vendredi 5 novembre 2021

Visitons nos défunts au cimetière et prions pour eux


Homélie de Saint Jean Chrysostome, le 28 mars 392, sur le mot « Cœmeterium » et sur la Croix

1. ~ Nous faisons la mémoire de la croix; or, Jésus a été crucifié hors des portes de la ville : voilà pourquoi on nous fait sortir de la ville. Les brebis, dit l'Ecriture, suivent leur pasteur ; où est le prince doivent être les soldats; où le corps se trouve, les aigles se rassemblent. (Matth. XXIV, 28. — Luc, XVII, 37.) Voilà donc pourquoi nous nous rassemblons hors des portes. ~ Que dit donc cet apôtre en parlant des sacrifices? Les corps des animaux, dont le sang est porté par le souverain pontife dans le sanctuaire pour l'expiation du péché, sont brûlés hors du camp. Et c'est pour cette raison que Jésus, devant sanctifier le peuple par son propre sang, a, souffert hors des portes de la ville. Sortons donc aussi hors du camp, et allons à lui en portant l'ignominie de la croix. (Héb. XIII, 11, 12 et 13.) Saint Paul l'a dit, saint Paul l'a ordonné; nous avons obéi, et nous sommes sortis des portes. Voilà donc pourquoi nous nous rassemblons hors de la ville.

Mais quelle raison nous engage à choisir pour notre assemblée ce lieu consacré aux martyrs ? car, par la grâce du Seigneur, notre ville est environnée de tout côté et comme fortifiée des précieux restes des saints. Pourquoi donc nos pères ont-ils voulu que nous nous rassemblions dans ce lieu, et non dans un autre? c'est qu'il y a ici une grande multitude de morts; et comme Jésus-Christ est descendu en ce jour vers les morts, voilà pourquoi nous nous rassemblons ici.

Cérémonie des funérailles du Christ
Jérusalem

Le lieu même est appelé cœmeterium, lieu de repos et de sommeil, afin de vous apprendre que ceux qui sont morts et qui y sont déposés, ne sont pas morts, mais ne sont qu'endormis. Avant la naissance de Jésus-Christ, la fin de l'homme était appelée mort ~. Non seulement notre fin était appelée mort, mais enfer. ~ Tels étaient les noms qu'on donnait à notre fin avant Jésus-Christ; mais depuis que le Fils de Dieu est venu, et qu'il est mort pour rendre la vie au monde, la fin de l'homme n'est plus appelée mort, mais repos et sommeil.

Nous en trouvons une preuve évidente dans ces paroles de Jésus-Christ : Notre ami Lazare dort. (Jean, XI, 11.) Il ne dit pas, Lazare est mort, quoiqu'il fût mort réellement. Et afin que vous sachiez que ce mot de dormir était extraordinaire, voyez comme les disciples sont troublés lorsqu'ils l'entendent : Seigneur, disent-ils à leur divin Maître, si Lazare dort, il sera guéri; tant il est vrai qu'ils ne comprenaient pas la parole de Jésus! Saint Paul dit en écrivant à des fidèles : Ceux qui dorment ont-ils péri? (I Cor. XV, 18.) Nous qui vivons nous ne préviendrons pas ceux qui sont endormis (I Thess. IV, 14), dit-il ailleurs en parlant des morts. Il dit encore dans un autre passage : Réveillez-vous, vous qui dormez (Eph. V, 14) ; et pour faire voir qu'il parle d'un mort, il ajoute: Et levez-vous d'entre les morts. Vous voyez comme partout la mort est appelée sommeil.

Voilà pourquoi ce lieu est nommé cœmeterium, mot consolant, mot profond et plein de sagesse. Lors donc que vous amenez ici un mort, ne vous désespérez point : ce n'est pas dans un dépôt de mort que vous l'amenez, mais dans un lieu de repos et de sommeil. Le seul nom du lieu suffit pour adoucir votre perte. Pensez où vous l'amenez, et dans quel temps; c'est après la mort de Jésus-Christ, lorsque ce Fils de Dieu a détruit la puissance de la mort. Ainsi le lieu et le temps doivent être pour nous des sources abondantes de consolation. Ce discours s'adresse surtout aux femmes, qui sont naturellement plus sensibles, plus propres à se laisser abattre par l'affliction. Mais vous avez, femmes chrétiennes, vous avez, dans le nom seul du lieu, un remède suffisant à votre douleur. Voilà donc pourquoi nous nous rassemblons ici.

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