Nativité de la Vierge Marie, par Philippe de Champaigne, église Notre-Dame d'Arras |
Du Protévangile
de Saint Jacques (Ve siècle)
I.1. Les
histoires des douze tribus racontent qu’un homme fort riche, Joachim, apportait au Seigneur double
offrande, se disant : "Le supplément sera pour tout le peuple et la part
que je dois pour la remise de mes fautes ira au Seigneur, afin qu’il me soit
propice."
2. Vint le
grand jour du Seigneur, et les fils d’Israël apportaient leurs présents. Or
Ruben se dresse devant lui et dit : " Tu n’as pas le droit de déposer le
premier tes offrandes, puisque tu n’as pas eu de postérité en Israël. "
3. Joachim eut grand chagrin, et il s’en alla
consulter les registres des douze tribus du peuple, se disant : " Je
verrai bien dans leurs archives si je suis le seul à n’avoir pas engendré en
Israël ! " Il chercha, et découvrit que tous les justes avaient
suscité une postérité en Israël. Et il se souvint du patriarche Abraham ;
sur ses vieux jours, le Seigneur Dieu lui avait donné un fils, Isaac.
4. Alors, accablé de tristesse, Joachim ne
reparut pas devant sa femme, et il se rendit dans le désert ; il y planta sa
tente et, quarante jours et quarante nuits, il jeûna, se disant : " Je ne
descendrai plus manger ni boire, avant que le Seigneur mon Dieu m’ait visité.
La prière sera ma nourriture et ma boisson. "
II. 1. Et sa
femme Anne avait deux sujets de se
lamenter et de se marteler la poitrine. "J’ai à pleurer, disait-elle, sur
mon veuvage et sur ma stérilité !"
Sainte Anne, statue de la Basilique d'Auray |
2. Vint le
grand jour du Seigneur. Judith, sa servante, lui dit : " Jusqu’à quand te
désespéreras-tu ? C’est aujourd’hui le grand jour du Seigneur. Tu n’as pas le
droit de te livrer aux lamentations. Prends donc ce bandeau que m’a donné la
maîtresse de l’atelier. Je ne puis m’en orner, car je ne suis qu’une servante,
et il porte un insigne royal. "
3. Anne lui dit
: " Arrière, toi ! Je n’en ferai rien, car le Seigneur m’a accablée d’humiliations.
Et peut-être ce présent te vient-il d’un voleur et tu cherches à me faire
complice de ta faute. " Et Judith la servante dit : " Quel mal
dois-je te souhaiter encore, de rester sourde à ma voix ? Le Seigneur Dieu a
clos ton sein et ne te donne point de fruit en Israël ! "
4. Alors Anne, malgré son désespoir, ôta ses
habits de deuil, se lava la tête et revêtit la robe de ses noces. Et vers la
neuvième heure, elle descendit se promener dans son jardin. Elle vit un laurier
et s’assit à son ombre. Après un moment de repos, elle invoqua le Maître :
" Dieu de mes pères, dit-elle, bénis-moi, exauce ma prière, ainsi que tu
as béni Sarah, notre mère, et lui as donné son fils Isaac. "
III. 1. Levant
les yeux au ciel, elle aperçut un nid de passereaux dans le laurier. Aussitôt
elle se remit à gémir : " Las, disait-elle, qui m’a engendrée et de quel
sein suis-je sortie ? Je suis née, maudite devant les fils d’Israël. On m’a
insultée, raillée et chassée du temple du Seigneur mon Dieu.
2. Las, à qui
se compare mon sort ? Pas même aux oiseaux du ciel, car les oiseaux du ciel
sont féconds devant ta face, Seigneur. Las, à qui se compare mon sort ? Pas
même aux animaux stupides, car les animaux stupides sont eux aussi féconds
devant toi, Seigneur. Las, à quoi se compare mon sort ? Non plus aux bêtes
sauvages de la terre, car les bêtes sauvages de la terre sont fécondes devant
ta face, Seigneur.
Bartolo di Fredi, l'annonciation à S. Joachim, Pinacotheque vaticane |
3. Las, à quoi
se compare mon sort ? A ces eaux non plus, car ces eaux sont tantôt calmes
tantôt bondissantes, et leurs poissons te bénissent, Seigneur. Las, à qui se
compare mon sort ? Pas même à cette terre, car la terre produit des fruits en
leur saison et te rend gloire, Seigneur. "
IV. 1. Et voici
qu’un ange du Seigneur parut, disant : " Anne, Anne, le Seigneur Dieu a
entendu ta prière. Tu concevras, tu enfanteras et l’on parlera de ta postérité
dans la terre entière. " Anne répondit : " Aussi vrai que vit le
Seigneur Dieu, je ferai don de mon enfant, garçon ou fille, au Seigneur mon
Dieu et il le servira tous les jours de sa vie. "
2. Et voici,
deux messagers survinrent, qui lui dirent : " Joachim, ton mari, arrive avec ses troupeaux. Un ange du
Seigneur est descendu auprès de lui, disant : "Joachim, Joachim, le
Seigneur Dieu a exaucé ta prière. Descends d’ici. Voici que Anne ta femme a
conçu en son sein".
3. Aussitôt
Joachim est descendu, il a convoqué ses bergers, leur disant : "
Apportez-moi ici dix agneaux sans tache ni défaut. Ces dix agneaux seront pour
le Seigneur Dieu. Apportez-moi aussi douze veaux bien tendres et les douze
veaux seront pour les prêtres et le Conseil des Anciens. Aussi cent chevreaux,
et les cent chevreaux seront pour tout le peuple. "
4. Joachim
arriva avec ses troupeaux. Anne l’attendait, aux portes de la ville. Dès qu’elle
le vit paraître avec ses bêtes, elle courut vers lui, se suspendit à son cou et
s’écria : " Maintenant je sais que le Seigneur Dieu m’a comblée de
bénédictions ! Voici : la veuve n’est plus veuve et la stérile a conçue !
" Et Joachim, ce premier jour, resta chez lui à se reposer.
V.1. Le
lendemain, il apportait ses offrandes : " Si le Seigneur Dieu m’a été
favorable, pensait-il, la lame d’or du prêtre me le révélera. " Il
présenta ses offrandes, et scruta la tiare du prêtre quand celui-ci monta à l’autel
du Seigneur ; et il sut qu’il n’y avait pas de faute en lui. " Maintenant,
dit-il, je sais que le Seigneur Dieu m’a fait grâce et m’a remis tous mes
péchés. " Et il descendit du temple du Seigneur, justifié, et rentra chez
lui.
Le baiser à la Porte Dorée, icône |
2. Six mois environ s’écoulèrent ; le
septième, Anne enfanta. "Qu’ai-je mis au monde ?" demanda-t-elle
à la sage-femme. Et celle-ci répondit : " Une fille. " Et Anne dit :
" Mon âme a été exaltée en ce jour ! " Et elle coucha l’enfant. Quand
les jours furent accomplis, Anne se purifia, donna le sein à l’enfant et l’appela
du nom de Marie.
VI. 1. De jour
en jour, l’enfant se fortifiait. Quand
elle eut six mois, sa mère la mit par terre, pour voir si elle tenait debout.
Or l’enfant fit sept pas, puis revint se blottir auprès de sa mère.
Celle-ci la souleva, disant : " Aussi vrai que vit le Seigneur mon Dieu,
tu ne marcheras pas sur cette terre, que je ne t’ai menée au temple du
Seigneur. " Et elle apprêta un sanctuaire dans sa chambre et elle ne laissait jamais sa fille toucher à
rien de profane ou d’impur. Et elle invita les filles des Hébreux, qui
étaient sans tache, et celles-ci la divertissaient.
2. Quand l’enfant eut un an, Joachim donna un
grand festin où il convia les grands prêtres, les prêtres, les scribes, les
Anciens et tout le peuple d’Israël. Il présenta l’enfant aux prêtres qui la
bénirent : " Dieu de nos pères disaient-ils, bénis cette enfant, et
donne-lui un nom illustre à jamais, dans toutes les générations. " Et tout
le peuple s’écria : " Qu’il en soit ainsi ! Amen ! " Et ils la
présentèrent aux grands-prêtres, et ceux-ci la bénirent, disant : " Dieu
des hauteurs, abaisse ton regard sur cette petite fille et bénis-la d’une
bénédiction suprême, qui surpasse toute bénédiction. "
3. Et sa mère l’emporta
dans le sanctuaire de sa chambre et elle lui donna le sein. Anne éleva un chant
au Seigneur Dieu : " Je chanterai un cantique sacré au Seigneur mon Dieu,
parce qu’il m’a visitée et m’a enlevé l’outrage de mes ennemis. Et le Seigneur
mon Dieu m’a donné un fruit de sa justice, unique et considérable devant sa
face. Qui annoncera aux fils de Ruben qu’Anne donne le sein ? Écoutez, écoutez,
ô les douze tribus d’Israël : Anne donne le sein ! " Et elle reposa l’enfant
dans le sanctuaire de sa chambre, sortit et servit ses hôtes. Quand le banquet
fut achevé, ils descendirent joyeux et ils glorifièrent le Dieu d’Israël.
VII. 1. Les
mois se succédèrent : l’enfant atteignit
deux ans. Joachim dit : "Menons-la au temple du Seigneur, pour accomplir
la promesse que nous avons faite. Sinon le Maître s’irriterait contre nous et
rejetterait notre offrande." Mais Anne répondit : "Attendons sa
troisième année, de peur qu’elle ne réclame son père ou sa mère. " Joachim
opina : " Attendons."
2. L’enfant eut
trois ans. Joachim dit : " Appelons les filles des Hébreux, celles qui
sont sans tache. Que chacune prenne un flambeau et le tienne allumé : ainsi,
Marie ne se retournera pas et son cœur ne sera pas retenu captif hors du temple
du Seigneur. " L’ordre fut suivi, et elles montèrent au temple du
Seigneur. Et le prêtre accueillit l’enfant et l’ayant embrassée, il la bénit et
dit : " Le Seigneur Dieu a exalté ton nom parmi toutes les générations. En
toi, au dernier des jours, le Seigneur manifestera la rédemption aux fils d’Israël.
"
3. Et il
la fit asseoir sur le troisième degré de l’autel. Et le Seigneur Dieu répandit
sa grâce sur elle. Et ses pieds esquissèrent une danse et toute la maison d’Israël
l’aima.
Présentation de la Vierge Marie au Temple, l'accueil du Grand Prêtre |
VIII. 1. Ses
parents descendirent, émerveillés, louant et glorifiant le Dieu souverain qui
ne les avait pas dédaignés. Et Marie
demeurait dans le temple du Seigneur, telle une colombe, et elle recevait sa
nourriture de la main d’un ange.
2. Quand elle eut douze ans, les prêtres se
consultèrent et dirent : "Voici que Marie a douze ans, dans le temple du
Seigneur. Que ferons-nous d’elle, pour éviter qu’elle ne rende impur le sanctuaire
du Seigneur notre Dieu ?" Et ils dirent au grand-prêtre : "Toi
qui gardes l’autel du Seigneur, entre et prie au sujet de cette enfant. Ce que
le Seigneur te dira, nous le ferons."
3. Et le prêtre
revêtit l’habit aux douze clochettes, pénétra dans le Saint des Saints et se
mit en prière. Et voici qu’un ange du Seigneur apparut, disant : "
Zacharie, Zacharie, sors et convoque les veufs du peuple. Qu’ils apportent
chacun une baguette. Et celui à qui le Seigneur montrera un signe en fera sa
femme. " Des hérauts s’égaillèrent dans tout le pays de Judée et la
trompette du Seigneur retentit, et voici qu’ils accoururent tous.
IX.1. Joseph jeta sa hache et lui aussi alla se
joindre à la troupe. Ils se rendirent ensemble chez le prêtre avec leurs
baguettes. Le prêtre prit ces baguettes, pénétra dans le temple et pria. Sa
prière achevée, il reprit les baguettes, sortit et les leur rendit. Aucune ne
portait de signe. Or Joseph reçut la sienne le dernier. Et voici qu’une colombe
s’envola de sa baguette et vint se percher sur sa tête. Alors le prêtre :
" Joseph, Joseph, dit-il, tu es l’élu : c’est toi qui prendras en garde la
vierge du Seigneur. "
2. Mais Joseph
protesta : " J’ai des fils, je suis un vieillard et elle est une toute
jeune fille. Ne vais-je pas devenir la risée des fils d’Israël ? " "
Joseph, répondit le prêtre, crains le Seigneur ton Dieu, et souviens-toi du
sort que Dieu a réservé à Dathan, Abiron et Corê. La terre s’entrouvrit et les
engloutit tous à la fois, parce qu’ils lui avaient résisté. Et maintenant,
Joseph, crains de semblables fléaux sur ta maison ! "
3. Très ému, Joseph prit la jeune fille sous
sa protection et lui dit : " Marie, le temple du Seigneur t’a confiée à
moi. Maintenant je te laisse en ma maison. Car je pars construire mes
bâtiments. Je reviendrai auprès de toi. Le Seigneur te gardera. "
X. 1.
Cependant, les prêtres s’étaient réunis et avaient décidé de faire tisser un
voile pour le temple du Seigneur. Et le grand-prêtre dit : " Appelez-moi
les jeunes filles de la tribu de David, qui sont sans tache. " Ses
serviteurs partirent, cherchèrent et en trouvèrent sept. Mais le prêtre se
souvint que la jeune Marie était de la tribu de David et qu’elle était sans
tache devant Dieu. Et les serviteurs partirent et l’amenèrent.
2. Et l’on fit
entrer ces jeunes filles dans le temple du Seigneur. Et le prêtre leur dit :
"Tirez au sort laquelle filera l’or, l’amiante, le lin, la soie, le bleu,
l’écarlate et la pourpre véritable." La pourpre véritable et l’écarlate
échurent à Marie. Elle les prit et rentra chez elle. C’est à ce moment-là que
Zacharie devint muet et que Samuel le remplaça jusqu’à ce qu’il eût retrouvé la
parole. Et Marie saisit l’écarlate et se mit à filer.
XI. 1. Or elle prit sa cruche et sortit pour
puiser de l’eau. Alors une voix retentit : "Réjouis-toi, pleine de grâce.
Le Seigneur est avec toi. Tu es bénie parmi les femmes." Marie regardait à
droite et à gauche : d’où venait donc cette voix ? Pleine de frayeur, elle
rentra chez elle, posa sa cruche, reprit la pourpre, s’assit sur sa chaise et
se remit à filer.
2. Et voici qu’un ange debout devant elle disait :
" Ne crains pas, Marie, tu as trouvé grâce devant le Maître de toute
chose. Tu concevras de son Verbe. " Ces paroles jetèrent Marie dans le
désarroi. " Concevrai-je, moi, du Seigneur, dit-elle, du Dieu vivant, et
enfanterai-je comme toute femme? "
3. Et voici que l’ange, toujours devant elle, lui
répondit : " Non, Marie. Car la puissance de Dieu te prendra sous son
ombre. Aussi le saint enfant qui naîtra sera-t-il appelé le fils du Très-Haut.
Tu lui donneras le nom de Jésus, car il sauvera son peuple de ses péchés.
" Et Marie dit alors : " Me voici devant lui sa servante ! Qu’il m’advienne
selon ta parole. "
L'Annonciation à Marie |
XII.1. Et elle
reprit son travail de pourpre et d’écarlate puis l’apporta au prêtre. Et quand
le prêtre le reçut, il la bénit et dit : "
Marie, le Seigneur Dieu a exalté ton nom et tu seras bénie parmi toutes les
générations de la terre. "
2. Pleine de joie, Marie se rendit chez sa
parente Elisabeth et frappa à la porte. En l’entendant Elisabeth jeta l’écarlate,
courut à la porte, ouvrit, et la bénit en ces termes : " Comment se
fait-il que la mère de mon Seigneur vienne à moi ? Car vois-tu, l’enfant a
tressailli et t’a bénie. "
Or Marie avait
oublié les mystères dont avait parlé l’ange Gabriel. Elle leva les yeux au ciel
et dit : " Qui suis-je, pour que
toutes les femmes de la terre me proclament bienheureuse? "
3. Et elle demeura trois mois chez Elisabeth. Et
de jour en jour son sein s’arrondissait. Inquiète, elle regagna sa maison
et elle se cachait des fils d’Israël. Elle
avait seize ans, quand s’accomplirent ces mystères.
XIII.1. Son
sixième mois arriva, et voici que Joseph
revint des chantiers ; il entra dans la maison et s’aperçut qu’elle était
enceinte. Et il se frappa le visage et se jeta à terre sur son sac et il
pleura amèrement, disant : " Quel front lèverai-je devant le Seigneur
Dieu ? Quelle prière lui adresserai-je ? Je l’ai reçue vierge du temple du
Seigneur et je ne l’ai pas gardée. Qui m’a trahi ? Qui a commis ce crime sous
mon toit ? Qui m’a ravi la vierge et l’a souillée? L’histoire d’Adam se
répète-t-elle à mon sujet ? Car tandis qu’Adam faisait sa prière de
louange, le serpent s’approcha et surprit Eve seule ; il la séduisit et la
souilla. La même disgrâce me frappe. "
2. Et Joseph se
releva de son sac et appela Marie : " Toi la choyée de Dieu, qu’as-tu fait
là ? As-tu oublié le Seigneur ton Dieu ? Pourquoi t’es-tu déshonorée, toi qui
as été élevée dans le Saint des Saints et as reçu nourriture de la main d’un
ange ? "
3. Et elle
pleura amèrement, disant : " Je suis pure et je ne connais pas d’homme.
" Et Joseph lui dit : " D’où vient le fruit de ton sein ? " Et
elle répondit : " Aussi vrai que vit le Seigneur mon Dieu, j’ignore d’où
il vient."
XIV.1. Et Joseph, rempli de frayeur, se tint coi,
et il se demandait ce qu’il devait faire d’elle. " Si je garde le secret
sur sa faute, se disait-il, je contreviendrai à la loi du Seigneur. Mais si je
la dénonce aux fils d’Israël, et que son enfant vienne d’un ange, ce dont j’ai
bien peur, alors je livre à la peine capitale un sang innocent. Que ferai-je d’elle ?
Je la répudierai en secret. " La nuit le surprit dans ces réflexions.
L'Annonciation à Joseph |
2. Et voici qu’un ange du Seigneur lui apparut en
songe, disant : " Ne t’inquiète pas à propos de cette enfant. Ce qui est
en elle vient de l’Esprit saint. Elle t’enfantera un fils auquel tu donneras le
nom de Jésus. Car il sauvera son peuple de ses péchés. " Joseph se
réveilla et glorifia le Dieu d’Israël qui lui avait donné sa grâce. Et il garda
la jeune fille.
XV. 1. Or le
scribe Anne vint le voir et lui dit : " Joseph, pourquoi n’as-tu point
paru à notre réunion? - Mon voyage m’avait fatigué, répondit-il, et j’ai passé
le premier jour à me reposer. " Mais Anne se retourna et vit Marie
enceinte.
2. Et il partit
en courant chez le prêtre et lui dit : " Eh bien, ce Joseph dont tu te
portes garant, a commis une faute ignoble. - Quoi donc ? " demanda le
grand-prêtre. L’autre reprit : " Il a déshonoré la jeune fille que le
temple du Seigneur lui avait confiée et il l’a épousée secrètement, sans
avertir les fils d’Israël ! " Et le grand-prêtre lui dit : " Joseph
a-t-il fait cela ? " Et l’autre répondit : " Envoie tes gens et tu
verras que la jeune fille est enceinte. " Des serviteurs partirent et la
trouvèrent dans l’état qu’il avait dit. Ils la ramenèrent au temple et elle
comparut au tribunal.
3. Le grand-prêtre lui dit : " Marie, qu’as-tu
fait là? Pourquoi as-tu perdu ton honneur ? As-tu oublié le Seigneur ton
Dieu, toi qui fus élevée dans le Saint des Saints et qui reçus nourriture de la
main des anges ? Toi qui entendis leurs hymnes et dansas devant eux ?
Qu’as-tu fait là ? " Et elle pleura amèrement et dit : " Aussi
vrai que vit le Seigneur Dieu, je suis pure devant sa face et ne connais pas d’homme.
"
4. Et le
grand-prêtre dit : " Et toi, Joseph, qu’as-tu fait? " Et Joseph
répondit : " Aussi vrai que vit le Seigneur et que vivent son Christ et le
témoin de sa vérité je suis pur vis-à-vis d’elle. " Le grand-prêtre insista. " Ne rends pas de faux témoignage ! Dis
la vérité ! Tu l’as épousée en cachette, tu n’as rien dit aux fils d’Israël
et tu n’as pas incliné ta tête sous la puissante main qui eût béni ta postérité
! " Et Joseph garda le silence.
Sainte Marie, Mère de Dieu, priez pour nous, pauvres pécheurs, maintenant et à l'heure de notre mort. Amen. |
XVI.1. Le
grand-prêtre reprit : " Rends-nous la jeune fille que tu avais reçue du
temple du Seigneur. " Joseph fondit en larmes. Le grand-prêtre ajouta :
" Je vous ferai boire l’eau de l’épreuve rituelle et votre faute éclatera
à vos yeux."
2. Le grand-prêtre prit de l’eau, en fit boire
à Joseph puis il l’envoya au désert, Or celui-ci revint indemne. Et il fit
boire aussi la jeune fille et l’envoya au désert. Et elle redescendit, indemne.
Et tout le peuple s’étonna que leur faute n’eût pas été manifestée.
3. Alors le
grand-prêtre dit : " Puisque le Seigneur Dieu n’a pas révélé
de péché en vous, moi non plus je ne vous condamne pas. " Et il les
laissa partir. Et Joseph prit
Marie et rentra chez lui, heureux et louant le Dieu d’Israël.
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