Saint Jean lors de la célébration de la Cène |
Du
vénérable abbé Henri Marie Boudon, « Dieu
seul ou le saint esclavage de l’admirable Mère de Dieu »
AU GRAND SAINT JEAN L'ÉVANGÉLISTE
ENTRE LES APÔTRES LE TRÈS AIMANT,
ENTRE LES DISCIPLES LE BIEN-AIMÉ,
ENTRE LES SAINTS LE TOUT AIMABLE
Grand apôtre de la dilection, cher favori
de l'adorable Jésus, le Fils bien-aimé de l'admirable mère de Dieu, le chérubin
de la loi nouvelle, le séraphin du christianisme, la merveille et le prodige de
l'Évangile, après m'être prosterné aux pieds de la Souveraine des anges et des
hommes, je viens me jeter aux vôtres, et vous présenter ce petit ouvrage, tout
consacré à la gloire de cette auguste impératrice du ciel et de la terre : car à qui pourrais-je mieux le
confier qu'à celui à qui la divine princesse qui en a fait le sujet, a été si
amoureusement confiée par les soins de l'aimable Jésus, à celui qui l'a reçue
pour mère de la propre bouche de Dieu même, à celui qui lui a été substitué en
qualité d'enfant à la place de son bon maître, qui lui était comme un autre
Jésus, qui a été son ange visible, pour la servir dans tous ses besoins, qui en
a pris des soins si amoureux durant tout le cours de sa très sainte vie, soit
pour les choses corporelles, soit pour les spirituelles, selon les ordres que
notre débonnaire Sauveur lui en avait donnés ?
Au pied de la Croix avec Notre Dame |
Cet amour non pareil, grand saint, que vous avez eu pour cette mère du
bel amour, engage indispensablement les esclaves de cette incomparable reine à
être les vôtres ; et il n'est pas possible de n'être pas tout dévoué au
service de celui qui a servi avec une fidélité si inviolable celle qui mérite
tous les respects des créatures du ciel et de la terre. Un cœur qui aimera
véritablement la divine Marie, ne pourra jamais, ô disciple de l'amour, se
défendre de vous aimer. La liaison ineffable que le Dieu de toute charité a
mise entre votre cœur virginal et le cœur très pur de la très sacrée Vierge, ne
permet pas que l'on ait du zèle pour la Mère de Dieu, qu'à même temps l'on n'en
conçoive pour la gloire de son cher favori.
Il
est vrai que toutes sortes de motifs pressent fortement les fidèles de vous
honorer d'une manière particulière. L'amour
que Jésus, notre Dieu, a eu pour vous, nous impose une nécessité entière de
vous aimer, et la grande faveur que vous avez eue auprès de cet aimable Roi de
nos âmes, nous invite puissamment à vous rendre tous les respects possibles.
Vous avez donné un spectacle d'amour au monde, aux anges et aux hommes. Les séraphins ont trouvé de quoi s'étonner
dans l'ardeur de vos flammes, et la pureté des feux sacrés qui a consommé si
divinement votre sainte vie, fait l'admiration des âmes les plus éclairées.
Les effusions du cœur de Jésus sur votre sainte personne sont ineffables ;
aussi êtes-vous par excellence le disciple bien-aimé. Partout où l'on prêchera
l'Évangile, cette vérité sera publiée, et aucun fidèle ne la pourra révoquer en
doute. L'amour d'un Dieu-Homme pour vous était si grand et si extraordinaire
que vous étiez connu par la qualité du disciple de l'amour ; et l'on pouvait dire que l'amour était votre
nom, vos possessions, votre honneur, votre gloire, vos plaisirs et votre grâce.
Mais si vous pouviez dire certainement, mon bien-aimé est tout à moi, vous
pouviez ajouter avec vérité, je suis tout à lui. Si vous étiez très aimé, vous
étiez très aimant : aussi dans le temps que votre cher Maître expirait
ignominieusement sur une croix, vous paraissiez debout sur le Calvaire, donnant
des preuves de l'amour le plus constant qui fut jamais. Tous les autres apôtres quittent ce divin Sauveur, et vous lui demeurez
fidèle. L'infamie du supplice honteux où il est exposé, les blasphèmes des
Juifs, les ris et les moqueries des peuples, la cruauté et la confusion de ses
peines, la honte de son supplice et l'arrêt de sa mort, sont des eaux qui ne
peuvent éteindre les ardeurs de vos flammes. Vous aimez, lorsque ceux qui
sont destinés pour tenir le premier rang dans son amour cessent d'aimer, et cet
amour qui est plus fort que la mort, vous fera mépriser mille morts, vous fera
souffrir pour votre bien-aimé jusqu'au dernier soupir de votre précieuse vie,
les bannissements, les exils, les fouets, les chaudières d'huile bouillante, et
tous ces grands travaux inséparables des fonctions et de la vie apostolique.
Ecrivant l'Evangile |
Mais si une âme n'est grande que par la
grandeur de l'amour qui l'enflamme, à quel point de gloire, incomparable saint,
avez-vous été élevé, puisque l'amour qui vous a animé a été si admirable ? Cet amour que vous aviez puisé dans le
propre cœur de celui qui est le prince et le Dieu de l'amour et qui est l'amour
même, avait rempli votre charitable cœur de tant de tendresses pour tous les
hommes, qu'il n'y a point de paroles qui le puissent expliquer. Il me semble qu'il était devenu tout
charité, s'ouvrant par des profusions inconcevables à toutes sortes de
personnes. Vous étiez la lumière des personnes les plus éclairées, le guide des
parfaits, l'exemplaire des plus saints, la règle des hommes apostoliques, le
docteur des peuples, le prédicateur aussi bien que l'écrivain de l'Évangile.
Votre voix comme un tonnerre se faisait entendre par toute la terre, publiant
les amours de votre bien-aimé, et il en sortait des éclairs si puissants, des
clartés si touchantes qui en faisaient voir les divines beautés, et qui les
apprenaient aux hommes, que les cœurs ne pourraient pas s'empêcher de les
aimer. Vous étiez le soutien des faibles, la consolation des affligés,
l'espérance des plus désespérés. Les plus malheureux trouvaient en vous un
accès favorable pour être secourus dans tous leurs besoins, pour être assistés
dans toutes leurs misères. Vous faisiez des miracles étonnants pour les
soulager, vous préveniez les plus misérables par vos soins, vous alliez
chercher les âmes les plus perdues jusque dans les forêts et les bois, vous
couriez après les plus infâmes et les plus cruels, vous étiez tout à tous, à vos amis, à vos ennemis, aux personnes
connues, aux inconnues, aux domestiques et aux étrangers ; c'était la
charité qui vous inspirait toutes vos pensées, qui formait toutes vos paroles,
qui pressait vos pas, et qui animait toutes vos actions. C'était la charité qui
faisait l'unique sujet de vos sermons apostoliques, vous en parliez à tout le
monde, vous en parliez toujours, et vous en avez parlé jusqu'au dernier soupir
de votre vie. Vous alliez avec ferveur aux assemblées des fidèles pour leur
publier les excellences de cette vertu, et ne pouvant plus marcher, vous vous
faisiez porter entre les bras de vos disciples pour exhorter les Chrétiens à
s'entr'aimer les uns les autres, selon le grand commandement que notre divin
Maître en a fait.
Les Epîtres |
Les
siècles qui ont suivi ont fait voir une suite continuelle de vos admirables
bontés : où est celui qui a eu recours à vos charitables intercessions,
qui n'en ait ressenti les effets ? Vous avez fait voir en vos fidèles
dévots, que le ciel n'a rien de réservé pour ceux qui vous appartiennent ;
et il est doux et si avantageux d'avoir quelque part en votre faveur, que non seulement vos amis, mais les personnes
qui les touchent en quelque manière, sont dans une heureuse expérience de votre
protection.
Mais
enfin, vous êtes le saint tout aimable par les rares qualités dont votre divin
Maître vous a favorisé. Plusieurs âmes
ont amassé des richesses, mais les trésors que vous possédez sont incomparables.
Il semble que toutes les grâces ont fait choix de votre cœur virginal, pour y
faire leur bienheureuse demeure ; et tous les dons que l'esprit de Dieu
communique avec tant de différence à ses saints, se trouvent tous ramassés en
votre seule personne, qui est comme l'abrégé de toutes les merveilles de la
grâce. Vous êtes patriarche, prophète,
apôtre, évangéliste, martyr, docteur, confesseur, vierge, anachorète, et vous
possédez toutes ces glorieuses qualités dans un degré très éminent ; c'est
ce qui fait que toutes sortes de personnes doivent vous prendre pour leur
patron, et fidèle protecteur, et vous avoir une dévotion singulière. Ceux
qui sont dans la vie active, ceux qui sont dans la vie contemplative, ceux qui
vivent dans les villes, ceux qui sont retirés dans les déserts. Les personnes
engagées dans le monde, celles qui en sont heureusement séparées. Les hommes
apostoliques, les pontifes, les prêtres, les religieux, les vierges, les
veuves, les personnes mariées. Les parfaits, les imparfaits, les pécheurs les
plus abandonnés et les plus misérables : les riches, les pauvres, les
grands, les petits, les princes, les magistrats, les artisans : mais
particulièrement les personnes qui vivent dans la persécution et dans la
souffrance : puisque vous êtes le
disciple de la croix, aussi bien que de l'amour.
Et l'Apocalypse, sur l'île de Patmos |
Mais
que chacun porte ses dévotions où il voudra, pour moi, aimable saint vous serez toujours le grand saint de ma
dévotion. Les grandes obligations que je vous ai, m'obligent
indispensablement à vous aimer : à peine ai-je commencé à connaitre les
choses que les bienfaits que j'ai reçus de vous, m'ont donné lieu de
reconnaître que vous étiez le saint non pareil en bonté. J'ai commencé presque aussitôt à ressentir les effets de votre douce
protection, que j'ai commencé de vivre ; et je n'ai point de termes pour
expliquer les biens que vous m'avez procurés durant tout le cours de ma vie.
Je vois bien que je demeure comme opprimé sous leur grandeur, et qu'il ne m'est
pas possible de produire des remerciements qui leur soient convenables, mais au
moins je veux vous louer et vous bénir de toute la force de mon cœur, et que
jamais les actions de grâces n'y tarissent. Je veux dire partout les
obligations incroyables que j'ai à vos charitables bontés, et publier de toute
l'étendue de ma voix qu'entre les saints vous êtes le très aimant, le très aimé
et le tout aimable. Ah ! que je
prends de plaisir de savoir que vous êtes le cher favori de Jésus et de
Marie ! et que les grâces que vous en avez reçues sont
inestimables ! Que je suis content de votre gloire, et que je prends
de part à tous les honneurs qui vous sont rendus ! Que le ciel puisse tous
les jours accroître le nombre de vos fidèles serviteurs, et les combler de ses
plus saintes bénédictions ! Je ne puis assez bénir mon Dieu, quand je
pense qu'il y a un ordre saint dans l'Église, qui est tout dédié pour honorer
la qualité de mère, que la très pure Vierge a eue en votre endroit, et la
qualité d'enfant que vous avez portée à son égard. Que le Seigneur bénisse de
la sainte Sion cet ordre sacré et qu'il ne se lasse jamais de le favoriser de
ses plus pures grâces ! Qu'il
répande de plus en plus dans son Église un instinct général d'amour et de
révérence pour vos bontés et excellentes perfections ; qu'il les fasse
connaître jusqu'aux extrémités de la terre. Que toutes les nations sachent les
amours que Jésus et Marie ont eus pour vous ; et que votre nom soit grand
parmi tous les peuples et depuis un bout du monde jusqu'à l'autre. Dieu seul,
Dieu seul, Dieu seul.
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