dimanche 26 juin 2022

Solennité reportée de la nativité de S. Jean Baptiste


Saint Augustin, Sermon pour la naissance de Jean Baptiste 

La naissance de Jean et celle de Jésus, puis leurs Passions, ont marqué leur différence. Car Jean naît lorsque le jour commence à diminuer ; le Christ, lorsque le jour se met à croître. La diminution du jour pour l'un est le symbole de sa mort violente. Son accroissement pour l'autre, l'exaltation de la croix.

Il y a aussi un sens secret que le Seigneur révèle...par rapport à ce mot de Jean sur Jésus Christ: «Il faut qu'il croisse et que moi je diminue». Toute la justice humaine... avait été consommée en Jean; de lui la Vérité disait: «Parmi les enfants des femmes, il n'en est point surgi de plus grand que Jean Baptiste» (Mt 11,11). Nul homme, donc, n'aurait pu le dépasser; mais il n'était qu'un homme. Or, en notre grâce chrétienne, on nous demande de ne pas nous glorifier dans l'homme, mais «si quelqu'un se glorifie, qu'il se glorifie dans le Seigneur» (2Co 10,17): homme, en son Dieu; serviteur, en son maître. C'est pour cette raison que Jean s'écrie: «Il faut qu'il croisse et que moi je diminueBien sûr Dieu n'est ni diminué ni augmenté en soi, mais chez les hommes, au fur et à mesure que progresse la vraie ferveur, la grâce divine croît et la puissance humaine diminue, jusqu'à ce que parvienne à son achèvement la demeure de Dieu, qui est en tous les membres du Christ, et où toute tyrannie, toute autorité, toute puissance sont mortes, et où Dieu est tout en tous (Col 3,11).

Jean l'évangéliste dit: «Il y avait la vraie lumière, qui éclaire tout homme venant en ce monde» (1,9); Jean-Baptiste, lui, dit: «Nous avons tous reçu de sa plénitude» (Jn 1,16). Lorsque la lumière, qui est en elle-même toujours totale, s'accroît néanmoins en celui qui en est illuminé, celui-là est diminué en lui-même lorsque s'abolit en lui ce qui était sans Dieu. Car l'homme, sans Dieu, ne peut rien que pécher, et sa puissance humaine diminue lorsque triomphe la grâce divine, destructrice du péché. La faiblesse de la créature cède à la puissance du Créateur et la vanité de nos affections égoïstes s'effondre devant l'universel amour, tandis que Jean Baptiste du fond de notre détresse, nous crie la miséricorde de Jésus Christ: «Il faut que lui grandisse et que moi je diminue».


Feux de la saint Jean


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