Voici que je me tiens à la porte, et je frappe. Si quelqu'un entend ma voix... |
Du vénérable abbé Henri Marie Boudon, Lettre 347,
à Monsieur Thomas
Hier, j’offris le très-divin sacrifice en
l’honneur de la sainte famille de Notre Seigneur Jésus-Christ faisant réflexion
sur un trésor infini que nous avons
entre les mains par l’application des indulgences qui sont l’application des
satisfactions infinies d’un Homme – Dieu, et que les négliger est quelque chose de plus cruel que de laisser dans des
coffres des millions d’or pour les pauvres, sans les distribuer dans un temps
de famine.
Je parle à ceux à qui j’écris, de faire l’application de ces
indulgences quand on peut le faire.
LETTRE DU PAPE FRANÇOIS
ACCORDANT L'INDULGENCE
À L'OCCASION DU JUBILÉ EXTRAORDINAIRE DE LA MISÉRICORDE
ACCORDANT L'INDULGENCE
À L'OCCASION DU JUBILÉ EXTRAORDINAIRE DE LA MISÉRICORDE
A mon vénéré frère
Mgr Rino Fisichella
président du Conseil pontifical pour la promotion de la nouvelle évangélisation
Mgr Rino Fisichella
président du Conseil pontifical pour la promotion de la nouvelle évangélisation
L’approche du Jubilé
extraordinaire de la Miséricorde me
permet de me concentrer sur certains points sur lesquels je considère qu’il est
important d’intervenir afin de permettre que la célébration de l’Année Sainte
soit pour tous les croyants un véritable moment de rencontre avec la
miséricorde de Dieu. Je désire en effet que le Jubilé soit une expérience
vivante de la proximité du Père, permettant presque de toucher du doigt sa
tendresse, afin que la foi de chaque croyant se renforce et que le témoignage
devienne ainsi toujours plus efficace.
Ma pensée va, en premier lieu, à tous les fidèles qui, dans
chaque diocèse ou comme pèlerins à Rome, vivront la grâce du Jubilé. Je désire
que l’indulgence jubilaire soit pour chacun une expérience authentique de la
miséricorde de Dieu, qui va à la rencontre de tous avec le visage du Père qui
accueille et pardonne, oubliant entièrement le péché commis. Pour vivre et
obtenir l’indulgence, les fidèles sont appelés à accomplir un bref pèlerinage
vers la Porte Sainte, ouverte dans chaque Cathédrale ou dans les églises
établies par l’évêque diocésain, ainsi que dans les quatre basiliques papales à
Rome, comme signe du désir profond de véritable conversion. De même, j’établis
que l’on puisse obtenir l’indulgence dans les sanctuaires où est ouverte
la Porte de la Miséricorde et dans les églises qui sont traditionnellement
identifiées comme jubilaires. Il est important que ce moment soit uni, avant
tout, au Sacrement de la Réconciliation et à la célébration de la sainte
Eucharistie par une réflexion sur la miséricorde. Il sera nécessaire
d’accompagner ces célébrations par la profession de foi et par la prière pour
ma personne et pour les intentions que je porte dans mon cœur pour le bien de
l’Eglise et du monde entier.
Le fils prodigue débauché, par Gerrit van Honthorst, 1622 |
Je pense, en outre, à ceux qui, pour divers motifs,
n’auront pas la possibilité de se rendre à la Porte Sainte, en premier lieu les
malades et les personnes âgées et seules, que leurs conditions empêchent
souvent de sortir de chez eux. Pour ces personnes, il sera d’une grande aide de
vivre la maladie et la souffrance comme expérience de proximité au Seigneur
qui, dans le mystère de sa passion, mort et résurrection, indique la voie
maîtresse pour donner un sens à la douleur et à la solitude. Vivre avec foi et
espérance joyeuse ce moment d’épreuve, en recevant la communion ou en
participant à la Messe et à la prière communautaire, également à travers les
divers moyens de communication, sera pour elles la façon d’obtenir l’indulgence
jubilaire. Ma pensée va aussi aux détenus, qui font l’expérience de la
restriction de leur liberté. Le Jubilé a toujours constitué l’opportunité d’une
grande amnistie, destinée à toucher de nombreuses personnes qui, bien que
méritant une peine, ont toutefois pris conscience de l’injustice qu’elles ont
commise, et désirent sincèrement s’insérer à nouveau dans la société en
apportant leur contribution honnête. Qu’à toutes ces personnes parvienne de
façon concrète la miséricorde du Père qui désire être proche de ceux qui ont le
plus besoin de son pardon. Dans les chapelles des prisons, elles pourront
obtenir l’indulgence et, chaque fois qu’elles passeront par la porte de leur
cellule, en adressant leur pensée et leur prière au Père, puisse ce geste
signifier pour elles le passage de la Porte Sainte, car la miséricorde de Dieu,
capable de transformer les cœurs, est également en mesure de transformer les
barreaux en expérience de liberté.
Détail, le retour du fils prodigue, Rembrandt |
J’ai demandé que l’Eglise redécouvre en ce temps jubilaire
la richesse contenue dans les œuvres de miséricorde corporelle et spirituelle.
L’expérience de la miséricorde, en effet, devient visible dans le
témoignage de signes concrets comme Jésus lui-même nous l’a enseigné. Chaque
fois qu’un fidèle vivra l’une ou plusieurs de ces œuvres en première personne,
il obtiendra certainement l’indulgence jubilaire. D’où l’engagement à vivre de
la miséricorde pour obtenir la grâce du pardon complet et total en vertu de la
force de l’amour du Père qui n’exclut personne. Il s’agira donc d’une
indulgence jubilaire plénière, fruit de l’événement lui-même qui est célébré et
vécu avec foi, espérance et charité.
Enfin, l’indulgence jubilaire peut être obtenue également
pour les défunts. Nous sommes liés à eux par le témoignage de foi et de charité
qu’ils nous ont laissé. De même que nous les rappelons dans la célébration
eucharistique, ainsi, nous pouvons, dans le grand mystère de la communion des
Saints, prier pour eux afin que le visage miséricordieux du Père les libère de
tout résidu de faute et puisse les accueillir dans ses bras, dans la béatitude
qui n’a pas de fin.
L’un des graves problèmes de notre temps est sans aucun
doute le changement du rapport à la vie. Une mentalité très répandue a
désormais fait perdre la sensibilité personnelle et sociale adéquate à l’égard
de l’accueil d’une vie nouvelle. Le drame de l’avortement est vécu par certains
avec une conscience superficielle, qui semble ne pas se rendre compte du mal
très grave qu’un tel acte comporte. Beaucoup d’autres, en revanche, bien que
vivant ce moment comme un échec, considèrent ne pas avoir d’autres voies à
parcourir. Je pense, en particulier, à toutes les femmes qui ont eu recours à
l’avortement. Je connais bien les conditionnements qui les ont conduites à
cette décision. Je sais qu’il s’agit d’un drame existentiel et moral. J’ai rencontré
de nombreuses femmes qui portaient dans leur cœur la cicatrice de ce choix
difficile et douloureux. Ce qui a eu lieu est profondément injuste; pourtant,
seule sa compréhension dans sa vérité peut permettre de ne pas perdre
l’espérance. Le pardon de Dieu à quiconque s’est repenti ne peut être nié, en
particulier lorsqu’avec un cœur sincère, cette personne s’approche du Sacrement
de la Confession pour obtenir la réconciliation avec le Père. C’est également
pour cette raison que j’ai décidé, nonobstant toute chose contraire, d’accorder
à tous les prêtres, pour l’Année jubilaire, la faculté d’absoudre du péché
d’avortement tous ceux qui l’ont provoqué et qui, le cœur repenti, en demandent
pardon. Que les prêtres se préparent à cette tâche importante en sachant unir
des paroles d’authentique accueil à une réflexion qui aide à comprendre le
péché commis, et indiquer un itinéraire de conversion authentique pour pouvoir
obtenir le pardon véritable et généreux du Père qui renouvelle tout par sa
présence.
Le retour du fils prodigue par Batoni |
Une dernière considération s’adresse aux fidèles qui, pour
diverses raisons, désirent fréquenter les églises où les offices sont célébrés
par les prêtres de la Fraternité Saint-Pie X. Cette Année jubilaire de la
Miséricorde n’exclut personne. Certains confrères évêques m’ont fait part en
plusieurs occasions de leur bonne foi et pratique sacramentelle, unie toutefois
à la difficulté de vivre une situation pastorale difficile. J’espère que dans
un proche avenir, l’on pourra trouver les solutions pour retrouver une pleine
communion avec les prêtres et les supérieurs de la Fraternité. Entre temps,
animé par l’exigence de répondre au bien de ces frères, j’établis, par ma
propre disposition, que ceux qui, au cours de l’Année Sainte de la Miséricorde,
s’approcheront, pour célébrer le Sacrement de la Réconciliation, des prêtres de
la Fraternité Saint-Pie X recevront une absolution valide et licite de leurs
péchés.
M’en remettant à l’intercession de la Mère de la
Miséricorde, je confie à sa protection la préparation de ce Jubilé
extraordinaire.
Du Vatican, le 1er septembre
2015.
François Ier, pp.
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