Toujours Dieu était ainsi, il l'est et le
sera : secourable, bon, sans colère, véridique ; lui seul est bon. Ayant
conçu un dessein d'une grandeur inexprimable, il ne l'a communiqué qu'à son
Enfant.
Tandis
qu'il maintenait son sage projet dans le mystère et le tenait en réserve, il
semblait nous oublier et ne pas se soucier de nous. Mais quand il eut dévoilé par son Enfant bien-aimé, quand il eut
manifesté ce qu'il avait préparé dès le commencement, il nous a tout offert à
la fois : de jouir de ses bienfaits, de voir, de comprendre ; qui de nous
aurait jamais pu s'y attendre ?
Dieu
avait donc déjà tout disposé en lui-même avec son Enfant ; mais, jusqu'à ces derniers temps, il a toléré que
nous nous laissions emporter à notre gré par des mouvements désordonnés,
entraînés par les voluptés et les passions. Nullement parce qu'il se
réjouissait de nos péchés ; il
tolérait alors, sans l'approuver, ce règne de l'iniquité. Bien au
contraire, il organisait pour maintenant
le règne de la justice. Après avoir bien prouvé, dans cette première
période, que nos propres œuvres nous rendaient indignes de la vie, il voulait
que nous en devenions maintenant dignes par l'effet de sa bonté. Il voulait qu'après nous être montrés
incapables d'accéder par nous-mêmes au Royaume de Dieu, nous en devenions
capables par sa puissance.
Lorsque notre perversité fut à son comble, et qu'il fut devenu pleinement manifeste
que son salaire — le supplice et la mort — était imminent, c'est alors qu'arriva le temps que Dieu avait marqué pour faire
connaître désormais sa bonté et sa puissance : quelle surabondance de
l'amour de Dieu et de sa bonté pour les hommes !
Il ne nous a pas détestés, il ne nous a
pas repoussés, il ne nous a pas tenu rancune ; au contraire, il a longtemps
patienté, il nous a supportés.
Dans sa pitié pour nous, il a pris en charge nos propres péchés, il a livré son propre Fils pour nous
racheter : le saint pour les criminels, l'innocent pour les méchants, le juste
pour les injustes, l'incorruptible pour les corrompus, l'immortel pour les
mortels. Qu'est-ce qui aurait pu couvrir nos péchés, sinon sa justice ?
Par qui pouvions-nous être rendus justes, criminels et impies que nous étions,
sinon par le seul Fils de Dieu ?
Quel échange plein de douceur !
Quelle réalisation insondable ! Quels bienfaits inespérés ! Le crime
du grand nombre est enseveli dans la justice d'un seul, et la justice d'un seul
rend juste un grand nombre de criminels !
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