jeudi 20 février 2020

De l'optimisme chrétien

"Car Je suis doux et humble de cœur"

De Saint Dorothée de Gaza, Lettre 1

Certaines personnes convertissent en humeur mauvaise tout aliment qu'ils absorbent, même si cet aliment est sain. La faute n'en est pas à l'aliment, mais à leur tempérament qui altère les aliments. De même, si notre âme a une mauvaise disposition, tout lui fait du mal ; elle transforme même les choses utiles en choses nuisibles pour elle. Si on jette un peu d'herbes amères dans un pot de miel, ne vont-elles pas altérer le pot entier, en rendant tout le miel amer ? C'est ce que nous faisons : nous répandons un peu de notre amertume et détruisons le bien du prochain, en le regardant d'après notre mauvaise disposition.

D'autres gens ont un tempérament qui transforme tout en bonnes humeurs, même des aliments mauvais... Les porcs ont une très bonne constitution. Ils mangent des gousses, des noyaux de dattes et des ordures. Pourtant, ils transforment cette nourriture en viande succulente. Nous de même, si nous avons de bonnes habitudes et un bon état d'âme, nous pouvons tirer profit de tout, même de ce qui n'est pas profitable. Le livre des Proverbes dit fort bien : «Celui qui regarde avec douceur, obtiendra miséricorde» (12,13). Mais ailleurs : «A l'homme insensé toutes choses sont contraires» (14,7).

J'ai entendu dire d'un frère que si, allant voir un autre, il trouvait sa cellule négligée et en désordre, il se disait en lui-même : «Comme ce frère est heureux d'être complètement détaché des choses terrestres et de porter si bien tout son esprit en haut, qu'il n'a même plus le loisir de ranger sa cellule !» S'il allait ensuite chez un autre frère, et trouvait sa cellule rangée, propre et bien en ordre, il se disait : «La cellule de ce frère est aussi nette que son âme. Tel l'état de son âme, tel l'état de sa cellule !» Jamais il ne disait de quelqu'un : «Celui-ci est désordonné» ou : «Celui-là est frivole». Grâce à son état excellent, il tirait profit de tout. Que Dieu dans sa bonté nous donne, à nous aussi, un bon état pour que nous puissions profiter de tout et ne jamais mal penser du prochain. Si notre malice nous inspire des jugements ou des soupçons, transformons vite cela en bonne pensée. Car ne pas voir le mal du prochain engendre, Dieu aidant, la bonté.


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