« Vous avez été rachetés par un sang précieux ».
Le bienheureux Job, préfigurant l'Église, parle tantôt au nom du corps, tantôt au nom de la tête.
En effet, il a souffert sans qu’il y ait eu aucun
crime dans ses mains, celui qui n'a jamais commis de péché ni proféré de
mensonge ; pourtant, il a subi le supplice de la croix pour nous
racheter. Contrairement à tous, lui seul a présenté des prières
pures, puisque, jusque dans le supplice de la passion, il faisait cette
prière pour ses persécuteurs : Père,
pardonne-leur ; ils ne savent pas ce qu'ils font.
Que peut-on dire, que peut-on penser de plus pur, dans la prière, que d'intercéder avec miséricorde pour ceux qui vous font souffrir ? C'est pourquoi le sang de notre Rédempteur, que ses persécuteurs furieux avaient répandu, les croyants l'ont bu par la suite et ont proclamé que Jésus est le Fils de Dieu. Au sujet de ce sang, il est dit ensuite avec à-propos : Terre, ne couvre point mon sang, et n'arrête pas mon cri. L'homme, après son péché, avait entendu cette sentence : Tu es terre, et tu retourneras à la terre.
Or, cette terre n'a pas caché le sang de notre Rédempteur, parce que tout homme pécheur, buvant le sang qui a payé sa rédemption, la proclame, en rend grâce et la fait connaître à tous ceux qu'il approche. Et la terre n'a pas recouvert son sang, parce que la sainte Église a proclamé déjà maintenant le mystère de sa rédemption dans toutes les parties du monde.
Remarquez ce qui suit : N'arrête pas mon cri. En effet, ce sang de notre rédemption, qui nous est donné à boire, est le cri de notre Rédempteur. Ce qui fait dire à saint Paul : Son sang répandu parle plus fort que celui d'Abel. Du sang d'Abel il avait été dit : Le sang de ton frère, de la terre crie vers moi. Mais le sang de Jésus parle plus fort que celui d'Abel, parce que le sang d'Abel a demandé la mort du meurtrier de son frère, tandis que le sang du Seigneur a obtenu la vie pour ses persécuteurs.
Afin que le sacrement de la passion du Seigneur ne soit pas inefficace en nous, nous devons imiter ce qui nous est donné à boire et proclamer aux autres ce que nous vénérons. En effet, son cri est arrêté en nous, si la langue tient caché ce que l'âme a cru. Mais, pour que son cri ne soit pas arrêté en nous, il reste que chacun, selon sa capacité, fasse connaître à ceux qu'il approche le mystère qui le fait vivre.
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