Canon de la sainte Croix de Saint Théodore
le Studite
Ce
jour est un jour de joie. En ressuscitant, le Christ a fait disparaître la mort
; la vie apparaît dans tout son éclat ; Adam sorti du tombeau conduit les
chœurs dans l'allégresse; faisons entendre aussi nos chants de victoire.
Le
jour est venu d'adorer la Croix précieuse; en ce moment elle étincelle des rayons
du Christ ressuscité ; venez tous, embrassons-la, couvrons-la de nos
baisers avec une joie spirituelle.
Apparais
à mes regards, ô Croix du Seigneur, toi dont la gloire est sans limites ;
montre-moi ta beauté, ton éclat divin ; sois propice à ton adorateur, afin
qu'il chante dignement tes louanges ; je m'entretiens avec toi, je te serre
dans mes bras comme un être plein de vie.
Le
ciel et la terre s'unissent dans un même concert ; car la Croix bienheureuse a
été offerte aux regards de l'univers entier; c'est sur elle que le Christ
attaché fut immolé ; dans la joie de nos cœurs honorons-la par nos baisers.
Le
divin Moïse figura jadis ta Croix, ô Christ Dieu, lorsqu'il divisa les eaux
avec sa verge, conduisant le peuple d'Israël à travers la mer Rouge, et
chantant à ta gloire le cantique du passage.
La
Croix que nous baisons aujourd'hui, c'est celle que figurait Moïse par ses bras
étendus ; par elle nous mettons en fuite l'Amalec spirituel ; par elle
aussi, Seigneur, nous obtenons le salut.
L'allégresse
est aujourd'hui au ciel et sur la terre ; car il a été révélé au
monde. le signe de la Croix trois fois heureuse ; sa vue seule fait
couler sur nous une grâce éternelle.
Comment
reconnaîtrons-nous, ô Christ, le bienfait que tu nous accordes d'adorer ta
Croix si digne d'hommages, sur laquelle ton sang divin a été répandu, ta chair
a été attachée par les clous? C'est en la couvrant de nos baisers que nous te
rendons grâces.
En
ce jour consacré à l'adoration de ta Croix, les Anges forment des chœurs et
tressaillent de joie ; car c'est sur la Croix, ô Christ, que tu as écrasé
l'armée des démons et sauvé la race humaine.
L'Eglise
est devenue un second paradis ; elle possède l'arbre de vie qui était la gloire
du premier ; c'est ta Croix, ô Seigneur ! par son contact, elle nous
rend participants de l'immortalité.
L'oracle
du Psalmiste est accompli : car voici que nous adorons l'escabeau de tes pieds
immaculés, en vénérant ta Croix, ce bois très aimé.
Le
bois que Jérémie a vu mettre dans ton pain par tes ennemis, c'est ta Croix, ô
miséricordieux ! Nous la couvrons de baisers, nous célébrons tes liens et ton
sépulcre, la lance et les clous.
En
ce jour les plus suaves parfums s'exhalent des cassolettes divines ; la Croix
est inondée d'un baume de vie ; aspirons l'odeur céleste qu'elle répand,
adorons-la avec foi à jamais.
Viens,
Elisée ! dis-nous quel est ce bois que tu plongeas dans l'eau. C'est
la Croix du Christ qui nous a tirés de l'abîme de la mort ; adorons-la avec foi
à jamais.
Jacob
vit la figure de ta Croix, ô Christ ! lorsqu'il adora le sommet de la
verge divine que tenait Joseph; il y entrevoyait le sceptre de ta
royauté, que maintenant nous adorons à jamais.
Jeté
dans la fosse aux lions, le grand prophète Daniel étendit ses mains en forme de
croix ; il échappa sain et sauf à la gueule des bêtes féroces,
bénissant le Christ à jamais.
Tous
les arbres des forêts tressaillent et font entendre leurs cantiques, en ce jour
où nous embrassons avec effusion le bois de la Croix, dont le Christ a glorifié
le sommet, comme l'avait prédit le divin prophète David.
Un
arbre m'avait donné la mort ; je t'ai retrouvé, arbre de vie, ô Croix qui
portes le Christ ! tu es ma garde invincible, ma défense contre les
démons ; en ce jour je t'adore et jeté crie : Sanctifie-moi par ta gloire.
Réjouis-toi
et triomphe. Eglise de Dieu ; car trois fois heureuse tu adores aujourd'hui le
bois de la très sainte Croix, autour de laquelle les chœurs des Anges assistent
dans une crainte respectueuse, comme pour la servir.
« Le Christ crucifié est la force et la
sagesse même de Dieu. » C'est la célèbre parole de votre Apôtre, ô Jésus
! et nous en voyons aujourd'hui la vérité.
La Synagogue voulut
anéantir votre gloire en vous clouant à un gibet; elle se délectait en pensant
qu'il est écrit dans la loi de Moïse : « Maudit
celui qui est suspendu au bois ! » Et voici que ce gibet, ce bois infâme,
est devenu votre trophée le plus insigne. Dans les splendeurs de votre
résurrection, la Croix, loin de jeter une ombre sur les rayons de votre gloire,
relève d'un éclat nouveau l'ineffable magnificence de votre triomphe.
Vous avez
été attaché au bois, vous avez pris sur vous la malédiction ; crucifié entre
deux scélérats, vous avez passé pour un vil imposteur, et vos ennemis ont
insulté à votre agonie sur ce lit de douleur. Si vous n'eussiez été qu'un
homme, il ne restait de vous qu'une mémoire déshonorée ; la croix eût dévoré
sans retour votre gloire passée, ô fils de David ! Mais vous êtes le Fils
de Dieu, et c'est la croix qui nous le prouve. Le monde entier se prosterne
devant elle et l'adore; c'est elle qui vous l'a conquis, et les hommages
qu'elle reçoit vengent surabondamment votre gloire de l'éclipse passagère
que votre amour pour nous lui imposa un jour. On n'adore pas un gibet, ou, si
on l'adore, c'est le gibet d'un Dieu. Oh ! béni soit celui qui a été
suspendu au bois ! En retour de nos hommages, divin Crucifié, accomplissez en
notre faveur la promesse que vous avez faite : « Lorsque je serai élevé de terre, j'attirerai tout à moi. »
Les instruments de la Passion adorés par les saints Anges |
Pour
nous attirer plus efficacement, vous déposez aujourd'hui entre nos mains le
bois même du haut duquel vous nous avez tendu vos bras. Ce monument de votre
victoire, sur lequel vous vous appuierez au dernier jour, vous daignez nous le
confier jusqu'à la fin des siècles, afin que nous puisions en lui une crainte
salutaire de la divine justice qui vous a attaché à ce bois vengeur.
Je regarde nos
crimes, j'ai un amour toujours plus tendre envers vous, ô notre victime qui n'avez
point reculé devant la malédiction, afin que nous fussions bénis! La terre
entière vous rend grâces aujourd'hui pour le don inestimable que vous lui avez
octroyé. Votre Croix divisée en fragments sans nombre est présente en tous
lieux ; il n'est pas de région dans le monde chrétien qu'elle ne consacre et ne
protège.
Que
n'avons-nous la piété d'Hélène, ô Sauveur, pour savoir connaître comme elle «
la hauteur et la profondeur, la longueur et la largeur du mystère caché dans
votre Croix » ! C'est parce qu'elle a aimé ce divin mystère, qu'elle
a recherché la Croix avec tant d'ardeur ; mais quel sublime spectacle
cette pieuse princesse nous offre en ces jours de votre triomphe ! D'une main
elle orne votre glorieux sépulcre ; de l'autre elle arrache votre Croix aux
ombres qui la couvraient; qui jamais proclama, avec cette majesté, le mystère
pascal ? Le sépulcre nous crie : « Il est
ressuscité, il n'est plus ici » ; la Croix nous dit : « Je ne l'ai retenu qu'un moment, et il s'est
élancé dans sa gloire. »
O
Croix ! ô sépulcre ! que son humiliation a été rapide,
et que le règne qu'il a conquis par vous est assuré ! Nous adorons en vous les
vestiges de son passage, et vous demeurez sacrés à jamais, parce qu'il s'est
servi de vous pour notre salut. Gloire soit donc à vous, ô Croix, objet de
notre amour et de notre admiration en ce jour! Continuez de protéger ce monde
qui vous possède ; soyez-lui le bouclier qui le défende contre l'ennemi, le
secours présent partout qui conserve le souvenir du sacrifice mêlé à celui du
triomphe; car c'est par vous, ô Croix, que le Christ a vaincu, qu'il règne et
qu'il commande.
CHRISTUS
VINCIT !
CHRISTUS REGNAT !
CHRISTUS IMPERAT !
CHRISTUS REGNAT !
CHRISTUS IMPERAT !
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