mercredi 29 avril 2020

Sainte Catherine de Sienne, priez pour nous et l'Eglise

Georges Bernanos

Qui prétend réformer l’Eglise par les mêmes moyens qu’on réforme une société temporelle non seulement échoue dans son entreprise, mais finit infailliblement par se trouver hors de l’Eglise […].

On ne réforme les vices de l’Eglise qu’en prodiguant l’exemple de ses vertus les plus héroïques. Il est possible que Saint François d’Assise n’ait pas été moins révolté que Luther par la débauche et la simonie des prélats. Il n’a pas défié l’iniquité ; il n’a pas tenté de lui faire front ; il s’est jeté dans la pauvreté, il s’y est enfoncé le plus avant qu’il ait pu, avec les siens, comme dans la source de toute rémission, de toute pureté. Au lieu d’arracher à l’Eglise les biens mal acquis, il l’a comblée de trésors invisibles […]. Ainsi l’Eglise n’a pas besoin de réformateurs, mais de saints.

Giotto. Pendant que le Pape Innocent III dort, Saint François d'Assise reconstruit l'Eglise

mardi 28 avril 2020

La joie dans l'épreuve


« Vie nouvelle de Henri-Marie Boudon », par S.Exc. Mgr Matthieu, archevêque de Besançon

C’est à ce prodige d’humilité et d’acquiescement aux volontés de Dieu que la grâce élevait cette âme généreuse et le courage qu’elle lui communiquait est d’autant plus admirable que la violence de ses peines était de nature à l’abattre davantage et que pour me servir ici des expressions de M. Bosguérard, la sensibilité de son cœur, la vivacité de son imagination, et l’extrême délicatesse de son tempérament devaient les lui rendre plus pénibles à supporter. Aussi confiait-il quelquefois à ce fidèle ami qu’il souffrait excessivement et qu’il était tombé dans un abîme d’amertume et de douleur. Cependant au milieu de ces défaillances de la nature, rien n’altérait sa patience et ne troublait la sérénité de ses traits. Il paraissait toujours aussi doux aussi affable aussi facile à aborder et à entretenir.
 
~ Si les souffrances de Boudon ne furent point capables d’altérer la paix qu’il trouvait dans ses pieuses communications avec Dieu, elles ne purent non plus le plonger dans cet abattement et cette préoccupation qui dans les grandes traverses ôtent souvent la force et la présence d’esprit nécessaire pour bien s’acquitter des emplois qu’on est appelé à remplir. Quelque opposition qu’il trouvât dans l’accomplissement de ses devoirs, il s’y livra toujours avec autant d’exactitude, d’application et de fermeté que si rien n’avait traversé les efforts de son zèle.

Ce fut surtout dans ses fonctions de grand archidiacre qu’il eut à supporter des contradictions plus pénibles et à se roidir contre une résistance plus marquée à tous ses desseins. ~ L’humble Boudon s’appelait volontiers le néant de rien ; il se mettait facilement au-dessous de tous les hommes et recevait avec joie leurs injustices et leurs outrages.

Mais comme prêtre, comme archidiacre, comme élevé par Dieu-même dans un emploi qui concernait l’honneur de sa religion et l’intérêt de son culte, il se croyait obligé de faire respecter en lui le caractère du Maître qu’il servait et l’autorité dont il l’avait revêtu. Il se considérait comme un de ces gardes établis sur les murs de Jérusalem et qui ne doivent jamais se taire comme un de ceux qui marchent devant le Seigneur et devant ses saints, pour leur préparer leurs voies et pour donner connaissance au peuple de la science du salut ; et s’il croyait que l’amour d’un Dieu qui a visité les hommes dans sa miséricorde devait être son modèle et sa règle, il était persuadé aussi qu’il devait travailler avec le même zèle que ce divin modèle, non seulement à la réforme du clergé et à son avancement dans le culte de Dieu, mais encore à l’instruction des peuples et à leur avancement dans la vertu.


dimanche 26 avril 2020

La Résurrection du Christ est notre espérance !


Dominica Resurrectionis - Dimanche de Pâques
Extraits d’un message « Urbi et Orbi » du Pape Benoît XVI

Chers Frères et Sœurs de Rome et du monde entier !

De tout cœur, je forme pour vous tous des vœux de Pâques avec les mots de saint Augustin : « Resurrectio Domini, spes nostra – la résurrection du Seigneur est notre espérance » (Sermon 261, 1). Par cette affirmation, le grand Évêque expliquait à ses fidèles que Jésus est ressuscité afin que nous-mêmes, pourtant destinés à mourir, nous ne désespérions pas en pensant qu’avec la mort la vie est totalement finie ; le Christ est ressuscité pour nous donner l’espérance (cfibid.).

En effet, une des questions qui cause le plus d’angoisse dans l’existence de l’homme est précisément celle-ci : qu’y-a-t-il après la mort ? À cette énigme, la solennité de ce jour nous permet de répondre que la mort n’a pas le dernier mot, parce que, à la fin, c’est la Vie qui triomphe. Et cette certitude qui est nôtre ne s’appuie pas sur de simples raisonnements humains, mais bien sur un fait historique de foi : Jésus Christ, crucifié et enseveli, est ressuscité avec son corps glorieux. Jésus est ressuscité pour que nous aussi, en croyant en Lui, nous puissions avoir la vie éternelle. Cette annonce est au cœur du message évangélique. Saint Paul le déclare avec force : « Si le Christ n’est pas ressuscité, notre message est sans objet, et votre foi est sans objet ». Et il ajoute : « Si nous avons mis notre espoir dans le Christ pour cette vie seulement, nous sommes les plus à plaindre de tous les hommes » (1 Co 15, 14.19).

Depuis l’aube de Pâques, un nouveau printemps d’espérance envahit le monde ; depuis ce jour, notre résurrection est déjà commencée, parce que Pâques n’indique pas simplement un moment de l’histoire, mais le début d’une condition nouvelle : Jésus est ressuscité non pas pour que sa mémoire reste vivante dans le cœur de ses disciples, mais bien pour que Lui-même vive en nous et qu’en Lui nous puissions déjà goûter la joie de la vie éternelle.

La résurrection n’est donc pas une théorie, mais une réalité historique révélée par l’Homme Jésus Christ à travers sa «pâque », son « passage » qui a ouvert une « voie nouvelle » entre la terre et le Ciel (cfHe 10, 20). Ce n’est ni un mythe, ni un rêve, ce n’est ni une vision, ni une utopie, ce n’est pas une fable, mais un événement unique et définitif : Jésus de Nazareth, fils de Marie, qui au soir du Vendredi saint a été descendu de la Croix et mis au tombeau, est sorti victorieux de la tombe. En effet, à l’aube du premier jour après le sabbat, Pierre et Jean ont trouvé le tombeau vide. Madeleine et les autres femmes ont rencontré Jésus ressuscité ; il a été reconnu aussi par les deux disciples d’Emmaüs à la fraction du pain ; le Ressuscité est apparu aux Apôtres le soir venu dans le Cénacle et ensuite à beaucoup d’autres disciples en Galilée.

L’annonce de la résurrection du Seigneur illumine les zones d’ombre du monde dans lequel nous vivons. Je pense particulièrement au matérialisme et au nihilisme, à une vision du monde qui ne sait pas dépasser ce qui est expérimentalement constatable, et qui se retrouve inconsolée dans la conscience du néant qui serait le point d’arrivée ultime de l’existence humaine. C’est un fait que si le Christ n’était pas ressuscité, le « néant » serait destiné à l’emporter. Si nous retirons le Christ et sa résurrection, il n’y a pas d’issue pour l’homme et toute espérance demeure une illusion. Mais précisément aujourd'hui, éclate avec force l’annonce de la résurrection du Seigneur, et elle est la réponse à la question incessante des sceptiques, rapportée aussi par le livre de Qohélet : « Y a-t-il une seule chose dont on dise : “voilà enfin du nouveau” ? » (Qo 1, 10). Oui, répondons-nous, le matin de Pâques tout a été renouvelé. « La mort et la vie s’affrontèrent / en un duel prodigieux : / le Prince de la vie mourut ; / vivant, il règne » (Séquence pascale). Voilà la nouveauté ! C’est une nouveauté qui change l’existence de celui qui l’accueille, comme on le voit chez les saints. C’est ce qui est arrivé, par exemple, à saint Paul.

(…) S’il est vrai que la mort n’a plus aucun pouvoir sur l’homme et sur le monde, il subsiste cependant encore beaucoup, trop de signe de son antique domination. Si par la Pâques, le Christ a extirpé la racine du mal, il a toutefois besoin d’hommes et de femmes qui dans tous les temps et lieux l’aident à affirmer sa victoire avec les mêmes armes que lui : les armes de la justice et de la vérité, de la miséricorde, du pardon et de l’amour. (...)

Resurrectio Domini, spes nostra ! La résurrection du Christ est notre espérance ! Cela, l’Église le proclame avec joie : elle annonce l’espérance, que Dieu a rendu ferme et invincible en ressuscitant Jésus Christ d’entre les morts ; elle communique l’espérance, qu’elle porte dans le cœur et veut partager avec tous, et partout, spécialement là où les chrétiens souffrent la persécution à cause de leur foi et de leur engagement pour la justice et pour la paix ; elle invoque l’espérance capable de susciter le courage pour le bien aussi et surtout quand il est coûteux.

Aujourd’hui, l’Église chante « le jour que le Seigneur a fait » et elle invite à la joie. Aujourd’hui l’Église prie, invoque Marie, Étoile de l’espérance, pour qu’elle guide l’humanité vers le port sûr du salut qui est le Cœur du Christ, la Victime pascale, l’Agneau qui « a racheté le monde », l’Innocent qui « nous a réconcilié, nous pécheurs, avec le Père ».

À lui, le Roi vainqueur, à Lui le Crucifié et le Ressuscité, nous crions avec joie notre Alléluia !




vendredi 24 avril 2020

Vivre en ressuscités

L'apparition à saint Thomas, par Buoninsegna.
"Cesse d'être incrédule, soit croyant !"
Du vénérable abbé Henri Marie Boudon, « De la sainteté de l’état ecclésiastique », chap. 13

Combien y a-t-il de ces gens qui se confessent à la Fête de Pâques ? Mais combien y en a-t-il qui meurent véritablement au péché pour ressusciter avec Jésus-Christ, marchant dans une nouvelle vie ?

Car, s’écrie le grand Apôtre, si nous sommes morts au péché, comment vivrions-nous encore pour le péché ?

N’est-ce pas encore contre nature qu’un mort revive, il faut donc que tout se renouvelle en nous et, néanmoins, les impudiques après la sainte fête de Pâques n’en sont pas plus chastes, les dames mondaines moins coquettes, plus modestes dans leurs vêtements, les ivrognes plus sobres, les vindicatifs plus miséricordieux, les injustes plus équitables, les blasphémateurs plus retenus dans leurs paroles : le péché règne à l’ordinaire !


mercredi 22 avril 2020

Conseils aux prêtres pour la célébration de la sainte Messe


Du vénérable abbé Henri Marie Boudon, « De la sainteté de l’état ecclésiastique », chap. 8 : Du très saint Sacrifice de la Messe

Il n’y a que Dieu qui puisse être de foi digne de Dieu ; il n’y a que Jésus-Christ qui puisse rendre à son Père les adorations, les satisfactions & les reconnaissances qui lui sont dues.

Toutes les adorations & toutes les louanges des créatures ne sont rien devant cette Majesté suprême. Quand toutes sacrifieraient leur vie & leur être, cela ne suffirait pas pour reconnaître son infinie grandeur & qu’il est l’Être des Êtres, l’Être infini. Il lui faut une victime qui lui soit égale, une hostie infinie, c’est pourquoi l’adorable Jésus a tenu à honneur de mourir sur une croix pour sa gloire.

Mais non content de ce divin anéantissement, il l’a voulu renouveler & le renouvelle tous les jours sur nos Autels, s’immolant dans le très saint Sacrifice de la Messe à son infinie grandeur. Ces grandes & étonnantes vérités doivent bien apprendre aux Prêtres les dispositions qu’ils doivent avoir quand ils s’approchent de ce redoutable Mystère. Jésus, homme-Dieu, s’y sacrifie : il faut donc y porter les dispositions d’une véritable victime car nous devons avoir, dit l’Apôtre, les mêmes sentiments que Jésus.

Ah ! si lui, qui possédant l’être divin, n’a pas cru que ce fût une usurpation de se regarder comme égal à Dieu s’anéantit toutefois lui-même, comment la chétive créature qui n’est rien, voudrait-elle être quelque chose ! L’on doit donc entrer dans une parfaite abnégation de soi-même & de tout l’être créé par un dépouillement du vieil homme & se revêtir du nouveau qui a été créé dans la justice & dans la sainteté de la vérité.

Nous devons être morts au péché, notre cœur s’y portant aussi peu qu’un mort se porte aux honneurs & aux plaisirs ; nous devons vivre pour Dieu en Jésus-Christ, ne pensant, dit un pieux interprète de l’Ecriture, qu’à nous occuper de sa gloire comme ceux qui sont ressuscités & suivre les pas de Jésus-Christ par l’humilité, la sainteté & la piété.

Les différents rites célébrés dans l'Eglise catholique :



lundi 20 avril 2020

Invoquons la Miséricorde divine pour notre pays


« Les âmes qui réciteront ce chapelet seront enveloppées par ma miséricorde pendant leur vie et surtout à l’heure de la mort. » (Petit Journal 754).

Le chapelet de la miséricorde est une prière donnée par Jésus à Sœur Faustine, promettant de nombreuses grâce à celui qui implore sa Miséricorde par ce moyen.

Le chapelet de la miséricorde se dit de préférence à 15h, heure de la mort de notre sauveur Jésus-Christ, ainsi les Missionnaires de la miséricorde le récitent particulièrement le vendredi à l’Heure de la miséricorde.

“À cette heure-là, tu peux tout obtenir pour toi et pour les autres. A cette heure-là, la grâce a été donnée au monde entier, la Miséricorde l’a emporté sur la Justice.” (Petit Journal, 1572)

Il se récite avec un chapelet ordinaire.
  •  Un Notre Père
  • Un Je vous salue Marie
  • Un Je crois en Dieu

Sur les gros grains :
« Père Éternel, je vous offre le corps et le sang, l’âme et la divinité de votre Fils bien-aimé, notre Seigneur Jésus-Christ, en réparation de tous nos péchés et de ceux du monde entier. »

Sur les petits grains :
« Par sa douloureuse Passion, soyez miséricordieux pour nous et pour le monde entier. »

A la fin du chapelet :
« Dieu saint, Dieu fort, Dieu éternel, prenez pitié de nous et du monde entier. » (× 3)

Invocations possibles :
Cœur Sacré de Jésus, j’ai confiance en vous.
Cœur Immaculé de Marie, j’ai confiance en vous.


dimanche 19 avril 2020

Dimanche in albis - Dimanche de la Miséricorde divine


Christ miséricordieux
Prière de Saint Vincent Pallotti sur la Miséricorde de Dieu

Mon Dieu, Vous êtes l’Amour infini et la Miséricorde infinie, Vous me pardonnerez si j’ose utiliser un mot hardi : Vous êtes pour moi le fou de l’Amour et de la Miséricorde.

Car à tout instant et toujours, de toute éternité, Vous pensez à moi et Vous répandez en moi des fleuves infinis de grâces, de faveurs, de dons et de miséricordes, ainsi que de tous Vos attributs infinis qui sont tous divins, ô infinie Miséricorde ; Vous ne cessez de me nourrir Père, Fils et Esprit Saint et Vous m’accueillez avec tout mon être, mon essence, avec Votre propriété, avec Votre action divine et tous Vos attributs infinis.

Et Vous me détruisez de plus en plus, Vous m’annihilez en mon être pour me transformer en Vous à chaque heure. En moi, jour et nuit, Vous accomplissez tous les gestes de votre Amour et de votre Miséricorde, que je veille ou que je dorme, que je mange ou que je boive, que je pense à Vous ou que je Vous oublie. Même si je ne pense pas à Vous, Vous vous offrez pour moi, ô Jésus, sur tous les autels du monde, et sur tous les autels où Vous demeurez dans le Saint Sacrement, Vous m’attendez toujours, Vous vous consumez au feu infini de l’amour pour Vous donner à moi et toujours dans une plénitude infinie.
 
Ô mon Dieu, que dois-je faire pour répondre à votre Amour ineffable et à votre Miséricorde infinie ? Mon Dieu, je ne puis rien faire... Mais je Vous offre toute la Vie très sainte de Jésus-Christ, celle de tous les anges et de tous les saints. Et louez-Vous et bénissez-Vous vous-même et rendez-Vous grâces à Vous-même ! Ainsi soit-il.


Palestrina, offertoire "Angelus Domini descendit de coelo"
de la Messe du Dimanche in albis


Odes pascales de Saint Jean de Damas chantées par les moines du monastère russe de Valaam (office de la Résurrection dans le rite de Saint Jean Chrysostome)



samedi 18 avril 2020

Samedi de Pâques




De Saint Ignace de Loyola, « Exercices spirituels », n.
299,
 De la Résurrection de Jésus-Christ, notre Seigneur, et de sa première apparition



Jésus ressuscité apparut premièrement à la Vierge Marie. Quoique l'Écriture n'en fasse pas mention, elle nous le donne assez à entendre, en disant qu'il apparut à tant d'autres.

Elle suppose que nous avons l'intelligence, et que nous ne voulons pas mériter le reproche que le Sauveur fit un jour à ses Apôtres : « Êtes-vous encore sans intelligence ? »






vendredi 17 avril 2020

Vendredi de Pâques


Du vénérable abbé Henri Marie Boudon, paraphrase des litanies du Saint Sacrement, extrait

Agneau sans tâche, immolé dès le commencement du monde 
et digne pour cela de régner sur toute créature 
et de recevoir gloire et honneur
au Ciel, en la terre et dans les enfers,
fait-nous miséricorde !


Antienne de Communion du saint jour de Pâques :

"Le Christ, notre Pâque, a été immolé, alléluia : ainsi mangeons-Le avec les azymes de la sincérité et de la vérité, alléluia, alléluia."


jeudi 16 avril 2020

Jeudi de Pâques


Du vénérable abbé Henri Marie Boudon, Lettre 207


Nous sommes donc Citoyens de la même Ville que les Saints, ainsi nous devons participer à leur société avec Dieu & avec ses Anges.

Notre conversation, dit encore le même Apôtre, est dans les cieux (Philip III,2o). Le saint Baptême nous a transférés dans un état surnaturel qui nous tire hors de la nature, nous ne devons plus avoir de commerce avec la corruption avec ses désirs, son estime & ses affections : notre commerce doit être avec Dieu seul & ses Anges.


mercredi 15 avril 2020

Mercredi de Pâques


Saint Hésychius, 1ère homélie pour Pâques 

« Voici la nuit où le Christ, brisant les liens de la mort, s'est relevé, victorieux » (Exultet)

Le ciel brille quand il est éclairé par le chœur des étoiles, et l'univers brille plus encore quand se lève l'étoile du matin.
Mais cette nuit resplendit maintenant moins de l'éclat des astres que de sa joie devant la victoire de notre Dieu et Sauveur.
« Gardez courage, dit-il en effet, moi, je suis vainqueur du monde » (Jn 16,33).
Après cette victoire de Dieu sur l'ennemi invisible, nous aussi nous remporterons certainement la victoire sur les démons. Demeurons donc près de la croix de notre salut, afin de cueillir les premiers fruits des dons de Jésus.
Célébrons cette nuit sainte avec des flambeaux sacrés ; faisons monter une musique divine, chantons une hymne céleste.
Le « Soleil de justice » (Ml 3,20), notre Seigneur Jésus Christ, a illuminé ce jour pour le monde entier, il s'est levé au moyen de la croix, il a sauvé les croyants

Notre assemblée, mes frères, est une fête de victoire, la victoire du Roi de l'univers, fils de Dieu. 

icône contemporaine de la Résurrection :
Le Christ délivre les âmes saintes de l'Hadès.
Aujourd'hui le diable a été défait par le Crucifié et toute l'humanité est remplie de joie par le Ressuscité.
Ce jour crie : « Aujourd'hui, j'ai vu le Roi du ciel, ceint de lumière, monter au-dessus de l'éclair et toute clarté, au-dessus du soleil et des eaux, au-dessus des nuées.
Il a été caché d'abord dans le sein d'une femme, puis au sein de la terre, sanctifiant d'abord ceux qui sont engendrés, ensuite rendant la vie par sa résurrection à ceux qui sont morts, car « voilà que souffrance, douleur d'enfantement et gémissement se sont enfuis. » (Is 35,10)
Aujourd'hui, par ce Ressuscité, le paradis est ouvert, Adam est rendu à la vie, Ève est consolée, l'appel est entendu, le Royaume est préparé, l'homme est sauvé, le Christ est adoré.
Il a foulé aux pieds la mort, a fait prisonnier ce tyran, a dépouillé le séjour des morts.
Il monte aux cieux, victorieux comme un roi, glorieux comme un chef, et il dit à son Père : « Me voici, ô Dieu, avec les enfants que tu m'as donnés » (He 2,13). »
Gloire à lui, maintenant et dans les siècles des siècles.


mardi 14 avril 2020

Mardi de Pâques

Guercino, le Christ ressuscité console sa sainte Mère

De la liturgie de Saint Jean Chrysostome en ce temps pascal :


L’ange cria à la pleine de grâce : Vierge très pure, réjouis-toi, je le répète, réjouis-toi, car ton Fils est ressuscité le troisième jour.

Illumine, illumine, Jérusalem nouvelle, car la gloire du Seigneur s’est levée sur toi.
Exulte maintenant et réjouis-toi, Sion.

Et toi, toute pure, Mère de Dieu, réjouis-toi en la résurrection de ton Fils.



lundi 13 avril 2020

Lundi de l'Ange - Semaine radieuse de l'Octave de Pâque


Saint Séraphin, détail de mosaïques dans le choeur des Grecs,
Basilique du Saint-Sépulcre et de l'Anastasis, Jérusalem.

Détail de l'entrée du tombeau vide.
Le Christ, nouvel Adam, dans le jardin.
Joseph d’Arimathie était membre du Sanhédrin (Luc XXIII, 50 – Marc XV, 43). En cette qualité, il a dû prendre part au jugement qui a condamné Jésus, « mais il n’avait pas donné son assentiment à leur décision & à leur acte, car c’était un homme bon & juste » (Luc XXIII, 51). Il s’était fait disciple de Notre Seigneur (Matthieu XXVII, 57), mais en secret, par crainte des Juifs (Jean XIX, 38). Il était riche (Matthieu XXVII, 57), notable & grand (Marc XV, 43), aussi la liturgie byzantine le désigne sous l’appellation du « noble Joseph ». Il était originaire d’Arimathie (aujourd’hui Rentis, au Nord-Est de Lydda), mais devait habiter Jérusalem puisqu’il s’y était fait tailler son tombeau dans le roc, à la manière des riches.

Quoique craintif de se déclarer pour Jésus au milieu du Sanhédrin, Joseph ose entreprendre la démarche auprès de Pilate pour ensevelir le corps de Jésus. D’après la coutume juive, les corps des suppliciés devaient être jetés dans des fosses communes qui étaient la propriété des tribunaux. Aussi Joseph s’adresse-t-il à Pilate, car la loi romaine concédait le cadavre d’un supplicié aux amis ou aux parents qui le réclamaient. Pilate, étonné de ce que Jésus fut décédé si tôt, ne fit pas de difficulté pour accorder à Joseph la faveur de rendre les derniers devoirs au corps du Christ.

Vue du vestibule avant le tombeau. Chapelle de l'Ange.
Un morceau de pierre roulée se trouve dans ce petit autel carré.
Joseph descendit donc le corps de Jésus de la Croix, aidé vraisemblablement par les quelques disciples encore présents, probablement saint Jean, mais surtout Nicodème, explicitement nommé (Jean XIX, 39). Comme Joseph, Nicodème fait partie du Sanhédrin (Jean III, 1). Pendant que Joseph faisait les démarches auprès de Pilate, Nicodème avait dû aller acheter précipitamment les aromates nécessaires à l’ensevelissement, en se souciant semble-t-il de la quantité plus que de la qualité : environ 100 livres (soit 32 kg 700) d’une mixture de myrrhe & d’aloès.

Le corps de Jésus, descendu de la Croix, a probablement d’abord été lavé. On y versa les aromates et on l’enveloppa dans un suaire propre (Matthieu XXVII, 59) avec plusieurs autres linges (bandelettes & pièces de linceuls cf. Jean XIX, 40 – Luc XXIII, 53 – Marc XV, 46 – Matthieu XXVII, 58). Les saintes femmes durent prêter main forte à Joseph & Nicodème pour la toilette funéraire, mais celle-ci dû être faite à la hâte et de façon incomplète, car le crépuscule approchait et l’on entrait dans le grand Sabbat de la Pâques où tout travail de ce genre était prohibé.

Vue de l'intérieur du tombeau vide et de la banquette
de pierre où reposa le Sauveur du monde.
Anastasis, Jérusalem.
Jésus n’ayant pas de tombeau, Joseph lui céda le sien (Matthieu XXVII, 60) : un tombeau aristocratique tout neuf qui venait d’être taillé dans le roc, dans un enclot tout près du Golgotha. Le corps de Jésus fut placé sur la banquette de pierre et Joseph roula la grande pierre prévue pour servir de fermeture au tombeau.

Les saintes femmes qui avaient aidé à la toilette funèbre observèrent soigneusement où on avait placé le corps de Jésus : elles étaient décidées à accomplir à nouveau la toilette funèbre plus dignement et plus complètement, avec des onguents de grand prix, très tôt le dimanche matin, une fois le Sabbat de Pâques passé.

Dans la tradition orientale, ces saintes femmes myrrhophores – au nombre de 7 – sont les suivantes :
1. Marie Madeleine (Marie de Magdala) (la seule mentionnée par Jean XX, 1), de qui Jésus avait chassé sept démons, la première arrivée au tombeau le dimanche matin (peut-être parce que les autres avaient été retardées par l’achat de nouvelles aromates),
2. Marie de Jacques, femme de Cléophas (ou Clopas dit aussi Alphée) et mère de Jacques le Mineur et de Joseph (ou Joset), sœur de la Sainte Vierge (en réalité sa belle-sœur, Cléophas étant frère de Joseph) et donc tante de Jésus (cf. Jean XIX, 25). Ses quatre fils Jacques, Joseph, Simon & Jude sont les cousins germains de Jésus, que l’évangile, à la manière sémite, désigne sous le nom de « frères » du Seigneur.

3. Salomé (ou Marie Salomé), femme de Zébédée et mère des apôtres Jacques le Majeur & Jean l’Evangéliste, vraisemblablement eux aussi de la parenté de la Sainte Vierge et de saint Joseph.
Saintes femmes Myrrophores

Ces trois myrrhophores – appelées en Occident « les 3 Marie » – sont spécialement mentionnées par les 4 évangiles (Matthieu XXVII, 56 et 28, 1 – Marc XV, 40 et XVI, 1 – Luc XXIV, 10 – Jean XIX, 25). Cependant, elles n’étaient pas les seules (cf. Luc XXIV, 10 : « celles qui leur firent ce rapport étaient Marie-Madeleine, Jeanne & Marie, mère de Jacques, et les autres qui étaient avec elles »), et la tradition leur associe les suivantes :
4. Jeanne, femme de Chusa qui était intendant d’Hérode Antipas (citée nommément donc par Luc XXIV, 10).
5. Suzanne, citée parmi les femmes qui accompagnaient Jésus et l’assistaient de leurs biens (Luc VIII, 3).
6. & 7. Marthe & Marie, les deux sœurs de Lazare.

La tradition iconographique leur associe également la Bienheureuse Vierge Marie, Mère de Dieu, qui, ayant assisté avec saint Jean à la mort de son fils, dût être présente lors de la déposition de la croix et des cérémonies de l’ensevelissement, conduites par Joseph d’Arimathie assisté de Nicodème.

Les femmes myrrhophores furent parmi les premières à suivre Jésus et soutenaient la troupe apostolique de leurs services & de leurs ressources. Elles lui furent fidèles jusqu’au bout, malgré l’échec apparent, au pied de la Croix, tandis que les disciples se tenaient loin. En récompense de la constance inébranlable de leur amour et de leur fidélité, c’est à elles qu’est confiée la première annonce de la résurrection.