lundi 14 septembre 2015

Salut, ô Croix, notre unique espérance !


Canon de la sainte Croix de Saint Théodore le Studite

Ce jour est un jour de joie. En ressuscitant, le Christ a fait disparaître la mort ; la vie apparaît dans tout son éclat ; Adam sorti du tombeau conduit les chœurs dans l'allégresse; faisons entendre aussi nos chants de victoire.

Le jour est venu d'adorer la Croix précieuse; en ce moment elle étincelle des rayons du Christ ressuscité ; venez tous, embrassons-la, couvrons-la de nos baisers avec une joie spirituelle.

Apparais à mes regards, ô Croix du Seigneur, toi dont la gloire est sans limites ; montre-moi ta beauté, ton éclat divin ; sois propice à ton adorateur, afin qu'il chante dignement tes louanges ; je m'entretiens avec toi, je te serre dans mes bras comme un être plein de vie.

Le ciel et la terre s'unissent dans un même concert ; car la Croix bienheureuse a été offerte aux regards de l'univers entier; c'est sur elle que le Christ attaché fut immolé ; dans la joie de nos cœurs honorons-la par nos baisers.

Le divin Moïse figura jadis ta Croix, ô Christ Dieu, lorsqu'il divisa les eaux avec sa verge, conduisant le peuple d'Israël à travers la mer Rouge, et chantant à ta gloire le cantique du passage.

La Croix que nous baisons aujourd'hui, c'est celle que figurait Moïse par ses bras étendus ; par elle nous mettons en fuite l'Amalec spirituel ; par elle aussi, Seigneur, nous obtenons le salut.

L'allégresse est aujourd'hui au ciel et sur la terre ; car il a été révélé au monde. le signe de la Croix trois fois heureuse ; sa vue seule fait couler sur nous une grâce éternelle.

Comment reconnaîtrons-nous, ô Christ, le bienfait que tu nous accordes d'adorer ta Croix si digne d'hommages, sur laquelle ton sang divin a été répandu, ta chair a été attachée par les clous? C'est en la couvrant de nos baisers que nous te rendons grâces.

En ce jour consacré à l'adoration de ta Croix, les Anges forment des chœurs et tressaillent de joie ; car c'est sur la Croix, ô Christ, que tu as écrasé l'armée des démons et sauvé la race humaine.

L'Eglise est devenue un second paradis ; elle possède l'arbre de vie qui était la gloire du premier ; c'est ta Croix, ô Seigneur ! par son contact, elle nous rend participants de l'immortalité.

L'oracle du Psalmiste est accompli : car voici que nous adorons l'escabeau de tes pieds immaculés, en vénérant ta Croix, ce bois très aimé.

Le bois que Jérémie a vu mettre dans ton pain par tes ennemis, c'est ta Croix, ô miséricordieux ! Nous la couvrons de baisers, nous célébrons tes liens et ton sépulcre, la lance et les clous.

En ce jour les plus suaves parfums s'exhalent des cassolettes divines ; la Croix est inondée d'un baume de vie ; aspirons l'odeur céleste qu'elle répand, adorons-la avec foi à jamais.

Viens, Elisée ! dis-nous quel est ce bois que tu plongeas dans l'eau. C'est la Croix du Christ qui nous a tirés de l'abîme de la mort ; adorons-la avec foi à jamais.

Jacob vit la figure de ta Croix, ô Christ ! lorsqu'il adora le sommet de la verge divine que tenait Joseph; il y entrevoyait le sceptre de ta royauté, que maintenant nous adorons à jamais.

Jeté dans la fosse aux lions, le grand prophète Daniel étendit ses mains en forme de croix ; il échappa sain et sauf à la gueule des bêtes féroces, bénissant le Christ à jamais.

Tous les arbres des forêts tressaillent et font entendre leurs cantiques, en ce jour où nous embrassons avec effusion le bois de la Croix, dont le Christ a glorifié le sommet, comme l'avait prédit le divin prophète David.

Un arbre m'avait donné la mort ; je t'ai retrouvé, arbre de vie, ô Croix qui portes le Christ ! tu es ma garde invincible, ma défense contre les démons ; en ce jour je t'adore et jeté crie : Sanctifie-moi par ta gloire.

Réjouis-toi et triomphe. Eglise de Dieu ; car trois fois heureuse tu adores aujourd'hui le bois de la très sainte Croix, autour de laquelle les chœurs des Anges assistent dans une crainte respectueuse, comme pour la servir.

  
« Le Christ crucifié est la force et la sagesse même de Dieu. » C'est la célèbre parole de votre Apôtre, ô Jésus ! et nous en voyons aujourd'hui la vérité. 

La Synagogue voulut anéantir votre gloire en vous clouant à un gibet; elle se délectait en pensant qu'il est écrit dans la loi de Moïse : « Maudit celui qui est suspendu au bois ! » Et voici que ce gibet, ce bois infâme, est devenu votre trophée le plus insigne. Dans les splendeurs de votre résurrection, la Croix, loin de jeter une ombre sur les rayons de votre gloire, relève d'un éclat nouveau l'ineffable magnificence de votre triomphe

Vous avez été attaché au bois, vous avez pris sur vous la malédiction ; crucifié entre deux scélérats, vous avez passé pour un vil imposteur, et vos ennemis ont insulté à votre agonie sur ce lit de douleur. Si vous n'eussiez été qu'un homme, il ne restait de vous qu'une mémoire déshonorée ; la croix eût dévoré sans retour votre gloire passée, ô fils de David ! Mais vous êtes le Fils de Dieu, et c'est la croix qui nous le prouve. Le monde entier se prosterne devant elle et l'adore; c'est elle qui vous l'a conquis, et les hommages qu'elle reçoit vengent surabondamment votre gloire de l'éclipse passagère que votre amour pour nous lui imposa un jour. On n'adore pas un gibet, ou, si on l'adore, c'est le gibet d'un Dieu. Oh ! béni soit celui qui a été suspendu au bois ! En retour de nos hommages, divin Crucifié, accomplissez en notre faveur la promesse que vous avez faite : « Lorsque je serai élevé de terre, j'attirerai tout à moi. »

Les instruments de la Passion adorés par
les saints Anges
Pour nous attirer plus efficacement, vous déposez aujourd'hui entre nos mains le bois même du haut duquel vous nous avez tendu vos bras. Ce monument de votre victoire, sur lequel vous vous appuierez au dernier jour, vous daignez nous le confier jusqu'à la fin des siècles, afin que nous puisions en lui une crainte salutaire de la divine justice qui vous a attaché à ce bois vengeur.

Je regarde nos crimes, j'ai un amour toujours plus tendre envers vous, ô notre victime qui n'avez point reculé devant la malédiction, afin que nous fussions bénis! La terre entière vous rend grâces aujourd'hui pour le don inestimable que vous lui avez octroyé. Votre Croix divisée en fragments sans nombre est présente en tous lieux ; il n'est pas de région dans le monde chrétien qu'elle ne consacre et ne protège.

Que n'avons-nous la piété d'Hélène, ô Sauveur, pour savoir connaître comme elle « la hauteur et la profondeur, la longueur et la largeur du mystère caché dans votre Croix » ! C'est parce qu'elle a aimé ce divin mystère, qu'elle a recherché la Croix avec tant d'ardeur ; mais quel sublime spectacle cette pieuse princesse nous offre en ces jours de votre triomphe ! D'une main elle orne votre glorieux sépulcre ; de l'autre elle arrache votre Croix aux ombres qui la couvraient; qui jamais proclama, avec cette majesté, le mystère pascal ? Le sépulcre nous crie : « Il est ressuscité, il n'est plus ici » ; la Croix nous dit : « Je ne l'ai retenu qu'un moment, et il s'est élancé dans sa gloire. »

O Croix ! ô sépulcre ! que son humiliation a été rapide, et que le règne qu'il a conquis par vous est assuré ! Nous adorons en vous les vestiges de son passage, et vous demeurez sacrés à jamais, parce qu'il s'est servi de vous pour notre salut. Gloire soit donc à vous, ô Croix, objet de notre amour et de notre admiration en ce jour! Continuez de protéger ce monde qui vous possède ; soyez-lui le bouclier qui le défende contre l'ennemi, le secours présent partout qui conserve le souvenir du sacrifice mêlé à celui du triomphe; car c'est par vous, ô Croix, que le Christ a vaincu, qu'il règne et qu'il commande.


CHRISTUS VINCIT !

CHRISTUS REGNAT !

CHRISTUS IMPERAT !




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