Le mercredi 6 juin, après avoir communié, il me sembla voir Jésus, tout amoureux, qui me disait : « Ô mon épouse, pourquoi penses-tu que je veuille si souvent m’unir à toi ? » Et aussitôt, je le sentis m’unir à Lui, et il me parut comprendre que Jésus unissait mon âme à Lui pour trois raisons. La première, c’est que l’âme unie à Jésus éprouve plus de sécurité en elle-même et plus de familiarité avec lui. La seconde, que cette union fortifie l’âme contre toutes sortes de tentations. La troisième, qu’elle devient ainsi plus agréable au Père éternel et capable de Lui plaire davantage, Jésus ayant dit dans l’Évangile : « Tout ce que vous demanderez au Père en mon nom, vous l’obtiendrez ». C’est pourquoi l’âme unie à Jésus, non seulement obtient les grâces du Père éternel, mais lui est encore toute reconnaissante et agréable. Voilà, à ce qu’il me semble, pourquoi Jésus m’unissait si souvent à Lui dans le très Saint-Sacrement.
Puis je vis quelques-uns de ces anges tenir à la main une baguette sur laquelle ils attachaient les fleurs : les unes d’or, d’autres blanches, ou vertes, ou d’autres couleurs. Et cette baguette, je compris que c’était le travail de fond que ces Sœurs avaient accompli, dès l’origine, dans les vertus représentées chacune par des fleurs. Parmi ces anges, quelques-uns avaient à peine commencé à tresser et procédaient très lentement et soigneusement : c’était pour celles qui devaient vivre longtemps. D’autres se hâtaient davantage et leur travail était à demi achevé : je compris que leur vie serait courte. Il y en avait aussi qui, après avoir lié une fleur, la détachaient et revenaient en arrière, et cela, à cause du défaut des moniales qui ne persévéraient pas dans les vertus comme elles avaient commencé.
Je voyais aussi que mon petit ange allait très vite, et avait lié la mienne plus qu’à moitié : je compris ainsi qu’il me restait peu de temps à vivre ; cependant je ne désire ni mort, ni vie, mais seulement que soit faite en moi et sur moi la volonté de Dieu. Je vis encore celle du Père confesseur, qui n’était point une guirlande de fleurs comme les autres, mais une très belle couronne d’or, à cause de sa charité pour nos âmes, car il se fatiguait beaucoup pour notre salut ; elle était tout ornée de magnifiques joyaux et je vis qu’elle était terminée. Mais Jésus me dit : « Cette couronne n’est pas encore ornée comme je veux qu’elle le soit ». C’est pourquoi je voyais son petit ange y ajouter quelques joyaux pour l’embellir, d’autres pour l’enrichir, les faisant briller, par moments, d’un éclat magnifique.
Je vis ensuite quatre allées dans ce jardin. La première aboutissait au cœur de Jésus. À son extrémité, je veux dire dans le cœur de Jésus, se trouvait une très belle fontaine dont l’eau, ainsi que je le compris, exerçait deux effets sur les créatures : elle rafraîchissait et réchauffait. Elle rafraîchissait ceux qui brûlent du feu de l’orgueil, tandis qu’elle réchauffait les tièdes et les rendait tout fervents pour l’amour de Dieu et son service. La seconde allée partait du cœur de Jésus ; je la voyais aboutir à la main droite, où l’âme parvenait par la foi. La troisième allée partait, elle aussi, du cœur de Jésus et aboutissait à sa main gauche, où l’âme arrivait par la justice, c’est-à-dire que la créature désirait que s’accomplisse la justice de Dieu et que justice soit faite de tous ses péchés, défauts et imperfections. La quatrième allée du cœur de Jésus allait à sa sainte bouche et je compris qu’il s’agissait là de la vision de Dieu, où l’âme ne peut accéder tant qu’elle est en ce monde.
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