Pie XI, Encyclique Quas primas, sur l’institution d’une fête du Christ Roi (1925), nn.11-13
Toutefois, ce royaume est avant tout spirituel et concerne avant tout l’ordre spirituel: les paroles de la Bible que Nous avons rapportées plus haut en sont une preuve évidente, que vient confirmer, à maintes reprises, l’attitude du Christ-Seigneur.
Quand les Juifs, et même les Apôtres, s’imaginent à tort que le Messie affranchira son peuple et restaurera le royaume d’Israël, il détruit cette illusion et leur enlève ce vain espoir; lorsque la foule qui l’entoure veut, dans son enthousiasme, le proclamer roi, il se dérobe à ce titre et à ces honneurs par la fuite et en se tenant caché; devant le gouverneur romain, encore, il déclare que son royaume n’est pas de ce monde. Dans ce royaume, tel que nous le dépeignent les Evangiles, les hommes se préparent à entrer en faisant pénitence. Personne ne peut y entrer sans la foi et sans le baptême; mais le baptême, tout en étant un rite extérieur, figure et réalise une régénération intime. Ce royaume s’oppose uniquement au royaume de Satan et à la puissance des ténèbres; à ses adeptes il demande non seulement de détacher leur cœur des richesses et des biens terrestres, de pratiquer la douceur et d’avoir faim et soif de la justice, mais encore de se renoncer eux-mêmes et de porter leur croix. C’est pour l’Eglise que le Christ, comme Rédempteur, a versé le prix de son sang; c’est pour expier nos péchés que, comme Prêtre, il s’est offert lui-même et s’offre perpétuellement comme victime: qui ne voit que sa charge royale doit revêtir le caractère spirituel et participer à la nature supraterrestre de cette double fonction ?
Néanmoins, tant qu’il vécut sur terre, il s’est
totalement abstenu d’exercer cette domination terrestre, il a dédaigné la
possession et l’administration des choses humaines, abandonnant ce soin à leurs
possesseurs. Ce qu’il a fait alors, il le continue aujourd’hui. Pensée exprimée
d’une manière fort heureuse dans la liturgie : « Il ne ravit point
les diadèmes éphémères, celui qui distribue les couronnes du ciel. »
Ainsi donc, le souverain domaine de notre
Rédempteur embrasse la totalité des hommes. Sur ce sujet, Nous faisons
Volontiers Nôtres les paroles de Notre Prédécesseur Léon XIII, d’immortelle
mémoire : « Son empire ne
s’étend pas exclusivement aux nations catholiques ni seulement aux chrétiens baptisés,
qui appartiennent juridiquement à l’Eglise même s’ils sont égarés loin d’elle
par des opinions erronées ou séparés de sa communion par le schisme; il
embrasse également et sans exception tous les hommes, même étrangers à la foi
chrétienne, de sorte que l’empire du Christ Jésus, c’est, en stricte vérité, l’universalité
du genre humain. »
Et, à cet égard, il n’y a lieu de faire aucune
différence entre les individus, les familles et les Etats; car les hommes ne
sont pas moins soumis à l’autorité du Christ dans leur vie collective que dans
leur vie privée. Il est l’unique source du salut, de celui des sociétés comme
de celui des individus: Il n’existe de salut en aucun autre; aucun autre
nom ici-bas n’a été donné aux hommes qu’il leur faille invoquer pour être
sauvés.
Il est l’unique auteur, pour l’Etat comme pour
chaque citoyen, de la prospérité et du vrai bonheur : « La cité ne
tient pas son bonheur d’une autre source que les particuliers, vu qu’une cité
n’est pas autre chose qu’un ensemble de particuliers unis en société. » Les chefs d’Etat ne sauraient donc refuser de rendre – en
leur nom personnel, et avec tout leur peuple – des hommages publics, de respect
et de soumission à la souveraineté du Christ; tout en sauvegardant
leur autorité, ils travailleront ainsi à promouvoir et à développer la
prospérité nationale.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire