Ange gardien guidant un enfant |
Quelle grâce, ce 1er mardi du mois des S. Anges et de la Vierge Marie du Rosaire est aussi la fête liturgique de nos Saints Anges gardiens.
Écoutons M. Boudon, saint Apôtre des Esprits bienheureux, nous entretenir de nos plus fidèles amis et nous apprendre à les aimer et les honorer comme ils nous aiment et nous honorent de leur sainte présence.
De "La dévotion aux neufs chœurs des saints Anges" de l'abbé Henri-Marie Boudon
5e pratique, Converser
intérieurement avec les saints Anges
C'était bien le sentiment du grand dévot des anges,
saint Bernard, lorsqu'exhortant ses frères à la dévotion de ces esprits
angéliques, il leur dit : « Rendez-vous,
mes chers frères, la conversation des anges familière, et pensez à eux souvent » ;
et de vrai, à quoi pensons-nous, quand nous ne pensons pas à ses éclatantes
beautés du paradis ?
Enluminure de la Bible de Guiard des Moulins, Ange gardien guidant et conseillant son protégé. |
« Est-ce, dit encore le saint que je viens de
citer, que nous doutons de leur présence, parce que nous ne les voyons
pas ? Mais devons-nous juger de la présence des choses par les yeux
seulement de nos corps ? Est-ce que les hommes n'ont point des âmes, parce
qu'on ne voit pas les âmes ? Est-ce que Dieu n'est point partout, parce
que nos sens ne l'y aperçoivent pas ? » C'est que nous n'avons
pas de foi, me direz-vous, et il est vrai.
Disons encore que c'est que nous sommes
trop attachés aux choses de la terre, et pleurons ensuite amèrement de notre
peu de foi et de nos attaches. Les saints solitaires conversaient familièrement
avec les anges ; c'est qu'ils menaient une vie angélique ; et,
misérables que nous sommes, à peine y pouvons-nous penser un quart
d'heure ; c'est que notre vie est toute terrestre !
Détail d'une fresque. Saints Anges peints par Giotto. |
Oh ! Que d'anges, disait-elle, qui passent ici, et qui
accompagnent ces pauvres gens ! Est-il possible que pas un de tous ces gens
ne pense à ces princes du paradis ? Cette vue la toucha beaucoup, et
ensuite elle s'en alla en une foire, qui se tenait en ce pays, dans le dessein
d'y aller rendre ses civilités aux anges de tant de personnes qui y venaient en
foule de tous côtés. Elle soupirait bien de remarquer, dans une assemblée aussi
nombreuse, si peu d'attention au grand nombre d'anges qui y étaient. Elle
allait de place en place pour les saluer, pour les entretenir. Oh ! Que
voilà bien, s'écriait-elle, d'autres spectacles à regarder que toutes les
raretés et marchandises de la foire !
Cette
pratique est bien digne de nos imitations : nous sommes dans une ville,
nous marchons dans des rues pleines de monde ; eh ! Que ne
regardons-nous intérieurement les anges qui tiennent compagnie à ce
monde ? Que n'allons-nous quelquefois tous à dessein pour aller les y
entretenir ? Vous entrez dans une église, dans quelque assemblée
nombreuse : mon Dieu, que ne vous élevez-vous au-dessus de vos sens pour y
voir tous les saints anges ? Vous faites voyage avec quelques personnes,
vous leur parlez, vous les entretenez : pourquoi ne faites-vous pas de
même avec les anges qui les gardent ?
J'ai appris d'une personne qui était
fort dans ces pratiques, qu'elle prenait plaisir à compter le nombre des
personnes avec qui elle se rencontrait, pour avoir lieu de savoir le nombre des
anges qui sans doute étaient présents ; et, dans la suite des temps, Dieu
tout bon, voulant favoriser sa dévotion, les rendait quelquefois aussi
sensibles comme si elle les eût vus de ses yeux corporels ; elle me disait
que quelquefois, en dînant même, et à la table, tout à coup les anges se
faisaient connaître à elle d'une manière qu'elle ne pouvait expliquer, mais
plus évidente que si les sens y avaient eu part.
Vous allez par le
chemin ; tous les villages ont autant d'anges qu'il y a de personnes qui y
demeurent. Hélas ! Voilà bien des grands du ciel en tous ces lieux :
ces pauvres gens de la campagne, à peine le savent-ils, bien loin d'y penser
avec dévotion ; que ne faites-vous donc votre cour à tous ces rois du beau
paradis ?
Sachez que d'autant plus qu'ils sont délaissés, d'autant plus
regarderont-ils de bon œil vos respects. Il y a bien des anges, dans ces
villages, à qui jamais l'on ne pensera ; si vous les honorez, ils seront
bien obligés de vous en reconnaître ; et puis ces esprits bienheureux ne
savent ce que c'est qu'ingratitude, et ils sont les nonpareils en
reconnaissance.
Vous seriez bien aise d'avoir l'honneur de la reconnaissance de
quelque prince du sang royal, ou de quelques grands rois de la terre ; à
quoi tient-il que vous ne fassiez belles habitudes avec mille et mille rois de
la cour céleste ? Vous dites quelquefois que vous voudriez bien, dans vos
voyages, avoir le divertissement de quelque honnête compagnie : en vérité,
pouvons-nous en avoir un plus doux, un plus agréable que celui de la
conversation que vous pouvez avoir avec ces aimables intelligences ? Vous
allez à la campagne, que ne prenez-vous de certains temps pour y entretenir en
esprit les anges qui y sont ? Que ne vous retirez-vous quelquefois en
votre jardin, que ne faites-vous quelque promenade seul pour jouir de cette
grâce ?
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