Je vous remercie, mes chers enfants,
de la consolation que vous me procurez de me trouver au milieu de vous, quand
je songe que je représente Jésus-Christ lui-même, qui se plaisait auprès de vos
semblables et disait à ses apôtres : Laissez
venir à moi les petits enfants, car le royaume des cieux appartient à ceux qui
leur ressemblent (Lc 18, 16).
J'ai encore un motif spécial de vous remercier, mes chers enfants, parce que cette solennelle démonstration de votre amour pour le Pape, qui vous a coûté les fatigues d'un long voyage, me donne l'occasion de me réjouir de votre docilité à l'invitation que Notre-Seigneur vous a adressée par ma bouche, quand, pour la première fois, malgré la tendresse de votre âge, vous l'avez reçu dans la très sainte Communion. Nous lisons dans l'Évangile que le divin Rédempteur appela un jour un petit enfant semblable à vous et, le plaçant au milieu de ses apôtres, leur adressa ces paroles : Gardez-vous de mépriser un seul de ces enfants, parce que, je vous le dis, leurs anges contemplent sans cesse la face de mon Père qui est dans les cieux (Mt 18, 10). Hélas ! ces gardiens célestes trop souvent sont attristés et saisis d'horreur quand ils découvrent dans les âmes qui leur sont confiées la dépravation et les souillures du péché. Les anges des enfants, au contraire, sans être jamais distraits par leur sollicitude de la vision bienheureuse de Dieu, qu'ils voient face à face dans son éternelle lumière, le retrouvent encore dans leur âme, où il se reflète comme dans un miroir d'innocence, de pureté et de candeur.
Le voici l'Agneau si doux qui enlève
le péché du monde
Et voyez,
mes chers enfants, les grâces qui
découlent de ce bienfait. Par cette communication de lui-même, il nous donne - cet aimable Sauveur - à
notre intelligence la vérité, la justice et la sainteté à notre volonté, et la
bonté à notre cœur, en sorte que le fidèle qui communie peut en toute
vérité répéter avec saint Paul : Jésus-Christ est ma vie. Je vis, ce n'est plus moi qui vis, c'est Jésus-Christ qui vit en
moi. Mihi vivere Christus est (Ph 1, 21). Vivo jam non
ego, vivit vero in me Christus (Ga 2, 20). Ainsi, puisque Dieu est la pureté
sans tache, celui qui s'unit à
Jésus-Christ dans la sainte communion, s'élevant comme une innocente colombe
des eaux fangeuses de ce monde misérable, s'envole et va se réfugier dans le
sein de Dieu, de celui qui est plus pur que les neiges immaculées qui
couronnent les montagnes.
Si Dieu est la beauté infinie, celui qui s'unit à Jésus-Christ attire à lui l'admiration et les regards amoureux des anges qui, s'ils pouvaient souffrir quelque passion, seraient jaloux de son sort. Si Dieu est la charité par essence, le fidèle uni à Jésus-Christ est comme ravi en une bienheureuse extase. La charité le transfigure. Elle se trahit dans tout son extérieur et jusque dans son visage, dans les ardentes aspirations de son cœur et dans la suavité de ses paroles, qui distillent de ses lèvres comme le miel. Tout en lui rappelle et manifeste l'amour.
Ces bienfaits de Dieu dont je viens de vous parler, vous les avez goûtés avant d'en avoir la pleine et entière connaissance, parce que les saintes affections du cœur attendent encore à votre âge le parfait développement de l'intelligence. Aussi je vous recommande tout d'abord, comme fruit de votre visite au Pape, la résolution et la promesse solennelle de fréquenter encore longtemps le catéchisme. C'est là, en vous perfectionnant avec diligence et avec amour dans la connaissance de la doctrine chrétienne, que vous apprendrez, avec les autres vérités de notre sainte religion, que la divine Eucharistie est le centre de la foi, le but final de toute autre dévotion, la source de tout bien, la consommation de tous les autres sacrements, le résumé des divins mystères, le fleuve de toutes les grâces, le baume de toutes les douleurs, le pain de la vie, le viatique qui nous fortifie pour le voyage vers l'éternité, le gage et la jouissance anticipée du bonheur éternel.
Enfin, mon dernier désir, mes chers enfants, c'est que l'amour de Notre-Seigneur règne tellement en vous qu'il vous transforme en autant d'apôtres, zélés pour sa gloire. Vous serez le trésor de vos familles, que vous consolerez par votre bonne conduite et que votre seul exemple gagnera à la fréquentation de la sainte Eucharistie. A l'école, vous provoquerez par votre piété l'émulation de vos jeunes condisciples. A la paroisse, tous vous regarderont comme des anges tutélaires. Enfin, partout autour de vous, par vos prières, par votre sagesse et par les seuls attraits de votre modestie, vous contribuerez, autant qu'il est en vous, à la conversion des pécheurs et au retour à Jésus-Christ des incrédules et des indifférents.
En vous
adressant ces recommandations et ces vœux, mes biens chers petits-enfants,
je vous accorde de tout cœur, à vous, à vos jeunes compagnons de France, à
vos pères et mères, et à tous vos parents, la bénédiction apostolique.
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