Du vénérable abbé
Henri Marie Boudon, « Les saintes voies de la Croix »
OÙ IL EST TRAITÉ DE PLUSIEURS PEINES INTÉRIEURES ET
EXTÉRIEURES, ET DES MOYENS D'EN FAIRE BON USAGE.
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À
NOTRE-DAME DE PITIÉ
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Notre Dame des douleurs, au pied de la Croix |
Sainte Vierge, ce petit ouvrage vient se
rendre à vos pieds sacrés aussi bien que tous les autres qui sont sortis de mes
mains, comme chose qui vous appartient par ma qualité d'esclave ; et parce
que vous êtes ma souveraine maîtresse et auguste reine, j'ose vous le dédier,
appuyé sur votre douceur inconcevable, comme à la dame de toute pitié, votre
douleur n'en ayant jamais eu de semblable parmi les pures créatures : et
de vrai, si la douleur a pour fondement
l'amour, il faut bien dire bien dire que la vôtre n'en a jamais eu d'égale,
puisque votre amour ne peut souffrir de comparaison.
Aussi êtes-vous toujours incomparable en
quelque manière que l'on vous considère. Vos
souffrances mériteraient que les créatures fondissent en larmes, et que tous
les cœurs se fendissent de regret ; mais le mien particulièrement ne
devrait plus vivre après la vue d'un tel spectacle et si digne de compassion.
Je le confesse, ma divine princesse, il y
a longtemps que je devrais être mort de
douleur par la considération de l'extrémité de vos peines ; mais d’autre
part, je reconnais que je suis entièrement indigne d'une si grande grâce.
Au moins, ô très pieuse et très douce dame, recevez avec votre bénignité
ordinaire, ce petit ouvrage consacré à Dieu seul en votre honneur pour une marque
des respects que je veux rendre à vos
douleurs, pour un témoignage, et de la grande compassion que j'en ai, et de
l'amour que je leur désire porter le reste de ma vie.
Ah ! je voudrais, de toute l'étendue
de mon cœur, du plus intime de mon âme, que toutes les lignes et toutes les
paroles qui le composent, fussent autant de voix qui vous criassent de la terre
au ciel que je veux prendre la part possible à toutes vos douleurs, aussi bien
qu'à toutes vos joies, à tout ce qui vous a affligée, aussi bien qu'à tout ce
qui vous a consolée. Je voudrais que ce fussent autant de langues qui bénissent
et donnassent des louanges sans fin à la très suradorable Trinité, pour la
fermeté inviolable et la constance invincible qu'elle vous a données au milieu
de tous les orages et de toutes les tempêtes dont votre cœur a été environné
sans être ébranlé. Souffrez, ma
glorieuse dame, ces élans d'amour à mon pauvre cœur en votre aimable présence,
et obtenez-moi quelque part, et à ceux qui liront cet ouvrage, à l'amour et à
la fidélité que vous avez eus pour les saintes voies de la croix. Ainsi soit-il.
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