutes les heures ; et ce sera un moyen d’en acquérir peu à peu l’habitude avec le secours divin. Il y en a plusieurs qui récitent quelques prières vocales à chaque heure du jour : et c’est une pratique très bonne, et très louable, mais souvent cela se fait avec peu d’application, et quelque fois par pure coutume. Dieu serait bien plus glorifié que l’on entrât dans un véritable recueillement pour le voir présent par la foi ; et pour ensuite l’aimer et l’adorer. On peut dans la campagne, où il n’y a point d’horloge, se servir de quelques autres moyens, pour se souvenir de quelques autres moyens, pour ce souvenir de cette divine présence quatre ou cinq fois tous les matins, et autant après avoir dîné.

            Il y en a qui portent sur leur manche une croix de deux épingles croisées, et on pourrait n’y en mettre qu’une seule, comme on en met souvent pour se souvenir de quelque chose ; et cela leur sert pour voir Dieu présent par la foi, ce qui contribue beaucoup à empêcher qu’on ne l’offense dans les occupations, ou à faire ce qu’il a demandé de nous, et à souffrir en patience les maux qui arrivent.

            Comme cet acte intérieur de la présence de Dieu se peu faire en très peu de temps, il n’y a rien qui empêche que l’on ne s’en serve, au milieu des compagnies aussi bien que si l’on était seul, dans tous les exercices extérieurs, parmi les affaires, les soins que l’on doit prendre en étudiant, en se divertissant, et enfin dans quelque état que l’on se trouve. On peut même en faire usage durant les maladies ; car comme il consiste dans un simple souvenir affectueux par la foi de Dieu présent, sans s’en former d’images distinctes, cela n’apporte aucune incommodité. Il est bon lorsqu’on est en santé, et que l’on se trouve seul, de se mettre à genoux à toutes les heures, pour adorer la suprême Majesté des trois Personnes divines de la suradorable Trinité, et même de se prosterner devant sa grandeur infinie.


dimanche 11 mars 2012

3e Dimanche de Carême : Priez en tout temps

Nous approchons de la mi-Carême. La moitié du chemin est presque parcouru dans notre montée à Jérusalem où, avec Notre Seigneur, nous allons donner notre vie en communion à la sienne, pour la plus grande gloire de Dieu et le Salut du monde, pour ressusciter avec Lui et témoigner, jusqu'aux confins de la terre, de la bonne nouvelle du Salut. 


Mi-Carême. Déjà ? diront certains. Oui, déjà ; il n'est que grand temps de nous remettre à l'écoute du Seigneur pour ne pas perdre ce temps précieux que nous offrent le Seigneur et l'Eglise. 


Puisque le mot "Carême" signifie la quarantaine, mettons-nous en sainte quarantaine, à l'écoute du Verbe de Vie et de l'un de ses illustres témoins, M. Boudon. 
A l'école des saints, apprenons à prier, à nous mettre en présence de Dieu partout présent et qui attend que nous Lui fassions l'aumône de nos actes de foi, d'espérance et de charité. 

Vénérable Henri Marie Boudon, "Dieu partout présent", Chap. IV, Dieu qui est partout, demande que l’on se souvienne de sa divine présence :

Jésus au désert. Le Seigneur aimait les lieux déserts
pour être dans un coeur à coeur avec son Père,
comme nous pendant ce Carême.
            Toujours est-il vrai que ceux qui le cherchent le trouveront. Ainsi le Chrétien qui, se servant de la foi, s’applique de temps en temps à son adorable présence, peu à peu avec son secours en aura la sainte habitude, et souvent s’en souviendra.

            Il ne faut donc pas borner l’Oraison dans l’espace de nos Eglises. L’Apôtre voulait qu’on priât Dieu en toutes sortes de lieux. Tout le monde, dit saint Cyprien, est le Temple de la Divinité dans toute son étendue, l’on y trouve la société des trois personnes divines de la suradorable Trinité, nous avons donc partout une belle compagnie.

            Que personne donc ne se plaigne de la solitude. Que les Religieuses pensent à cette importante vérité, leur retraite n’aura plus rien de rebutant pour elles ; et ce leur sera une peine d’aller aux parloirs. Les premières Carmélites de la réforme de sainte Thérèse, assurait que ce leur était une espèce de martyre quand elles étaient obligées de s’y rendre ; et leur grand soin était d’en sortit au plus tôt. Que les pauvres, et les autres personnes délaissées se consolent, puisqu’elles ont avec elles ces personnes divines qui font tout le bonheur du Paradis. O si elles savaient le don de Dieu ! il est aisé de se passer des créatures quand on a le Créateur. Comment après cela désirer avec empressement la conversation des hommes, ou se plaindre d’en être privé ?